ANDREA ○ happy day

Je jetai un rapide coup d’œil autour de moi. J'appréciais de discuter de ça avec Andrea mais il fallait toujours que je vérifie qu'aucune oreille indiscrète n'écoutait nos paroles. « Dis moi tout Mika. Tu as des questions à propos de cette chirurgie ? » Je n'avais pas vraiment de questions, je m'étais déjà beaucoup renseigné à ce sujet et je savais comment allait se passer l'opération, le temps approximatif que cela allait prendre etc. Par contre j'avais quelque chose à lui demander, mais avant ça il fallait que je lui avoue quelque chose. Andrea était une des rares personnes à savoir pour ma transidentité, mais j'avais menti à absolument tout le monde au sujet de mes parents. C'était le moment de lui dire la vérité. « En fait, j'ai un truc à t'avouer. J'ai longtemps fait style que j'étais toujours en contact avec mes parents et que je leur rendais visite de temps en temps. Mais en vérité j'ai plus aucun lien avec eux depuis que j'ai entamé toutes ces procédures, on a coupé les ponts à cause de tout ça... » Je fis de mon mieux pour parler d'un ton détaché. La carapace que je m'étais forgée me permettait de ne pas trop dévoiler mes sentiments par rapport à tout ça. Espérons qu'elle ne m'en veuille pas trop pour le mensonge... Je pris doucement la main d'Andrea et je demandai d'une voix plus douce : « Du coup il n'y aura personne avec moi à mon réveil, et je me demandais si... tu pourrais être présente à mon réveil ? Je sais que je t'ai menti et tout, mais j'aurais vraiment besoin de ta présence. »

Avec Mika, nous avions une magnifique amitié. Il pouvait tout me dire, me confier ses craintes, ses peurs et tout ce qui allait avec. Je savais que c'était réciproque, qu'il ne me jugerait pas quoi que je lui dise. C'est une réelle amitié qui nous anime et ce qu'il va traverser risque d'être difficile mais je crois en lui. Et il a du soutien, ses parents, ses amis et moi, surtout. Je travaille à l'hôpital donc je serais toujours là si jamais il y a besoin. Je le regarde et fronce les sourcils quand il me dit qu'il n'a plus de contact avec ses parents. Je ne suis pas vexée ou énervée parce qu'il m'a menti mais plus parce qu'il ne me l'a pas dis. Je l'écoute et secoue la tête en levant les yeux au ciel. " Tu aurais pu me le dire Mika... Je sais très bien que ce n'est pas facile comme procédure alors t'as pas besoin de me cacher ça. Et bien sûr que je serais là. Tu crois quoi ? Que je vais t'abandonner ? Tu me connais mal mon petit " Pas besoin de me demander, je serais là, c'est normal. " Je vais pas te juger que t'ai plus de contact avec ta famille tu sais... Pourquoi tu n'as rien dis ? " Il n'est pas encore majeur mais bon, ce n'est pas grand chose ça.... Ca ne l'avait pas empêché de faire sa vie jusqu'ici... Et je n'allais pas lui faire la morale. Ce n'était ni mon rôle ni mon style. Tant qu'il est bien dans sa peau, c'est le plus important..

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Comme je m'y attendais, son sourire disparut. « Tu aurais pu me le dire Mika... Je sais très bien que ce n'est pas facile comme procédure alors t'as pas besoin de me cacher ça. » C'est vrai que j'aurais pu lui dire, mais je m'étais enfoncé dans mes mensonges et je m'étais retrouvé dans une situation assez inconfortable. « Et bien sûr que je serais là. Tu crois quoi ? Que je vais t'abandonner ? Tu me connais mal mon petit » Sa réponse me fit sourire. J'étais vraiment heureux et soulagé de savoir qu'au réveil de ma mastectomie Andrea serait là à mes côtés. Ce serait beaucoup plus facile en sa présence. « Je vais pas te juger que t'ai plus de contact avec ta famille tu sais... Pourquoi tu n'as rien dis ? » Je me mordis la lèvre inférieure, et je mis quelques temps avant de répondre à sa question. « J'sais pas... Je crois que j'avais un peu honte en fait, et j'avais pas envie que tu me vois comme le "pauvre gamin seul qui a été rejeté par sa famille". » J'haussai les épaules, détournant le regard. Je m'étais fait à cette situation, et ce qui m'importait à présent c'était d'être entouré d'amis et de ne pas tomber dans la solitude. Mes yeux se reposèrent sur elle et j'ajoutai avec un sourire sincère : « Enfin bref c'est du passé, je t'ai dit la vérité maintenant. Et ça m'fait vraiment plaisir que tu viennes. »

Mon petit Mika... Je l'aimais plus que tout. C'était mon petit protégé, mon petit frérot. Oui, je le considérais comme tel et je n'accepterais pas que quiconque lui fasse du mal, c'était comme ça. Je veillais sur lui, c'était normal. Je secoue la tête de droite à gauche quand il m'explique pourquoi il n'a rien dit. Je vais même jusqu'à souffler parce que j'aime bien jouer sur la corde sensible. " J'aurais jamais dis ça et je ne l'aurais même jamais pensé. Je me serais plutôt dire que tes parents sont vraiment des ordures et qu'ils ne te méritent pas... Et que maintenant, ta famille c'est moi " Bon, je vais un peu loin mais l'idée est là.. J'ai été abandonnée par mon père alors que je n'étais même pas née alors bon... Les familles, voilà quoi. Je n'avais que ma mère et ça me suffisait, même si je la détestais à l'heure actuelle. Je siffle ma boisson à vitesse grand V et en redemande un deuxième. " C'est normal mon chou... Je serais toujours là pour mon MilkaChocolat. Mais tu me mens plus parce que sinon je vais me fâcher tout rouge " Je fais semblant d'être fâchée en fronçant les sourcils mais ça doit pas être beau à voir. " Ne jamais avoir honte de ce qu'on est Mika, ok ? J'ai pas honte d'avoir été élevée en Afghanistan, que mes amis étaient des soldats américains blessés, que je voyais pas souvent ma mère quand la guerre a commencé... Tout ça, ça fait parti de moi... Alors si tes parents sont cons, ça fait aussi parti de toi, je suis désolée de te le dire " Je me moque légèrement de lui mais c'est tout à fait ça. " Promis ? " Je voulais que ce soit bien clair pour lui... On refait plus ça, plus jamais. Sinon Dydy pas contente.

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Je voyais bien le mécontentement d'Andrea par rapport à mon mensonge. J'avoue qu'à sa place je l'aurais mal pris aussi. Des ordures ouai c'était le mot. Ça avait beau être mes parents j'étais très rancunier, et je n'étais pas prêt de leur pardonner même si un jour ils venaient ramper à mes pieds. Pour ce qui est de la famille, Andy avait touché un point sensible. Ma famille se trouvait bel et bien à Harvard à présent, parmi mes amis. Je redemandai un verre en même temps qu'elle, une vodka cette fois. Heureusement que je tenais bien l'alcool. Andy avait les mots pour me toucher. Je l'écoutais déballer ce qu'elle avait à me dire, et ça me faisait chaud au cœur. A la fin de ses paroles, je ne pus m'empêcher de me pencher au dessus de la table pour aller déposer un bisou sur sa joue en passant mon bras autour de ses épaules. « T'es vraiment adorable avec moi Andy. J'te mentirai plus, ça sert à rien, en plus je sais que je peux te faire confiance. En fait, je crois même que t'es la personne en qui je peux faire le plus confiance ici. » J'avais mis du temps à réaliser ça, mais c'était vraiment le cas. « Pis bon, j'ai pas envie de subir ta colère. » dis-je en faisant semblait d'avoir peur. Concernant la honte, ça allait être difficile de changer. Parfois j'avais vraiment du mal à admettre que j'étais différent des autres. Je repris mon sérieux pour ajouter : « Je peux te promettre pour les mensonges, mais pour la honte on verra, je ferai des efforts. En tout cas tu sais, je t'admire pour tout ce que t'as vécu toi aussi. Des fois j'ai l'impression qu'on parle un peu trop de mes problèmes, alors que t'as un passé de fou toi aussi. »

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Mika c'est mon petit protégé, mon petit nounours en sucre. Je ne supporte pas qu'on lui fasse du mal, que ce soit physique ou moral. Je m'étais déjà opposée à mes supérieurs pour le soutenir et je pourrais le faire une nouvelle fois sans grand problème. Je ne supportais pas de le voir mal. Je suis comme ça, je ne supporte pas voir les gens que j'aime aller mal. Même mes ennemis à vrai dire. La souffrance, la peine, la douleur, je l'ai assez vu pendant seize ans alors je ne veux pas continuer comme ça ici. Je veux que tout aille bien, que tout le monde soit heureux même si ce n'est clairement pas possible, je le sais bien. Rêveuse mais pas trop non plus. " ouai fais gaffe, si je me fâche tout rouge ça va faire peur " Je ris légèrement. Je suis pas un monstre mais la confiance, c'est ce qu'il y a de plus important dans une relation, qu'elle soit amoureuse ou amicale. J'ai pas envie d'avoir des surprises. " Tu peux compter sur des tas de gens Mika, mais je suis la meilleure, c'est tout... Et la plus belle, bien entendu " Je souris largement avant de faire un petit 'flip hair'. J'éclate de rire. Se la péter, non merci. Mais ça me fait du bien. J'hausse les épaules quand je l'entends dire que j'ai un passé de fou. Et il ne sait pas tout... " Oui... Mais le passé est passé. Et ma vie est loin d'être intéressante en ce moment, je te le dis... " Oui, je me fais carrément chier dans ma petite vie paisible mais c'est moi qui le veut donc bon. Ça me convient encore un peu. Pour combien de temps, bonne question...

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Je fis semblant de trembler de peur lorsqu'Andy qu'elle allait se fâcher. De toutes façons elle n'aurait pas à se fâcher, je n'avais rien d'autre à lui cacher, en tout cas pour l'instant. Par contre, je n'étais pas convaincue par le fait que je pouvais faire confiance à des tas de gens. Mes propres parents me l'avaient mise à l'envers, il en fallait beaucoup à présent pour me mettre en confiance. Je n'étais pas certain de pouvoir compter sur quelqu'un à cent pour cent à part Andrea. Mais ça m'allait très bien comme ça, je ne m'en plaignais pas. Du moment que j'avais des proches qui m'entouraient et des personnes avec qui je pouvais passer des bons moments c'était très bien. « Dis tu t'la pètes pas un peu là ? » répondis-je pour la taquiner. Je savais qu'elle plaisantais bien entendu. La conversation tourna ensuite vers sa vie à elle. « Fais en sortes qu'elle le soit alors. Sors, fais la fête, fais ce que t'aimes. T'as raison le passé est passé, mais maintenant il faut profiter de la vie. » Je vivais dans cette optique à présent. Bien sûr j'avais des cicatrices, et je m'étais forgé une carapace et je craquais parfois quand j'étais seul, mais en dehors de ça je profitais à fond tout en n'oubliant pas mes études et mes projets bien entendu. Je voulais qu'il en soit de même pour Andrea, je voulais qu'elle soit heureuse et qu'elle profite, qu'elle ai des tonnes de choses à me raconter.

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" J'ai les chevilles qui enflent. Enfin, la cheville qui enfle si tu vois ce que je veux dire " Je ris légèrement. Il n'y a que moi qui a le droit de faire des drôles de blague - qui ne sont pas vraiment drôles - sur ma prothèse et tout ce qui va avec. J'apprécie un peu moins quand c'est les gens avec moi qui en font, mais je ne dis rien. Parce que je suis comme ça. Je souris au jeune Farinha et hausse les épaules. Sortir, faire la fête, c'est clairement pas mon kiff je dois bien l'avouer... Je souffle légèrement et pose mon verre sur la table, verre que je n'ai pas lâché depuis que je l'ai en main. " Et on fait comment quand, ce qu'on aime, c'est aider les gens, bosser et tout ce qui va avec ? C'est vraiment pas cool je te le dis " Et puis, je n'ai connu que ça et ne peut connaître que ça, malheureusement... Je fais une petite mine avant de soupirer. " Enfin bref, j'aime pas parler de moi et ça, tu le sais. Tu vas au bal mon chou ? " On en a jamais trop parlé alors bon, ce sera le moment... J'espère qu'il a trouvé quelqu'un. Au pire, il viendra avec moi et Kendall. Ça ne la gênera pas du tout, je le sais bien. Et puis, ça sera plus marrant comme ça.

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Je ne pus m'empêcher de pouffer de rire lorsqu'elle fit une blague sur sa jambe. L'entendre faire de l'autodérision de cette manière me faisait toujours rire. Par contre je ne me permettais pas moi-même de faire des blagues à ce sujet. C'était assez délicat et je n'avais pas envie de la blesser. Je fis une petite moue. C'est vrai que c'était difficile si elle n'avait pas vraiment le goût aux fêtes et à tout ce qui va avec. Je savais également qu'elle n'aimait pas parler d'elle, même si j'aurais souhaité le contraire. « Tant que t'es bien comme ça c'est ce qui compte. Je veux juste pas que tu t'empêches de parler de toi par peur de gêner ou un truc dans le genre, parce que tu sais que ton Milka Chocolat sera toujours là pour t'écouter. » dis-je en souriant largement. On changea ensuite de sujet pour parler du bal. Ah ce fameux bal ! « Bien sûr que j'y vais ! J'ai trouvé une cavalière, un peu à la dernière minute j'avoue. Mais bon même si je n'avais pas été accompagné j'y serais allé. Et toi t'y vas j'espère ?! »

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Je souris à Mika quand il me dit que si je veux parler de moi, il sera là pour m'écouter. J'attrape sa main et exerce une légère pression dessus. Je le sais ça... Mon MilkaChocolat c'est le plus mieux et je pourrais mordre le premier qui s'approche de lui pour lui faire du mal. " T'es un amour toi tu le sais ça ? " Je lui adresse un petit clin d'oeil avant de changer de sujet. Le bal c'est plus intéressant. Je me demande même s'il va avoir des opérations avant le bal ou avant notre départ pour l'Ecosse... J'espère qu'il pourra profiter de tout ça même si ça serait carrément le moment idéal pour faire toutes ces opérations. Personne n'y ferait attention, mais je ne serais pas là et ça, c'est hors de question. J'ouvre grand la bouche quand il me dit qu'il a trouvé une cavalière. " C'est qui ? Je la connais ? " Curieuse est mon deuxième prénom. Je souris largement en attendant sa réponse. Mais je sais aussi - voire surtout - qu'il attend sur moi pour en déballer plus sur lui. " Je devais y aller avec Jules et Kendall mes meilleurs amis mais Jules ne donne plus de nouvelles... On essaye de le joindre depuis trois semaines et il donne plus aucune nouvelle... Je pense qu'il est reparti en Irlande... Mais du coup, j'y vais avec Kendall " Et puis, ça va être cool une soirée entre meilleures amies... Je sens qu'on va bien s'éclater au bal, simple intuition.

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