It's time to say "hello little love" ❤ PRIALYA

Priape devrait être là depuis plusieurs minutes, mais non rien, peut être avait il décidé de ne pas venir finalement. Je n'en savais rien mais si je n'entrais pas dans l'hôpital pour aller en salle d'attente je louperais surement la première vraie rencontre avec mon bébé. Je pris donc la direction du service du médecin que je devais rencontrer et après plusieurs minutes d'attente il vint me chercher. C'est à ce moment là que Priape fit son entrée en trombe dans la salle. Je ne pus me retenir de foncer sur lui et me serrer contre son torse un instant, oui j'avais eu la frousse qu'il regrette ce bébé, qu'il pense autre chose, qu'il n'en veuille plus et surtout qu'il me laisse seule pour ma première écho alors que j'avais envie de la partager avec lui. « Je suis contente que tu sois là. » Je m'étais doucement écartée de lui pour finalement entrer dans la salle où aurait lui l'échographie m'allongeant rapidement sur la table et enlevant le haut après avoir échangé les commodités avec le médecin.

J’étais en cours aujourd’hui et j’avais prévu de sécher la dernière heure de la matinée. J’avais la meilleure excuse au monde : je devais accompagner Talya pour la première échographie, l’écho de 12. J’avais eu bien du mal à me concentrer sur les paroles du conférencier, regardant impatiemment ma montre à plusieurs reprises. J’avais finalement quitté l’amphi et rejoins le parking. Mais une fois installé devant le volant de mon vieux break, ce dernier refusa obstinément de démarrer… C’était bien la peine d’avoir un frère mécano si c’était pour avoir une caisse qui ne fonctionnait pas, ronchonnai-je intérieurement en tournant une énième fois le contact. Le moteur toussa avant de finalement vrombir. Je laissais échapper un ouf de soulagement avant de poser mes yeux sur l’horloge de l’auto radio : j’étais en retard ! Je roulais alors en essayant de contrôler ma vitesse. Talya n’était plus devant le bâtiment lorsque j’arrivais, je me précipitais jusqu’à la salle d’attente en espérant qu’il ne soit pas trop tard. Mon ex petite amie fondit alors sur moi. Mes bras s’enroulèrent autour d’elle et je la serrais tendrement contre moi. « Désolé pour le retard… » fis-je alors avec un petit sourire attendri. Mais pas le temps de s’éterniser, l’échographiste allait taper du pied sinon. On suivit donc le doc jusqu’en salle d’examen et Talya s’allongea sur la table. J’étais à la fois nerveux, pressé, anxieux et excité… Bref j’avais hâte de voir enfin le bébé et surtout de savoir si tout se déroulait normalement. Le médecin s’approcha de Talya et déposa le gel froid sur son bas ventre et un frisson sembla parcourir la jeune femme. Je saisis instinctivement sa main. Guettant l’écran et le moment où une image apparaitrait lorsque la sonde se poserait sur son ventre…

Les bras rassurants de Priape autour de mes épaules, Priape était tout pardonné pour son léger retard et puis je n'avais pas le temps de lui faire un petit sermon, il fallait déjà qu'on rentre et qu'on se mette en place, pas le temps de rigoler et de blablater. Je m'installais et l'échographiste se mit lui aussi en place, plaçant du gel sur mon ventre et son appareil dessus ce qui me fit légèrement frémir. C'était froid, ce n'était pas nouveau. La main de Priape se glissa dans la mienne et mes yeux se portèrent sur lui quelques secondes avant de revenir vers l'écran qui s'était allumé et qui affichait maintenant le petit poids qui commençait à se développer dans le bas de mon ventre. Les larmes montèrent jusqu'à mes yeux en faisant la connaissance de mon futur bébé et même si je voulais les retenir, l'une d'entre elle glissa le long de ma joue sans que je ne l'essuie. Après des tonnes de larmes de tristesse versées ses derniers temps, enfin une larme de bonheur, c'était surement éphémère mais quand même. Je finis après quelques secondes par me retourner vers Priape avec un sourire, j'étais déjà passé par là mois mais lui s'était la première fois, je voulais voir ce que cela lui faisait, ce qu'il en pensait. J'avais du mal à trouver les mots pour briser ce silence d'or alors je ne dis rien attendant simplement une réaction de sa part alors que ma main se serrait dans la sienne.

L’image d’un petit être apparu alors sur l’écran : c’était impressionnant de découvrir ce petit être humain miniature. J’avais déjà vu des échographies à ce stade au cours de mes études bien sûr, je savais qu’un fœtus à ce terme avait déjà tout d’un bébé, tout était formé, et il bougeait déjà, mais là c’était autre chose qui me submergeait. Je n’étais pas en train d’assister à l’échographie d’une patiente lambda, le petit bout qui hoquetait sur l’écran c’était mon fils ou ma fille. Des étincelles pleins les yeux, je ne lâchais pas cette image un instant avec un sourire ému aux lèvres. Je sentis la main de Talya se resserrait sur la mienne et mon regard se posa alors sur la jeune femme. Je remarquais une larme sur sa joue et de ma main libre je l’essuyais tendrement tout en m’inquiétant : « Ca va pas Talya ? Tu te sens mal ? La sonde te gêne ? » Ouais parce qu’on les connaît les médecins et les sages femmes, c’était pas toujours des tendres.  

Le regard de Priape se décroche de l'écran et vient trouver le mien alors qu'il essuye la larme qui a coulé le long de ma joue. Il me demande si ça va et que la sonde me fait mal. Je ne peux m'empêcher de rire. « Rien ne me fait mal, c'est juste la même chose qui m'émeut qui cause chez toi ce sourire gaga sur ton visage. » Je le regarde tendrement, j'ai l'impression de revivre les premiers instants quand j'ai su que j'attendais Charlie, mais la situation était complètement différente puisque j'étais mariée... Mais avec ce bébé sur l'écran, j'oubliais tous des épreuves que nous venions de traverser pour me concentrer simplement sur le bonheur que ce bébé allait nous apporter, ensemble ou non selon s'il décidait de me pardonner ou pas. « Je crois que je pourrais être enceinte quinze fois, quinze fois je verserais une larme à cette première échographie. » C'était un beau moment, toutes les mamans devaient le vivre de la même manière lorsqu'elles n'avaient pas un bébé non désiré d'une personne non désirée dans le ventre. En attendant, pour les quinze grossesses il allait falloir attendre et prier car dans l'état actuel je ne m'imaginais même pas une troisième, avoir trois enfants de trois pères différents, jamais.

Pas le temps de m’affoler : tout allait bien, Talya n’avait mal nul part, en fait ses larmes étaient dues à l’émotion de ce moment, la joie de voir apparaître ce mini nous sur l’écran. Un sourire rassuré apparut alors sur mon visage. Mon regard retourna alors se poser sur l’image en noir et blanc de ce petit être qui gigotait sur l’écran alors que le médecin se concentrait, réalisant des mesures dans tous les sens. Talya reprit alors la parole et je ne pus m’empêcher de laisser échapper un petit rire : « Quinze fois ? Je savais pas que t’avais des rêves de famille nombreuse à ce point… » me moquai-je gentiment. Peut être que si j’avais su pleurer, j’aurais moi aussi versé une larme, mais en tant que bon handicapé sentimental, ma joie se traduisait simplement par un sourire gaga comme mon ex l’avait si bien remarqué. Enfin, je n’oubliais pas non plus le but de cet examen : ce n’était pas de faire gagatiser les parents mais bel et bien de vérifier le bon démarrage de la grossesse, de faire les premières vérifications. « Tout va bien alors ? » demandai-je donc à l’échographiste qui était jusque là resté silencieux. Ce dernier s’empressa de me répondre avec un large sourire rassurant que tout était en ordre avant de nous annoncer qu’il allait nous faire écouter le cœur du bébé. Il pianota alors sur les touches de l’échographe et quelques secondes plus tard, les battements du cœur de notre enfant retentirent dans la pièce. C’était juste magique d’entendre ce son.

« T'es bête... » Dis je en rigolant alors que mes yeux se reportaient sur l'écran pour ne louper aucun moment. « Avoir une famille nombreuse m'attire mais je ne veux pas une équipe de foot non plus ! » Quinze enfants, non ce n'était pas pour moi, je me demandais déjà comment j'allais faire avec deux si la situation ne changeait pas alors quinze... Et en plus avec ma chance il n'y en aurait pas un du même père, non c'était une blague, un doux rêve ou un cauchemar à chasser vite de mon esprit. Tout s'arrêta d'ailleurs de fonctionner chez moi, je retins mon souffle lorsque j'entendis le coeur du bébé. Le médecin allait réussir à me tirer une nouvelle larme s'il continuait puis il venait de nous dire que tout allait bien... Lorsque les battements s'éloignèrent du fait qu'il éloigne la sonde pour faire d'autres vérifications, ma main se libéra de celle de Priape et alla se placer instinctivement sur le bas de sa joue à moitié dans son coup, geste de tendresse que j'aimais avoir lorsque nous étions lui et moi en couple, que j'avais toujours envie d'avoir pour lui mais surtout geste que je n'avais pas contrôlé : « Tu vois, sois rassuré notre bébé va bien et je vais en prendre soin... » Oui j'allais éviter de retourner sauter à l'élastique hein.

« Une équipe de foot c’est 11 joueurs Talya… » corrigeai-je alors qu’elle me parlait de ses envies de famille nombreuse. « C’est nettement plus raisonnable comme nombre d’enfants non ? » ajoutai-je avec ironie ensuite. J’étais moi même le troisième enfant d’une fratrie de cinq, et je trouvais que l’on formait déjà une famille conséquente, même si au final deux nous avaient quitté prématurément. Alors bien sur, quinze ou onze, cela me paraissait juste énorme. Passer ce moment de plaisanterie, on reprit tous deux notre sérieux pour nous laisser ensuite submerger par l’émotion à l’écoute du cœur du bébé. Le médecin poursuivit ses mesures du mini nous et je sentis les doigts de mon ex petite amie s’échapper des miens pour venir caresser mon visage. Je fermais les yeux un court instant pour savourer ce contact qui me rappelait un peu la tendresse de nos  anciens moments de complicité. Là, on devait presqu’avoir l’air d’un couple normal. Je rouvris les yeux et lui souris tendrement en l’écoutant m’assurer que le bébé allait bien, qu’elle allait en prendre soin. Ma main voyagea également jusqu’à son visage effleurant sa joue avant d’aller jouer un instant avec l’une de ses mèches blondes. Mon regard croisa le sien et terrassé par le soulagement que tout se déroule normalement pour le bébé, par ce lien si fort entre nous, j’avais à cet instant précis l’irrépressible envie de fondre sur ses lèvres pour l’embrasser. Elle n’était plus Talya, mon ex petite amie à moitié amoureuse de son meilleur ami et avec qui elle m’avait trompé, elle était juste Talya, une merveilleuse jeune femme et future mère de mon premier enfant. Ce fut une envie que je réprimais bien vite néanmoins. « Je suis sûr que tu vas être parfaite avec le petit… » me contentai-je de répondre.

« Je pense que tu ferais un super entraineur et moi une supportrice sans faille ! » Lui dis je en souriant. Une équipe de foot serait un bon moyen d'unir nos deux destins. En fait parler d'autres enfants, de futur, me laissait entrevoir une petite chance à laquelle me raccrocher, une petite chance de récupérer Priape après l'énorme erreur que j'avais commise. Cette erreur s'évapora de ma tête avec le moment qu'on partageait, avec Priape qui me laissait avoir des gestes tendres envers lui, avec lui venant frôler ma joue et jouant avec une mèche de mes cheveux... Tout était presque normal, on avait presque l'air d'un jeune couple qui se cherche et peut être que c'était ce que nous étions ? Je ne me posais pas la question, je profitais juste de cet instant de complicité en famille, parce que c'est bien cette image que nous renvoyions à ce moment là : une famille, il ne manquait que Charlie pour qu'elle soit au complet, pour que le tableau soit parfait. « Tu seras aussi un papa parfait... Et Charlie jouera son rôle de grande soeur à merveille... » Ma fille, ma première louloute, je ne l'oubliais pas et jamais je ne l'oublierais même avec l'arrivée du nouveau bébé. « D'ailleurs tu crois qu'elle préfèrerait avoir un petit frère ou une petite soeur ? » Ma main quitta sa joue, son cou pour se reglisser dans la sienne et mes yeux se portèrent une nouvelle fois sur l'écran avant que le docteur ne l'éteigne. J'aurais pu rester des heures et des heures à le contempler. Le docteur dû d'ailleurs le comprendre puisqu'il prétexta quelque chose pour sortir, laissant l'écran allumé sur l'une des dernières images qu'il avait prise.

Un petit rire s’échappa de mes lèvres alors qu’on était en train de plaisanter, parlant d’équipe de foot où Talya nous distribuait des rôles à chacun. Puis sa main frôlant ma joue, mes doigts dans ses cheveux, mes yeux se noyant dans les siens, je sentis que notre complicité refaisait un peu surface, comme si ces dernières semaines étaient loin derrière nous. Talya me rassura sur mes futures compétences de papa, ajoutant que Charlie serait une parfaite grande sœur. Le médecin quitta la pièce nous laissant un peu d’intimité et je répondis à la jeune femme : « Je crois qu’elle va préférer une petite sœur non ? » J’avais pu constater cela en pédiatrie, les parents veulent le choix du roi : un gars, une fille, comme on dit. Alors que les enfants eux, quand on leur demande, ils veulent un petit ou une petite du même sexe qu’eux. « Et toi tu as une préférence ? » Mon regard se posa alors sur l’écran et le profil du bébé sur lequel s’était arrêté le médecin. Pour le moment, il était encore un peu tôt, l’appareil génital était encore en cours de formation alors le risque d’erreur en cas de diagnostique de sexe était grand. D’ailleurs l’échographiste ne nous avait même pas proposé de nous le dire. « Tu voudras connaître le sexe d’ailleurs ? Ou bien on va garder la surprise jusqu'au bout ? » On n’avait pas eu l’occasion de parler de tout cela lorsque nous étions en couple, probablement parce que l’éventualité d’avoir un enfant ensemble un jour nous paraissait bien plus lointaine qu’elle ne l’était en réalité.