Rencontre imprévue ► Priape&Nina

J’avais envie de profiter du beau temps pour aller me prélasser dehors mais je n’avais tout simplement pas le temps. J’avais passé mes vacances de printemps à picoler et enchainer les soirées pour oublier ma rupture, j’en payais les pots cassés désormais : plus une minute à moi, il me fallait réviser pour réussir les partiels et pouvoir passer en septième année. C’est donc avec un bouquin de pédia en main que je descendis de ma chambre vers la salle commune de la Dunster, histoire de squatter l’un des canapés pour y potasser l’ouvrage. Mais une jeune femme surgit des cuisines. Mon regard croisa le sien et je restais un moment scotché sur place : Nina. J’ignorais qu’elle était revenue et de la voir soudain devant moi était plus qu’une surprise. Pourquoi ne m’avait-elle pas averti de son retour alors que nous étions amis ? « Nina ? T’es revenue ? » m’étonnai-je un peu hébété. Son ton, son attitude distante, tout aurait du m’indiquer qu’elle avait eu vent de mes conflits avec Talya et qu’elle avait pris le parti de la blonde, mais j’étais trop surpris de la revoir pour y faire attention. « Ca fait plaisir de te revoir. » laissai-je échapper avec un petit sourire.

J’étais content de revoir Nina, c’était assez inattendu et j’avais des tas de questions qui me brulaient les lèvres : où elle était, ce qu’elle avait fait, comment elle allait… Mais d’un autre côté, passé le premier moment de surprise, je sentais désormais un changement dans son attitude. Je savais la jeune femme amie avec Talya et je pressentais que son comportement devait être lié à mes soucis avec la blonde. « On fait aller… » Pas la peine de m’étaler sur ma situation de cocu, j’imaginais qu’elle avait eu le droit à la version de Talya.. « J'imagine que tu sais déjà ce qui s'est passé… » Autant lui épargner d'avoir à choisir un camps, elle était du côté de mon ex copine, c'était sûr... « Et toi tu vas bien ? » demandai-je quand même. Ce n’était pas parce que mon amie maintenant une certaine distance, entretenant un froid entre nous que je n’allais pas m’enquérir de son moral.

Nina acquiesça : elle savait donc, et cela expliquait probablement son comportement distant. Je m’en voulais un peu, parce que cette histoire la mettait dans une situation délicate. Je n’aimais pas imposer à mes amis de choisir leur camps mais une séparation dans ce type de contexte exigeait forcément de prendre un peu parti. Quand elle s’inquiéta malgré tout de comment je prenais tout ça, je lui servis un petit sourire triste et je lui répondis : « Tu veux dire le fait d’être cocu ? Le fait d’être à nouveau célibataire ? Ou le fait que je vais être papa ? Parce que pour les deux premières choses ce n’est pas la joie, mais pour ce qui est de cet enfant on va tacher de ne rien lui faire ressentir de nos rancoeurs. » Je comptais bien assumer mon rôle de père, le bébé n’aurait pas à payer les pots cassés pour les erreurs de sa mère. « C’est bien que tu sois revenue… » fis-je avec douceur après qu’elle m’ait raconté que sa famille lui manquait, je n’allais pas monter les crocs parce qu’elle était amie avec mon ex. Je désignais l’un des sofas de la pièce en lui demandant : « On s’installe un instant si tu veux… » Elle n’avait pas été au spring break, je lui demandais donc : « Tu es partie où alors ? »  

J’étais reconnaissant à Nina de ne pas me servir l’éternel refrain selon lequel je devrais pardonner à Talya, puisqu’elle était enceinte de moi, du blabla qu’on m’avait trop servi pour que j’y crois. J’étais donc content qu’elle s’en tienne à ce discours. « On fera notre maximum pour que tout se passe bien oui. » lui assurai-je même si par le maximum je n’entendais pas non plus fermer les yeux sur toute cette histoire. Déjà, on essayait de ne plus se sauter à la gorge avec Talya, et ça représentait beaucoup vu le contexte. La blonde hésita à la suite de ma proposition, tiraillée entre son envie de me fuir, probablement à cause de son amitié avec Talya, et son désir de poursuivre cette conversation. Il n’y avait pas encore si longtemps, nous étions amis alors ce n’était pas simple. Elle avança finalement, m’en confiant davantage sur son voyage. « Je ne la connais pas non. » répondis-je quand elle évoqua sa jumelle. « Le Portugal ? C’est sympa là bas ? Ils y sont pour le boulot ou pour les vacances tes parents ? » m’interressai-je alors avant de répondre en toute franchise concernant mes propres vacances : « Oh tu sais, rien de bien intéressant… De l’alcool, des soirées, des trous noirs… » Ouais quand vous apprenez au début du SB que votre copine vous trompe, ça gâche un peu tout.

« Oh je savais même pas que tu étais portugaise… » fis-je après les paroles de Nina. « C’est pas trop dur d’être loin d’eux ? De ta famille ? » J’étais content d’en apprendre plus sur la blonde, même si j’aurais aimé que cette discussion ait lieu dans un contexte moins tendu. Parce que oui, l’ombre de Talya rodait au dessus de nous, je savais très bien que Nina n’hésiterait pas à défendre sa meilleure amie et à prendre son parti. Je préférais même pas me lancer dans ce débat. Et lui raconter mon spring break était surement mieux : « J’avoue que j’ai un peu abusé des bonnes choses… » ricanai-je avec autodérision. « J’ai profité des bars surtout. » Les paysages, les excursions, les activités, tout ça, ça m’était un peu passé au dessus. C’était surement bien dommage. « Mais en tout cas, oui, je me suis fait des potes de boissons. » Adriel, Tate, Ric, June, même Lomée avec qui j’avais partagé une bouteille de rhum, bref tout plein d’étudiants avec qui j’avais pu parfaire mon lever de coude même si ce n’était pas une très bonne habitude que j’avais pris là.