MARLOES ○ keep it secret

ça faisait quelques mois que j’étais de retour à Harvard, et depuis le temps j’avais réussi à ranger mes quelques affaires dans ma chambre à la résidence des Quincys. je grattais un peu sur Daisy, ma guitare, en cherchant un nouvel air, j’avais envie de me produire et de montrer mes compositions. En short de pyjama et large pull, mes chaussettes de noel au pieds, des partitions étalées sur le lit et moi en tailleur, j’avais reçu un message de Mika quelques instants avant me prévenant qu’il passerait plus tard. j’avais pas vu le temps passé, faut dire que ça faisait bien longtemps que je ne m’étais pas mise à ma musique aussi sérieusement et je crois que ça me faisait un bien fou.
a peine ai-je eu le temps de trouver les accords d’un simple début, que j’entendis taper et une voix derrière, je regardais mon téléphone, et merde, ma chambre était un bordel sans nom. je rangeais vite fait les partitions étalées un peu partout, je posais Daisy sur son socle et j’allais ouvrir en m’attachant les cheveux. J’ouvrais la porte sur un Mika qui s’impatientait un peu.
« saluuut, désolée je me suis remise à la guitare alors… » dis-je comme pour justifier le temps que j’avais mis à lui ouvrir bien que je n’avais pas mis plus de deux minutes.

une fois la porte ouverte je le vois, et je souris, il me sourit puis me parle tout de suite de ma musique, de ce que j’étais en train de jouer, et je me dis qu’il a sûrement entendu et j’avoue que j’ai un peu honte. j’ai jamais joué devant quelqu’un depuis que je suis sortie de mes galères, je joue toujours toute seule dans ma chambre en attendant de reprendre vraiment confiance. c’est vrai, j’ai l’impression d’être redevenue la fille timide que j’étais en arrivant à harvard il y a cinq ans « tu… tu as entendu ? » je sens que je rougis comme une tomate, mais tant pis, je détache mes cheveux et de cette façon j’ai un peu les cheveux qui cachent mes joues, je suis pitoyable, on est d’accord.
« peut-être qu’un jour je te jouerais un morceau si t’es sage » encore faudrait-il que j’arrête de rougir. j’embrasse sa joue pour faire diversion. « non bien sûr que non tu me déranges pas, j’me suis juste laissée dépasser par le temps » dis-je en riant un peu, me moquant de moi-même. je m’écarte de la porte pour qu’il entre et le suit en allant m’installer sur le lit « viens, installe-toi » je tapotait la place à côté de moi. j’aimais bien ce garçon, nous étions amis et ça m’avait fait du bien d’en retrouver à mon retour.

j’esquisse un sourire, parce que même si il me complimente ça me gêne et je crois que même que c’est parce qu’il me complimente que ça me gêne vraiment. alors je fais la moue « oui mais t’aurais pas dû entendre j’étais pas au point » dis-je en hochant la tête désespérément. puis on s’assoit, et j’le regarde et je souris, et il sort son portable et y a un truc qui tombe de sa poche, il a l’air un peu paniqué et je sais pas vraiment pourquoi.
mais moi évidemment je me baisse, pour l’attraper, sauf qu’il le fait au même moment, en même temps et que nos têtes se cognent « aie.. » dis-je doucement en me frottant la tête à l’endroit du choc. pendant qu’il se relève, j’attrape la carte, regarde un peu « je savais pas que t’avais une sœur jumelle » dis-je en souriant. vraiment elle lui ressemble comme deux gouttes d’eau c’est hallucinant, il pourrait presque prendre son identité « c’est pour te faire passer pour elle ? » je ris un peu, ne me rendant même pas compte de la bourde que je suis en train de faire.

j’attends qu’il me réponde, mais c’est bizarre il a l’air super mal à l’aise, puis quand il m’explique il l’est encore plus, je sais pas ce qui cloche avec sa sœur mais ça à vraiment l’air de l’embêter « non jamais » je réponds simplement à ce qu’il me dit, je mènerais mon enquête après « oh bah elle va être contente que tu l’ai retrouvé. » je le vois bien qu’il se frotte la nuque, qu’il tourne la tête alors je me dis que c’est sans doute très grave ce qu’il se passe avec sa sœur. et clairement j’aime pas du tout le voir comme ça, ça me fait beaucoup de peine. alors je m’approche de lui et mais ma main sur son épaule « tu si avec ta sœur vous avez des soucis, tu peux m’en parler » j’esquisse un sourire, j’avais vraiment envie de l’aider.
je sais pas vraiment quoi faire, pour faire comme si il ne s’était rien passé parce que ça l’embarrasse et moi aussi, j’aime pas cette situation, j’ai l’impression d’avoir gaffé, je lui mettais la carte d’identité dans sa main et baissé la tête. j’avais bien envie qu’il me parle, qu’il me dise pourquoi il était dans cet état, mais je n’osais pas, je pouvais pas le forcer à me raconter, ça avait l’air douloureux et très personnel. « j’suis désolée.. » j’esquissais un sourire, si j’avais pas parlé de sa sœur on en serait pas là.

je savais plus quoi faire, plus comment agir, il y avait de très très mauvaises ondes dans la chambre et j’aimais pas ça, la tension était vraiment palpable. je n’osais plus rien dire je restais muette, j’attendais qu’il me dise quelque chose, peut-être qu’il m’explique. parce que vraiment là je ne comprenais plus rien du tout. je restais à côté de lui silencieuse quand soudain il prit la parole, j’étais inquiète parce qu’il me promettait de ne pas juger et tout ça alors c’était clair que c’était pas un truc tout bête mais bel et bien quelque chose de grave. je m’installais en tailleur pour être face à lui « bien sûr, tu peux tout me dire mika » j’étais un peu blessée qu’il puisse penser que j’irais le répéter, mais je comprenais aussi son inquiétude. « je ne dirais rien à personne, et encore moins si le fait de le dire te cause du tort, et surtout je te jugerais jamais. » c’est vrai je pensais à beaucoup de chose, des choses affreuses, des choses tristes, des choses horribles, mais sûrement pas à ce qui m’attendait. j’avais même cru qu’il avait tué sa sœur et avait pris sa carte d’identité pour qu’on ne puisse pas la reconnaître. pour dire que je pensais à tout, mais pas à la vérité. fallait qu’il sache que j’étais là pour lui comme une véritable amie, dans les pires moments comme dans les meilleurs.