PRIALYA ❤ stone le monde est stone

 « Tu vas me faire les gros yeux aussi bientôt ? » Ben quoi, après les remontrances c'était bien les gros yeux et le tirage d'oreille non ? Mais non, il n'aurait pas à en arriver là puisque j'allais me tenir sage. Même si je n'étais pas tout à fait moi même je n'avais aucune envie de passer pour la peste de service, bien que ce soit tentant. « Je dois avoir ma tenue d'hôpital dans mon vestiaire, mais je suis sûre d'être moins repérable avec ça... Y'a juste toutes mes affaires dans le placard là je crois. » Ma mère m'avait amené des choses parce que cette blouse de grand malade, je ne la supportais que très peu. C'était la seule concession que mon père avait voulu faire. Je le détestais tellement. « Dans tous les cas tu sais que je suis Talya Blackburn quoi, enfin je veux pas paraitre prout prout mais les gens ont peur de mon père ici, dès que quelqu'un va me voir je vais devoir rentrer dans ma chambre. Range le costume de super chevalier, si tu veux qu'on aille se rouler dans la paille il faut que t'arrives à mettre ta casquette de super infiltré, super tactique... » La paille, elle revenait toujours dans mon esprit... Parce qu'elle me faisait penser au cheval et le cheval à l'évasion. Et oui, Priape et moi sur un cheval, au galop, les cheveux dans le vent... Il ferait peut être bien de contrôler ma température aussi, surtout depuis qu'il était là.

Talya était peut être en plein trip à cause des médicaments ingurgités, elle avait raison : elle était repérable, autant dans cette blouse d’hospitalisée, sa perf au bout du bras, que habillée en interne ou même en tenue de civile, puisqu’elle serait identifiable comme étant la fille du Docteur Blackburn. D’ailleurs je m’approchais d’elle après avoir attrapé un paquet de compresses et je retirais la perfusion délicatement. « Déjà avec ça en moins ça sera mieux… » Elle serait plus libre de ses mouvements… Je réfléchissais à comment m’y prendre : les couloirs étaient déserts mais on était pas sûr de ne croiser personne, et cela pourrait nous attirer de sacrés ennuis. « Change toi, je vais faire un petit repérage. » fis-je alors. Passant ma tête par la porte, je constatais qu’il n’y avait aucun soignant à l’horizon. Mon regard s’arrêta alors sur un brancard rangé contre un mur et une idée me vint. « J’ai une id… » Je me retournais vers mon ex mais elle n’avait pas finit de se rhabiller ce qui me coupa aussitôt dans ma phrase. « Désolé… » fis-je gêné en baissant aussitôt les yeux. C’était pourtant pas la première fois que je la voyais dévêtue, mais désormais on n’était plus ensemble…

« Moins repérable et moins dans les vappes, je te confirme que ça ne peut que aller mieux ! » Avoir enlever cette perfusion allait surement me permettre de reprendre mes idées, enfin pour ça il allait faloir un petit moment pour que tout s'évapore. Je maudissais mon père pour ça, il le saurait un jour où l'autre, je comprenais qu'il ne voulait pas perdre son seul enfant restant mais quand même ! Priape se dirigea vers le couloir pour repérer les lieux et d'un coup il se retourna alors que j'étais en train de me changer. Son petit air gêné me fit plus rire qu'autre chose. « C'est bon chevalier tu vas t'en remettre ! Donne moi ton idée plutôt que d'inspecter chaque centimètres carrés du sol ! » J'étais bien consciente de ce que je disais actuellement mais le chevalier c'était pour détendre un peu l'atmosphère, il y en avait besoin avec le mini malaise qu'il venait de se créer à lui tout seul. Sacré Priape.

Le fait que je la vois en train de se changer ne sembla pas mettre mal à l’aise la jeune femme qui s’amusa même de ma réaction gênée. Bon moi je n’étais pas du genre à mater mes ex à la moindre occasion, j’avais déjà eu mon compte il y a quelques mois de cela quand j’avais été obligé d’examiner Caly, merci bien. Enfin un petit sourire amusé finit quand même par étirer mes lèvres alors qu’elle me taquinait en m’appelant à nouveau chevalier. « Un chevalier en carton oui… » fis-je avant de me lancer dans une brève explication de ce que j’avais en tête. « On a qu’à utiliser le brancard qui est dans le couloir. Tu t’allonges dessus, je te recouvre d’un drap, et comme ça ni vu, ni connu, t’es pas reconnaissable et moi j’aurais l’air d’un interne qui pousse un malade, rien de repérable donc. » Je retournais passer ma tête par la porte pour un nouveau repérage avant de demander à Talya : « Ca te va comme plan ? T’es partante ? Parce que la voie est libre là… »

J'écoute son idée et je ne peux m'empêcher de rire. « Chevalier e carton avec des idées en carton je vois ça... Mais aller qu'est ce que tu attends pour aller chercher le brancard ? » Ouai même si je risquais d'éclater de rire sous ce foutu drap à cause de la situation, c'était la seule solution possible pour me faire sortir de là... Parce que oui j'étais à un étage beaucoup trop haut pour songer une seule seconde à sauter par la fenêtre et s'il 'avait à me rattraper en bas, la vitesse combinée à mon poids l'écraserait surement d'un coup. « T'évites de me chatouiller les pieds si tu veux qu'on soit crédible d'accord ? » Priape file chercher le brancard et je m'allonge alors qu'il met le drap sur moi, j'ai déja envie de rire. « Le cheval aussi est en carton hein... Allez dépêche toi si tu ne veux pas être repéré en pleine aide à la fugue de la fille du cher docteur Blackburn ! »

Je marchais à pas de loups dans le couloir, regardant de chaque côté si aucune infirmière ne se profilait à l’horizon puis je fis rouler le brancard jusqu’à la chambre de Talya. « Voilà le cheval de mademoiselle est avancé. » annonçai-je à voix basse toujours dans l’optique de ne pas se faire repérer. « Tu sais princesse si t’es pas contente de ton Chevallier en carton et de son fidèle destrier, t’auras qu’à te débrouiller toute seule la prochaine fois, et d’ici que tes cheveux soient aussi longs que Raiponce pour atteindre le rez de chaussée, il s’en serait écoulé du temps. » Olala, oui je connaissais Raiponce, mes références me faisaient parfois peur. Je passais trop de temps en pédia ainsi qu’avec ma filleule Millie je crois… Je recouvrais ensuite mon ex avec un drap, et incognito je commençais à avancer dans le couloir, me dirigeant vers les ascenseurs salvateurs qui nous mèneraient à la sortie. Mais soudain, une voix au timbre familier résonna : deux personnes discutaient au détour du couloir et je reconnus l’une d’elles comme étant celle du Docteur Blackburn. La voix masculine s’élevait contre celle d’une pauvre infirmière qui semblait paniquée : « Et vous dites que le patient n’a rien pu avaler depuis qu’il est revenu du bloc ? Je peux savoir pourquoi on ne m’a préve… » N’écoutant pas la suite de la conversation, je soulevai le drap et attrapai Talya par la main pour l’entrainer dans une remise située à notre droite avant que les deux soignants ne nous repèrent. Je plaquais mon doigt sur sa bouche pour la dissuader de protester. Elle était surement encore un peu stone et n’avait peut être pas reconnu la voix de son père alors je voulais empêcher qu’elle ne parle et qu’on se fasse ainsi repérer. Le placard était étroit, si bien que l’on se retrouvait plaqués l’un contre l’autre. Si tout à l’heure je m’étais senti un peu gêné en la voyant se dévêtir, mon trouble était désormais multiplié par dix.

« J'adore tes connaissances et tes références Priape. Tu me fais rêver pour le coup. » Je ne pus m'empêcher de rire et je me levais pour m'approcher de lui et me mettre sur le brancard, déposant un bisou sur sa joue au passage en lui soufflant un très sincère : « Merci. » Ouai il prenait le risque de s'opposer à mon père, d'avoir quelques soucis et j'appréciais vraiment qu'il soit venu pour me sortir de là, il ne fallait pas croire le contraire même si je le taquinais sur ses qualités de chevalier et celle de sa monture. Il finit par me recouvrir avec le drap et op la grande aventure pouvait commencer. Je tentais de rester calme mais à peine avions nous commencé à nous diriger vers la sortie que j'avais senti le drap se soulever, Priape m'entrainer par la main jusqu'à une remise que nous avions déjà fréquenté tous les deux pour un baiser volé pendant le service. C'était étroit, ses doigts étaient sur ma bouche pour ne pas que je parle, pour ne pas que je proteste, et son visage était à quelques centimètres du mien. Si mon coeur battait la chamade, c'était à cause de cette proximité mais aussi à cause du fait que j'avais manqué de me faire remarquer en m'étalant avant d'arriver dans la pièce. Et oui levée trop vite j'avais vu ce qu'il y avait autour de moi tanguer. Mais non tout allait bien, enfin si on pouvait dire que cette situation était le bien. il enleva ses doigts de mes lèvres, son autre main était toujours dans la mienne et je relevais la tête mes yeux venant se planter dans les siens. Si je faisais ce dont j'avais envie à ce moment même n'allait il pas me laisser me débrouiller comme une vieille chaussette pour sortir d'ici ?

Après un baiser sur ma joue en guise de remerciement, la jeune femme prit place sur son carrosse et l’échappée belle commença. Mais ce fut de courte durée, après quelques mètres dans le couloir, je reconnus la voix de son père qui s’élevait un peu plus loin. J’entrainais alors Talya avec moi dans la première remise que je vis. Serré contre elle, ma main était venue se plaquer sur sa bouche, mon regard était lui plongé dans le sien. Je retirais doucement mes doigts, libérant ses lèvres et mes yeux les scrutèrent un instant. Cet endroit, cette proximité, ma main dans la sienne, je devais me faire violence pour ne pas reproduire ce que nous avions l’habitude de faire dans cette remise il y a encore quelques mois. Je me penchais vers elle, mais pas pour l'embrasser malgré l’envie irrépressible qui m’habitait, ma bouche visa son oreille pour venir lui murmurer : « Tu vas bien ? » Le fait qu’elle avait un peu perdu l’équilibre juste avant d’arriver ici ne m’avait pas échappé et je me demandais si ce petit moment chancelant était seulement du à notre empressement ou si j’avais surestimé son état de santé, peut être fallait-il finalement mieux qu’elle reste hospitalisée…  

Priape était si proche de moi et il avait toujours sa main dans la mienne, comment voulait il que j'aille bien ? Enfin non comment voulait il que je n'aille pas bien plutôt ? Cette remise exiguë entrainait tout ce que je voulais, c'est à dire un rapprochement. Je n'allais pas m'en plaindre même si d'un autre côté j'adorais notre proximité actuelle mais je savais très bien qu'il m'en voulait encore et toujours... Surtout que notre dernière conversation avait été des plus houleuses alors finalement cette situation était un calvaire. Ses lèvres étaient à quelques centimètres des miennes, son corps frôlait le mien à chaque fois qu'il bougeait et sa main était toujours dans la mienne, j'allais fondre. Mais non il voulait juste savoir si j'allais bien. « J'ai vacillé parce que tu m'as entrainée ici trop vite, pas pour une autre raison qui pourrait te faire douter que l'évasion soit un bon plan. » Je souris tournant légèrement ma tête vers lui et cherchant son regard, ce qui était difficile comme il était vraiment très près. « Je... Tu... Enfin.... » La proximité me faisait perdre mes moyens ? Un tout petit peu, enfin là elle me donnait surtout les jambes en coton et une boule dans l'estomac alors s'il ne se passait pas très vite quelque chose, il risquait de me voir faiblir à nouveau.

J’essayais d’écouter la jeune femme qui m’expliqua qu’elle avait vacillé juste à cause de la vitesse avec laquelle je l’avais entrainée ici, rien à voir avec son état. J’entendais ce qu’elle me disait, mais j’avais du mal à me concentrer sur ses paroles, bien trop troublé par cette soudaine proximité. Mes yeux se perdirent dans les siens avant de s’orienter vers sa bouche, ses lèvres qui semblaient effectuer une attraction irrépressible sur les miennes. Ce n’était pas raisonnable. Mais je n’arrivais pas à écouter la petite voix qui me mettait en garde. La tentation était trop forte, je capturai ses lèvres pour l’embrasser avec passion. Ma main lâcha la sienne pour venir se poser dans le bas de son dos, l’attirant d’une douce pression pour que son corps se retrouve encore plus collé au mien alors que mon autre main glissait derrière sa nuque. J’aurais voulu que mon baiser soit plus doux, mais il ne l'était en rien, plutôt avide, fiévreux. Cela faisait des semaines que je rêvais de faire cela sans pour autant me l’autoriser, alors le désir était trop fort pour que je me domine. Mais finalement, je revins à la raison, ma bouche libérant la sienne, mes mains relâchant leur emprise, mon corps s’écartant sensiblement du sien. Notre dernier baiser remontait au SB et alors j’avais l’excuse d’avoir agi sous l’emprise de l’alcool. Ce soir, j’étais dans mon état normal, il fallait que je trouve autre chose pour me justifier : « Excuse-moi, je… Je voulais t’empêcher de parler pour pas que ton père et son infirmière nous entendent… » Oui parce que poser ma main sur sa bouche ou juste simplement lui demander de se taire, c’était bien plus compliqué. C’était bien connu que quand on voulait intimer le silence à quelqu’un, le moyen le plus simple c’était de l’embrasser… Excuse bidon bonjour.