PRIALYA ❤ stone le monde est stone

Deux jours que j'étais ici. Avec mes malaises à répétition, ma silhouette qui s'affinait de plus en plus par manque d'appétit et à cause des nausées mon père avait fini par contre qu'il se passait quelque chose. Bien sûr, avec son influence il avait réussi à tout savoir et tout me faire cracher. Le résultat ? Me faire hospitaliser par peur que je me laisse mourir ou je ne sais quoi ce qui n'était absolument pas mon idée. Cette idée ne m'était jamais passée par la tête même avec la vie pourrie que j'avais en ce moment. Je tenais encore debout mais comme j'étais un peu trop vivace dans mon envie de sortir rapidement et que mon cher papa bloquait toute autorisation de sortie ou éventualité de me faire signer une décharge, j'étais cloitrée ici jusqu'à ce que je reprenne une alimentation normale selon lui et en attendant on me foutait sous cacheton pour que je sois moins agressive et moins décidée à sauter sur la moindre occasion pour sortir d'ici. Je planais donc à moitié la plupart du temps et la nuit je dormais plutôt pas mal ce qui était une grande avancée au vue du peu d'heures que j'avais cumulé ses dernières nuits... Mais là de suite le sommeil ne venait pas, je me tournais et retournais dans mon lit alors que je m'étais réveillée en plein milieu de la nuit. Je ne trouvais plus le sommeil et je me saisis de mon téléphone resté sur la table de nuit pour tapoter rapidement un sms : « Joue les princes charmants, mon prince charmant et viens me sortir de mon château de princesse gardé par un dragon... A comprendre l'hôpital gardé par mon père... » Le destinataire fut naturellement Priape, comme si après notre dernière rencontre il allait oser venir me sortir de là et comprendre quelque chose à ce que je venais de lui dire. J'étais légèrement perchée et cela se voyait à peine.

J’avais du mal à trouver le sommeil… Du moins, c’était plus difficile que durant le SB où je passais mon temps à picoler et je finissais par m’endormir avec 4grammes dans chaque bras. J’avais réduit un peu la fréquence de mes soirées, et en l’occurrence, j’étais de garde le lendemain alors cette nuit je ne pouvais compter que sur le marchand de sable pour m’endormir… Mais je crois que ce connard avait oublié de passer me voir. Je me retournais une énième fois dans mon lit, perdant patience, lorsque mon téléphone vibra sur ma table de chevet. Je l’attrapais rapidement pour ne pas que le bruit réveille mes deux colocs assoupis, eux. La première chose que je pensais en lisant les mots de mon ex furent qu’elle avait surement du boire. Mais sa dernière phrase m’éclaira un petit peu sur le sens de son message… Qu’est-ce qu’elle faisait à l’hôpital ? L’IVG s’était-elle mal passée ? Ca y est en l’espace d’un sms j’étais repassé de l’état d’ex petit ami furax à inquiet. De toute façon, je n’arrivais pas à dormir alors. J’enfilais un jean, un Tshirt, en essayant de faire le moins de bruit possible, puis j’attrapai ma veste et quittai la chambre en silence. Dans le couloir, j’essayais d’appeler la jeune femme mais aucune réponse… Je devrais pas y aller. Je devrais me recoucher et ignorer ce message. Elle avait choisi Matthéo, elle m’avait rejeté. Je me répétais tout ça intérieurement pour résister à mon envie de me rendre là bas et découvrir moi même ce qui retournait de toute cette histoire. Oui, elle l’avait choisi lui et pourtant c’était à moi qu’elle écrivait. Peut être que ça voulait dire quelque chose ? Et finalement, cédant à la tentation, j’attrapai mes clés et je me rendis à l’hôpital. J’avais mon pass sur moi et m’en servis pour pénétrer dans l’établissement plongé dans le noir vu l’heure avancée de la nuit. Je fis un passage par les vestiaires, avoir une blouse blanche sur soit allait surement m’aider à justifier ma présence ici si je croisais des soignants. Je pris ensuite la direction du service de gynéco. Une chance, les sages-femmes étaient en pause (parce que c’est bien connu les sages femmes vivent dans leur salle de pause ), je profitais donc de leur absence pour fouiner dans le bureau et découvrir le dossier de Talya : hospitalisée contre son gré chambre 106 pour vomissements gravidiques… blablabla …visites interdites… blablabla … perfusée … blablabla … ordre du docteur Blackburn. Ok je devinais assez bien ce qui avait du se passer. Je refermais le dossier et parcourus les couloirs jusqu’à la porte de sa chambre que je poussais en m’annonçant à voix basse : « Talya ? C’est moi… Priape. »

« T'as emmené ton cheval pour me sauver comme un chevalier ? » Dis je en rigolant alors qu'il était à l'entrée de la porte. J'étais à moitié choutée, à moitié dans un état second alors il fallait excuser mon humour de merdre et mes paroles surement déplacées au vue de la situation. J'avais quand même quelques moments de lumière dans mon cerveau mais j'évitais de trop m'y attarder sans quoi je me demanderais surement pourquoi j'avais fait venir Priape ici alors qu'on ne se parlait plus depuis la dernière fois. « C'est les médocs je crois, je suis pas très en face de mes baskets... » Je l'encourageais de la main à s'approcher et à fermer la porte derrière lui sans allumer s'il ne voulait pas que nous soyons vus. « Sans rire dis moi que t'es venu me sortir de là j'en peux plus. » Mon père ne m'avait pas fait interner mais ce n'était pas loin au final, du moins je le ressentais comme cela et ça me gonflait, j'étais assez grande pour prendre mes propres décisions et gérer ma vie, encore plus lorsque cela concernait mon corps que j'étais tout de même la mieux placée pour le connaitre. Bref, Priape était là maintenant et j'étais soulagée, même si je voyais déjà la tête de mon père quand il verrait que j'étais partie si j'y parvenais.

Je restais dans l’entrée de la chambre plongée dans l’obscurité, essayant d’habituer mes yeux à la pénombre, lorsque Talya me salua d’une drôle de façon… « Oui mon cheval… C’est tout à fait ça… Et je l'ai laissé aux écuries, à comprendre le parking de l’hôpital… » fis-je en reprenant la formulation qu’elle avait utilisé dans son sms. Le regard un peu surpris que je lui jeta du lui faire reprendre un peu ses esprits, elle m’expliqua alors qu’elle était sous médocs. « Je sais pas ce qu’ils t’ont donné mais je veux la même chose, ça a l’air d’avoir un effet planant… » plaisantai-je en refermant la porte derrière moi comme Talya venait de m’indiquer de le faire. J’allais pas me montrer désagréable avec elle, malgré notre dernière dispute. Elle était shootée et elle n’avait effectivement pas l’air au meilleur de sa forme, alors j’allais tâcher de la ménager un peu… Je m’avançai jusqu’à son lit alors qu’elle me confiait espérer sortir d’ici. « C’est pour ça que tu m’as écrit c’est ça ? » Bah oui fallait pas se leurrer, pourquoi m’aurait-elle écrit sinon ? Me dire qu’elle voulait sa deuxième chance, qu’elle avait jarté Matthéo… Quand j’avais lu son message perché qui parlait de prince charmant, je devais bien reconnaître que l’idée m’était passé par la tête. Mais non, Talya avait juste besoin de mon aide. Mes ex avaient la fâcheuse manie de faire appel à moi pour les sortir de leurs galères : coincée à l’hôpital, en prison, avec une syphilis ? Pas de soucis, appelez Pripri. Ce bon vieux Pripri bien trop gentil pour refuser quoi que ce soit… Je soupirais néanmoins, parce que là, il s’agissait de sa santé, je pouvais pas accéder à sa demande sans un minimum de vérifications. « Avant d’envisager une sortie, je veux m’assurer que cette hospitalisation n'est pas justifiée… » Imaginons que je l’aide à sortir et qu’elle me refasse un malaise sur le champ, j’aurais l’air malin et son père allait me trucider. Je sortis mon stéthoscope de ma poche et m’assis sur le bord du lit. « Tu me laisses t’ausculter ? »

Rien que voir Priape arriver dans le noir c'était drôle, c'était donc dire mon état mais bon cela faisait ressortir tout ce qu'il y avait de meilleur en moi surement. En même temps je ne lui voulais pas de mal, si j'enchainais les vannes pourries surtout celles sur Matthéo c'était bien parce qu'il me blessait en premier lieu. M'enfin là j'étais bien trop choutée pour dire quelque chose de censée et surtout pour penser à lui avouer que j'avais vu Matthéo à ma sortie des urgences l'autre jour et qu'il avait décidé de s'écarter de ma vie pour que je sois heureuse, ce qui me rendait bien sûr, malheureuse mais passons. « J'adore me rouler dans le foin aux écuries, ça peut être très drôle on devrait essayer en sortant. » J'alternais entre moment de lucidité et moment moins clair mais en règle général ma conscience arrivait un peu à prendre le dessus. « Promis si tu ne me fais pas sortir d'ici la prochaine fois j'avale pas tout et je partage. » Ouai c'était planant mais quand même je détestais me sentir pas totalement moi même et surtout à cause de médocs. « Je t'ai écris parce que... parce que j'avais envie... de te voir ! » Dis je d'une voix guillerette avant de me reprendre un peu. « Et que j'étais sûre que tu voudrais bien me sortir d'ici, surtout ça peut être, enfin non pour te voir d'abord. » Ah ah j'étais emmêlée dans mon cerveau alors j'imaginais qu'en plein milieu de la nuit le sien allait avoir du mal à démêler tout ça. Il me demanda ensuite si il pouvait m'ausculter, j'écartais les bras et les jambes. « Je suis toute à toi... » C'était bizarre dit comme cela mais les deux parties de mon cerveau étaient d'accord pour dire cela, celle qui était stone donnait mon corps pour autre chose qu'une auscultation, la raisonnable voulait juste qu'il m'ausculte pour en finir avec cette hospitalisation. « Mais promis je mange correctement et j'arrête de tomber dans les pommes depuis un petit moment et ça sera encore mieux si tu m'emmènes sur ton cheval ! J'adooooore les chevaux... » Et j'ajoutais doucement, dans ma barbe alors qu'il s'approchait de moi pour m'ausculter, avec un regard charmeur dirons nous : « ... et les chevaliers. »

Elle planait complètement, je ne réussis pas à masquer plus longtemps un sourire amusé. « On devrait essayer de se rouler un joint au foin aussi non ? T’en penses quoi ? » proposai-je sur un ton chargé d’ironie avant de m’approcher d’elle pendant qu’elle m’assurait qu’elle partagerait sa prochaine dose de traitement avec moi si je l’aidais à s’échapper. Je lui demandais ensuite si c’était pour cela qu’elle m’avait écrit… L’image du prince charmant sauvant sa douce princesse, c’était surement un peu trop métaphorique pour le garçon terre à terre que j’étais. Elle me confia alors qu’elle avait envie de me voir. Mon sourire s’élargit un peu plus en l’entendant sans que je m’en rende bien compte. Les médicaments lui faisaient dire n’importe quoi. En tout cas pour ma part, je n’étais pas sûr de vouloir la faire sortir d’ici. Fallait avant tout que je m’assure que son père avait véritablement fait de l’excès de zèle et que Talya ne nécessitait pas forcément une hospit forcée. Je secouais légèrement la tête lors de sa première réponse spontanée et enthousiaste… C’était encore les médocs qui parlaient pour elle surement. Elle me rassura ensuite sur sa bonne reprise alimentaire, ses faiblesses qui diminuaient, puis nouveau délire sur mon cheval… « Tu sais je suis venu en voiture Talya… » l’informai-je pour la faire descendre de son petit nuage alors qu’elle me lançait un regard évocateur… J’avais connu la Talya pompette un peu flirteuse lors de notre toute première rencontre, alors je me doutais qu’en planant comme elle le faisait, elle risquait de partir très vite dans ce registre. « Ca va être froid… » la prévins-je. Je me penchais vers elle, puis j'écartais doucement les pans de sa blouse d’hospitalisée pour venir poser l’extrémité métallique contre la peau de son buste.  

« Rooh c'est bon, arrête de te moquer de moi, le joint en foin, le parking, le cheval... Je te promets que je vais trouver un moyen de te faire oublier de m'avoir vu dans cet état. » Pas folle la guêpe quand même, je savais bien qu'il se moquait de moi et qu'intérieurement c'était très drôle pour lui de me voir complètement planer. Moi j'aimais beaucoup moins cette situation mais je m'en fichais, c'était Priape. Même si c'était un peu gênant, cela ne me dérangeait pas qu'il n'oublie rien de cette soirée. Il savait au moins que ce qui sortait de ma bouche n'était vraiment pas contrôlé, que ce n'était que la vérité sur mes envies, sur moi. « Je sais que c'est froid, ça fait quelques jours que j'y ai le droit, mais je dois avouer que je n'avais encore jamais eu de docteur aussi canon que toi... Mais n'en profite pas hein petit coquin ! » Je rigolais telle une enfant, j'avais vraiment l'air d'une enfant surement et c'était ce qui faisait rire mon ex. Est ce que ce côté enfantin qu'il pouvait voir aujourd'hui chez moi pouvait lui faire oublier la plus grosse connerie d'adulte que j'avais faite ? Surement pas mais cela pouvait peut être l'aider. « T'as le droit de voir tout cela que dans d'autres circonstances... » Lui dis je en lui lançant un regard des plus expressifs, des plus charmeurs, pire il n'y avait pas, au moins il savait très bien de quoi je voulais parler même si la Talya timide en moi n'aurait jamais laissé ça sortir de ma bouche sans un petit coup de pouce des médicaments.

« J’arrête, j’arrête… » concédai-je en retenant un petit rire… C’était bizarre de voir Talya aussi détendue, finalement ça me faisait lâcher un peu prise aussi en quelque sorte. Mais trêve de plaisanterie, je n’allais pas me lancer dans une évasion sans faire quelques vérifications de circonstances avant. Posant délicatement le pavillon du stétho contre le buste de la jeune femme, elle repartit dans un délire de flirt… Les médocs parlaient encore pour elle probablement… D’ailleurs, je ne pouvais pas entendre quoi ce soit moi dans ces conditions. « Tiens toi tranquille et tais toi un instant un instant Talya. Tu sais que les gosses de pédia sont plus sages que toi ! » ronchonnai-je sur un ton faussement autoritaire, dans le fond plus amusé qu’autre chose. Je réussis finalement une rapide auscultation cardiaque puis je décalai un peu l’extrémité du stéthoscope d’un côté puis de l’autre du buste de la jeune femme pour réaliser l’auscultation pulmonaire. « Inspire et expire fortement. » demandai-je en me concentrant et en essayant de faire abstraction de mes doigts qui frôlaient sa peau dans la manoeuvre. Finalement, tout me semblait parfait, j’attrapai quand même un brassard à tension que je gonflais puis dégonflais en écoutant le bruit caractéristique de la systolique puis de la diastolique. « 12/8 c’est parfait… Ton séjour ici t’as en effet requinquée. » soulignai-je même si en l’observant bien elle avait encore la mine fatiguée et elle était quand même amaigrie. « Si je t’aide tu vas continuer à faire attention pour reprendre du poids et retrouver la forme hein ? » demandai-je histoire d’être sûr de pas faire une connerie en embarquant mon ex avec moi.

 C'était bon de se laisser aller, de perdre un peu le contrôle, surtout lorsqu'il y avait Priape non loin et ses mains qui frôlaient ma peau. La situation aurait pu être gênante, grâce aux médicaments qui me faisaient légèrement planer, elle ne l'était pas du tout, du moins pas pour moi et cela nous permettait de retrouver un brin notre complicité. Parce oui ce n'était pas pour rien que le courant était aussi vite passé entre nous et que nos sentiments avaient pris une telle ampleur aussi rapidement, nous nous étions bien trouvés et pour le moment nous savions aussi bien nous déchirer que nous aimer, et aussi fort. « La moitié des gosses de pédia ne savent encore pas parlé, alors tu m'étonnes qu'ils soient plus sages... Puis ils ne savant pas encore qu'ils ont un doc super sexy... Moi je le sais tu vous, difficile de rester calme quand t'es si près. » Mon regard innocent se posa sur lui, il devait m'excuser oui, m'excuser pour mon état mais aussi pour ce que je lui disais, choutée aux médicaments ou l'esprit complètement sain, j'étais toujours aussi folle amoureuse de lui, il ne pouvait rien faire pour y changer c'était ainsi. « Si tu m'aides, je vais ressortir de là et revivre ma vie normalement oui, c'est pas ma faute si mon corps a décidé de faire de la protestation et qu'il maigrit ou régurgite tout ce que je prends le temps d'ingurgité... Mais tu peux toujours prendre le soin de vérifier ça en reprenant nos déjeuners ou diners tous les jours... » Un côté de mon cerveau était peut être endormi mais de l'autre coté cela avait l'air de plutôt bien fonctionner, je ne perdais pas le nord. Enfin tout était dit sur un ton léger, espérons qu'il ne prenne pas la mouche et s'en aille me laissant là. « Aller tu vois bien que je n'ai aucune raison d'être ici à part celle d'être drôle quand je plane... »

Talya était shoutée, je devais me le répéter mais malgré son état, c’était difficile de rester de marbre devant son rentre dedans de plus en plus flagrant. Elle prit quand même le soin de me rassurer sur son état et sur le fait qu’elle allait poursuivre ses efforts pour continuer d’aller mieux. Un bon point. Cet aparté sérieux dans son délire de séduction ne fut que de courte durée puisque la jeune femme en profita pour glisser une invitation à reprendre nos anciennes habitudes au passage. « Talya, s’il te plait… » soupirai-je pour la dissuader de se lancer dans cette voie. Je m’écartais un peu, parcourant la pièce des yeux, hésitant encore un peu quant à mon rôle dans cette évasion. Talya était stone, elle risquait de s’échapper de toute manière, alors c’était surement plus prudent que je l’assiste pour m’assurer qu’il ne lui arriverait rien. « Ok, je t’aide. » concédai-je finalement avant de reposer mes yeux sur elle, mon regard détaillant un instant sa blouse d’hospitalisée. « Tu peux pas sortir comme ça, on va se faire repérer aussitôt sinon. T’as des fringues dans ta chambre ou il faut qu’on repasse par les vestiaires ? » demandai-je ensuite.