Deux semaines que j'étais plus ou moins en froid avec Nemo... J'étais rentrée avant lui du Summer Camp, parce que je n'arrivais plus bien à m'amuser comme il le fallait, et ce surtout parce que Nemo et moi avions... couché ensemble, en quelque sorte à cause de l'alcool, mais pas que... Il s'était passé un truc, et moi... j'avais ressenti un truc aussi, et c'était surtout ça qui m'avait troublée. Je n'avais pas dormi de la nuit, à me poser trop de questions, me demandant si c'était normal que j'ai pu ressentir quelque chose pour mon meilleur ami d'enfance. Même si je lui avais dit qu'il me manquait, j'étais incapable de le voir, je l'avais esquivé pendant deux semaines, et même niveau textos, pour moi c'était silence radio. Et surtout... j'avais du retard dans mes règles, alors forcément je flippais, pensant que j'étais enceinte de mon meilleur ami, et ça le faisait carrément pas, parce de une il était marié, de deux il avait été amoureux d'un autre homme, et surtout... je n'avais même pas eu le courage de vérifier si je l'étais vraiment. Deux semaines que je n'étais pas retournée en cours, enfermée dans ma chambre à la Dunster House, à éviter de sortir de mon lit, une vraie loque en quelque sorte... je n'avais juste pas envie de voir qui que ce soit...
Tu commençais à en avoir marre de ne plus avoir de nouvelles. L'opération silence radio c'était drôle deux secondes mais là, ça commençait sérieusement à t'énerver. Elle n'avait pas le droit de faire ça quand vous étiez censé être meilleurs mais d'enfance, et elle avait encore moins le droit de se comporter d'une telle manière après les quelques messages qu'elle t'avait laissé, ceux où elle avait enfin daigner te répondre. Tu n'avais même pas voulu chercher ce qu'elle voulait insinuer quand elle parlait d'un retard de règle, parce que les sms n'étaient pas du tout le mode de communication parfait afin d'avoir cette discussion. Seulement, Billie ne semblait pas vouloir avoir cette discussion du tout, et t'arrivais à saturation. Tu avais essayé de te détendre lors de la fête du retour de Zakhar, t'avais essayé de t'intéresser aux problèmes des autres, de te concentrer sur les cours qui reprenaient ou sur l'organisation avec Tate des événements à venir, mais t'étais arrivé à bout, et tu ne pouvais plus supporter la manière dont elle te snobait. Vous n'aviez couché ensemble qu'une fois lors du Spring Break, ce n'était pas la mort. T'étais allé acheter deux chocolats chaud au starbucks, histoire de ne pas venir les mains vide et peut-être un peu aussi de l'amadouer, et tu te dirigeais vers la Dunster House, vers le numéro de la chambre que tu connaissais tant. Tu toquais, silencieux afin qu'elle vienne tout de même t'ouvrir.
J'en avais marre de me prendre la tête pour presque rien...comment j'en étais arrivée à là, d'avoir de possibles sentiments pour mon meilleur ami? C'était pas possible, je devais être en plein délire, jamais je n'avais considéré Nemo comme un potentiel petit ami. Et il était marié merde, par arrangement en plus, pour une histoire de réputation ou que sais-je... Je n'étais pas le genre de fille à m'immiscer dans un couple, quand bien même si ce couple n'était pas tout à fait vrai... On était en début d'aprèm et je n'étais pas allée en cours, j'avais perdu toute envie depuis deux semaines... Alors quand quelqu'un se mit à frapper à la porte de la chambre, la seule chose que j'arrivais à dire c'était "Qui que ce soit j'suis pas d'humeur à recevoir des visites !" et je me cachais sous les draps.
Tu espérais qu'elle soit dans sa chambre, après tout, tu n'étais même pas certains de sa présence dans les dortoirs à cette heure-ci. Tu n'étais quand même pas allé stalker ses amies ou leurs poser des questions sur Billie, t'avais pas du tout envie de te montrer comme un gros harceleur psychopathe, déjà tous les sms que tu lui avais envoyés et qui étaient restés sans réponses. Alors tu toquais, attendant une réponse, une présence, qui arrivais quelques secondes plus tard. « Qui que ce soit j'suis pas d'humeur à recevoir des visites ! » Et bien ça, pour le coup, c'était clair, net et précis. Mais t'allais quand même pas en rester là, elle s'était trop caché de toi déjà. Alors tu toquai trois fois, une première fois, sans parlé. Après quelques secondes de silences, tu recommençais. Puis après encore quelques secondes, tu recommençais. T'étais prêt à taper sur cette porte toute la journée et même toute la nuit s'il le fallait.
J'espérais me faire comprendre en disant que je ne voulais voir personne, que je pouvais enfin être tranquille, qu'on me laisserait sous ma couette sans m'embêter. Mais non, il fallait que la personne derrière la porte se mette à toquer, une fois, puis deux fois... puis une troisième fois, mais alors dans le genre incroyablement chiant, y'avait pas pire. C'était chiant, je voulais être tranquille, avec mon chagrin et une potentielle bouteille d'alcool qui serait entamée dans la soirée, mais pas moyen avec la personne qui insistait de plus en plus. J'étais énervée et sortais enfin de mon lit, me dirigeant vers la porte comme une furie et ouvrant cette dernière un peu trop brusquement. J'me retrouvais nez à nez avec Nemo, que... Qu'est ce qu'il foutait là lui ? J'pensais avoir été claire en lui disant que je ne voulais plus lui parler alors j'essayais de refermer la porte pour l'empêcher de s'introduire dans ma chambre...
S'il fallait que tu sois chiant pour obtenir une discussion avec ta meilleure amie d'enfance, tu le serais. Tu ne comprenais même pas tout à coup, pourquoi tu semblait avoir la peste et qu'elle ne désirait pas te voir ni te parler du tout. T'avais rien fait de mal – tu ne croyais pas en tout cas. Oui vous aviez couché ensemble, et alors ? Tu te doutais bien que votre relation après coup risquait d'en prendre un, de coup, mais pas autant. T'avais cru à des petits moments de gènes, des silences maladroits, avant de dire fuck it et de reprendre comme si rien ne s'était passé. Mais c'était différent, bien trop différent. Elle finissait par ouvrir brusquement – ô miracle ! - mais après avoir vu ton visage, elle finissait par vouloir fermer la porte brusquement. Alors tu te prenais à faire comme dans les films, essayant de placer ton pied entre pour ne pas qu'elle puisse fermer plus que ce qu'elle était déjà en train de faire, et t'avais tes mains poser contre la porte pour essayer d'inverser son poids et d'ouvrir un peu plus sous ta force. « Mais putaaain, arrête ! Laisse-moi entrer ! » Tu t'exclamais, grognant. « Merde Billie, il faut qu'on parle ! » Après tout, elle n'avait pas dit non quand tu lui avais répondu par sms que vous deviez parler de la chose. Elle avait juste demandée à ce que tu ne viennes pas que pour cela.
Merde, je n'avais pas été assez rapide pour refermer la porte en me rendant compte qu'il s'agissait de Nemo, et bien sur ça se passait comme dans les films, il avait réussi à caler son pied entre la porte et à poser ses mains de façon à retenir la porte pour m'empêcher de la fermer complètement -la porte hein, pas moi- . Il était un homme, et du coup avait un peu plus de force que moi, donc forcément il arrivait à me repousser "Va t'en, j'ai pas envie de te parler." Pourquoi est ce que je n'arrivais pas à assumer tout ça, à réussir à avoir une conversation entre adultes avec lui ? J'avais trop mal au coeur putain, alors forcément dans des moments pareils, les larmes se pointaient et finalement je me laissais tomber sur le sol de ma chambre, laissant la porte ouverte. Je restais comme ça, le cul par terre, les larmes coulant sur mes joues, j'avais trop mal et en prime j'étais peut-être enceinte, et qui sait peut-être que j'avais aussi un coup de coeur pour mon meilleur ami d'enfance. Oh god.
Tu tentais de ne pas te laisser faire, même si elle se battait à son tour pour te fermer sa foutue porte au nez. Elle voulait que tu t'en aille, elle clamait qu'elle ne voulait pas te parler, mais toi tu pensais que cette situation avait bien trop durée. Tu avais déjà perdu pleins d'amis lorsque tu étais plus jeune, et tu ne voulais pas perdre Billie pour une raison que tu ne connaissais même pas. Tu ne voulais pas la perdre pour un truc si débile qu'avoir couché avec elle. Et en vrai, tu ne pouvais même pas dire avec assurance que là était la cause de son comportement. Puis ça changea du tout au tout. De l'acharnement, de la violence elle passait au désespoir, et elle se laissait tomber à terre, et tu fus choqué en la voyant qui pleurait.Est-ce que tu étais devenu si horrible pour elle qu'il lui arrivait de pleurer à ta seule présence près d'elle ? Pour le coup, tu ne comprenais vraiment pas sa réaction, tu ne comprenais pas les larmes qui coulaient sur ses joues, tu ne comprenais pas cette excès qu'elle semblait ressentir et dont elle avait le besoin de faire sortir. Tu entrais avec précaution dans sa chambre, et tu finissais par fermer doucement la porte, mal à l'aise face à ce que tu observais. Qu'étais-tu censé faire ? Tu venais t'asseoir lentement en face d'elle, passant une main dans tes cheveux. " Merde, mais qu'est-ce que t'as ? " Tu murmurais, perdu.
Je pleurais à chaudes larmes, comme si tout ça avait besoin de sortir, comme si après ça je me sentirais mieux... Je ne faisais même plus attention à Nemo qui en avait probablement profité pour entrer dans ma chambre après que je me sois laissée tomber sur le sol... J'en avais marre de le fuir, alors peut-être que ce soir je trouverais un brin de courage pour lui dire ce que j'avais sur le coeur. Je pleurais à chaudes larmes, mais j'arrivais à me calmer en entendant la voix de mon meilleur ami... Lorsque je l'entendais me parler, je sursautais, ne m'attendant pas à ce qu'il s'installe par terre en face de moi, alors je relevais mes yeux certainement rougis à cause des larmes vers lui, et me les frottais avant de réussir à lui parler entre deux hoquets. "J'ai rien, je suis juste... fatiguée, ça fait deux semaines que je n'arrive pas à dormir correctement..." Billie, un peu de courage, affronte le, dis lui ce que tu as sur le coeur ma vieille, sinon tu t'en sortirais jamais, pensais-je avant de prendre une longue inspiration.
"Tu te souviens quand je t'ai dit que j'avais du retard dans mes règles...? Eh bien...je n'ai pas encore fait de test, mais il se peut que...je sois enceinte." La bombe était lâchée, maintenant comment Nemo allait réagir ?
« T'as rien ? Depuis le Spring Break tu me parles plus. » Tu lâchais dans un petit ricanement sans humour, parce que clairement, tu ne la croyais pas. Tu pouvais comprendre qu'elle soit fatiguée, qu'elle n'arrive pas à dormir pour une raison x ou y, mais il y avait un minimum quand même non ? Comme répondre aux messages de son ami qui s'inquiétait pour elle par exemple. Si elle ne souhaitait pas te faire croire que tout était de ta faute ou que tu n'y étais pas pour quelque chose, et bien c'était complètement raté. « J'ai fais quoi ? Au moins dit-le moi parce que moi j'vois pas. » Tu préférais qu'elle te le dise enfin, qu'elle soit honnête avec toi, plutôt que tu restes dans le flou pendant encore des mois. Que tu puisses t'expliquer, contre argumenté, te défendre face à cette amitié que tu semblais perdre contre ton gré.
Et puis ce fut le choc. Et tu te retrouvais, les yeux grand ouverts, déglutissant. Elle avait bien dit enceinte ? Oh non, ce n'était vraiment pas possible. Ce n'était pas que tu n'aimais pas les enfants, loin de là, mais vous n'étiez pas ensemble. Vous n'étiez pas ensemble et tu étais marié à Chrissy et ce genre de merde ne pouvait juste pas tomber sur toi. Comment t'allais faire sinon ? Ta réputation en prendrait un sacré coup, et tu ne voulais même pas imagines les surnoms originaux que te trouveraient les médias entre une princesse cocue et ton bâtard dans le ventre de Billie. « P-pourquoi tu n'fais pas le test ? » Tu demandais, la voix un peu tremblante. Tu ne pouvais pas t'en prendre à elle car t'étais certain que ce ne soit pas quelque chose dont elle avait envie elle aussi, alors t'essayais de rester calme, mais si la panique te prenait à l'intérieur de toi.