Un fantôme du passé (Raphael)

J’avais l’intention de m’éloigner, de mettre le plus de distance possible entre lui et moi, troublée par le pouvoir qu’il semblait encore avoir sur moi malgré tout le temps qui s’était écoulé et tout le mal qu’il m’avait fait. Mais le jeune homme me retint, lâchant enfin un –désolé- que je désespérais d’entendre depuis si longtemps. Oui, des excuses, enfin ça y est, j’y avais le droit… la patience est mère de toutes les vertus disait-on, mais là je crois que j’en avais fait bien assez preuve. « Tu fais bien de l’être… » En fait, je les avais peut être attendues trop longtemps pour y croire. Mes yeux sondèrent les siens un instant, cherchant à y lire toute trace de mensonge ou de moquerie, cherchant à savoir si il était véritablement sincère. « Raph, j’espère que tu t’attends pas à un pardon de ma part parce que tu ne l’auras pas. J’étais amoureuse de toi. »  

Un fantôme du passé

J'ai joué aux cons avec elle, et ce n'est pas la seule à avoir souffert à cause de moi. Je marchais comme ça avant, je voulais juste coucher avec la fille pour ensuite ne plus la voir, et je l'avais fais avec Judith. Trop immature, voilà tout. Mais maintenant qu'elle se trouvait face à moi, je réalisais que ce que j'avais fais était mal, vraiment mal pour le coup. Surtout que je lui ai fais subir ce que moi j'ai vécu à l'adolescence. J'avais couché pour ma première fois avec une fille qui se fichait totalement de moi, et qui m'a largué du jour au lendemain. Finalement, je décide de la retenir, pour au moins m'excuser, c'est un minimum non ? Lorsqu'elle me dit qu'elle était amoureuse de moi, je me pince la lèvre inférieure. J'ai vraiment été qu'un con. " Et moi j'étais un mec con et immature et... sans coeur ou au coeur brisé. " Je le suis encore, mais j'évite de refaire les même connerie, parce que je fais passer mon fils en premier.

J’aurais pu poursuivre mon chemin, ne pas rester là et accorder davantage de temps à ce mec qui m’en avait déjà fait déjà bien assez perdre. Pourtant j’avais envie d’entendre ce qu’il avait à me dire… Et puis c’était Raph quoi. Son regard était toujours aussi déroutant… J’essayais de ne pas me laisser troubler, me concentrant sur ses mots, j’hochais d’abord simplement la tête en écoutant ses paroles, approuvant ses propos : oui un mec con, immature, sans cœur… Jusque là j’approuvais tout et je n’aurais pas pu mieux dire. Mais une expression de surprise s’afficha un instant quand il conclut finalement par cœur brisé. « De quoi tu parles ? Tu essaies de me faire croire que je t’ai brisé le cœur ? N’inverse pas les rôles tu veux… » fis-je sans bien comprendre à quoi il faisait référence.

Un fantôme du passé

J'avoue que je suis assez surpris qu'elle reste quand même à m'écouter. Après tout je lui ai brisé le coeur, lui faisant croire de choses fausses. C'est sûr que si on se rencontrait seulement maintenant, je pense que je pourrais facilement tomber sous son charme, parce qu'elle est toujours aussi belle quand même, elle n'a pas changé. " Il n'y a pas que eu toi Judith... Disons que j'ai vécu la même chose plus tôt. " Alors pourquoi reproduire exactement ce que j'avais vécu ? Parce que ce que mon ex m'a fait m'a changé sur le coup, mais maintenant j'ai de nouveau changé, et je suis redevenu beaucoup moins con et j'ai un coeur quand même. Je ne vais pas m'amuser à briser des coeurs maintenant. Non ça serait bien trop cruel, je n'ai pas envie de faire le même coup qu'à Judith

Je devrais partir, je le sentais… Parce qu’il était là devant moi avec son charme fou, avec son air désolé, et prêt à me servir tout un tas d’excuses sur un plateau qui risquait de me faire fondre et craquer à nouveau. D’ailleurs quand il me confia qu’il avait eu d’autres filles avant moi, dont une lui avait fait vivre un peu le même sort que celui qu’il m’avait réservé, j’eus l’espace d’un instant envie de me laisser attendrir… « Je suis désolée pour toi alors… » Mais non, il ne fallait pas, je devais pas laisser Raph rentrer à nouveau dans ma vie, c’était courir le risque de souffrir à nouveau, je me repris : « Ca ne te donnait malgré tout pas le droit de t’amuser avec moi comme tu l’as fait. » Surtout que ce qu’il m’avait pris je ne le récupérerais jamais…  

Un fantôme du passé

Le fait de vivre la même chose que ce que je lui avais dais subir n'était pas une excuse, je le sais bien, mais plutôt une explication de mon geste et surtout de mon immaturité. Devenir majeur ne rend pas plus mature, bien au contraire, l'âge ne veut rien dire. Ce que j'avais vécu à l'adolescence m'avait changé et ce que je viens de vivre avec la naissance de mon fils m'a une nouvelle fois changé, en bien. Comme elle me le dit, ça ne me donnait pas le droit de faire ce que j'avais fais avec elle. " Je sais bien Judith... Mais je te l'ai dis, je m'excuse et j'étais qu'un con encore. " Lui dis-je une nouvelle fois. Oui j'aimerais bien qu'elle me pardonne, parce que malgré tout c'est une fille bien à qui je tenais quand même. Mais j'étais contre toute relation amoureuse sérieuse, je ne vouais que par le sexe, et maintenant ça a bien changé. Je ne vais pas m'amuser à faire croire des choses à une fille, juste pour l'avoir dans mon mit, non quand même pas. " Bon je dois certainement être encore qu'un con pour toi et peut être que ça ne changera jamais, mais bon je tiens quand même à te dire que j'ai changé... " C'est normal de demander pardon, mais bon ce choix lui revient. Je lui ai quand même pris sa virginité.

Je ne lâchais pas des yeux Raph, buvant ses paroles… J’aurais voulu être plus froide, plus distante, après tout ce qu’il m’avait fait il ne méritait certainement pas que je lui accorde de l’attention comme je le faisais mais voilà, il s’agissait de Raphael White et malgré tout ce qui s’était passé, il ne me laisserait jamais indifférente. « C’est pas ça Raph… J’ai envie de te croire tu vois, de découvrir en quoi tu as changé, d’apprendre à connaître ce nouveau toi mais… » J’étais sceptique et tellement flippée aussi. Et d’un autre côté, j’étais incapable de le planter là au milieu de ce couloir alors qu’il était en train de se repentir. J’étais probablement trop gentille, ce n’était peut être qu’un nouveau piège, qu’un nouveau jeu pour lui. « J’ai peur que tu te moques encore de toi, que ce ne soit qu’un de tes plans pour me faire souffrir une nouvelle fois… » J’avais besoin d’autre chose que de simples belles paroles. « Mais raconte moi ce qu’il t’ait arrivé, ça me fera peut être changé d’avis… »

Un fantôme du passé

J'essayais vraiment de m'excuser auprès de Judith pour qu'elle puisse au moins me pardonner, et comprendre que j'ai changé. Je ne suis plus le même qu'il y a quelques années, j'ai bien changé depuis le temps quand même. Après je peux comprendre qu'elle ait du mal à me croire, parce que j'avais déjà joué avec elle, je lui avais déjà dit de belles paroles pour pouvoir coucher avec elle, pour au final la laisser tomber, et la faire souffrir. " Je ne joue pas cette fois-ci... Je pense que le faire une fois ça m'a suffit. " Elle me demande ensuite de lui expliquer ce qui m'est arrivé, alors j'hausse les épaules. " Et si on allait se poser d'abord ? " J'entraine alors la jeune femme sur un banc un peu plus loin, pour qu'on soit plus tranquille quand même. Bon j'allais vraiment devoir lui prouver que j'avais changé, alors je prends mon portable et je lui montre mon fond d'écran. Mon fils Mateo et moi. " Voilà ce qui m'a changé... Mon fils de deux mois, et ma relation avec sa mère. Une relation d'un an. " Lui avouais-je finalement.

Je voulais comprendre, j’étais pas complètement fermée… Et puis j’étais Judith, gentille, douce, naïve, j’avais tellement attendue ses excuses, j’avais envie d’y croire, envie de croire qu’il avait véritablement changé. Mais avant tout ça, il fallait qu’il m’explique ce qu’il lui était arrivé. Il désigna un banc et je lui suivis, m’asseyant dessus, à côté de lui. A mon grand étonnement, avant de reprendre la parole, il sortit son téléphone de sa poche pour me montrer une photo de lui tenant un bébé dans les bras. Je regardais l’écran sans comprendre d’abord jusqu’à ce qui me révèle qu’il s’agissait de son fils. Une expression surprise s’afficha sur mon visage. Je relevais les yeux un instant vers Raph, croisant son regard comme pour m’assurer qu’il ne se moquait pas de moi. « Tu es vraiment papa ? Waw ! Félicitations alors. » Puis mon regard se baissa à nouveau vers le cliché. « Oh il est magnifique Raph, il est vraiment trop beau. Il te ressemble beaucoup. » fis-je en observant la petite bouille du nourrisson.  

Un fantôme du passé

Je décidais de lui montrer en quoi j'avais changé, en quoi j'étais différent, alors je l'entraine vers un banc pour qu'on puisse s'y asseoir, et je sors mon portable pour lui montrer une photo de mon fils et moi. Un enfant, ça change une personne, même si je continue d'avoir quelques histoire d'une nuit, lorsque je dois m'occuper de Mateo, je suis différent. " Et oui je suis papa, surprenant, non ? " Oui je pense qu'elle doit être vraiment surprise d'apprendre ça. Mais mon fils je l'aime plus que tout, et j'aimerais crier sur tous les toits, que Mateo est mon fils et que je l'aime plus que tout. " Merci... C'est vrai qu'il me ressemble, mais il a les yeux de mon ex. " La forme des yeux et leur couleur, ce qui fait qu'ils sont magnifique. " Voilà en quoi j'ai changé... "