Un fantôme du passé (Raphael)

J’étais en retard sur mes cours. Passer un semestre au Pérou à farfouiller dans la gadoue pour dénicher des trésors incas, cela m’avait peut être beaucoup apporter pour mon expérience de future archéologue mais cela m’avait certainement pas aider pour valider mon année. C’était donc avec une pile de bouquins, le maximum que la vieille chouette de la BU m’avait autorisé à emprunter, que je quittais la bibliothèque. Et les bras ainsi chargés, je ne vis pas l’étudiant qui fonçait droit vers moi. La collision était immanquable. Les livres s’étalèrent au sol et je me penchais immédiatement pour les ramasser, me confondant en excuses. « Je suis désolée, je vous avez pas v.. » Je ne terminais pas ma phrase. Relevant les yeux, j’avais reconnu l’individu qui venait de me télescoper : ce n’était pas un inconnu. « Toi ? » m’exclamai-je avec dédain. Le garçon en question c’était Raphael, mon premier petit ami, ma première fois, celui qui m’avait brisé le cœur aussi d’où mon manque d’enthousiasme en le reconnaissant : « Qu’est-ce que tu fabriques ici ? » Le new yorkais avait-il lui aussi rejoint les rangs de la prestigieuse faculté ? Pour quelle raison serait-il là sinon ? Pour venir s’excuser, me dire qu’il m’aimait et qu’il regrettait ce qui s’était passé ? Fallait peut être pas que je rêve trop là…

Un fantôme du passé

J'avais été récupérer mon fils chez sa mère hier et j'avais passé ma journée d'hier avec lui, séchant les cours, parce que j'avais passé trop de semaines loin de lui. Du coup aujourd'hui, fallait que je rattrape les cours d'hier, et heureusement sa nounou était disponible, du coup je le confiais à sa nounou et je prenais la direction d'Harvard pour aller bosser à la bibliothèque. J'avais mon sac de cours sur l'épaule, lorsque sans faire exprès, je bouscule quelqu'un. Elle ne tarde pas à s'excuser. " Désolé aussi, je faisais pas attention. " Je relève le regard vers elle, alors que je m'étais abaissé pour l'aider à ramasser ses livres. Je fronce les sourcils lorsqu'elle a l'air de me reconnaître. Enfin oui elle a l'air de me connaître, sauf que moi pour le coup, ça ne me dit rien. Certainement une de mes nombreuses conquêtes, non ? Elle me demande ce que je fais ici, et elle ne dit pas ça avec sympathie en plus. " J'étudie ici... Pourquoi j'ai l'impression que tu me connais ? " Autant mettre les choses sur le tapis, non ? Je saurais si oui ou non on se connaît.

Il me regardait avec un air incrédule et ça m’énerva encore plus. En fait ce qui m’agaçait plus que tout c’était de constater qu’il était toujours aussi beau, même avec cet air crétin de mec qui comprend pas. « Tu te moques de moi là Raph ? » fis-je avec une voix tremblante. Je ne savais pas si je devais fondre en sanglots ou laisser éclater ma colère. Il ne me reconnaissait pas ? Moi j’avais mis des mois à l’oublier, enfin en fait je ne l’avais jamais véritablement oublié,. Je lui avais donné ma virginité, et lui me servait des –j’ai l’impression que tu me connais-. Mais je retins mes larmes, fièrement, j’en avais déjà bien trop versé pour ce petit con : « Judith. Judith Thompson. » fis-je sur un ton sec et vexé.

Un fantôme du passé

La jeune femme a l'air de me connaître, mais alors moi, elle ne me dit rien pour le coup. Si c'est une fille avec qui j'ai couché, c'est normal, il y en a eu tellement dans mon lit quand on y repense. Elle me connaît vraiment bien même, parce qu'elle m'appelle Raph quand même. J'essaye de me concentrer sur elle, mais pour le coup, ça ne me vient pas. Et là elle me dit son prénom et son nom. Aah oui merde là je la connais. Outch. Je ne pensais pas la revoir. J'ai quand même tout fait pour coucher avec et surtout lui prendre sa virginité. " Oui Judith, je me souviens... " Bon là Raph t'es dans la merde. J'ai joué avec cette fille, et je me retrouve face à elle, et pourtant elle est toujours aussi splendide. " Ravi de te revoir. " Bah quoi, je ne savais pas quoi dire d'autres.

Bon au moins, je n’eus pas besoin d’autre chose que d’énoncer mon nom-prénom pour lui faire retrouver la mémoire, je crois que je n’aurais pas supporté de devoir rentrer dans les détails de ce que nous avions vécu ensemble. J’avais été tellement amoureuse, tellement conne aussi… Si bien qu’un petit sourire amer étira mes lèvres alors qu’il se disait ravi de me revoir… « Tu sais que si tu avais voulu me revoir, tu pouvais m’appeler ? Mais faut croire que t’as du perdre mon numéro de téléphone, mon mail et mon adresse postale ? » J’avais tellement attendu de ses nouvelles après cette nuit, ma première fois, qui soyons honnête n’avait rien eu de magique installés sur la banquette arrière de sa voiture, mais qui avait été malgré tout ma première fois, et que j’aurais voulu passer avec l’homme de ma vie. Comment j’avais pu être naïve au point de croire que cette homme pouvait être Raphael.

Un fantôme du passé

Je suis dans une sacré merde quand même. jamais j'aurais cru la revoir quand même. Je lui avais fais croire que j'étais amoureux d'elle, pour un simple défi, pour pouvoir la mettre dans mon lit. J'avais réussis, à l'arrière de ma voiture même. C'était juste un défi que mes potes m'avaient donné. J'avais joué avec elle, et je lui avais pris sa première fois. Des fois je regrette ce que j'ai fais quand même. Je ne suis pas un salaud et pourtant là elle doit bien le croire. " Oui je dois avoir perdu tout ça. " Lui répondis-je en souriant légèrement. Je la regarde, alors que je passe ma main à l'arrière de ma tête, pour me gratter la nuque, signe que je suis quand même mal à l'aise de cette situation. " Qu'est ce que tu deviens ? " Autant prendre des nouvelles, non ? Je n'ai aucune idée de quoi faire pour le coup. " T'as pas changé, toujours aussi belle. " Autant la complimenter un peu, non ?

J’avais imaginé mille fois cette scène, ce moment où peut être enfin il réapparaît dans ma vie. Parfois c’était avec une histoire abracadabrante selon lequel il était tombé dans le coma, avait perdu la mémoire et venait seulement de se rappeler de moi, parfois c’était un ravisseur qui l’avait retenu en otage tout ce temps… Parfois j’imaginais juste des retrouvailles sanglantes où je lui sautais à la gorge pour lui exprimer tout le dégoût qu’il m’inspirait. Mais là, maintenant qu’il était véritablement devant moi, en chair et en os, j’étais juste paralysée. « J’étudie ici aussi… » lui répondis-je sèchement alors qu’il me demandait de mes nouvelles. « Tu vois j’suis assez écervelée pour coucher avec toi mais finalement quand même suffisamment cortiquée pour intégrer Harvard. » Sa remarque suivante me fit néanmoins baisser les yeux et je sentis mes pommettes s’empourprer. Ca m’énervait de voir qu’il avait toujours cette emprise sur moi. J’aurais voulu être complètement froide et détachée, mais voilà quand il s’agissait de Raphael je ne le pouvais tout simplement pas…

Un fantôme du passé

J'avoue que je suis quand même assez surpris de sa réaction. J'aurais cru qu'elle m'aurait sauté dessus, qu'elle m'aurait engueulé pour le coup que je lui ai fais, mais rien de tout. Bon ok, elle est froide, mais elle ne me crie pas dessus, et je suis quand même assez surpris. Après tout, c'est bien ce que je ferais si jamais je revoyais l'ex qui m'a brisé le coeur, et qui a joué avec moi. J'avais fait pareil avec elle, et franchement rien que pour ça, je suis le pire des connards. " J'ai jamais dis que t'étais trop nul pour entrer à Harvard Judith, t'es une fille bien. " Une fille bien que j'ai blessé, sans aucune pitié. Tout ça pour un défi. Sans ce défi, j'aurais peut être pris plus de temps pour apprendre à la connaître et peut être qu'on aurait pu être un vrai couple. " T'étudie quoi alors ? " Demandais-je finalement.

Il cherchait quoi là avec ses – toujours aussi belle – et ses – t’es une fille bien – Je relevais les yeux pour lui lancer un regard noir, espérant bien le dissuader de continuer dans cette voie, il semblerait que mes réponses sèches ne soient pas suffisantes pour le faire déguerpir puisqu’il poursuivait ses questions, comme si nous étions simplement deux vieux amis qui se retrouvaient au détour d’un couloir. « J’étudie en majeur : l’art de ne plus me faire avoir et en mineure celui de serrer les cuisses devant les individus dans ton genre. » Je me penchais finalement pour ramasser les derniers livres que j’avais semé par terre lors de notre collision. « Maintenant excuse-moi mais je n’ai pas de temps à perdre ici… » fis-je en me relevant et en tentant de le contourner. C’était tout moi ça, optant pour la fuite, incapable de véritablement me fâcher, même si intérieurement j’avais envie de l’étriper, j’étais pétrie de bonnes manières et m’embarrassais de politesses qui n’avaient surement pas lieu d’être dans notre cas.

Un fantôme du passé

J'étais le pire des connards à l'époque, mais j'ai changé maintenant. Je suis quand même père d'un petit garçon de deux mois, et ça change un homme de devenir papa quand même, surtout que je ne suis plus en couple avec la mère de mon fils. Forcément j'aimerais, mais on ne ferait que se déchirer, donc autant rester plus ou moins ami pour le bien de notre fils. Je me mords la lèvre inférieure en entendant sa réponse, pour m'empêcher de sourire amusé. J'aime bien sa réponse. L'art de ne plus se faire avoir, et serrer les cuisses devant des cons comme moi. Au moins, elle ne se refera pas avoir. Au final, elle me contourne pour pouvoir partir, mais je lève les yeux au ciel sur le coup. Je me retourne pour pouvoir la retenir. " Ecoute désolé d'avoir été le pire des connard avec toi. " J'ai changé bien que je profite toujours un peu de la vie.