Surprise, surprise

Austin & Bethany

J
’étais en train de faire un rêve, enfin, j’en étais presque persuadée. Les couleurs du monde qui m’entouraient étaient bien trop pastel pour correspondre à la réalité. Et surtout, je voyais quantité d’étudiants de Poudlard tout autour de moi, et tout le monde sait que le monde des sorciers d’Harry, Ron et Hermione est une pure fiction. Je dansais à en avoir la tête qui tourne avec quelqu’un vêtu d’une longue cape verte, le genre de verre des bouteilles de vins. Je cru me rappeler que Zack portait une telle cape la dernière fois que je l’ai vu. Je riais, encore et encore, dans mon rêve, en tournant de plus en plus vite. Bientôt, mes pieds décollèrent du sol. Et je me sentis comme en apesanteur. Je me rapprochais du plafond étoilé de la salle commune quand un bruit en dehors de mon songe m’en arracha. J’aurai aimé ouvrir les yeux mais mes paupières étaient lourdes. J’avais la bouche sèche, comme si je n’avais pas bu depuis des jours. Difficilement, j’ouvris un œil. Je vis le plafond blanc et uniforme, j’étais donc couchée sur le dos. Je me retournais sur le côté, pour jeter un coup d’œil à mon réveil. Sauf qu’il n’était pas à sa place. Et que la moquette grise de ma chambre était remplacée par du parquet. Je me rassis d’un coup, beaucoup plus réveillée et regarda atour de moi. Je n’étais décidemment ni dans mon lit, ni dans ma chambre. Et pour couronner le tout, je n’étais pas seule. Face à moi était assis un jeune homme qui me guettait du coin de l’œil. Bêtement, je ne pus m’empêcher de demander : « Je suis où ? »

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Elle gesticulait dans son sommeil, ce qui confirmait l'idée qui trottait dans la tête d'Austin et qui tendait à croire qu'on l'avait droguée, ou quelque chose du genre, parce que - pour avoir souvent vu ses confrères Winthrop s'endormir ivres morts - il savait d'expérience qu'une viande saoule n'avait pas la force de s'agiter autant. Était-ce mieux ou était-ce pire ? Maintenant qu'il était assis là, son costume d'élève de Dumstrang encore sur le dos, à la regarder s'emmêler dans les draps du lit défait, Austin en doutait. Il en doutait de manière inversement proportionnelle à celle qui l'avait fait se dire, la veille, durant la soirée déguisée, qu'un gentleman digne de ce nom ne pouvait décemment pas laisser une fille vulnérable se promener complètement défoncée au beau milieu d'une foule constituée - en partie tout du moins - de prédateurs sexuels dans la force de l'âge et n'ayant pas la moitié des scrupules qu'il avait dès qu'il s'agissait de profiter de la situation lorsque cette dernière ouvrait tout droit sur des abus de personne.

Il était en train de se demander ce qu'il était au juste (un héros ? une bonne poire ? un parfait crétin ?) lorsqu'elle se réveilla et se redressa brusquement. Il n'avait pas dormi de la nuit et se doutait bien que ses airs ténébreux n'avaient rien de rassurant pour une fille qui ne devait sûrement déjà plus se souvenir de la manière dont elle avait atterri ici, dans son lit, après qu'il l'y ait trainé de force parce qu'elle s'était avérée si hystérique et si excitée qu'elle n'avait cessé de parler, de chanter et de tenter de courir un peu dans tous les sens plutôt que de rentrer bien sagement dans le seul endroit sécurisé qu'il était en moyen de lui offrir. « Nous sommes chez les Winthrop, dans ma chambre, plus précisément. » Répondit-il, pragmatique et peut-être un peu trop platement pour jouer à la perfection le rôle de chevalier servant qu'il s'était donné, sans trop savoir pourquoi, en l'arrachant des dangers qui la guettaient la vieille au soir. Loin d'être bête, Austin savait pourtant bien qu'il aurait été de bon goût de la rassurer, mais son sens pratique l'incitait à attendre de voir si elle en avait besoin avant de lui passer de la pommade inutile.

Austin & Bethany

L
’homme assis en face de moi me répondit d’une voix calme, trop calme peut-être même. « Nous sommes chez les Winthrop, dans ma chambre, plus précisément. » J’étais dans la chambre d’un homme que je ne connaissais pas, et qu’il me semblait même ne jamais avoir vu. S’il ne portait pas une tenue avec quelques touches oranges, signe pour moi qu’il devait surement avoir été à la soirée à thème des Mathers, j’aurai pu croire qu’il m’avait kidnappé. La couette toujours plaquée contre moi, je parcouru des yeux la pièce, elle ressemblait effectivement à une chambre d’étudiant, en tous points semblable à celles de Cabots. Je pouvais donc surement au moins le croire, peut-être lui faire confiance. A côté de la porte, j’aperçu les escarpins que je portais hier. Il me les avait donc retiré. Attends … est-ce que ? J’écartais un peu la couette et constatais que j’étais toujours habillée. Ca n’expliquait toujours pas ce que je faisais ici. Je regardais à nouveau le jeune homme, il avait l’air de quelqu’un qui n’avait pas dormi des masses ces dernier temps, des cernes bleutées ornaient ses yeux. Je me décidais à poser la question qui me brûlait les lèvres. « Et comment je suis arrivée ici ? » Je redoutais un peu la réponse, en partie parce que je venais de me rendre compte que je n’avais pas beaucoup de souvenirs de la soirée, je revoyais Zac, je me rappelais m’être servie d’un cocktail non alcoolisé après mon premier, que j’avais posé sur un coin de table pendant que je saluais quelques connaissances, et plus rien. Grand trou noir. Je portais la main à ma tête, cherchant une blessure quelconque pouvant expliquer mon amnésie des faits. Mais rien. J’allais devoir attendre la réponde de mon inconnu, dont je ne savais toujours pas le nom. Note à moi-même, penser à le lui demander quand j’aurai ma réponse.

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Son air perplexe, ses iris teintés d'incompréhension, ses gestes hésitants, tout dans son attitude traduisait l'égarement et, tandis qu'elle englobait les lieux d'un regard curieux tout en s'assurant d'être toujours habillée (il ravala un soupire, blasé que des siècles d'indélicatesse masculine lui vaille en ce jour de n'être considéré que comme un goujat potentiel mais aussi de la prédisposition qu’avaient les femmes à croire qu’on les désirait quoiqu’il arrive, même aussi saoules qu’indisciplinées), Austin se mit a réfléchir sur l'état dans lequel on devait se sentir lorsque l'on se réveillait de la sorte, dans un lieu parfaitement inconnu, avec des souvenirs probablement très flous de la veille et peut-être même un mal de crâne carabiné. Lui-même n'avait jamais vécu ce genre de situation. Toujours sous contrôle de lui-même, bien trop maniaque pour accepter l'idée de perdre la maîtrise de ce qu'il était et résolument trop fier pour se laisser aller aux drogues et à l’alcool qui - selon lui - abrutissaient beaucoup trop en comparaison de ce qu’ils pouvaient amener d’intéressant en terme de d’inhibitions, Bundy était souvent qualifié de pince sans rire ou de mec qui se prenait bien trop au sérieux. Ce qu’il était. Peut-être comme peut-être pas. Là n’était pas la question, de toute façon. La question était de savoir ce qu’il allait bien pouvoir répondre à la jeune femme maintenant qu’elle s’inquiétait de savoir « comment » elle avait atterri dans son lit. S’il se doutait qu’une explication de fond était avant tout ce qu’elle attendait de lui, il s’estima trop peu informé sur le pourquoi du comment elle avait terminé complètement à l’ouest pour lui répondre de la sorte. Aussi laissa-t-il de nouveau libre cours à son pragmatisme congénital. « D’abord à reculons, ensuite en me suivant, après sur mon dos et pour finir dans mes bras. » Fallait-il qu’il soit si méthodique et si terre à terre ? Résolument oui.

• FLASHBACK •

« Allezzzz, on y retourne ! Viens … Viens ! On va danser ! » Elle essayait de le tirer par le bras, mais il était bien trop solidement encré sur ses deux pieds pour qu’elle parvienne ne serait-ce qu’à le faire bouger d’un centimètre. Ses cheveux détachés, qui tourbillonnaient dans la brise nocturne, lui donnait l’air épanoui, même si ses pupilles légèrement dilatées témoignaient d’un état second qui laissait deviner qu’elle n’était pas maîtresse de ce qu’elle était en train de dire et de faire. « Non, on rentre. » Répondit-il, décidé. « Très bien, rentre tout seul dans ce cas ! » Se résigna-t-elle, apparemment trop euphorique pour se vexer qu’il refuse de la suivre dans son délire. Puis elle s’éloigna d’un pas chaloupé en direction de la fête qu’ils venaient tout juste de quitter, tant et si bien qu’il dut presque courir pour la rattraper avant qu’elle ne trébuche et se fasse mal. Lorsqu’il parvint à la maîtriser assez pour lui rendre son équilibre, il lui apparut qu’elle n’accepterait jamais de rentrer s’il ne l’y obligeait pas, tout du moins au départ. Alors, après avoir lâché un soupire exaspéré, il la fit basculer sur son épaule et l’éloigna de l’antre des Mather aussi facilement que s’il avait porté un sac de blé au moulin. Elle avait beau se plaindre et lui crier de la relâcher, il n’écoutait pas, ce qui n’avait rien d'étonnant de la part d’Austin qui n’avait pas pour habitude d’écouter ce qu’on lui disait, encore moins quand l’interlocuteur était dans un état si proche du n’importe quoi. Plus surprenant en revanche, les gesticulations de la jeune femme et ses divagations résignées à propos du fait qu’elle était en train de subir un enlèvement en bonne et due forme lui arrachèrent un rire inattendu. Elle était peut-être naïve au point d’avoir été la proie facile d’une personne mal intentionnée l’ayant fait boire ou droguée, mais elle avait pour elle le mérite d’être amusante, quand elle était dans cet état là.

• FIN DU FLASHBACK •

Austin & Bethany

D
'autres auraient sourit en lui expliquant, amusés de sa réaction. Il resta stoïque. « D’abord à reculons, ensuite en me suivant, après sur mon dos et pour finir dans mes bras. » Je restais presque bouche bée devant son aveu. Sur son dos ? Comme un sac à patates ? Puis dans ses bras ? Même si mes souvenirs de la nuit dernière n’étaient pas encore de retour, je savais que cette attitude ne me correspondait pas, ce n’était pas moi. Lors de ma première et unique « cuite », pendant ma première année à Harvard, j’avais senti au bout de quatre verres que j’étais nauséeuse. Je ne tenais plus sur mes jambes et j’avais demandé à un Zac mort de rire de me raccompagner dans ma chambre avant que je ne fasse n’importe quoi. C’était d’ailleurs lui qui m’avait tenu les cheveux au dessus des toilettes pendant que mon estomac se vidait, et qui m’avait couchée puis bordée, pensant même à mettre une aspirine et un grand verre d’eau sur la table de chevet pour mon réveil. Mais cette fois-là, j’avais été consciente que quelque chose n’allait pas chez moi. Et d’un coup, je me sentis très gênée de m’être montrée faible, peut-être même gamine pour que quelqu’un me porte sur son dos pour m’éloigner d’une soirée. Je ne sus quoi lui dire. Le remercier ? Lui assurer que je n’étais pas comme ça en temps normal ? Il devait me trouver bien bête en tout cas, c’était sur. « Et bien merci de … m’avoir ramenée ici … » Un court instant, je m’imaginais qu’il n’était pas là, que quelqu’un de moins bien attentionné m’ait trouvé et ramené chez lui. J’en eus des frissons. « Mais je ne vais pas te déranger plus longtemps … tu dois … hum … vouloir retrouver ton lit je pense… » Je repoussais la couette, et passais mes jambes sur le côté pour me mettre en position assise. La tête me tournait un peu, je le mis sur le compte de m’être redressée un peu vite. Quelques secondes plus tard, rien n’avait changé mais je me dis qu’en étant debout, je devrais me sentir mieux. Sauf que mes jambes tremblèrent et me lâchèrent, les traitres. J’atterris à nouveau sur son matelas, ne comprenant pas vraiment pourquoi mes jambes n’arrivaient pas à supporter mon poids. Pour couronner le tout, le mal de tête caractéristique des soirées trop arrosées, que je n’avais pas ressenti jusqu’à présent, s’installa, me faisant grimacer. J’aurai bien aimé me recoucher, rester la journée entière au lit s’il le fallait. Encore fallait-il rentrer dans ma propre chambre d’abord.

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Lorsqu'elle le remercia, Austin approuva qu'un signe de tête révérencieux. S'il n'était pas question d'accorder à cette inconnue, à première vue, une valeur ajoutée supérieure à celle des autres pour justifier qu'il lui soit venu en aide, le fait qu'elle le remercie de l'avoir fait lui conférait, en revanche, plus d'estime de la part de Bundy que bon nombre des poupées futiles et ingrates qui pavaient le campus et qui auraient probablement trouvé moyen de faire un scandale parce que le lit n'était pas assez confortable où là luminosité de la pièce pas assez à leur goût. En la voyant batailler avec elle-même pour tenter de se remettre debout, Austin finit par se redresser pour aller la rejoindre. Elle pensait peut-être pouvoir y arriver, mais de son point de vue extérieur, il était clair qu'elle ne parviendrait à rien d'autre à se casser une jambe en voulant descendre l'escalier de la confrérie si par miracle elle réussissait déjà à remonter le couloir du dortoir. Il n'eut pas le temps d'arriver à ses côtés qu'elle était déjà retombée sur le matelas et, à ses sourcils légèrement froncés, Austin n'eut aucun mal à comprendre que le mal de tête qu'il avait soupçonné un peu plus tôt était bel et bien à l’œuvre. « Ce que j'aimerais mieux, c'est que vous restiez allongée. » Expliqua-t-il en profitant qu'elle soit légèrement déroutée pour la recouvrir de la couette. Puis, sans un mot, il s'en alla fouiller dans les tiroirs d'une commode pour en sortir un flacon d'aspirine. D'un autre rangement, il sortit une bouteille d'eau qu'il débouchonna afin de tendre le tout en direction de la jeune femme. « Je crois, » Reprit-il en posant une fesse sur le rebord du lit, « que des amis à l'humour douteux - ou des admirateurs lassés d'attendre que vous leur accordiez de l'intérêt, ont mit de la drogue dans votre verre. Ce que je comprends beaucoup moins, en revanche, c'est qu'on n'ait pas essayé de me retenir quand je vous ai emmenée ... A moins qu'on se soit rendu compte que vous voir jouer à la coiffeuse jusqu'à une heure avancée de la nuit n'était finalement pas l'intention recherchée au moment de mettre la substance dans le gobelet. »

• FLASHBACK •

« Je pense qu'il faudrait les mettre vers l'arrière. Comme ça. Tu vois, ça te va beaucoup mieux ! T'as tout de suite l'air bien moins sévère ! » Avec une expression blasée, Austin observait son reflet dans le miroir tandis que la jeune femme - qui, à bout de force après avoir tant protesté, avait finalement consentit à ce qu'il la ramène en la portant dans ses bras, ce qui était tout de même plus pratique qu'en mode sac à patates - lui triturait les cheveux. Debout face au miroir, après avoir tenté à mainte et mainte reprise de la coucher, il avait fini par se dire que la laisser s'amuser un peu serait peut-être plus concluant pour en venir à bout. Elle finirait forcément par se lasser de passer ses mains dans sa tignasse à un moment ou un autre. En attendant, il observait son air sinistre qui entrait en contraste absolu avec l'air rayonnant de Bethany. Cette dernière, dont le visage se dessinait par dessus son épaule massive, lui souriait de toutes ses dents en replaçant ses mèches rebelles dans le bon sens. Il avait l'impression d'être une star qu'on bichonne avant une entrée en scène et n'aurait peut-être pas pris la chose avec tant de lassitude si ça n'avait pas été la troisième fois qu'elle l'ébouriffait pour tenter une nouvelle coiffure. Puis il se mit à penser à ce qu'il dirait, le lendemain, lorsque les autres Winthrops lui demanderaient - un sourire entendu aux lèvres - ce qu'il avait bien pu faire avec cette jolie blonde, enfermés dans sa chambre. Là, l'ombre d'un sourire lui échappa. Essayer de faire entendre la vérité aux autres reviendrait à tenter d'apprendre la valse à un unijambiste, il en était certain. Car qui voudrait croire que les rires et les gloussements qui avaient filtré de sous sa porte n'étaient dus qu'à une séance de coiffure improvisée ? Personne ...

• FIN DU FLASHBACK •

Austin & Bethany

D
u coin de l’œil, j’avais vu que mon « inconnu » avait quitté son poste d’aobservation, sa chaise de bureau, pour se rapprocher de moi. « Ce que j'aimerais mieux, c'est que vous restiez allongée. » Je ne fis même pas attention au fait qu’il venait de me vouvoyer alors que j’avais utilisé le tutoiement quelques secondes plus tôt, trop occupée à avoir les yeux fermés et à prier pour que le mal de tête me quitte le plus rapidement possible. Mais docile, étonnement docile alors que je ne savais toujours rien de lui, je le laissais me remettre les jambes dans le lit et me recouvrir. J’ouvris à nouveau les yeux, et je le vis sortir un flacon d’aspirine de l’une de ses commodes, puis une bouteille d’eau, avant de revenir vers moi et de me tendre les deux. Sans un mot, je pris les deux objets, ouvrir le tube, en sorti un comprimé, en espérant qu’il suffirait, avant de boire une longue gorgée d’eau en renversant ma tête en arrière. Depuis toute petite, j’avais toujours eu des difficulté à prendre des médicaments par voie orale. Mon père avait même pris l’habitude d’écraser mes comprimés entre deux petites cuillères pour me les réduire en poudre, et de la mélanger à un grand verre de jus d’orange. Mais aujourd’hui, et heureusement, je n’eus aucun mal à l’avaler. Mon inconnu finit par s’asseoir au bout du lit. . « Je crois, que des amis à l'humour douteux - ou des admirateurs lassés d'attendre que vous leur accordiez de l'intérêt, ont mit de la drogue dans votre verre. Ce que je comprends beaucoup moins, en revanche, c'est qu'on n'ait pas essayé de me retenir quand je vous ai emmenée ... A moins qu'on se soit rendu compte que vous voir jouer à la coiffeuse jusqu'à une heure avancée de la nuit n'était finalement pas l'intention recherchée au moment de mettre la substance dans le gobelet. » Ce n’est qu’à ce moment où je me suis rendue compte du nombre de vous dans sa phrase, et je ne sus quoi en penser. J’avais pris l’habitude de tutoyer chaque étudiant rencontré, l’avais-je vexé plus tôt ? Avait-il eu une éducation quelque peu « aristocrate » pour parler de la sorte ? Ce qui expliquerait sa distance, son air un peu guindé. Mais je mis toutes ces interrogations de côté en me rendant compte qu’il avait prononcé le mot « drogue ». De la drogue dans mon verre ? Qui aurait eu cette idée saugrenue ? Un mather ? Si j’attrapais le petit s***** responsable de mon état, il ne ferait pas long feu. « Je comprends mieux pourquoi je me sens si nauséeuse. Et je ne peux que te … vous remercier à nouveau de ne pas m’avoir laissée entre des mains pas très attentionnées … » Je frissonnais presque à l’aidée de ce qui aurait pu m’arriver s’il ne m’avait pas balancée sur son dos. Et dire que j’avais joué à la coiffeuse avec lui ... Je me reculais jusqu’à m’appuyer le dos contre le mur derrière moi. « Je m’appelle Berthany en fait, si jamais je ne l’ai pas hurlé cette nuit … » Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire, me demandant tout ce que j'avais pu lui faire subir, et but une nouvelle gorgée d'eau.

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La prise de conscience sembla lui faire un choc. Dans un sens, Austin pouvait le comprendre. Lui non plus n'aurait pas apprécié de se réveiller dans une chambre inconnue et d'apprendre qu'il avait été ramené de force par une fille qu'il ne connaissait pas sous prétexte qu'il était bien trop vulnérable pour encore assister à la soirée. Dégradante, humiliante, honteuse, il aurait refusé en bloc cette idée de lui aussi lamentable que vulgaire et se mit un instant à la place de la Cabot pour finir par se dire qu'il valait mieux y aller molo avec elle. Partant du principe qu'à part avoir été un peu hystérique, elle n'avait pas été méchante durant la nuit, il n'estimait pas nécessaire de l'enfoncer d'avantage. La cruauté dont il était capable en certaines circonstances ne semblait pas vouloir s'en prendre à la jolie tête blonde de cette demoiselle. C'était, pensa-t-il, tout l'équilibre qu'il fallait savoir trouver entre l'intransigeance dans certains domaines et la tolérance dans d'autres, comme celui-ci à propos duquel Bethany s'apparentait plus à une victime malchanceuse qu'à une connasse n'ayant eu que ce qu'elle méritait. Pour l'occasion, parce qu'il se rendit compte qu'elle était déstabilisée par l'habitude qu'il avait de vouvoyer les personnes qu'il ne connaissait pas (n'avaient le privilège du " tu " que ses amis dignes de confiance), il fit un effort pour se faire plus cool qu'il n'était et lui rendit son sourire hésitant. « Ça j'avais compris, oui. » Lâcha-t-il en profitant que Bethany se soit adossée au mur et ait libéré de la place sur le lit pour se laisser tomber en arrière et se retrouver allongé en travers du matelas. En détaillant le plafond d'un air aussi fatigué qu'amusé, il finit par ajouter : « Moi c'est Austin. Austin comme tétine, tartine, tantine, clémentine, térébenthine et sex-machine ... Je crois que c'est à peu près toutes les rimes que tu étais en état de trouver hier soir, avant de sombrer. » Se hissant sur un coude pour se tourner, de côté, dans la direction de la jeune femme, il la gratifia d'un rire rassurant, histoire qu'elle sache qu'il n'irait jamais répéter ça si elle ne lui donnait aucune raison de le faire.

Austin & Bethany

« Ça j'avais compris, oui. » Je me sentis assez bête d’un coup, de ne pas cesser de le remercier, de répéter trente six mille fois les mêmes choses. Je commençais à radoter comme une vieille femme. Je ferai peut-être mieux d’arrêter de parler tout court pour le moment. Adossée au mur, je ramenais mes jambes contre moi. Il passa de sa position assise au bord du lit, à celle d’allongée en travers, à quelques centimètres de moi. Moi qui commençait à penser qu’il voulait garder une distance, qu’il avait peur de s’approcher, fut un peu rassurée. Il reprit la parole. « Moi c'est Austin. Austin comme tétine, tartine, tantine, clémentine, térébenthine et sex-machine ... Je crois que c'est à peu près toutes les rimes que tu étais en état de trouver hier soir, avant de sombrer. » Je remarquais tout le de suite qu’il avait remplacé son vous par un tu beaucoup plus familier qui me mit davantage en confiance. Finalement, passer quelques heures ici, le temps que le mal de crâne passe ne serait pas un calvaire. Il semblait avoir quitté son rôle de « méchant », d’indifférent à celui de « gentil ». Je rougis quelque peu quand il énuméra une partie des rimes que j’avais trouvées avec son prénom, j’avais du être incorrigible, et avait du soit bien le faire rire, soit lui faire penser que j’étais folle et complètement irrécupérable. « J’avais l’air sacrément inspirée on dirait.» Et je pense que ce n’était qu’un euphémisme. « Qu’est-ce que je t’ai encore fait subir ? » Je ne savais pas si avoir encore plus honte qu’en ce moment-même était possible, mais j’allais surement ne pas tarder à le savoir. Mais un autre problème vint occulter ces pensées, car maintenant que j’étais bien « réveillée », ma vessie venait de se rappeler à moi, et l’envie d’aller aux toilettes se faisait de plus en plus pressante. Mais je n’osais pas vraiment bouger comme Austin était installé confortablement en travers de mon chemin vers la salle de bain, et surtout, je n’étais pas sure que mes jambes soient plus solides qu’il y avait 5 minutes. Dilemme dilemme. Je me tortillais un peu sur place sans savoir comment faire.

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« J’avais l’air sacrément inspirée on dirait ... Qu’est-ce que je t’ai encore fait subir ? »

• FLASHBACK •

« ... Comme clémentine ... » « Au lit ! » Coupa-t-il en la fourrant sous la couette, plus de force que de gré. « ... Et téréba ... térébi ... Térébenthine ! » « Chut ! » Il rabattit les draps sur elle, en espérant qu'elle finirait par tomber à cours d'inspiration. « Attends, écoute celle-là : Sex-machine ! » « Ça suffit ! SILENCE ! » Ordonna-t-il en lui assénant un coup d'oreiller dans la crainte qu'on n'entende sa voie aigüe faire une nouvelle allusion sexuelle qui serait forcément mal interprétée par ses condisciples Winthrops. Le coussin s'écrasa avec un bruit étouffé sur le visage de la jeune femme qui en ressortit ébouriffée et outrée. Bien qu'intransigeant quant au fait qu'il n'hésiterait pas à recommencer si elle persistait à divaguer, Austin ne put retenir un sourire moqueur. Elle avait l'air d'un poussin en colère avec sa tignasse aussi en pagaille que la sienne (chacun son tour de décoiffer l'autre !). Puis, soudain, les bras de la jeune femme se refermèrent d'une poigne vengeresse autour de son cou et le firent basculer lorsqu'elle l'attira jusqu'à elle. Sa perte d'équilibre le fit se retrouver coincé dans le lit, pris entre la table de nuit et le corps de Bethany qui lui faisait part de sa décision selon laquelle, puisqu'il était si méchant, il serait obligé, pour se faire pardonner, d'être son substitut de peluche pour la nuit. Les yeux grands ouverts, tendu comme un arc, Austin retint son souffle et demeura crispé tandis que l'étudiante marmonnait des paroles incompréhensibles tout en se calant contre lui. Ce genre de contact physique avec les inconnu(e)s ne lui ressemblaient pas, et il avait bien du mal à adapter sa réaction en fonction des circonstances si particulières de l'instant. Finalement, lorsqu'elle sombra enfin, il se dégagea en silence, histoire de ne pas la réveiller. Ce n'est qu'une fois assis sur sa chaise de bureau qu'il fronça les sourcils et se mit à cogiter sur les sentiments de panique et de gêne démesurés qu'il avait ressentit au moment où cette inconnue s'était introduite de force dans son périmètre de sécurité, sa bulle personnelle et intime au sein de laquelle il était seul à évoluer, sans que jamais personne n'ait la permission d'y pénétrer. S'il avait toujours cru que cette distance qu'il mettait entre les autres et lui n'était voulue que par principe de standing et de ne pas mélanger les torchons et les serviettes, il venait de sévèrement se faire ramener à la réalité par l'intervention de cette nana complètement à la ramasse. Qu'est ce qui pouvait bien expliquer ce mouvement de panique interne qui l'avait tétanisé lorsqu'elle avait posé sa tête sur son épaule ? Il ne comprenait pas, il était troublé. Cette affaire lui laissait un arrière goût de crainte qu'il n'appréciait pas. La crainte, c'était pour les faibles. Il n'avait pas à ressentir ça.

• FIN DU FLASHBACK •

« Rien. » Mentit-il, sans ciller. « C'était déjà assez comme ça tu ne crois pas ? » Cette question était de trop, il le savait, mais c'était le souvenir du moment de trouble qu'il avait ressenti la veille qui le faisait se montrer plus incisif que nécessaire. Pauvre Bethany, qui n'avait rien demandé à personne et qui n'avait pas fait exprès d'être responsable d'un tourment qui avait duré toute la nuit dans l'esprit de Bundy ... Il fallait qu'il se reprenne, qu'il remette les choses en perspective, qu'il fasse bonne figure et, surtout, qu'il ne pousse pas la mauvaise foi jusqu'à lui en vouloir pour un sentiment qu'il n'avait été, au final, que le seul à ressentir. Le seul coupable. « Un problème ? » Finit-il par demander en la voyant gesticuler sans comprendre d'où pouvait bien venir le malaise.