Le premier jour du reste de ta vie

"Le premier jour du reste de ta vie"


Parce-que toutes les meilleurs soirées commencent ainsi, avec un verre, de la bonne musique et une semaine de dingue où l'on a qu'une envie le week-end arrivé : décompresser. La fin de l'année sonnait bientôt à Harvard, et tous les étudiants se préparaient plus ou moins à passer leurs examens pour aller, ou non, en année supérieur. Le soleil ambiant n'aidant pas beaucoup dans l'optique de réviser. Le bal de promo s'apprêtait à être la plus grosse beuverie qu'on n'ait jamais connu. Si certains étaient assidus dans leurs révisions et avaient fait voeux de chasteté jusqu'aux résultats, d'autres comptait souffler chaque samedi soir ou presque de leurs lourdes journées de travail.
Maïa était davantage dans ce second cas de figure, où elle savait que son année lui était acquise. Elle n'était pas major de sa promo, mais presque, et cette dernière bossait dur pour ça. Mais en parfaite petite Dunster, cela ne l'empêchait en rien de faire des soirées de folie, et justement, ce soir était bien partit pour en être une. La jeune britannique s'était longuement préparée dans sa salle de bain. Bon ok, en réalité elle s'était endormie dans son bain pendant trois heures ce qui avait entraîné une course d'enfer pour se préparer et être prête à 22 heures, lorsque le début de la soirée allait commencer tranquillement au bar le plus proche. A 22h30 exactement, la jeune femme était maquillée, coiffée, avait enfilé une petite robe noir plutôt courte dont le dos abordait un large décolleté en dentelle et une paire d'escarpins en sequin, à paillette pour briller de mille feux. Bref, elle était prête. En arrivant quelques minutes après au bar en question, bons nombre de ses amis étaient déjà présent en plus de d'autre personne qu'elle ne connaissait que de vue, voir pas du tout. La jeune femme s'installa au bar, commanda un whisky soda pour bien débuter la soirée, et écouta patiemment les discussions alentours tout en sirotant sa boisson..

Dans le bar, la musique qui résonnait dans les oreilles de chacun se mêlait à un bourdonnement de voix, provenant de tous les étudiants et de tout ceux qui n'en n'étaient pas, qui riaient, se racontaient les derniers potins, s'incitaient à boire davantage et autre.. L'ambiance battait son plein, et Maïa se délectait d'un tel spectacle lorsque la voix d'une jeune femme la tira de sa rêverie. « A la votre ». Tournant le visage en direction de la voix, Maïa s'assura que c'était bien à elle que l'on s'adressait avant de répondre avec un large sourire, « Merci, à la vôtre aussi ! » Et de boire une longue gorgée de sa boisson, hautement alcoolisée. La jeune britannique n’avait jamais été vraiment intéressée par l’alcool avant d’arriver aux Etats-Unis. En Angleterre, ses soirées se résumaient à lire, aller au théâtre, parfois même à l’opéra, mais ce, beaucoup plus rarement. Et puis vers la fin, l’état de sa mère devenant de plus en plus préoccupant, elle passait ses soirées à veiller sur elle, son pauvre père étant complètement déboussolé par la situation. Alors que tout le monde s’activait autour d’elle, qu’une de ses amis venait de partir aux toilettes pour vomir tout ce qu’elle avait bu en l’espace d’une heure, Maïa qui n’était là que depuis quelques minutes ne pu s’empêcher de lever les yeux au ciel, pensant que sa soirée allait se limiter dans le temps si tout le monde était déjà malade à 23 heures à peine... Puis, se tournant vers la jeune femme avec qui elle venait de trinquer, elle remarqua que son visage lui disait quelque chose, mais sans plus, peut-être était-elle à Harvard et l’avait-elle croisé dans les couloirs ? Peut-être. En tout cas, elle semblait gentille et avait bon goût en terme de boisson alcoolisée. Maïa se dit qu’elle pouvait peut-être lui faire la conversation, tant qu’elle n’avait pas à servir de taxi pour rammener tout ceux qui ne pouvaient plus marcher. « Vous êtes à Harvard ? Votre visage me dit quelque chose.. A moins que vous ne soyez célèbre, dans ce cas toutes mes excuses !» Elle avait dit cela tout en plaisantant, mais pas trop. Après tout, on ne sait jamais !

La jeune femme continuait de siroter son whisky coca, en réalité, les deux jeunes femmes continuaient de siroter leur whisky coca. C'était assez amusant de remarquer qu'elles avaient commandé la même boisson. D'un côté, c'était un "cocktail" plutôt populaire, mais de l'autre, il était souvent plus apprécié par ces messieurs que ces demoiselles.« Non non je ne suis pas célèbre, mais j’étudie à Harvard, vous aussi ? » Et avant même que cette dernière eut le temps de répondre quoi de ce soit, l'inconnue renchérissait :« Je m’appelle Elia, on peut se tutoyer non ? » Elle lui tendait sa main droite. Cela faisait très solennel mais avec un petit rire, Maïa tendit à son tour sa main et la lui serra tout en s'exclamant :« Enchantée, Maïa ! Et oui, tutoyons nous, ça sera plus conviviale ! ». Puis, reprenant son verre posé sur le comptoir, elle continua:« Je suis aussi étudiante à Harvard, comme la majorité des jeunes ici présent je présume. Tu étudies en quoi ? » Leur conversation paraissait sérieuse à première vue, mais il ne suffit que de quelques verres pour faire évoluer tout ça... Et Maïa était loin d'être sérieuse à une heure aussi tardive.

Une autre gorgée d'alcool fort et son verre était déjà presque finit.« J’étudie en danse principalement & anglais & toi ? » En danse alors ? Maïa se l'imaginait alors en tutu, ou en Black Swan au choix.« Je suis étudiante en médecine. Et oui, j'arrive à sortir quand même ! » Elle avait dit cela en riant, et en levant son verre avant d'en reprendre une gorgée. Lorsqu'elle avait dit à ses amis à Londres qu'elle voulait faire médecine, tous lui avait dit qu'elle n'aurait plus de vie sociale, qu'elle allait bosser comme une dingue pour peu de résultat et que même si elle était douée, elle allait en baver. Au final, l'expérience avait été beaucoup plus facile qu'elle se l'était imaginée. Elle était l'une des élèves les plus brillantes, arrivait à sortir les soirs et avait une très bonne vie sociale, peut-être même meilleure qu'en Angleterre, car celle-ci devait s'occuper de sa mère malade.« Tu veux un autre verre ? Je vais m’en prendre un autre, sa sera ma tournée » Maïa était légèrement surprise, elles ne se connaissaient pas, mais cette dernière lui proposait déjà de lui offrir un verre. Peut-être le fait de partager la même université rendait les rapports plus aisés aux Etats-Unis. Après tout, elle avait déjà remarqué à quel point les américains étaient chaleureux et ouverts. « Oui avec plaisir, merci ! » Maïa lui adressa un large sourire. Tandis qu'Elia commandait les nouvelles boissons, la jeune britannique lui demanda :« Et tu danses quoi ? »

« T’inquiète sa ne me surprend pas, tu fais partie de quelle maison en plus ? » Maïa était fière de sa maison, mais une fois qu’on était au courant de celle-ci, les gens ne pouvaient s’empêcher d’émettre des préjugés sur vous. C’était aussi le cas de Maïa, c’était le cas de tous les étudiants ou presque. On savait que si on était chez les Mathers c’était parce-qu’on adorait faire la fête, si on était chez les Eliot, c’était parce-qu’on était bourré de fric. Et ce, parce-qu’on était recruté ainsi. Maïa portait l’étiquette de surdouée depuis ses 5 ans et c’est tout naturellement qu’elle avait rejoint les Dunster, et elle s’y sentait vraiment bien car pour la première fois de sa vie, elle n’était pas la seule à avoir un cerveau plus lourd que la moyenne. Mais pour certain, ces bêtes de travail n’étaient pas toujours bien vu. Quoiqu’elle n’avait pas à se plaindre, car ceux-ci sauvaient toujours leur honneur quand il s’agissait de faire la fête. « Je suis chez les Dunster, et toi ? » A première vue, c’était une jeune femme qui prenait soin d’elle, qui avait choisis le domaine du spectacle comme carrière et qui aimait les bons alcools, elle pouvait faire partie de tout un tas de maison, sans compter que Maïa ne connaissait pas tout d’elle, peut-être défendait-elle les animaux et la nature ? Elia commanda alors une boisson qu’elle ne connaissait pas, mais elle lui fit confiance, après tout, elle avait pris un whisky coca avant, elle ne pouvait pas aimer quelque chose de mauvais. « Tu connais ce que j’ai commandé ? C’est délicieux je trouve ». Dans un sourire elle lui répondit : « Non je ne connais pas, mais je te fais confiance ! » Le barmaid était partit préparer leur boisson et prendre d’autre commande, pendant ce temps, les deux jeunes femmes abordèrent un sujet qui intéressait beaucoup Elia et qui passionnait Maïa, amatrice de danse depuis sa plus tendre enfance, « Je danse un peu de tout, j’ai fais de la salsa, du classique, du jazz, du tango, mais je danse plus du break, du moderne & de la salsa » Maïa état un peu impressionnée et cela se traduisit par un haussement de sourcils accentué, puis toujours en souriant elle s’exclama : « Woua, et tu fais des spectacles à Harvard ? » Quand elle était plus jeune, sa mère l’emmenait voir des ballets, ce n’était certes pas la même chose que du break ou de la salsa, mais cela restait de la danse et de la musique, et Maïa adorait ça.