Sorry seems to be the hardest word (PRIALYA ♥ )

Après des jours à s’éviter depuis nos deux précédentes disputes, j’avais eu le temps de cogiter. Je me doutais qu’après avoir émis des doutes sur son amitié avec Matthéo, et puis après avoir été jouer au gynéco avec Caly, un simple –excuse moi- ne serait pas suffisant. Et puis les roses et le paquet de chocolat, ça rentrait bien trop dans le cliché du mari adultère qui a quelque chose à se faire pardonner... Je m’en voulais terriblement, de m’être énervé, de lui avoir laissé penser que je ne lui faisais pas confiance, et enfin de lui avoir donné une raison de douter de moi et de croire que j’avais peut être encore des sentiments pour mon ex. Je m’étais donc creusé la tête, dans tous les sens. Et j’avais trouvé une idée pour rendre mes excuses mémorables parce qu’une chose était sure dans ma tête : je ne voulais pas perdre Talya. Me mettre en couple avec elle était la meilleure chose qui me soit arrivé depuis bien longtemps, et c’est ce que j’aurais du lui dire ce matin là plutôt que de perdre mon calme en l’attaquant sur sa relation avec son meilleur ami. Je me rendais donc en périphérie de Cambridge dans un immense champ verdoyant. Sortant de mon coffre d’immenses draps blancs, j’entrepris alors de les déplier sur l’herbe en leur donnant une forme tout à fait calculée. Après un bon quart d’heure d’installation, je jetai un œil à montre : Si mon plan avait marché, si Sienna avait bien rempli sa mission, ça n’allait pas tarder à commencer. Je relevai alors la tête, guettant le ciel qui était par chance bien dégagé aujourd’hui…  

Sienna m'avait téléphoné en me disant qu'elle avait une surprise pour moi. Elle était passée me prendre le lendemain me mettant un bandeau sur les yeux pour que je ne vois pas où elle m'emmenait. Arrivée sur les lieux j'avais dû la laisser me guider, on m'avait habillé, mis une combinaison, des cengles partout, j'avais entendu du bruit mais jusqu'au dernier moment je n'avais pas compris. En enlevant le beandeau j'avais vu l'avion, le parachute et de grands sourires. Elle avait noté cela de la soirée de réouverture de la confrérie et après ce que je lui avais révélé elle avait pensé que ce serait bien de m'envoyer en l'air, au sens figuré du terme cette fois. Bien joué mais j'étais tout de même surprise. « Tu ne viens pas avec moi ? » Elle me fit non de la tête et on m'indiqua qu'il était temps d'y aller. « T'es une petite joueuse tu ne sais pas ce que tu loupes ! A tout à l'heure ! » Elle m'avait quitté sur un sourire puis l'avion avait décolé et pris de la hauteur à une vitesse folle. Etait arrivé le moment de sauter. Alors que je n'étais pas prête à me jeter, la personne m'accompagnant ne me laissa pas le choix nous projettant tous les deux dans le vide. Je voyais Cambridge en tout petit sous mes pieds et je ressentis le besoin d'hurler, comme pour faire sortir toute la peine de ces derniers jours en moi. C'était magnifique et la sensation de chute libre était extra mais bing, une petite secousse et le parachute au dessus de ma tête était ouvert pour une descente plus tranquille.

Je jetais un nouveau coup d’œil à ma montre, avant de baisser les yeux vers les draps qui s’étendaient à côté de moi. Je corrigeais légèrement la position de l’un deux, refaçonnant un peu le Y qu’il était censé former. J’avais placé ses draps avec soin de sorte que depuis là haut, ils dessinent d’immenses lettres blanches qui trancheraient bien avec le vert de l’herbe, dans le but d’écrire un message qui se lirait très bien depuis le ciel, un message simple et clair. Un S, un O, deux R et un Y. Soudain, un bruit de moteur au dessus de ma tête se fit entendre. Je plaçais ma main en visière sur mon front pour me protéger de l’éclat du jour et je plissais mes yeux. L’avion, un point minuscule, se dessina au loin. Je croisais les doigts pour que Sienna ait réussi à convaincre Talya d’y monter, et surtout de sauter, même si vu ce qu’elle nous avait confié à la soirée des dunsters, c’était quelque chose qu’elle rêvait de faire depuis longtemps. Scrutant le ciel, je devinais la corolle d’un parachute, d’abord quasiment imperceptible mais qui apparut de plus en plus nette à mesure qu’elle descendait vers le champ. Talya était-elle au bout de cette enveloppe de tissu flottant dans l'air ?

J'avais sauté. Pendant quelques minutes j'avais perdu le contrôle, tout laissé aller et ça me faisait un bien fou... Puis le parachute s'était ouvert et là c'était une autre sensation. Je regardais autour de moi contemplant le paysage. C'était magnifique j'en avais les larmes aux yeux et ce n'était pas dû qu'au vent pas possible qu'il y avait. Petit à petit la descente se fit et lorsque nous fûmes plus près du sol je pue distinguer en lettres blanches dans l'herbe le mot SORRY. Je ne pensais pas que c'était pour moi mais c'était original et cela me fit sourire. Ce ne fut que lorsque j'étais à quelques dizaines de mètres du sol que je pus distinguer Priape et que je compris que ce message m'était adressé. C'était vraiment trop mignon. Une fois un sourire de joie passé sur mon visage il s'envola et tout remonta. Comment Sienna avait elle pu me faire ça ? Me pensait elle assez forte pour affronter Priape alors que j'avais couché avec Matthéo ? Moi j'en doutais. Mais je n'avais plus le temps de douter, mes pieds touchaient le sol et Priape se trouvait plus loin en face de moi. Je gardais le sourire aux lèvres parce qu'il avait vraiment bien joué son coup mais à l'intérieur c'était la panique complète.

Petit à petit, le parachute devint de plus en plus visible, de plus en plus proche, descendant en tanguant au gré du vent. A mesure qu’il approchait, je finis par reconnaître la silhouette de ma petite amie suspendue au bout du parachute avec le moniteur derrière elle. Un sourire étira aussitôt mes lèvres, et malgré notre relation chaotique je ne pus m’empêcher de penser un grand –Merci Sienna-. Talya était là, elle devait voir mon message à présent. Lorsqu’elle atterris finalement, je restais dans un premier temps en retrait, à l’observer à côté de mes immenses lettres. Le professionnel qui l’accompagnait avait un petit sourire amusé aux lèvres, ce n’était surement pas commun ce genre d’atterrissage. Il défit les harnais de sécurité et libéra alors Talya avant de s’éloigner, nous laissant seul. Je m’approchais alors enfin de la jeune femme d’un pas un peu hésitant quand même. « Surprise ! » Je ne savais pas si tout ceci lui avait plu, et puis je n’étais jamais à l’aise avec ce genre d’élan romantique.

Cette surprise était tellement belle que j'avais envie d'oublier tout le reste, la dispute, la tromperie, tout... Mais je ne pouvais pas, je ne pouvais pas passer à autre chose, continuer avec lui sans lui dire l'écart énorme et impardonnable que j'avais fait. Pourtant je n'avais pas le coeur à briser son coeur à lui, car oui il allait être briser même si il ne parlait jamais de ses sentiments la surprise montrait à quel point il tenait à moi. Je tentais donc d'oublier les tracas qui se bousculaient dans ma tête pour le remercier dignement et ne pas briser ce moment magique. C'était tout derrière tout ça ? Tu... Tu as collaboré avec Sienna pour tout ça ? Je n'en croyais pas mes yeux. Purée il fallait que je gâche tout entre lui et moi alors que sa relation avec ma meilleure amie s'améliorait, je n'étais vraiment qu'une idiote il n'y avait pas à dire. C'était merveilleux... Merci ! Ca l'aurait encore plus été si tu l'avais fait avec moi... Je n'osais pas aller vers lui, trop gênée par ces jours de silence, de froid entre nous, par le gouffre qui s'était creusé car oui dans le fond c'était bien ce que nous avions laissé faire avec notre fierté à ne pas faire le pas pour retourner vers l'autre avant. En tout cas lui avait pris sur lui pour le faire et il avait mis les petits plats dans les grands, c'était vraiment un beau geste et tout ce qu'il y a de plus romantique !

En me voyant approcher, Talya m’interrogea sur ma responsabilité et celle de Sienna dans cette petite surprise. « Tu pensais vraiment que Sienna était capable d’organiser tout ça toute seule ? » Les habitudes ont la vie dure, c’était plus fort que moi je pouvais pas m’empêcher de me moquer de sa meilleure amie. Mais je me repris aussitôt : « Non, je plaisante, je reconnais qu’elle m’a vraiment bien aidé sur ce coup. Je m’excuse des méchancetés que j’ai pu dire sur elle. » Et pour toutes celles que j’allais encore pouvoir dire aussi… Ce n’était qu’un armistice temporaire dans notre gueguerre. « J’avais besoin d’une alliée pour te faire embarquer dans l’avion, j’espère que ça t’a plu ? » Elle avait trouvé cela merveilleux et me confia qu’elle aurait aimé que je saute également. Un sourire étira mes lèvres : « La prochaine fois, je m’envole avec toi alors. Mais on est peut être pas obligés d’attendre de s’engueuler pour se faire ça hein… » précisai-je. De toute façon, j’avais pas l’intention de blesser à nouveau la jeune femme. J’allais prendre sur moi, calmer mon tempérament impulsif et réfléchir à deux fois avant d’agir ou de parler. « Je suis vraiment désolé pour ce que je t’ai dit, et pour Caly… T’avais raison c’était n’importe quoi, j’aurais du refuser et l’adresser à un collègue. J’aurais pêté un câble à ta place si je t’avais retrouvé en train de tripoter les testicules de Matthéo ! » ajoutai-je en riant.

J'avais commencé à grincer des dents quand il avait critiqué indirectement Sienna mais il s'était bien vite rattrapé, je ne voulais donc pas recommencer à le sermonner à propos de cela, non il était là pour faire la paix ou du moins essayer. « T'as trouvé la parfaite alliée alors, il n'y a qu'elle qui aurait pu me faire monter là dedans toute seule ! Je me demandais aussi pourquoi elle s'était défilée au dernier moment ... » Je lui souris allant planter mon regard dans le sien. Même en faisant des efforts, nous n'étions pas très tactiles et proches l'un de l'autre et je devais dire que cela me manquait énormément c'était d'ailleurs pour retrouver ses bras rassurant que j'avais été avec Matthéo... Enfin peut être, je ne savais pas mais ça pouvait être une possibilité ! « Ca m'a plu oui c'était une belle surprise ! Je suis contente d'avoir réalisé ce rêve grâce à toi et je serais contente de resauter avec toi ! » Phrase à double sens qui me tira un petit rire, c'était aussi un peu le stress qui me faisait rire nerveusement, je n'étais vraiment pas à l'aise, comme si j'étais avec un inconnu qui m'attirait en plus compliqué bien sûr. Mon regard se détourna du sien lorsque j'entendis le dunster prononcer le prénom de Matthéo, fallait il vraiment qu'on en parle ? Non. Je préférais donc changer complètement de sujet. « C'est lourd tout ça, je crois que je vais demander à mon prof de saut de revenir m'aider. » Les cengles, la combinaison, plein de choses s'emmêlaient et c'était un bon prétexte pour éviter le sujet Matthéo et Calypso au moins pour les cinq prochaines minutes.

J'avais bien fait de ravaler mon égo et d’aller voir Sienna pour lui demander son aide. Talya reconnut qu’il n’y avait que sa meilleure amie pour réussir à la faire embarquer là dedans. Sans elle, mon plan aurait donc été un fiasco. « Je la remercierais alors. Elle aime quoi comme chocolats ? » Une boîte de sucreries et on serait quittes et on pourrait reprendre nos anciennes habitudes. Après qu’elle m’ait confié ses impressions, m’arrachant un petit rire avec son accord pour –resauter avec moi-, j’avais essayé de me lancer dans des excuses qui pour moi s’imposaient. Un sorry sur l’herbe c’était pas assez parlant, il fallait peut être que je lui explique en quoi je m’excusais, et puis je voulais lui parler de ma décision de faire un effort. Je voulais plus communiquer avec elle, je ne voulais surtout pas qu’elle ait l’impression que je lui cachais des choses. Mais elle ne réagit pas. Sa combi l’embarrassait. Le changement de sujet me fit tiquer néanmoins : est-ce que ça voulait dire qu’elle me pardonnait pas complètement ? « Tu m’en veux encore c’est ça ? » demandai-je en fronçant les sourcils, appréhendant sa réponse.

« Si elle avait 80 ans tu pourrais l'avoir avec des chocolats mais là je ne suis pas sûre. Quoi que un gros pot de nutella pourrait peut être faire l'affaire ! » Oui enfin s'il pouvait juste la remercie en enterrant la hache de guerre avec elle une bonne fois pour toute ce serait merveilleux quand même ! Mais il ne fallait pas rêver. Ils avaient collaboré c'était déjà pas mal ! Chase allait pouvoir être aussi réjouit que moi qu'il y ait une avancée entre eux même si elle était minime. D'ailleurs entre nous aussi les avancées étaient minimes. Priape ramait comme un dingue et je n'étais pas à l'aise. Pourquoi étais je obligée de vivre cela, pourquoi m'étais je foutue dans cette galère là ? Je n'avais moi même pas la réponse à ses questions. Cependant, une fois débarrassée de la combinaison je me décidais à faire un pas vers lui parce que oui c'était vital de me rapprocher de lui même si le jour où il apprendrait pour Matthéo il me détesterait d'avoir fait cela aujourd'hui. Je vins déposer subitement et presque maladroite mes lèvres sur les siennes mais le baiser fut court comme si j'étais revenue à la raison en plein milieu et aussi parce que je ne voulais pas enfoncer encore plus le couteau dans la plaie pour que ce soit encore plus douloureux. « J'ai l'impression que tu n'as pas eu envie de donner une chance à notre couple en me cachant tout ça, en accumulant les soi-disant mal-entendus, en me reprochant ma relation avec Matthéo plutôt que de calmer le jeu... Oui je t'en veux. Je t'en veux parce que pendant tout ce temps là moi j'étais sincère et je m'ouvrais à toi et que bêtement et naïvement je croyais en nous au point d'avoir des sen... Non rien oublie. » Des sentiments oui, des sentiments très forts que j'avais commencé à ressentir pour lui et à m'en rendre compte lorsque j'étais rentrée avec lui de l'hôpital chez mes parents et que nous avions dîné avec eux...