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Open up your heart [Amalric]

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Mallory avait six frères. Quatre d'entre eux avaient des caractères qu'on ne pouvait pas qualifier de conciliants. La première phrase d'Amalric l'insultait grandement et le rouquin se dit que c'était vraiment mal barré. Il n'arrivait pas à savoir si son partenaire était maladroit dans le choix de ses mots ou s'il lui faisait un doigt d'honneur verbal de manière dévolue. Ils n'allaient jamais s'en sortir. Bon, le point positif quand on part de très bas, c'est qu'on ne peut que remonter ensuite. Ce que fit le beau brun dans les phrases suivantes. Enfin, presque. Le passage sur ses choix laissa Mallory un peu pantois. Il ne jugeait pas ses origines mais ses actions présentes ? Pourtant, les deux semblaient indissociables. Le rouquin faisait tout son possible pour ramener de l'argent à la maison. Mais 'tout son possible' ça voulait souvent dire des choses illégales ou moralement répréhensibles. Est-ce qu'Amalric lui pardonnerait de ne pas avoir d'autres choix ? Comprendrait-il seulement ?

Quand Amalric tenta de faire acte d'autorité pour le faire manger et surtout lui donner les 30 dollars que le professeur de son frère lui réclamait pour l'emmener au musée, le Bellwether resta quelques secondes pétrifié. « Mais je... » Mallory se tut, ne sachant trop que dire sur le coup. « En fait, je n'ai pas l'habitude d'accepter de l'aide. Il faut dire aussi que je n'ai pas l'habitude qu'on veuille seulement m'aider... » Il baissa la tête et frotta ses paumes moites sur le tissu de ses jeans au niveau des cuisses. Comme le chien vint renifler ses mains avec curiosité, il en profita pour lui donner une caresse. C'était fou comme la douceur de ses longs poils parvenaient à le tranquilliser. Les joues un peu rouges, il risqua un regard vers Amalric. C'était mignon cette manière qu'il avait de le forcer à le laisser prendre soin de lui, en quelques sortes. « Bon... Je pense que je peux faire une exception. Mais je te rembourserai dès que j'aurais l'argent. » La pâleur extraordinaire de sa peau rendait toujours son embarras terriblement remarquable. Il voulut se détourner pour le cacher mais il hésita une seconde avant de le faire et, se mordillant la lèvre inférieure dans un signe manifeste de gêne, il lâcha : « Merci, Amal' ». Le surnom était sorti si naturellement qu'il ne le remarqua même pas.

Mallory se dirigea vers le frigo et l'ouvrit avec une étonnante timidité pour regarder à l'intérieur. Il était pas mal rempli. C'était terrible parce que, comme il n'avait pas mangé depuis longtemps, tout lui faisait envie. Il vit même du saumon dans une barquette – le truc qu'il préférait manger mais qu'il goûtait rarement vu son prix. Pour ne pas se torturer davantage, il prit une pomme sur l'étagère des fruits et referma le frigo. Il la porta à sa bouche et en prit une grande bouchée. Elle avait à peine commencée à descendre le long de son œsophage que Mallory bascula sa tête en arrière et poussa un soupir de satisfaction. Il avait tellement faim que cette pomme lui semblait avoir le goût du paradis. Du coup, il la mangea très rapidement et finit par se lécher les doigts pour récupérer tout le jus qui avait coulé dessus. Il avait mangé même le trognon et les pépins, pour ne laisser sur la queue qui jetait dans la poubelle – pour le plus grand désespoir de Jett qui semblait avoir espéré en avoir un bout. Le rouquin lui donna un gros baiser sur sa tête pour se faire pardonner.

« Alors, c'est quoi les règles ? » Mallory décrivit un cercle de son index pour désigner les lieux. « Chaque appartement à ses règles, non ? Quelles sont les tiennes ? » Un sourire aux lèvres, il soumit quelques idées : « On ne mange pas sur la table basse ? Les chaussures restent à l'entrée ? Interdiction de chanter sous la douche ? On ne fume pas dedans ? Il y a une heure pour l'extinction des lumières ? Vas-y, dis-moi tout. Je prendrai des notes mentales.» Il se gratta le menton avant d'ajouter avec une petite grimace. « J'imagine, par exemple, que je dors sur le canapé ? » Mallory adressa un clin d'oeil complice à Jett qui le regardait patiemment, assis aux pieds de son maître.
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Amalric ne s’était pas attendu à ce que Mallory cède aussi facilement, il avait prévu de devoir argumenter à corps et à cri pour le convaincre, mais il avait décidé de lui rendre les choses plus simples. Il laissa échapper un soupir discret, s’ils pouvaient éviter de s’entretuer à chaque fois qu’ils discutaient ça serait déjà ça de gagné. Sa capitulation n’était que de façade cependant. Malgré la faim qui le tiraillait manifestement, Mallory avait décidé de manger une pomme, une façon bien polie de lui montrer qu’il n’était pas prêt à abandonner aussi facilement. Il n’avait jamais vu qui que ce soit manger un fruit avec autant de plaisir. La scène le fit sourire, c’était à la fois ridicule et agréable de le voir engloutir la pomme comme s’il n’avait pas mangé depuis plusieurs mois, ce n’était certainement pas assez et le rouquin aurait bien pu profiter de quelque chose d’autre à manger. Cependant il décida de ne pas insister plus, conscient qu’il ne pouvait pas en demander trop.

Il resta songeur un instant quand il lui parla de règles. L’avantage de vivre seul c’était justement qu’il n’y avait pas de règles, il pouvait vivre comme bon lui semblait, s’il n’avait pas envie de se lever, il ne se levait pas, s’il n’avait pas faim, il ne mangeait pas et s’il était trois heures du matin et qu’il avait une soudaine envie de sandwich, il lui suffisait simplement de s’en préparer un. Pour autant il n’était pas totalement libre parce qu’il ne vivait pas tout à fait seul, mais admettre que ses seules horaires fixes dans la vie étaient liées à la vie de son chien était loin du glamour qu’il essayait d’inspirer, il n’en disait donc rien. Plongeant ses mains dans ses poches, il se mit à réfléchir, plus il fixait de règles, plus il limitait les agissements du Mather, d’un autre côté cela risquait de rendre les relations encore plus tendues qu’elles ne risquaient déjà de l’être. Il décida de jouer prudemment, il se réservait de toute façon le droit de mettre les points sur les i et les barres sur les t si certaines lignes étaient franchies. « Tu es chez toi, tant que tu ne m’empêches pas de vivre, tu peux bien faire ce que tu veux. » Il hésita trente secondes, c’était le genre de réponses qu’il aurait donné à un ami qu’il fréquentait depuis des années et dont il connaissait toutes les habitudes, ce n’était pas le cas ici. Ou plutôt, les quelques habitudes qu’il l’imaginait avoir étaient largement susceptibles de le déranger. « Enfin… pas de drogue, de cigarette ou autre substance du genre. » Il avait été assez souvent dans des soirées pour ne pas vouloir être mêlé de près ou de loin à ces choses, puis il y avait l’odeur, il avait vraiment du mal avec l’odeur et ne tenait pas particulièrement à ce qu’elle s’incruste dans tous les tissus de son appartement. « Et ce serait génial si tu pouvais éviter d’inviter tes amis… » L’hésitation dans sa voix montrait bien qu’il ne les mettait pas tous dans le même sac ou plutôt qu’il pouvait en supporter un ou deux s’ils étaient là pour la bonne cause. En avoir un ou deux pour la soirée parce qu’ils devaient travailler sur quelque chose passait encore, mais il ne tenait pas à transformer son petit coin de tranquillité en chenil pour Mather qui cherche un endroit pour boire. Même si elles étaient assez contraignantes, il imaginait bien qu’il venait d’énoncer moins de règles que ce à quoi Mallory s’attendait –surtout après avoir vu dans quel état impeccable l’appartement se trouvait-. Il avait tout simplement plus confiance en lui-même qu’en l’autre et comptait s’occuper seul de toute la partie entretien de l’appartement, il en avait l’habitude de toute façon et savait au bout de combien de jours Jett avait perdu assez de poils pour qu’il faille prendre les mesures nécessaires.

Il se souvint ensuite de la remarque sur le canapé, cela n’avait pas l’air de déranger Mallory, tant mieux. Il n’avait pas peur que ce dernier se décide soudain dans la nuit à lui forcer la main –de toute façon qu’il dorme dans son lit ou sur le canapé, si cette envie lui prenait il pouvait bien tenter de la mettre à exécution-, mais il préférait rester à distance de lui, surtout une fois chez lui. Faire semblant de l’aimer sur le campus serait déjà faire beaucoup d’efforts, il avait besoin de son îlot de tranquillité rentré chez lui et puisqu’ils allaient vivre ensemble, son lit serait cet endroit. « Cela ne te dérange pas au moins ? » Il avait dit ça en observant le canapé en question, même si sa question pouvait s'interpréter comme plus générale. Que cela lui aille ou non était le cadet de ses soucis, il n’allait pas aller lui acheter un autre lit parce que monsieur ne voudrait pas dormir là, chez lui il devait avoir bien plus petit et puis niveau crédibilité de couple, installer un deuxième lit était peu recommandé.
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