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Open up your heart [Amalric]

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Bêtement, Mallory ne s'était pas attendu à ce qu'Amalric rétorque quelque chose. Il s'était dit que le jeune homme se contenterait de faire comme lui, d'ignorer le gros lourd et de passer son chemin. Il était plus rapide de s'en débarrasser de cette manière plutôt que d'essayer de les moucher. Surtout que le problème principal des cons était de ne jamais reconnaître leur défaite. A partir du moment où Amalric ordonna au dénomme Anderson de lui présenter des excuses, Mallory n'eut d'yeux que pour lui. La mâchoire desserrée et la bouche légèrement ouverte, il regarda avec stupeur son petit-ami se rapprocher de leur agresseur. Son cœur fit de petits bonds dans sa poitrine. Craignant que le Prince n'engage un combat qu'il ne pourrait gagner, il fit également un pas vers eux, au cas où il lui faudrait un coup de main. On ne survivait pas dans la banlieue sud de Chicago sans savoir se battre. La silhouette de Mallory était plutôt élancée mais il savait très bien mettre à profit ses connaissances en anatomie pour frapper là où ça faisait le plus mal. Toutefois, il n'eut pas besoin d'intervenir. Amalric avait l'air de connaître le type car il lui murmura quelque chose que le rouquin était trop loin pour entendre et il vit les épaules du mec se tendre. De quoi pouvaient-ils parler à voix basse ? Mal' songea que, peut-être, son camarade était en train de lui confier qu'ils n'étaient pas réellement en couple. Étrangement, il n'aima pas cette idée.

Le simple mot d'excuse que Anderson lui lança sans même le regarder dans les yeux était une immense victoire. Même si Mallory avait la certitude qu'il y avait une forme de chantage là-dessous. Mais bon, ce n'était pas ses affaires. Il avait assez bien de drama dans sa vie pour essayer de démêler celui des autres. Il se contenta de donner un léger coup de menton dans la direction du type pour signifier qu'il l'acceptait. A ce moment-là, il se rendit compte que quelques étudiants s'étaient figés autour d'eux et observaient la scène avec attention. Il lui sembla même qu'une demoiselle l'avait filmé avec son téléphone. Les gens étaient bizarres.

Anderson s'en fut et Mallory laissa son petit-ami le rejoindre, détaillant d'un air rêveur son pas assuré. Oui, vraiment, il avait la classe. Son cœur fit de nouveau des siennes quand le beau brun lui demanda s'il allait bien. C'était tellement gentil, tellement doux, tellement humain... et donc tellement pas Amalric Prince. Il se mordit la lèvre et baissa la tête. « C'est la première fois que quelqu'un prend ma défense... » murmura le jeune homme en guise de réponse. « J'suis pas con. J'sais bien que t'as fait ça pour ta réputation mais... merci. » Il enfonça ses mains dans les poches et se mit à fixer le bout de ses chaussures, comme si elles étaient extraordinairement intéressantes tout à coup. Il resta silencieux le temps de regagner un peu de constance et déposa un furtif baiser sur la joue de son partenaire avant de se tourner vers un bâtiment au hasard et commencer à partir. Après deux pas, il s'arrêta et se pencha en arrière pour attraper la main gauche d'Amalric. Il lia leurs doigts dans une étreinte plus intime et poursuivit son chemin, l'entraînant à sa suite.

Se rappelant que le Eliot lui avait posé une question, Mallory tourna la tête vers lui pour répondre : « Ah oui, c'est vrai qu'on doit habiter ensemble. J'avais oublié ce détail à vrai dire. » En y songeant, il fut piqué par la curiosité. A quoi pouvait bien ressembler le logement d'Amalric. Il n'était pas psy mais il mettait déjà sa main au feu que ce serait un endroit parfaitement rangé, sans un grain de poussière. « Je peux emménager quand tu voudras. Même maintenant, si tu veux. J'ai pas grand chose. Quelques fringues dans un sac à dos, un vieil ordi portable et mes bouquins de cours. » Et son DVD des Mighty Ducks mais, ça, il n'allait pas lui dire. « T'habites où, en fait ? Pas trop loin de la fac, j'espère. Parce que j'ai pas de vélo et j'peux pas prendre d'abonnement au bus.» Trop cher.
Son portable vibra dans la poche de son blouson alors il l'extirpa de sa main libre pour lire. De là où il se trouvait, son partenaire pouvait aussi lire le message s'il venait à poser ses yeux dessus. Plusieurs potes Mathers avaient eu vent de la nouvelle et le blâmaient pour son choix de petit-ami. « O Roméo! Roméo! Pourquoi es-tu Roméo? Renie ton père et abdique ton nom ; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer, et je ne serai plus une Capulet. » récita-t-il machinalement avant de lâcher un petit éclat de rire. « Bon sang... Je ne pensais que ça poserait problème à autant de gens. C'est pas croyable d'être aussi concerné par des trucs qui les regardent pas. Qu'est-ce que ça peut bien leur foutre qu'on couche ensemble, sérieusement ? » S'entendant, il rougit un peu et rectifia : « Enfin, on ne couche pas ensemble pour de vrai mais... tu vois quoi. »
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Comme il fallait s’y attendre, Mallory mit le compte de ses actions sur sa fierté. Bah, il était vrai que d’un certain côté il avait eu du plaisir à faire partir Clay… d’un autre côté il restait convaincu qu’il avait pris la défense du ni-veuve ni-orphelin. Voir ce dernier se renfrogner le vexa un peu, il ne s’était attendu ni aux lauriers ni au couronnes, mais pas non plus à ce qu’il se mette à bouder, ce type était vraiment bien compliqué. Il voulait jouer à ça, hé bien ils joueraient, Amalric aussi était capable de ne rien dire et de se renfrogner, c’était même un don chez lui, un don qu’il cultivait depuis ses plus tendres années et s’il ne prit pas l’allure de jeune délinquant que Mallory avait adopté, il eut quand même l’air un peu vexé à son tour.

Ce moment ne dura pas longtemps car déjà il reprenait ses aises, allons bon. Il réussit à masquer son étonnement en l’entendant faire la liste de ce qu’il avait, au vu des esquisses de la situation familiale qu’il lui avait dressé, le brun s’était mis dans la tête qu’il n’était vraiment pas bien riche, mais se voir confirmer à ce point-là ses doutes lui faisait se rendre compte du fossé qui les séparait.  « Tu veux un vélo ? » Il avait dit ça par réflexe et sans penser à mal. « Pardon. » Les gens avaient en général trop de fierté pour accepter de l’aide, il s’en était rendu compte au fil des ans. En outre il avait plus ou moins conscience que le ton désinvolte sur lequel il avait lancé la phrase comme si un vélo ne représentait rien pour lui –ce qui était cependant le cas- pouvait insulter les efforts que faisaient Mallory pour aider sa famille à garder la tête hors de l’eau. S’il se vexait à moitié parce qu’il soutenait les Hurricanes et qu’il l’avait plus ou moins défendu, il imaginait bien ce que ça pourrait donner d’étaler ainsi son aisance. Pour tenter de faire oublier sa bourde, il enchaina. « Par rapport au droit… je n’en sais trop rien, je ne sais même pas où sont les bâtiments, mais par rapport aux sciences il doit y avoir quinze vingt minutes à pied. » Il faisait toujours le chemin à pied quand il n’avait cours que là-bas, ça l’aidait à garder la forme et lui faisait prendre l’air.

À nouveau Mallory reçu un message, une vraie diva. En enfant bien éduqué –et en adulte qui n’en avait pas grand-chose à faire- il n’essaya même pas de lire ce qui était écrit, la dernière fois cela le concernait et il lui avait montré de toute façon, de ce qu’il en savait c’était peut-être un message de ses frères ou un truc du genre, il n’avait pas à fourrer son nez là-dedans. Le récital le surprit, le rouquin n’était ni du milieu, ni de la filière pour réciter du théâtre. En même temps il parlait d’une des tirades les plus connues au monde, si l’autre avait une mémoire d’éléphant, ce n’était pas étonnant qu’il s’en souvienne. Amalric aimait bien le théâtre, le théâtre classique tout du moins, le théâtre en alexandrins, la langue sonnait tellement belle découpée ainsi. Il répondit après quelques secondes de réflexion et avec un accent qui rendait ses mots plus drôles que dramatiques, il ne parlait français que lorsqu’il était en classe de français et les règles étranges de cette langue avaient toujours plus attiré sa concentration que la façon de la parler. « C’est comme il faut choisir, et l’amour véritable s’attache seulement à ce qu’il voit d’aimable : qui regarde les biens ou la conditions, n’a qu’un amour avare ou plein d’ambition et souille lâchement de ce mélange infâme les plus nobles désirs qu’enfante une belle âme. Je sais bien que mon père a d’autres sentiments et mettra de l’obstacle à nos contentements, mais l’amour sur mon cœur a pris trop de puissance pour écouter encor les lois de la naissance, mon père peut beaucoup, mais bien moins que ma foi, il a choisi pour lui, je veux choisir pour moi. » Il eut un léger sentiment de fierté qui le fit se redresser, il avait étudié cette œuvre quand il était encore au lycée, sa professeur de l’époque s’était mise en tête de la leur faire jouer, il s’était trouvé un rôle bien planqué au niveau de la conception des décors, mais manifestement il connaissait encore bien le texte. Même s’il venait de réciter une tirade de fille… Il se souvenait peut-être mieux de celles-ci que de celles des autres. En même temps, Lucy avait de très bons arguments pour pousser un garçon de 17 ans à écouter et à faire attention à la… gestuelle de la pièce.

S’il avait surpris le rougissement de Mallory il n’aurait pas répondu avec autant de décontraction. « Il y aura toujours des gens en manque tu sais… » Il haussa les épaules. « Surtout en février, ils se sentent seuls. » Tant que ça restait des gens qui lâchaient leur désespoir et leur solitude par message, il s'en tamponnait l'oreille avec une babouche, il était naturel pour les gens de parler et de juger ceux qui leur étaient supérieurs. Les fourmis s'énervaient quand un humain venait mettre son pied au milieu de leur ligne, tant qu'il ne s'agissait pas de fourmi mortellement dangereuses, l'humain s'en fichait bien. Il en allait de même avec les ressentis des gens à son égard, tant qu'ils étaient aussi insignifiant que les amis de Mallory et qu'ils restaient gentiment à leur place en ne venant pas lui parler, ils pouvaient bien penser ce qu'ils voulaient. Il commençait à avoir froid et planqua sa main gauche dans sa poche, l’autre étant coincée dans la main du Mather, à la merci du vent. Regardant vers où ils allaient il comprit qu’ils se dirigeaient vers les dortoirs où vivait Mallory, il n’aimait pas bien cette idée, il n’avait pas particulièrement peur des habitants des lieux, à ses yeux c’était tout au plus une bande de fumeurs de champignons qui devaient être en train d’halluciner sur des licornes et des prairies enchantées où tous les hommes et les dauphins seraient enfin égaux, mais généralement moins il les voyait mieux il se portait. « Tu as besoin d’aide pour aller chercher tes affaires ? » Il grimaça en lui adressant un regard. « Je ne suis pas sûr d’être le bienvenu là-bas. » Courageux, mais pas téméraire.
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« Tu veux un vélo ? » Mallory tourna la tête vers Amalric et le regarda quelques secondes, sans comprendre qu'il se proposait de lui en acheter un. Lorsqu'il finit par le réaliser, il cligna des yeux plusieurs fois comme pour accuser le coup et fronça légèrement les sourcils. Il était en proie à deux sentiments totalement opposés. D'abord, la colère de l'orgueil qui le faisait refuser l'aide de quiconque. Ensuite, la reconnaissance. Ce second sentiment l'emporta néanmoins sur le premier quand il entendit son partenaire s'excuser, preuve qu'il avait compris l'erreur commise. Sans doute qu'Amalric pouvait acheter un vélo aussi simplement qu'une boîte de chewing-gum à la caisse d'un supermarché. Peut-être même qu'il pouvait le payer en liquide avec l'argent qui se trouvait actuellement dans son porte-feuille. Mallory ne pouvait pas lui en vouloir pour ça. Ce n'était pas de sa faute s'il était né dans une famille riche. Au moins venait-il de montrer qu'il était suffisamment généreux pour ne pas utiliser cet argent à des seules fins personnelles. Peut-être bien qu'il avait un cœur après tout...
Dans la même situation, il savait que ses frères auraient sauté sur l'occasion. Ils n'auraient pas vu le mal à laisser un étranger leur acheter quelque chose – même aussi coûteux qu'un vélo. Ou alors peut-être que Little H en aurait carrément volé un ; c'était bien son genre. Les autres auraient considéré que, puisqu'Amalric l'avait embauché, il devait lui fournir le matériel nécessaire à son travail. Peut-être qu'ils avaient raison d'ailleurs. Mais le fait d'avoir l'impression d'être un mendiant à qui on jetait une petite pièce par la fenêtre d'une voiture retournait l'estomac du rouquin et l'empêchait d'accepter. Il irait donc à pied.

Tout en continuant de marcher d'un pas tranquille en direction du dortoir des Mather, Mallory remarqua que la main du beau brun était déjà plus détendue dans la sienne, comme s'il commençait à s'habituer au contact de leurs doigts mêlés. C'était une bonne chose. Ce fut au tour de son partenaire de le surprendre en récitant une réplique de théätre. Elle était dite dans une langue qu'il avait un peu commencé à étudier sur son temps libre mais il n'avait reconnu que quelques mots et donc deviné sa provenance uniquement par les intonations de celui qui l'avait dite. Il resta subjugué par le français de son partenaire. La musicalité de cette langue était très intéressante. Sa réplique semblait issue d'une pièce plutôt classique – les préférées de Mallory qui ne supportaient pas de voir la troupe de l'université mettre en scène des chefs d’œuvre du théâtre adaptés au XXIème siècle. L'un des pires sacrilèges selon lui. C'était fou mais Amalric était en train de remonter en flèche dans son estime avec toutes ces remarques. Il fallait espérer qu'il ne fasse pas les montagnes russes ; son cœur ne pourrait pas supporter à l'infini d'aller de bonheur en déception et inversement.

Alors que le bâtiment de la Mather House se profilait au détour d'un autre, Mallory se demanda pourquoi son petit-ami affirmait que la solitude touchait plus les gens en février. Et puis, il se souvient de l'invitation à une fête qu'il avait reçu par sms il y a quelques jours. La Saint-Valentin, bien sûr. Il avait complètement oublié. Il fallait dire aussi qu'il ne participait à aucune fête calendaire. Pas même Noël. Les cadeaux, c'était bien joli mais encore fallait-il pouvoir les acheter. Pour ne pas avouer être nouveau dans ce domaine en plus d'être généralement économe, le rouquin ne commenta pas.

« Non, non. Je peux y arriver tout seul. Attend-moi là si tu veux. » Ils s'arrêtaient à une dizaine de mètres du bâtiment devant lequel quelques étudiants discutaient tranquillement. Mal' jeta un œil vers eux avant de se tourner vers son petit-ami. « Enfin, tu sais, tu es plus en sécurité ici que moi devant la Eliot House. J'ai pas mal d'os brisés qui peuvent le prouver. Les Mather sont peut-être des petits cons mais, à part subir leur humour douteux, tu ne risques rien. » Comme s'ils voulaient prouver ses dires, deux jeunes hommes de sa confrérie qu'il connaissait les remarquèrent à l'écart et s'avancèrent vers eux, un sourire sincère aux lèvres. Ils leur serrèrent la main. « Salut, les gars. J'en croyais pas mes yeux quand je vous ai vu vous rouler une pelle vers le bâtiment d'économie y a un quart d'heure » leur confia un grand black avant de caler un fond de joint au coin de ses lèvres. « Ouais, je suis dégoûté. Si j'avais su que t'étais gay, je t'aurais dragué depuis longtemps. » se plaignit un petit blond avec la coiffure de Justin Bieber en regardant Amalric. Mallory roula les yeux et lâcha la main de son petit-ami pour la glisser dans son dos et se rapprocher de lui. « Hey, pas touche, Karl. C'est mon mec. » Il tourna la tête vers le dernier des Prince et déposa un rapide baiser sur ses lèvres avant de lui glisser d'une voix aussi mièvre que les couples noeunoeuds qu'il voulait justement imiter : « Tu m'attends là, mon cœur ? J'en ai pour deux minutes, grand max. » Après un nouveau baiser très bref, il lâcha son partenaire et monta les marches du porche en trottinant avant de s'engouffrer dans la maison.

Si ses collègues posèrent des questions à Amalric pendant qu'il rassemblait ses maigres affaires, il n'en eut aucune idée.

Il avait fourré ses livres et ses habits propres dans son sac à dos en toile – il avait caché le DVD des Mighty Ducks dessous – tandis que ses habits sales étaient entassés sans précaution dans un sac poubelle vide pour ne pas les mélanger. Son ordinateur portable était dans une vieille housse encore fonctionnelle. Puis il redescendit vite pour retrouver celui qui se faisait passer pour sa moitié. En le voyant revenir avec tout son bazar, le grand black s'exclama : « Mais c'est sérieux alors ? Vous emménagez ensemble ? C'est dingue. Ma meuf et moi, on sort ensemble depuis deux ans et je lui laisse même pas poser sa brosse à dents. Vous avez eu le coup de foudre ? » Mallory lui sourit et répliqua avec humour : « C'est plutôt que j'en ai marre de ces murs en papier. J'ai envie de pouvoir gémir son nom sans en faire profiter tout le bâtiment. Allez, à la prochaine, les gars. » Les blagues salaces lui permettaient toujours de s'extirper d'une conversation.

Pendant qu'ils marchaient en sens inverse avec son petit attirail, Mallory fit bien attention de ne pas croiser le regard d'Amalric. Il était sensé faire croire aux autres qu'ils couchaient ensemble mais faire de fausses réflexions sur le sujet était quand même un peu embarrassant. Et, mine de rien, il avait hâte de savoir comment la cohabitation allait se passer. Est-ce qu'il allait résister à le voir en pyjama (enfin en caleçon et torse nu) avec ses cheveux en bataille les matins au réveil ? S'il était vraiment trop adorable, il se réservait le droit de foutre son contrat en l'air pour le reverser sur le lit et l'embrasser avec passion, jusqu'à sentir ses barrières céder. Ce qui pouvait prendre du temps. Ce qui, du coup, ne lui posait aucun problème. Au contraire.

« Au fait, mhh... la Saint-Valentin c'est toujours une grosse soirée pour le club où je bosse. Y a plein de mecs qui pensent que noyer leur célibat dans l'alcool c'est une bonne idée. Enfin, quoi qu'il en soit, le boss m'a demandé si je pouvais bosser cette soirée-là avec deux heures en extra. Est-ce que... est-ce que ça t'ennuie ? » Craignant de n'avoir pas bien formulé son inquiétude, il reprit : « Tu voulais qu'on aille s'afficher quelque part ou je suis libre ? » Il n'avait jamais demandé à Amalric ce qu'il pensait de son travail de gogo-dancer dans ce nightclub gay un peu miteux du centre-ville. Son temps passé là-bas était occupé à onduler son corps finement musclé revêtu d'un simple boxer bleu électrique, sur un podium, dans les lumières des projecteurs. Rien de bien digne. Mais ça payait bien. A la signature de leur contrat de compagnonnage, Amalric avait voulu le faire complètement démissionné mais Mal' avait obtenu de n'y bosser plus que deux soirs par semaine au lieu de six. C'était déjà un grand sacrifice, même si la paie du Prince était suffisante pour compenser (et plus encore) ce qu'il avait consenti à perdre. En fait, s'il avait absolument voulu conserver un peu de ses heures dans un endroit aussi craignos, c'était pour ne pas oublier que c'était le milieu auquel il appartenait réellement, que même s'il allait vivre dans le luxe d'Amalric quelques mois, ça ne durerait pas toujours.
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Amalric observa Mallory d’un air étrange quand il mentionna ses os cassés, il connaissait la nature de ses relations avec Phoenix, il pensait juste que ce dernier s’arrangeait pour "gonfler" sa réputation. Il laissa échapper un soupir discret, il ne comprenait pas pourquoi le rouquin continuait à le chercher encore et toujours, le président des bleus était un abruti. Il faisait partie de cette catégorie des Eliot qui lui faisait honte, il avait de l’argent et il se croyait tout permis, pas le genre à utiliser à sa fortune pour des œuvres caritatives, toujours à la limite de la légalité –quand il n’était pas carrément de l’autre côté- . Amalric ne se considérait pas non plus comme le parfait petit mécène, il aurait rejoint les Quincy s’il avait cru à ces histoires, mais il mettait un point d’honneur à se désolidariser de ce type de personnes. Mentalement tout du moins, car il n’allait pas prendre parti contre un autre bleu publiquement, surtout à deux pas de la Mather House. Il observa les deux amis de Mallory s’avancer vers eux en tachant de dissimuler au mieux son mépris. S’il était censé sortir avec lui, il devait aussi faire semblant de ne pas détester chaque membre de sa confrérie, il adressa intérieurement une courte prière à Dieu, lui demandant de lui prêter un peu de patience. Il avait déjà du mal avec un, alors trois Mather d’un coup à supporter… il hésita un instant en voyant la main qu’on lui tendait, non, il n’avait pas envie de fraterniser avec celui qui, avant même d’avoir ouvert la bouche, avait été catégorisé dans la case "abruti fini", la main de son petit ami dans la sienne ne lui laissait cependant pas beaucoup de choix. En outre, plus vite Mallory irait chercher ses affaires, plus vite il pourrait mettre ce bâtiment de déchets derrière lui, il n’avait pas d’autre choix que de faire profil pas.

Sa prière semblait avoir fonctionné puisqu’il parvint à se pas lever les yeux au ciel, ni aux mots, ni aux gestes du plus grand d’entre eux qui semblait considérer normal de montrer à tout le monde qu’il n’était qu’un drogué sans avenir. Il s’efforçait de ne pas prêter une oreille trop attentive à ce qui se disait, chantonnant intérieurement "Help!" pour distraire ses pensées. Cela ne suffisait pas cependant à le rendre complètement sourd et un éclair de dégoût, bien vite dissimulé, transparut dans ses yeux à la phrase du blond. Ce n’était pas tant de dire qu’il était gay qui l’ennuyait –il essayait depuis tout à l’heure de faire croire au campus entier qu’il l’était-, mais que ce… "truc" puisse penser avoir l’ombre d’une chance avec lui était carrément insultant. Étrangement il fut soulager de sentir Mallory se rapprocher de lui, s’il pouvait lui éviter des remarques de ce genre, il lui en était reconnaissant. Resté seul avec les deux Mather, il ne savait dire s’il trouvait le silence gênant ou rassurant, il n’avait toujours pas décroché un mot et ne comptait pas leur parler de toute façon, cherchant il refuge il sorti son téléphone "appels manqués : 3 Tom" Hmpf. Le mot "Big Brother" prenait tout son sens en des moments comme ça, des amis à lui étaient venu à Harvard et il lui semblait parfois que leur unique occupation était de le surveiller et de rapporter les moindres de ses faits et gestes à son frère. Il n’avait pas envie de lui parler, mais il n’avait pas non plus envie de rester avec les amis de Mallory, s’éloignant de quelques pas pour passer son appel, il se préparait au pire.
« Ouais ? »
« Ça va ? »
« Ouais, ouais, t’appelles pourquoi ? » Il avait déjà une voix énervée, il l’avait toujours quand il parlait à son frère, si bien que lui-même se demandait pourquoi il n’avait pas pris plus de coups en grandissant. De la pitié sans doutes.
« C’est quoi cette histoire depuis tout à l’heure ? Ama, tu n’es pas gay, qu’est-ce que tu fais avec un mec ? »
S’il y avait une chose qui l’énervait encore plus que de se disputer avec son frère –malgré tout le cœur qu’il y mettait-, c’était qu’il avait bien souvent raison, ainsi cherchait-il toujours à éviter la conversation. « Attend, je prends de quoi noter, explique-moi comment vivre ma vie, c’est bon, je t’écoute. »
«  C’est à cause de papa ? »
Silence. « Aucun rapport, arrête de penser que tout tourne autour de vous, j’ai une vie ici aussi. »
« Admet que le timing est troublant. »
Oui. « Circonstanciel votre honneur. »
« Pourquoi tu prends toujours les choses comme ça ? Je suis de ton côté, arrête d’en douter pour une fois dans ta vie. »
« Alors arrête de me faire chier pour une fois dans ta vie. » La discussion était terminée. Il entendit son frère soupirer.
« Bonne journée. » La tonalité résonna quelques instant à ses oreilles avant que son téléphone ne raccroche à son tour, il resta là quelques instants. À force d’avoir ce genre de conversations il finirait par atteindre un point de non-retour, il en était conscient, il en avait peur aussi, mais ils n’avaient plus été capable d’avoir une conversation constructive depuis un peu plus de dix ans. Il ne faisait rien non plus pour arranger les choses. Il revint vers les deux gus à peine quelques secondes avant que Mallory ne déboule des marches avec ses affaires. Il n’avait vraiment pas grand-chose, ce n’était pas un mensonge. Il pâlit à vue d’œil en entendant sa réponse à son ami et tentant de le dissimuler en commençant à marcher pour rentrer chez lui. En temps normal il se serait proposé pour porter quelque chose et ne l’aurait pas laissé ressembler à un mulet avec des sacs plein les bras, mais la conversation qu’il venait d’avoir et la plaisanterie du rouquin l’avaient passablement énervé, lui faisant oublier les bases même de la politesse. Les mains dans les poches et l’air renfrogné, il était tout à fait prêt à passer tout le trajet sans décrocher un mot. C’était sans compter le moulin à paroles qu’il avait engagé. Il eut du mal à voir où l’autre voulait en venir, l’écoutant raconter son histoire d’une oreille distraite. Quand enfin il comprit il le regarda d’un air interloqué, la saint valentin était dans quatre jours et il s’en préoccupait maintenant, d’un autre côté, ils n’étaient pas vraiment ensemble et il était logique qu’il ne se soit pas fait des films sur la journée qu’ils allaient passer ensemble. Il n’avait jamais fêté cette journée, ayant toujours été célibataire à ce moment de l’année –et à tous les autres- et l’avait toujours considérée comme idiote. Haussant les épaules il se contenta de répondre machinalement « Tu fais ce que tu veux, je ne suis pas catholique. » Il aimait bien cette excuse, elle marchait plutôt bien en règle générale, certains venaient lui rétorquer que ce n’était plus à propos de célébrer le martyr d’un saint, mais de célébrer l’amour et les chocolats, mais il trouvait toujours à répondre, peu lui importait ce qu’était devenu cette journée, son origine était toujours là et la sauvait toujours de l’embarras de n’avoir personne avec qui célébrer. Cette année il avait bien quelqu’un, mais il ne l’aimait pas, il ne l’aimait pas et ne lui pardonnait pas sa plaisanterie, aller travailler dans cet endroit calmerait peut-être ses hormones.

En réalité il était loin d’apprécier l’idée qu’il travaille là-bas le jour de la saint valentin, ou tout autre jour pour la même raison qu’il ne supportait pas qu’on l’insulte. Aussi méprisable qu’il était, il était le seul à avoir le droit d’en être conscient, les choses allaient ainsi. « Faudra quand même qu’un jour tu m’expliques ce qu’il y a de si bien à… travailler dans ce genre d’endroits. » Il n’y avait jamais mis les pieds, mais il imaginait bien le genre de clientèle, ça ne devait pas être les types les plus beaux de Cambridge, on n’allait pas regarder des gens danser quand on pouvait aller beaucoup plus loin avec d’autres. « Tu dors beaucoup au fait ? » Lui, avait l’habitude de se lever assez tôt, ça lui laissait plus de temps pour ne rien faire dans la journée et s’ils devaient vivre ensemble, il fallait bien qu’il sache deux trois choses sur les habitudes de vie de son partenaire.
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« Puisque tu as l'air d'aimer les chiffres, tu devrais comprendre. On va faire le calcul au mois. Le loyer de la maison à Chicago est de 1200 dollars. Pour garder l'eau et le chauffage, c'est 70 dollars de mieux. Finn, Mickey, Bray et Little H doivent prendre le bus pour aller à leurs écoles car elles sont trop loin pour qu'ils rendent à pied. Ça fait 30 dollars de plus, chacun, soit 120 dollars. On en est déjà à 1390 dollars à ce point. » Il marqua une pause pour voir si Amalric suivait. « Eli a besoin d'une voiture pour aller bosser. Un plein d'essence coûte 50 dollars. Il y a six bouches à nourrir, ce qui représente à peu près 250 dollars de courses. Donc 1690 dollars en tout. Dans ce calcul, il y a une variable incertaine avec laquelle il faut pourtant composer parce qu'il faut savoir que ma mère finira au poste de police entre trois et sept fois, pour divers motifs comme ivresse sur la voie publique, bagarre dans un bar, coups et blessures, racolage et autres choses joyeuses dans le genre. Admettons qu'on prenne la moyenne basse de trois arrestations et la moyenne des primes nécessaires au règlement de sa caution, on arrive à un total de 800 dollars. Nous venons donc de passer à 2490 dollars de frais pour un mois. » Mallory fronça les sourcils, ennuyé par ses propres conclusions. « Eli bosse dans un magasin de bricolage qui lui tue le dos et lui donne le salaire minimal aux États-Unis, soit 7,25 dollars de l'heure. A la fin du mois, il touche un peu moins de 900 dollars. Si tu as suivi, tu sais donc qu'il reste encore 1590 dollars à payer. Notre grand frère qui est en taule ne touche rien. Les petits sont trop jeunes pour travailler. On fait les poches de notre mère les rares fois où elle rentre à la maison, trop bourrée pour s'en rendre compte – et on arrive parfois à lui soutirer 100 dollars. Cette enfoirée arrive à boire l'équivalent de ce qu'elle touche en faisant le trottoir ET l'intégralité du chèque de pension qu'elle reçoit tous les mois sensé l'aider à élever ses enfants. » Sa gorge se serra tandis qu'il tournait la tête à l'opposé d'Amalric pour avouer la dernière partie. « Il reste 1490 dollars à payer. Et il n'y a personne d'autre que moi pour le faire. Le club me donne 100 dollars par soir que je passe à danser, presque nu, dans leur putain de boxer immonde à me faire reluquer par de vieux pervers qui ne se gênent pas pour laisser traîner leurs mains collantes sur moi. Je dansais six soirs par semaine, pendant quatre heures d'affilée, donc je touchais 2400 dollars par mois. En réglant la totalité de ce qui manque pour mes frères, il me reste 910 dollars pour moi. Je ne te mentirai pas à ce sujet : la plus grande partie va dans la meth, l'héroïne et n'importe quoi qui peut me faire oublier à quel point ma vie est merdique. Et, s'il me reste un peu d'argent à la fin du mois, je m'en sers pour manger. »

Mallory serra la mâchoire. S'il n'avait pas eu les mains prises par ses sacs à ce moment-là, il se serait allumé une cigarette. Tant pis s'il ne fumait pas le matin normalement. Comme si son estomac savait qu'il venait de parler de bouffe, il se mit à gargouiller. Le jeune homme essaya de se souvenir de la dernière chose qu'il avait mangé mais il n'y parvint pas. Il avait passé sous silence quelques petits extra qu'il faisait pour arrondir les fins de moi de sa famille à Chicago, histoire qu'ils ne soient pas toujours en flux tendu, pour pouvoir s'acheter aussi des affaires d'école et des vêtements quand les leurs étaient vraiment trop usés pour être porter. Quelque chose lui disait qu'Amalric n'était pas prêt à entendre qu'il s'agenouillait dans des ruelles certains soirs pour donner du plaisir à des pauvres mecs disposés à payer pour ça. Il ne lui dirait pas non plus qu'il avait tourné un porno il y a quelques mois. De toutes façons, qu'est-ce qu'il en aurait eu à faire ? Il avait été clair lors de la signature du contrat que c'était un job, pas une vraie relation. Apparemment, il ne voulait même pas qu'ils soient amis.
Le rouquin lui avait raconté ça pour qu'il comprenne qu'il n'avait pas le droit de le juger pour son job. Il était conscient que c'était dégradant. Il avait lui même envie de vomir chaque fois qu'il enfilait sa 'tenue de travail'. Qu'il lui en trouve un autre aussi bien payé où il pourrait rester habillé tout en continuant de suivre ses cours à l'université et il démissionnerait sur le champ. Mais voilà. Seul le monde lugubre de la nuit offrait ces avantages. Il lui fallait donc composer aussi avec les inconvénients. Alors, oui, Amalric payait bien. Assez bien pour qu'il puisse se permettre d'abandonner quatre soirées de travail sans que le budget familial n'en soit bouleversé. Mais pour combien de temps ?

Pendant son explication, il avait zappé la question sur le sommeil. « Tu travailles à coté de tes cours, toi ? » demanda-t-il machinalement, oubliant momentanément à qui il parlait. Quand il s'en rendit compte, il se fustigea mentalement. Sans doute pas. Le Prince avait assez d'argent pour ne pas avoir à le faire. Un argent qu'il n'avait sûrement pas gagné lui même d'ailleurs. Mallory essaya de s'imaginer en train de dépenser un argent qui ne serait pas le sien mais il n'y parvint pas. Ce serait trop étrange. « Parle-moi de la famille dont tu veux à ce point te venger. » Il s'était confié. Ce ne serait que justice que les rôles s'inversent à un certain point.
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Ils avaient tous dû se donner le mot, il tentait une phrase banale sur le ton de la discussion, se fichant à moitié de la réponse et voilà que l’autre se lançait dans un monologue moralisateur sur sa pauvre famille qui avait besoin de lui pour survivre. Touchant. En d’autres circonstances, il se serait probablement ému de  la situation, se serait excusé d’avoir posé la question ou une autre mièvrerie de ce genre, mais Mallory faisait –sans le savoir- écho à la discussion qu’il venait d’avoir avec son frère et il ne se laisserait pas faire la morale deux fois dans la même journée, surtout pas par lui. Il reprit donc sa mine renfrognée, calculant machinalement tout ce que lui racontait le rouquin, établissant malgré lui un compte de résultat dans sa tête. Ce réflexe le fit sourire, c’était la preuve que quelque chose finissait par rentrer de ses études. Il leva les yeux au ciel en constant l’ordre des priorités que Mallory suivait, s’il dépensait un peu moins d’argent pour se droguer et un peu plus pour vivre convenablement, il se rendrait vite compte que sa vie n’était pas si pourrie que ça. D’accord il venait d’une famille à problèmes, mais il étudiait quand même à Harvard, l’une des plus prestigieuses universités du monde, il avait des amis –quand bien même ils étaient abrutis-, il était intelligent, était doué pour les études, puisqu’il dansait dans un bar et qu’il était payé pour ça ça devait vouloir dire qu’il n’était pas trop moche non plus… Mais tous ces points là il les oubliait en se droguant, il était donc passablement idiot quand même et cela expliquait ce qu’il foutait chez les Mather malgré ses résultats. Il s’enfermait lui-même dans un cercle vicieux et venait ensuite faire des leçons de morale aux autres, il ne manquait décidément pas d’air. Amalric lui aurait bien fait partager le fond de sa pensée, mais il avait encore trop de tact pour ça et puis de toute façon il avait fini par comprendre que ça ne servait à rien de discuter avec des drogués, ils n’admettaient jamais avoir un problème.

Il jeta un regard interloqué à Mallory en entendant sa question, bien sûr il se doutait qu’il allait relancer la conversation, personne n’aimait finir sur des révélations trop personnelles, mais de là à sortir ce genre de phrase bidon… « Non. » répondit-il tout simplement, il aurait pu se lancer dans un monologue à son tour, racontant avec émotion comment, une fois, il avait sauvé une coccinelle de la noyade et que mine de rien c’était un boulot à plein temps, mais il préférait bouder, c’était moins fatiguant. Puis vint la question qu’il redoutait depuis un moment, il savait qu’elle allait venir, il ne savait juste pas quand et il regretta de ne pas avoir préparé de réponse plus adaptée que celle qu’il servait machinalement quand on lui posait des questions sur sa vie de famille. « Mon père dirige une entreprise de recherche pharmaceutique, ma mère a une association de protection des animaux. » Ca faisait toujours réagir les gens ce genre de mélange, pour beaucoup l’industrie de la pharmacie était l’une des principales menaces pour la vie animale avec tous les tests pratiqués pour vérifier l’efficacité des médicaments. On accusait souvent ses parents d’être hypocrites à ce sujet, mais il n’avait jamais bien compris pourquoi, tester les médicaments sur des êtres vivant était nécessaire, sinon on n’avançait jamais, mais cela n’empêchait pas de souhaiter une vie meilleure pour eux, les gens voyaient le monde de façon trop manichéenne s’ils ne comprenaient pas ça. « Jett vient de là d’ailleurs. » Très courte pause. « D’un refuge, pas d’un laboratoire. » Mallory aurait probablement compris sans la précision, mais elle l’amusait. Le prévenir qu’il avait un chien avait été une des premières choses qu’il avait faite quand ils avaient commencé à négocier, pour une raison qui lui échappait, certaines personnes continuaient à avoir peur des chiens. « Je t’ai mentionné mon frère auparavant, il est en neuvième année, il fait du droit de l’environnement. Sa femme aussi. » Il savait que Mallory attendait plus de détails, il voulait savoir pourquoi il était en train de déménager, le problème n’était pas qu’il ne voulait pas lui dire –même si ce sujet-là aurait pu être soumis à des interrogations-, mais qu’il ne savait pas quoi lui dire. Toute sa colère envers sa famille n’était que subjective, il le savait bien, elle s’était construite en vingt années de ressenti, ce n’était pas le genre de chose qu’il pouvait facilement résumer sans paraitre excessivement faible ou excessivement pourri. Au moins, l’autre avait-il des faits marquants pour étayer ses dires, lui n’avait rien d’autre qu’un genre de mal être qu’il ne savait pas expliquer. « C’est une longue histoire. » Ca n’avançait pas à grand-chose. « Tu devrais vite comprendre, mais c’est pas bien facile à expliquer. » Inconsciemment il avait baissé la tête et la voix, il ne boudait plus, il était gêné. De tout son cœur il espérait qu’en effet Mallory comprenne, qu’il voit ce qu’il se passait, il avait besoin que quelqu’un soit là et lui dise qu’il ne se conduisait pas comme un gamin de dix ans. Tout ce qu’il avait jusqu’à présent c’était des amis qui le soutenaient certes, mais ils ne comprenaient pas et avec ce que lui racontait son petit ami il se mettait à avoir des doutes sur le bien-fondé de sa croisade, peut-être imaginait-il tous ses problèmes familiaux ? Il lui fallait un témoin pour être sûr de ne pas être fou.

Doucement il attrapa un des sacs des mains de Mallory, comme s’il venait simplement de redescendre sur Terre. À partir de ce moment ils sortaient du campus et Amalric prit les rennes de leur petite expédition pour le mener jusqu’en bas de chez lui. « On y est. » Le bâtiment commençait à vieillir, s’il avait dû le dater il l’aurait placé dans les années 60 -la dernière décennie avant que les architectes ne sombrent dans la drogue et ne se mettent à réaliser des immeubles vert radioactif-, mais l’intérieur avait été refait à neuf une dizaine d’années plus tôt. Il avait l’habitude des escaliers et il s’engagea d’abord dans cette direction puis réalisa qu’il n’était pas seul et qu’ils étaient chargés et rebroussa donc chemin en direction de l’ascenseur. Il retint un soupir d’aise en rentrant chez lui, heureux à l’idée de ne plus avoir à faire semblant. « Et voilà. »
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Mallory fut soulagé de ne pas entendre de commentaires de la part de Amalric. S'il avait formulé ses pensées en mots, le rouquin lui aurait littéralement pété le nez. Contrat ou pas contrat. Peu importe qui aurait été témoin.
Ce fut à son tour de l'écouter parler de sa famille. Une entreprise de recherche pharmaceutique. Huh. Pas étonnant qu'il soit si riche. Ça devait rapporter gros ce genre de choses. Mallory aimait bien les animaux – surtout les chiens – mais ne vous attendez pas à le voir pleurer sur le sort des rats de laboratoire. Il n'était pas hypocrite. Si tuer des rongeurs pouvaient permettre de trouver un remède aux maladies qui touchaient les hommes, les femmes et les enfants, il n'allait pas s'y opposer. La mention de son grand-frère n'eut pas l'air d'être un moment agréable. Déjà neuf ans de droit. Marié. Il avait l'air d'être drôlement sérieux. Le rouquin ne savait pas encore si son cadet l'avait suivi sur cette voix. Enfin, peut-être pas sur la voie sociale car il le savait fêtard jusqu'à il y a encore quelques semaines. Son changement de comportement avait-il un lien avec cette famille dont il voulait se venger ? Sans doute. A quel point ? Il ne le savait pas encore. Visiblement, qu'on soit pauvre ou qu'on soit riche, la famille est toujours une source d'inquiétudes.
Le jeune homme fit surpris de sentir la main d'Amalric effleurer la sienne alors qu'il avait boudeur un instant plus tôt. Ce n'était pas pour entremêler leurs doigts cependant mais pour le décharger d'un sac. Mallory faillit protester mais il s'abstint, conscient qu'il ne pouvait pas gagner toutes les batailles.
L'immeuble dans lequel le Prince habitait n'était pas trop moderne mais il avait justement un cachet intéressant. Dans le hall, Amalric se dirigea d'abord vers la cage d'escalier et son partenaire le suivit docilement avant de le voir changer d'avis et opter pour l'ascenseur. Tandis que les numéros défilaient sur le tableau, il se demanda si l'autre n'avait pas renoncer aux marches pour lui épargner une montée chargée de son gros sac à dos alourdis par ses livres de cours et ses vêtements. Cela aurait été drôlement attentionné de sa part.

Quand Mallory passa la porte de l'appartement d'Amalric, sa mâchoire se décrocha. L'endroit n'avait rien à voir avec chez lui. Tout était... classe, propre, bien rangé. Il avait envie d'enlever ses chaussures pour ne rien salir tellement il était impressionné. Les meubles étaient assortis les uns aux autres et choisis avec goût. Il se serait cru dans un catalogue Ikea. A peine avait-il lâché ses sacs sur le sol dans l'entrée qu'un gros chien débarqua, euphorique, pour lui foncer dessus. Il fit d'abord la fête à son maître avant de tourner autour de Mallory, reniflant avec application ses baskets et le bas de son pantalon. Le rouquin avait toujours adoré ces animaux. Ils étaient si intelligents. Il avait souvent rêvé d'en avoir un en grandissant mais les Bellwether ne pouvaient prendre une bouche de plus à nourrir. Il tomba à genoux devant l'animal et précipita ses mains dans son long pelage soyeux. « Salut, Jett ! Tu es vraiment,vraiment, magnifique ! » La bête se laissa câliner avec un plaisir visible dans ses petits yeux intelligents. Mallory déposa un rapide baiser sur son museau et colla sa joue contre sa tête. Comme le chien lui donna un petit coup brusque, il fut déséquilibré et tomba en arrière sur les fesses. Là, contre toutes attentes, le jeune homme se mit à rire tout en continuant de caresser l'animal ravi. Son visage s'était détendu et il semblait plus heureux maintenant qu'il ne l'avait jamais été. Son regard croisa celui d'Amalric toujours debout à coté de lui et il rougit un peu en lui adressant un sourire. « Ton chien est trop cool. C'est une grosse peluche en fait. » Il couvrit encore un peu la tête touffue de Jett de bisous sonores puis se remit sur ses pieds. Il finit par vraiment enlever ses chaussures et les laissa dans l'entrée avec ses sacs pour s'avancer timidement à l'intérieur de l'appartement. La cuisine, le salon et la chambre étaient alignées dans la pièce principale. Il ne voyait qu'une autre porte ; sans doute celle de la salle de bain. Il n'y avait donc pas de chambre d'amis. Il jeta un coup d'oeil au canapé. Il avait l'air d'être un de ces trucs en cuir d'Italie super chers et super précieux. De toutes évidences, il ne pouvait pas se déplier en lit. S'il devait estimer la taille, il aurait dit qu'il était trop grand pour tenir allongé dessus mais il avait dormi dans des circonstances bien pires alors il n'allait pas se plaindre. Parce que, oui, il savait déjà qu'Amalric ne voudrait pas partager son lit. Même si Mallory n'avait pas l'intention de lui sauter dessus pendant la nuit, le beau brun pensait sans doute que les gays voulaient sauter n'importe quels mecs et devait donc limiter les contacts.
En parlant de contacts, le jeune homme songea qu'ils étaient seuls à présent. Il n'était plus question de se tenir la main ou de se taper des smacks pour faire circuler une rumeur. Il n'y avait personne à convaincre ici. Jett trottinant gaiement sur les talons, il fit le tour de l'appartement. Tout était si ordonné qu'on aurait dit que personne ne vivait ici. Les toilettes étaient dans la même pièce que la douche - douche qui était plus grande que la normale, non pas que Mallory nourrisse quelques idées impliquant cette qualité. Il prit une grande inspiration pour sentir l'ambiance et aima bien ce qui en résulta. Par les fenêtres, on voyait la rue en contrebas. Il avait l'air bien exposé. Et il y avait un chauffage fonctionnel. Oui, vraiment, il se sentait bien ici. Se tournant vers Jett, il gratta sa tête entre ses deux oreilles et lui demanda d'une voix sérieuse mais étonnamment chaude comparé à son timbre habituel : « Qu'est-ce que t'en dis, mon vieux ? Tu crois que ton maître et toi pouvez me faire une petite place pour quelques temps ? Promis, je ne toucherai pas à tes croquettes. » Il rie doucement quand l'animal lui donner un coup de museau contre la jambe et se redressa.

« Où est-ce que je peux mettre mes affaires ? Enfin, mes vêtements et mes livres quoi. » Il avait l'impression que peu importe l'endroit où il les mettrait, ils feraient tache dans ce décor aseptisé. Avant de le laisser répondre, il donna un coup de menton en direction de la partie cuisine et s'enquit : « Tu sais cuisiner, toi ? » Mallory savait. En même temps, avec six frères, il fallait mieux avoir choppé deux ou trois trucs dans ce domaine. Il avait toujours tenu à ce qu'ils mangeant à peu près équilibré. Il ne faisait pas des plats très compliqués mais ils étaient généralement très bons.
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Jett était du genre collant et s’il en avait l’habitude et le plaisir, il était conscient que tout le monde n’appréciait pas forcément de se faire accueillir par une boule de poil débordante d’affection. Ainsi il envisagea dans un premier de le calmer en le voyant se précipiter vers Mallory. La réaction de ce dernier l’en dissuada, sans le savoir peut-être, il gagnait des points dans son estime. S’entendre avec son chien était en effet un prérequis avant de vouloir prétendre devenir son ami, le rouquin venait de passer ce test avec brio. Il ne pouvait s’empêcher de sourire en voyant le début de complicité qui s’installait, malgré son caractère qu’il savait par moments –voire toujours- exaspérant, il n’arrivait pas à être de mauvaise humeur avec un chien dans les parages. « Ne lui dit surtout pas qu’il est G.R.O.S., il va mal le prendre » conseilla-t-il avait un regard qui faisait qu’il était impossible de savoir s’il plaisantait ou s’il était sérieux. Il l’observa faire le tour des lieux avec un brin d’appréhension, ils avaient convenu qu’ils vivraient ici tous les deux et l’appartement aurait convenu s’ils avaient vraiment été en couple, mais dans leur situation c’était peut-être un peu étroit. Mallory avait dû grandir avec moins d’espace que ça à Chicago, il en était conscient, les dortoirs dont ils venaient en revanche, étaient probablement d’une taille très convenable, il n’allait peut-être pas apprécier ce retour en arrière. Il ne fit cependant aucune remarque et Amalric crut voir une validation dans la façon que l’autre eût d’observer les lieux, c’était déjà ça de prit.

Il tiqua sur la deuxième question de son petit ami, lui, qu’est-ce que ça voulait bien vouloir dire ça ? Qu’il devait avoir grandi avec cinquante chefs cuisiniers à ses bottes et qu’il ne faisait pas la différence entre une poêle et une casserole ? Ça faisait deux ans qu’il avait cet appartement, Mallory s’imaginait-il qu’il se faisait livrer tous les soirs ? « Oui, je sais cuisiner, moi » Il avait dit ça avec un peu de rancœur dans la voix. « Enfin je cuisine. » Il faisait une grande différence, il savait faire des trucs assez simples et même deux trois machins un peu  plus complexe, mais quand on avait déjà mis les pieds dans les restaurants où il avait pu diner en famille, on avait tendance à se dire qu’on savait à peine faire cuir des œufs. En face de la porte de la salle de bain, il fit glisser un  panneau coulissant pour découvrir un placard aussi bien rangé que le reste. Il avait fait de la place en prévision de ce jour et la moitié de l’endroit était vide ayant  naïvement pensé que le Mather devait avoir autant d’affaires que lui. « Tu peux les mettre ici. » Il était à moitié gêné de la scène, essayant de voir un peu mieux la place que pourraient prendre les affaire en question, à vue d’œil il aurait dit qu’il aurait besoin de la moitié de la place qu’il lui avait préparé, mais se rassura en s’imaginant que, dans les sacs, tout était royalement roulé en boule et compacté pour prendre le moins de place possible.

Essayant d’éviter le regard de Mallory il croisa celui du lecteur dvd –enfin façon de parler, le lecteur était bien incapable de regarder où que ce soit- et l’heure qu’il vit affichée le rappela à ses devoirs d’hôte. « Tu veux manger quelque chose peut-être ? Ou boire. » Joignant le geste à la parole il se dirigea vers le coin cuisine, remplissant au passage la gamelle d’eau de Jett. Lui-même n’avait pas vraiment faim, il mangeait tard en général, ce qui n’allait certainement pas arranger la vie en couple, certains de ses amis avaient déjà passé la nuit ici –pendant les périodes de partiel en général- et il avait fini par comprendre que les odeurs de cuisine à onze heures alors que certains pensaient déjà à se mettre au lit n’était pas la meilleure façon d’accueillir quelqu’un. Il faudrait donc qu’il fasse des efforts là-dessus, ça commençait mal. Tandis qu’il attendait la réponse il observa un instant par la fenêtre, le temps n’avait pas été aussi dégagé depuis la semaine dernière , il faisait même étonnamment doux, pour la saison bien sûr, il était tout de même heureux d’être enfin à l’intérieur et frotta ses mains pour les réchauffer, porter le sac l’avait obligé à les garder exposées au froid et il lui semblait qu’elles étaient encore gelées. « L’endroit te va au fait ? » Ce n’était pas comme s’il avait vraiment le choix, il n’allait pas déménager s’il répondait non, mais il était poli de demander et se sentirait soulagé d’un poids s’il était certain qu’il ne séquestrait pas Mallory dans un endroit qui lui donnait envie de vomir.
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Quand Amalric eut l'air vexé par sa question sur la cuisine, Mallory n'en comprit pas la raison. Un paquet de personnes ne savaient même pas faire cuire des pâtes correctement. Il ne voyait pas où était le mal à demander. D'autant qu'il ne se serait pas moqué si le beau brun lui avait dit que non. Vraiment, ce garçon avait des réactions bizarres... Il ne commenta pas et il s'écoula plusieurs minutes avant que la lumière ne se fasse peu à peu sur la méprise. Est-ce qu'Amalric avait pu croire qu'il doutait qu'un fils de riche sache cuisiner tout seul alors qu'il avait probablement grandi dans une maison avec du personnel pour le faire ? Bon sang, si c'était ça, il était drôlement parano. Mallory n'y avait même pas songé. Il devait avoir un sérieux problème avec ses parents s'il s'offusquait toujours qu'on puisse lui faire remarquer son statut social. Ceci dit, Mallory était peut-être un peu pareil. A chaque fois qu'il devait avouer être pauvre, il pensait que son interlocuteur le catégorisait comme personne non fréquentable. Mais il devait bien y avoir des gens qui n'en avaient rien à faire. Forcément.

Mallory alla chercher son sac à dos et commença à placer ses vêtements - pliés mais quand même un peu froissés par le voyage – dans le placard que lui désignait Amalric. Il y avait cinq étagères de libres. Ses affaires n'en occupaient que deux. Il eut un petit pincement au cœur en constatant que son partenaire semblait avoir libéré exactement la moitié de l'armoire pour lui. Il n'aurait su trop dire pourquoi mais il sentit une drôle de chaleur le traverser de tête en pied. C'était curieux comme Amalric semblait mettre de la bonne volonté dans ses actions mais comme c'était tout l'inverse en mots. Comme si ses mains et sa bouche n'étaient pas contrôlées par la même personne et que l'un faisait exactement l'opposé de ce que faisait l'autre.
Pendant que son nouveau colocataire se rendait dans le coin cuisine et lui tournait le dos, Mallory sortit vite son dvd des Mighty Ducks et le cacha sous le seul pull qu'il possédait. Comme il avait encore de la place, il posa son sac vide et ses livres sur la troisième étagère puis referma l'armoire.

Les mains plongés dans les poches arrières de ses jeans, le jeune homme s'approcha un peu d'Amalric dont le chien étudiait patiemment tous les mouvements. Il avait l'air tellement plus détendu dans son appartement. C'était sans doute normal. Chez soi, on n'était plus obligé de porter un masque. Mallory trouvait le vrai visage d'Amalric très beau. La question de ce dernier sur ses besoins vitaux le fit hésiter. Il ne savait pas trop si leur contrat prévoyait que le rouquin ait un libre accès au frigo et à son contenu ou s'il devait acheter sa propre nourriture. Peut-être que le Prince avait libéré une étagère aussi dans le frigo. Si c'était le cas, il n'avait rien pour la remplir. Dans le doute, il décida de décliner l'offre (malgré les gargouillis terribles de son ventre qui lui ôtaient toute crédibilité) : « Non, merci. Je n'ai pas faim. Faudra que tu me dises où est la supérette du coin. Je passerai peut-être y faire un tour plus tard. » Pensant qu'Amalric ne pouvait pas le voir, il fouilla discrètement dans sa poche et compta rapidement l'argent qui lui restait pour finir le mois, histoire de voir s'il pourrait acheter deux ou trois trucs à manger. Mouais. Ça paraissait hautement improbable. D'autant qu'il n'avait presque plus de méthadone.

« Quant à ton appart', t'es sérieux ?! C'est parfait. Il est tellement... nickel. J'ai même peur de m'asseoir sur canapé tellement j'ai l'impression d'être crade comparé à tout ce qui se trouve ici. Et avant que tu ne te poses la question, oui, je me douche tous les jours, ne t'en fais pas. » La dernière phrase était ajoutée avec un humour visible sur ses lèvres. Comme Jett donnait des coups de museau dans sa jambe pour attirer son attention, Mallory baissa la tête et retomba amoureux du chien – ce qui allait être le cas à chaque fois qu'il verra sa tête touffue. Il se mit à genoux et l'entoura de ses bras pour lui faire un câlin. Son pelage était d'une douceur incroyable. Il aura tellement aimé que ses frères puissent le toucher aussi. Ils auraient été aussi fous que lui. « Hein, qu'elle est belle ta niche géante ? Il a du goût ton maître. » Le toutou émit un couinement comme s'il voulait confirmer, ce qui fit rire le jeune homme. Il allait adorer parler d'Amalric à Jett. Surtout quand l'autre était juste à coté. Ça avait le potentiel pour devenir son jeu préféré.
Sentant son téléphone vibrer dans sa poche, il l'en extirpa pour regarder l'afficheur – presque illisible à cause du verre fissuré. « Faut que je décroche » s'excusa-t-il en donnant un baiser sur la tête du chien. « C'est un de mes frères. » Mallory essaya de s'isoler mais dans un appartement de cette taille, Amalric entendrait sa partie de la conversation où qu'il se trouve. Sans trop y penser, le rouquin allait de l'autre coté de la pièce et s'assit au bord du lit. « Hey, Fin. Ça va ? » … « Non, tu sais que tu peux m'appeler n'importe quand. » … « Euh... Non, il ne fait pas nuit. Je te signale que je ne suis pas en Europe. Les fuseaux horaires, ça te dit rien ? » … « Ouais bah écoute en cours de géo, ça ne te fera pas de mal. » … « Dis-moi plutôt pourquoi tu m'appelles, little bro. » … « Quel musée ? » … « C'est quand ? » … « Non, écoute-moi, Fin. Tu vas y aller aussi. D'accord ? Je vais... » … « Hey, hey, little man. Shhh... Pleure pas. » Mallory se laissa tomber à la renverse sur le lit d'Amalric, abattu par les larmes de son plus petit frère qu'il essayait de consoler du mieux qu'il pouvait. La distance qui les séparait était horrible dans ces moments-là. « Fin, ça va aller. Va chercher un mouchoir. Les Bellwether ne pleurent pas, tu te souviens ? Voilà ce qu'on va faire. Aujourd'hui, je vais mettre trente dollars dans une enveloppe et l'envoyer à ton nom à la maison, d'accord ? Tu l'auras dans deux jours et tu pourras aller au musée avec ta classe. Ton prof est un connard et je le lui dirais à la prochaine réunion. » … « Je sais, je sais. Mais, Fin, en échange, tu vas faire quelque chose pour moi. Au musée, tu emporteras un cahier et un crayon. Je veux que tu notes tout ce que le guide dira et tout ce que tu trouves intéressant pendant la visite, ok ? Tu peux aussi dessiner ce que tu vois, si tu veux. » Mallory disait cela pour obliger son frère à réellement écouter pendant son excursion scolaire. Fingal savait bien que c'était son intention mais, par amour pour lui, il le ferait sans rechigner. « Oh, hey, Fin ! Tu es allé ramasser les feuilles mortes dans la cour des McAllister. ? » … « Parce qu'elle vous a prêté des couvertures la dernière fois que le chauffage a été coupé et c'est le seul moyen qu'on a de la remercier. Tu sais bien qu'elle est trop vieille pour le faire toute seule. » … « C'est bien. Je dois raccrocher, little bro. Prend soin de toi et passe le bonjour à tes frères. Dis-leur de m'envoyer des sms de tant en tant. » … « Oui. Vous aussi vous me manquez. » … « Oui. A bientôt, Fin. »

Mallory attendit que l'appel se déconnecte pour ôter le téléphone de son oreille. Il abandonna l'appareil sur le couvre-lit et se releva souplement. Après avoir poupougné le chien qui l'avait suivi, il revint vers Amalric et se posa à coté de lui, les fesses contre le comptoir de la cuisine et les bras croisés sur le torse. Les yeux cherchèrent les siens. « Bon, on devrait mettre des choses au clair, tu ne crois pas ? Parce que j'ai l'impression que tu es parti pour ne pas vraiment m'apprécier, ce qui risque d'être problématique vu le rôle que tu veux qu'on joue. D'abord, je te demande pardon si je t'ai vexé en demandant si tu cuisinais. Ce n'était pas mon intention. J'ai réalisé trop tard que tu avais pu croire que je jugeais le milieu aisé duquel tu viens. Je ne me permettrai pas. Je n'aime pas les clichés. Ce qui m'amène à un second point. Je sais que tu n'as aucune estime pour les gens comme moi, parce que tu crois qu'on est tous pareil. J'aimerais que tu me sortes de ce groupe, que tu me considères comme une personne à part entière, individuelle. Et surtout, je veux que tu te souviennes que, peu importe ce qui arrivera à partir de maintenant, je serai toujours de ton coté. Toujours. Alors, peut-être que tu ne voudras quand même pas qu'on soit amis mais rappelle-toi au moins que tu n'as pas à te méfier de moi, ok ? »
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Alors même que Mallory déclarait ne pas avoir faim, il lui semblait entendre son ventre protester vivement, Amalric ne donnait peut-être pas l’image de quelqu’un qui était foncièrement d’accord avec lui-même, mais il était loin d’être le seul. Il essayait de comprendre d’où venait ce refus de manger un morceau quand il surprit l’air songeur de son invité et fit le lien avec ce qu’il lui avait dit plus tôt, il n’avait plus les chiffres en tête, mais il lui semblait bien que son budget nourriture était serré. Ce qui pouvait signifier deux choses, soit le rouquin pensant son hôte assez inhumain pour le laisser mourir de faim, ce qu’il trouvait un peu insultant, soit il était trop fier pour le laisser l’aider et préférait mourir de faim, ce qu’il trouvait hautement débile. Il ne fit cependant aucun commentaire, s’il était débile, il laisserait faire la sélection naturelle, s’il était insultant, il n’allait pas le supplier de manger, lui aussi avait sa fierté.

Depuis qu’il était entré dans l’appartement, il lui semblait que Mallory s’était plus intéressé à Jett qu’à lui, ce qui n’était pas forcément pour lui déplaire, mais il voyait bien une sorte d’alliance se nouer entre les deux roux et n’était pas fan de l’idée de se retrouver en deux contre un. Quand le téléphone sonna –ou vibra, pour les juristes ici présents- il hésita un moment sur la marche à suivre. Il n’avait pas particulièrement envie d’écouter la conversation, d’autant plus que ce n’était pas le service client qui appelait, c’était familial, si son propre frère l’appelait, il n’aimerait pas que Mallory soit là à écouter ses moindres mots. D’un autre côté, sortir et le laisser seul n’était pas beaucoup plus poli, il n’avait pas à faire passer le message à son invité qu’il le gênait au point de lui faire quitter son propre appartement. De toute façon, la seule façon polie qu’il aurait eue de s’éclipser, aurait été d’en profiter pour faire sortir Jett, ce qui, en l’état actuel des choses, était impossible, il avait non pas un, mais deux esclaves humains à sa disposition et n’allait pas abandonner la moitié de ses privilèges.

Il resta donc là, pianotant sur son propre téléphone pour donner l’impression qu’il n’entendait rien de ce qui se disait à l’autre bout de la pièce. Il entendait tout de même. N’ayant accès qu’à la moitié de l’information il n’était pas sûr de bien cerner la conversation, une histoire de sortie scolaire ? Il tiqua sur la somme, si Mallory en était à se priver de manger pour des raisons financières comme il l’avait imaginé, il voyait mal où il allait trouver trente dollars d’ici la fin de la journée, il se serait bien proposé de l’aider –en lui avançant de l’argent, il avait bien compris que c’était la seule forme d’aide qu’il serait prêt à accepter-, mais la perspective de se prendre une tarte le refroidissait quelque peu. Il n’y avait plus personne pour qui mentir et Bellwether restait un gamin des rues. Même sans y prêter attention, il ne pouvait s’empêcher de constater l’émotion qui transparaissait dans les paroles du grand frère, il y avait de l’amour là-dedans, c’était… étrange. Pour Amalric, la famille était un groupe de personne déterminé à la naissance et pour qui on faisait beaucoup, parce que les choses étaient ainsi, les personnes pour qui on éprouvait de l’affection étaient un tout autre groupe à ses yeux. Il appréciait sa mère, il la respectait, reconnaissait les efforts qu’elle avait fait pour lui et à ce titre il éprouvait un profond attachement à son égard, il n’était pas sûr de l’aimer, pas autant en tout cas que ce dont il était témoin.

Cette bouffée d’affection envers Mallory ne dura qu’un instant, il était venu tout gâcher. "j’ai l’impression que tu", six mots qu’il détestait, ça lui donnait la désagréable impression d’être mis au banc des accusés. Dans l’exercice de son appréciation souveraine des faits, la cour vous a reconnu coupable… C’était la même chose à ses yeux. Rien de bon ne suivait jamais de toute façon, on lui disait jamais qu’on avait l’impression qu’il avait bien accordé ses chaussures et sa veste, qu’il avait mal dormi par contre… Instinctivement donc, tout ce que Mallory énonça ensuite était entendu par des oreilles d’accusé qui se rétractait et se cachait dans sa carapace de mauvaise foi. Il était prêt à l’envoyer paître, l’avant dernière phrase l’en empêcha. Ce type ne le connaissait pas, pas vraiment, ils n’étaient pas amis, étaient loin de s’apprécier et il lui accordait sa loyauté inconditionnelle ? Il se souvenait du départ du père de Clay, à l’époque il n’avait pas compris, on lui offrait plus ailleurs, oui, mais son père et lui étaient amis non ? La réponse de son père à ses interrogations lui avait donné à réfléchir "Loyalty isn’t earned, it’s bought." En retournant en cours le lendemain il s’était posé beaucoup de questions, pas forcément faciles à assumer pour un adolescent en quête d’identité, s’il n’était plus riche du jour au lendemain, aurait-il encore tous ses amis ? Qui partirait, qui resterait ? Et puis il avait décidé qu’il n’avait plus l’âge pour être choqué par une phrase d’un adulte et il avait mis tout ça de côté, Mallory venait de le faire revenir. D’un certain côté et aussi mauvais que cela pouvait sonner, il l’avait acheté, tout ce qu’il avait fait pour obtenir cette loyauté c’était d’ouvrir son portefeuille, la plus forte des loyautés, la plus volatile aussi, s’il trouvait mieux ailleurs, qui lui disait qu’il ne partirait pas à son tour ?

« Dire que tu n’es pas comme tes amis te place exactement au même niveau qu’eux. » Il fit une courte pause, son petit ami lui demandait de faire un effort, bien sûr qu’il était prêt à faire un effort, il en faisait un à ce moment même, lui parler, le laisser rentrer chez lui, n’était-ce pas le signe qu’il était prêt à faire cet effort qu’on lui demandait ? « Mais puisque tu me le demandes, je te crois, tu n’es pas comme eux. » L’hypothèse nulle, faire confiance, l’étape suivante était de poser une hypothèse alternative, qu’on lui mentait, que Mallory n’était qu’un drogué comme un autre et d’ensuite tout mettre en œuvre pour prouver que c’était cette dernière qui était conforme à la réalité, il ne pousserait pas le test d’hypothèse jusque-là. Parce que malgré ce qu’il racontait depuis qu’ils s’étaient rencontrés, il avait envie de considérer le Mather comme un être à part, il voulait l’apprécier, il n’aimait pas tricher, prétendre sortir avec quelqu’un qu’il détesterait serait bien trop compliqué sur le long terme. C’était simplement des années de construction et de préjugés à refaire, il ne pouvait pas y parvenir en une heure. « Maintenant, il va falloir que ça soit à double sens, tu me parles de côtés, alors sache que je suis un joueur collectif. » Il détourna les yeux de Mallory. « Je me fiche de tes origines, tu n’y es pour rien, ce que je vois de toi, ce sont tes choix et ce que tu fais de ta vie. » D’un geste de la main il fit venir Jett à ses pieds et posa sa main sur sa tête pour sentir sa présence. « Alors tu vas accepter que, moi aussi, je sois de ton côté, tu vas attraper quelque chose à manger et ensuite tu me laisseras t’avancer l’argent pour ton frère. Sinon… Sinon ça rendra tout ça bien plus compliqué. » Il avait balbutié sur le début de sa dernière phrase et s’en maudit intérieurement, ce n’était pas quelque chose qu’il faisait habituellement, il s’assurait de toujours être irréprochable car c’était ce qu’on attendait de lui. Seulement, chez lui, face à Mallory qui se fichait bien de qui il était, les choses étaient plus compliquées. Sans les amis qui l’appréciaient, sans les connaissances qui l’enviaient ou qui l’admiraient, sans les rivaux qu’il énervait, sans tous ces gens qui lui donnaient de l’importance, il n’était plus grand-chose d’autre que le petit garçon qui devait se taire parce qu’on parlait de son frère et ce garçonnet avait bien souvent du mal à s’imposer.
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