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Open up your heart [Amalric]

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Open up your heart
and just let it begin

(K. Perry)


Mallory attendait son mec devant le quartier-général de la Maison Eliot.
Son mec. Oui, comme dans 'son petit-ami'. Parce qu'au cas où vous sortiez de cryogénisation, vous ne savez pas encore que Mallory Bellwether, autrement appelé le plus grand libertin [drogué génie bipolaire] du campus, était casé. Ce que toutefois nul ne savait pour le moment, c'était qu'il avait même un contrat pour le prouver. En effet, la semaine précédente, il avait été approché par Amalric Prince. Un bizut des Eliot qu'il ne connaissait que de loin mais dont la seule vue le faisait déjà frémir là où vous savez. (Non, pas là. Plus bas. Voilà, là.) Le bellâtre voulait l'engager pour un travail bien particulier. Un travail que peu de personnes doivent exercer sans doute. Il voulait qu'il devienne son petit-ami. Mallory - qui ne croyait pas aux miracles – s'était fait expliquer ce qu'il pensait être toute l'histoire : a priori, les parents d'Amalric avaient décidé que leur fils n'était pas assez raisonnable et voulaient le voir casé. Ce dernier avait pensé que s'exhiber au bras d'une personne déjanté comme notre petit rouquin était la meilleure chose à faire pour respecter leur volonté tout en cherchant à se venger.
Alors, vous allez me dire, c'est de la prostitution. Vous avez raison. Cependant, pour Mallory, c'était encore pire que ça ! Parce que leur petit couple n'était que pour la galerie ; il n'y aurait donc pas de fraternisation sous les draps. Et quand on a un petit-ami qui ressemble à Amalric Prince, franchement, ne pas passer à l'acte, c'est juste du gâchis ! Cela dit, il aurait fallu être stupide pour refuser le marché – et les notes de Mallory en cours prouvaient tous les jours que c'était loin d'être un de ses défauts. Cela aurait été stupide, d'abord, parce que le job était vraiment super bien payé et que ses frères restés à Chicago avaient encore besoin de toute l'aide financière qu'il pourrait leur envoyer. Ensuite, parce que parader au bras de ce mec-là, ça devait quand même donner une sensation de puissance assez incroyable.

Il en plaisantait dans sa tête mais, tandis qu'il patientait dans le froid de l'hiver, Mallory avait quand même l'estomac un peu noué. En grandissant, il avait essayé d'ignorer qu'il avait un cœur tendre de romantique – parce que, croyez-moi, cela ne vous est d'aucune aide dans la banlieue sud de Chicago – mais maintenant qu'il était à Harvard, dans un cadre plus calme et distingué, il l'avait un peu redécouvert. Et il n'était définitivement pas sûr de pouvoir jouer la comédie du transis amoureux avec une personne qui lui faisait réellement de l'effet. Il ne faudrait pas qu'il perde de vue le fait que, quand Amalric lui adresserait un sourire, ce serait pour le jeu. Quand il lui prendrait la main, ce serait pour le jeu. Quand il le prendrait dans ses bras, ce serait pour le jeu. Quand il l'embrasserait, ce serait pour le jeu. Rien ne serait jamais réel et cela ne servirait à rien de vouloir qu'il en soit autrement, car son partenaire n'était même pas gay. En fait, Mallory se demandait même si son Prince allait réussir à prendre sur lui et à se comporter avec lui comme il se comporterait avec une jeune femme. Il avait un peu de mal à l'imaginer à vrai dire.

Une boulette de papier atteignit le Bellwether sur la tête et il ne se donna même pas la peine de se retourner tandis que des Eliots s'éloignaient en direction des bâtiments de l'université. Il était assez connu parmi les bleus. Il fallait dire aussi qu'il était toujours au premier rang des Mathers pour faire des conneries et que ces dernières étaient souvent dirigées vers cette Maison. Il n'y avait qu'à voir leur président qui l'avait élu comme punching-ball officiel et qui lui brisait un os ou deux quand l'occasion se présentait. Évidemment, il avait fallu qu'Amalric soit un Eliot.

Enfin, la porte s'ouvrit sur la personne qu'il attendait et Mallory retint son souffle. C'était idiot mais, depuis qu'il savait qu'ils allaient jouer au petit couple, il le trouvait encore plus beau. Ce qui allait commencer à être carrément illégal. Toutefois, c'était sa démarche qui avait d'abord attiré son attention la première fois. Il avait un charisme à couper au couteau et une manière de se déplacer qui le nommait propriétaire des lieux. Un genre d'assurance royale qui obligeait à se retourner sur son passage. Et sa mâchoire... Sa mâchoire ! Si bien dessinée, légèrement carrée, et toujours pourvue d'une barbe de deux ou trois jours à peine. Mallory avait immédiatement eu envie de la souligner de baisers. Ses yeux étaient également une attraction à part entière. Leur couleur, un bleu glacé saisissant, et leur expression de calme avant la tempête.
Nerveux, Mallory faillit s'allumer une clope mais se ravisa. Tiens, il ne savait même pas si Amalric fumait. Il faudrait qu'il le lui demande. Il n'avait pas encore déménagé chez lui mais c'était prévu dans le contrat qu'il avait signé. Nul doute que son partenaire serait étonné de le voir arriver avec pour seuls bagages, un sac à dos, un sac de couchage et quelques bouquins. Étonnamment, ce qui fit passer son stress fut de relever les yeux vers Amalric qui était maintenant arrivé jusqu'à lui et de voir qu'il semblait lui aussi un peu paniqué. Mallory se décolla du lampadaire où il s'était adossé et fit juste un pas dans sa direction tandis qu'un sourire en coin commençait à étirer ses lèvres. Peut-être qu'il allait pouvoir s'amuser un peu de cette situation en fait. Pourvu que, pour une fois, le destin ne lui rende pas la monnaie de sa pièce.

Il leva la main et attrapa le blouson d'Amalric au niveau de son abdomen pour le tirer un peu vers lui. Ils avaient prévu de passer la journée ensemble à se montrer sur le campus. C'était donc le moment de vérité. Le jeu commençait ici.
«  Quoi ? J'ai pas droit à un bisou, ... mon Prince ? » souffla malicieusement Mallory en plongeant ses yeux rieurs dans ceux de son partenaire.
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« C'est plus difficile de jouer en trichant. J'aimerais mieux jouer avec du jeu. » -Jean Giono



Amalric n'allait pas souvent dans les dortoirs. L'utilité même de ce genre de bâtiments était très limitée quand on n'y vivait pas soit même et il n'aimait pas la disposition des lieux, il n'avait jamais aimé les hôtels, il supportait déjà mal les appartements... ce n'était même pas une question d'espace, le manque d'intimité était ce qui le rendait mal à l'aise, savoir qu'un mot plus haut que l'autre, qu'un objet qui tombe, qu'un téléphone qui sonne pouvait être entendu par ses voisins lui donnait l'impression de perdre un peu de l'esprit de sanctuaire d'une habitation.

Il restait cependant un élève et préférait mille fois travailler en groupe là-bas plutôt qu'à la bibliothèque, ici il y avait des murs, des frigos et personne pour venir vous faire taire, un ersatz de paradis. En règle générale il n'aimait pas non plus travailler en groupe -il n'aimait manifestement pas grand chose de toute façon-, devoir compter sur le bon vouloir des autres pour réussir était une angoisse permanente, il y avait toujours des passagers clandestins dont le seul succès était de trouver les bons coéquipiers. C'était peut-être très formateur et ressemblant avec le monde du travail auquel on cherchait à les former, mais il avait espéré que cela finirait en entrant à l'université. Erreur. Il y avait toujours des gens qui n'avaient pas le même niveau d'exigence, qui n'avaient pas autant de temps que les autres...

Étonnement ce jour là il n'avait eu aucun problème à apprécier ce temps et c'est déçu qu'il avait fini par ranger ses affaires. C'est qu'il savait bien ce qui l'attendait -ou qui l'attendait pour rester dans le politiquement correct- à quelques dizaines de mètres de l'entrée du bâtiment. Il avait bien du courage d'être venu l'attendre ici, lui-même ne se serait jamais aventuré dans les alentours de la Mather et pourtant il ne pensait pas y être aussi connu que Mallory ne l'était ici. En tout cas il l'espérait, être détesté -même pas des débiles- n'avait jamais grand chose d'agréable. En s'avançant vers lui il se demandait depuis combien de temps il était là tant il ne semblait faire qu'un avec le lampadaire qu'il avait choisi comme ami, il n'avait pourtant pas l'impression d'être en retard, il haussa les épaules intérieurement, il n'en avait rien à faire de toute façon, tout ce qu'il faisait dans son temps libre ne le regardait pas, s'il l'avait choisi lui c'est bien parce qu'il n'en avait rien à faire de ce qui pouvait bien lui arriver. Limiter l'implication personnelle pour le jeter quand son utilité aura cessé, c'était tout ce qu'il avait cherché à faire.

Dès qu'il arriva à sa portée l'autre se rapprocha, il observa la main qui l'avait attrapé avec un air ennuyé, de la familiarité, déjà, trop. S'il avait osé le toucher quelque semaines plus tôt, il aurait sûrement fini par terre -il aurait essayé en tous cas et dans sa tête il était libre de trouver l'issue qu'il voulait à l'interaction-, mais aujourd'hui il avait raison. Malheureusement. Il releva la tête avec un sourire joueur, l'air beaucoup plus assuré qu'il ne l'était vraiment. C'était l'avantage d'avoir grandi dans un milieu favorisé, il savait faire semblant, prétendre apprécier quelqu'un, prétendre prendre du bon temps, prétendre s'intéresser à une conversation... c'était une condition de survie en soirée. Le baiser qu'il lui accorda fut court -quelques secondes tout au plus- et chaste, trop pour Mallory, pas encore assez pour Amalric. C'était la première fois qu'il embrassait un homme -même si à ses yeux la qualification de baiser de ce qu'il venait de se passer était tout aussi fausse que celle d'homme quand on en venait à parler de ce type-, mais surtout la première fois qu'il était en couple. Il ne s'était jamais embarrassé de copines, pourquoi rester avec une seule personne quand les bars ne désemplissent pas ? Il avait toujours apprécié sa liberté et trouvé l'amour bien trop fantasmé, les conneries sur les âmes sœurs, le coup de foudre et les mariages heureux ça n'arrivait qu'au cinéma et à une personne sur un milliard, pas de quoi en fait toute une histoire et obliger les gens à se plier à ces règles.  

Deux raisons qui lui faisaient se demander ce qu'il faisait là, d'après ce qu'il savait de Mallory, il s'imaginait qu'il n'avait pas non plus été du genre à passer la saint Valentin à cueillir des fleurs avec ses copains, il ne devait pas mieux s'y connaitre en histoire de couple. De beaux bras cassés en perspective. Il avait quand même déjà vu des gens étaler leurs niaiseries dans la rue et c'était à ses yeux tout ce qu'il avait besoin de savoir, les détails de comment garder une relation au beau fixe ne l'intéressaient pas, il savait traiter avec un junkie. Il passa sa main dans celle de l'autre sans le quitter des yeux, retenant difficilement un frison de dégoût, inspirant un grand coup il se rappela que c'était pour la bonne cause qu'il faisait ça. "Une destination favorite ?" Il voulait finir par un surnom idiot, mais il n'y avait pas encore assez réfléchi, il faudrait qu'il prenne ce temps un jour. Sans vraiment attendre de réponse il commença à prendre le chemin du cœur de l'université, même si son but était d'être vu, il se sentirait plus à l'aise entourés d'étrangers qu'à deux pas de sa confrérie, il n'excluait pas en effet le réflexe de frapper le Mather s'il le mettait trop mal à l'aise et n'était pas contre un peu d'entrainement avant de rentrer dans la cour des grands. L'important était d'aller vite sans griller les étapes.
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Mallory fut un peu déçu de constater que le baiser ne lui avait rien fait. Enfin, il fallait dire aussi qu'il avait été aussi bref que sage. Il n'avait même pas eu le temps d'enregistrer l'empreinte de ses lèvres sur les siennes. En reculant son visage, il esquissa un nouveau sourire narquois et leva les yeux au ciel en n'entendant pas son partenaire répondre à sa boutade. Très bien, il voulait la jouer sérieux. En bon Mather, ce n'était pas un domaine dans lequel Mallory excellait. Foutre le Bronx était généralement bien plus drôle et, quand on a une vie merdique comme la sienne, s'amuser est vital.
Le jeune homme ne s'était pas attendu à un autre contact physique alors, quand les doigts d'Amalric glissèrent contre les siens, il faillit faire un bon en arrière. Il avait beau être gay, ce truc serait bizarre pour lui-aussi. Il n'avait jamais eu de petit-ami. Des flirts, des coups d'un soir (ou de plusieurs même), très souvent, mais il ne s'était jamais établi dans une relation avec quelqu'un. Ce n'était pas réellement par choix. Disons qu'il avait débarqué à Harvard avec ses manières de Chicago et qu'il s'était fait la réputation qui était la sienne aujourd'hui : celle d'un mec qu'on peut prendre et jeter à l'envi, qui ne pose pas de questions et qui n'attend rien de vous. Un mec facile. Parfois, Mallory s'en trouvait attristé et aurait voulu changer cette image. Mais il ne le faisait jamais, comprenant aussi les opportunités que, mine de rien, elle lui offrait. Et puis, ce n'était pas comme si les volontaires se bousculaient à sa porte non plus. S'il avait du sortir avec quelqu'un aujourd'hui, pour de vrai, il n'y avait qu'un seul candidat possible dans son cœur. Hélas, le président des Winthrop, son beau Royce, ne le voyait pas comme ça. Le sauter entre deux cours pendant leurs phases de dépressions, oui, mais faire son coming-out pour sortir avec Mallory, non. Il s'y était fait.

Mallory avait les mains froides d'avoir attendu dehors que son partenaire sorte de sa session de révisions. Au contraire, celles d'Amalric étaient bien chaudes. Elles lui apportèrent un curieux sentiment de réconfort. Le jeune homme baissa le menton, soudain un peu timide. Le Prince s'engagea sur la gauche en lui demandant s'il avait une destination favorite. Il avait dit 'favorite', pas 'préférée'. Mallory releva la tête et l'observa à la dérobée d'abord en silence. Il aimait bien les gens avec du vocabulaire. Ceux qui savaient que 'en revanche' pouvait être utilisé à la place d'un commun 'mais'. Finalement, il répondit avec amusement : « L'endroit où je préfère être, c'est mon lit. Comme tous les étudiants, je crois. Mais t'es pas encore prêt pour ça. » Il donna un petit coup d'épaule à son partenaire pour bien lui signaler qu'il le charriait avant d'ajouter : « On n'a qu'à errer un peu. C'est bientôt l'heure du déjeuner. On pourra aller s'afficher au réfectoire. Je pense que c'est le meilleur moyen d'atteindre le maximum de gens à la fois. »

Alors qu'ils passaient près d'un groupe de jeunes filles, beaucoup de mâchoires se décrochèrent quand elles remarquèrent leurs mains jointes. Un couinement collectif très bizarre à moitié étouffé s'éleva et elles se mirent à pianoter avidement sur leurs téléphones portables en échangeant des commentaires à voix basse. Mallory leva les yeux au ciel. Il se demandait bien combien de nanas avaient le béguin pour Amalric. Il faudrait qu'il demande à ses copines. Ça ne l'étonnerait pas qu'il ait ses admiratrices. En plus d'être beau garçon, il était riche visiblement.
Mallory s'éclaircit la gorge et glissa en se penchant un peu vers le cadet des Prince : « Tu sais, ça ferait moins bizarre si on parlait. Tiens, dis-moi par exemple comment on s'est rencontré. Qui a demandé à l'autre le premier rendez-vous ? Je suis sûr qu'on va nous poser ce genre de questions à la con. Comme si c'étaient leurs oignons. Les gens sont de vraies commères. » Sentant son téléphone vibrer dans la poche de son blouson, il le sortit pour consulter le message qu'il venait de recevoir. Une de ses amies avait écrit en capital : MABEL, MERDE ! C'EST VRAI QUE TU SORS AVEC AMALRIC FUCKING PRINCE ???????? T'ES MORT SI TU M'AS RIEN DIT ! Mallory secoua la tête et tendit son appareil vers son partenaire pour qu'il puisse lire aussi. « Tu vois ? De vraies commères. »
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Mallory ne répondit pas tout de suite à sa question et ils firent quelques pas en silence. Génial. Leur crédibilité devait frôler le zéro absolu alors que leur seul signe d’intimité était leurs mains liées. D’un certain côté il avait naïvement espéré que tout viendrait naturellement, de l’autre il avait oublié les ratés des premiers couples qu’il avait vu se former au collège,  être avec quelqu’un ne s’improvisait pas, il y avait d’abord un rapprochement timide, amical bien souvent, puis les petits mots échangés en cachette pendant les cours, les retrouvailles complices à la récrée, les après-midi à jouer et à parler de tout et de rien. Ensuite seulement venait le moment de « sortir ensemble » et même là les choses étaient toujours bizarres au début, on ne s’y faisait que progressivement, avec l’expérience. Ils ne connaissaient rien l’un de l’autre et n’avaient aucune expérience, leurs hésitations n’étaient peut-être pas si peu naturelles qu’il n’y paraissait.

Il ne sut laquelle des deux réponses il avait préféré entendre. Si, à la première, il avait levé les yeux au ciel en guise de dépit, la deuxième lui fit ravaler sa langue et son envie de répliquer quelque chose qu’il n’avait pas encore en tête, mais qui aurait, sans nul doute, parfaitement sied à la conversation. Il ne mettait pas les pieds au réfectoire, il n’y avait jamais vraiment mis les pieds de toute façon, on n’y trouvait que des gens inintéressants et l’irlandais venait de le conforter dans son idée en proposant d’y faire un tour. Il lui fallait cependant trouver un moyen d’écarter définitivement cette idée sans –trop- passer pour un fou, ou pour un type bien plus snob qu’il ne l’était en réalité. « Il y aura trop de gens… de bruit aussi. » C’était l’excuse la plus lamentable qu’il avait jamais trouvée et elle battait à ce jeu toutes celles qu’il avait pu inventer quand il était encore trop jeune pour comprendre ce qu’était un mensonge et réaliser que les adultes ne croyaient pas tout ce qu’il pouvait leur raconter. Mallory ne serait probablement pas dupe, il était idiot, mais il avait réussi à survivre jusqu’à… vingt-et-un ? vingt-deux ans ? il n’en savait trop rien, ça aussi c’était lamentable pour quelqu’un qui cherchait à prétendre en être amoureux. Quoi qu’il en soit, il avait à réussit à ne pas se faire écraser par un bus, empoisonné en buvant de l’essence ou à se couper les veines en prenant une feuille de papier. Il était donc assez intelligent pour remarquer le ton évasif qu’il avait pris et la grimace qu’il n’avait pas réussi à dissimuler, restait à espérer qu’il était trop poli pour les relever, il parlait d’un Mather cependant, il espérait beaucoup.

En règle générale il ne faisait pas attention aux gens qu’il croisait, s’il n’était pas présentement avec eux, c’était probablement qu’ils n’avaient pas grand intérêt à ses yeux de toute façon, mais le genre de gloussements qu’ils croisèrent avait le don de l’énerver, il était de l’avis qu’en dessous d’une certaine tonalité, les gens ne devraient pas avoir l’autorisation d’émettre un son, simple question d’ordre public. En outre, ce genre de son n’était jamais un grand signe d’intelligence, il n’avait jamais entendu personne glousser en réalisant un diagnostic financier, c’était plutôt le genre de chose qui restait cantonné aux conversations sur Twilight et associés. Toute femme qui se respectait assez ne devrait donc pas glousser comme une décérébrée, cela donnait une mauvaise image, d’elle d’abord, du genre entier ensuite, Amalric n’était pas particulièrement féministe, mais cet agacement faisait partie de ses combats. Par comparaison la voix de Mallory qui vint après fut une douce mélodie, en plus il n’était pas idiot dans ce qu’il racontait, une libération. Il réfléchissait à sa réponse quand on lui mit un téléphone devant la tête. Décidément, on ne lui laissait pas une seule seconde de tranquillité. « Mabel ? » il ne faisait pas le rapprochement avec le nom de son camarade, il n’était ni doué pour trouver des surnoms ni pour les comprendre, cela aurait été une grande déception dans sa vie s’il n’avait eu d’autres choses plus intéressantes à ses yeux, comme respirer par exemple. Il comprit par contre parfaitement la fin du message et c’était bien le problème.

Il n’aurait pas été capable de déterminer dans quel ordre il avait baissé la tête, lâché Mallory et s’était écarté d’un pas avant de s’arrêter, mais ça devait être dans les mêmes quelques secondes. Bien sûr il s’était attendu à ce que les gens parlent, pourtant ça faisait toujours aussi mal de voir que les gens semblaient s’intéresser à la situation parce qu’il avait ce nom-là. Ça avait toujours été son problème, en cherchant à attirer l’attention de ceux qui comptaient pour lui il ne récupérait que celle de parfaits étrangers qui ne le connaissaient pas assez pour que la situation les concerne et qui ne voyaient là qu’un fils de riche. Ce n’était pas la peur des rumeurs qui l’avait s’arrêter, ce n’était clairement pas la première fois que des gens dissertaient sur sa vie privée, ce n’était pas non plus de la rage, il s’était habitué à ces réactions, c’était juste de la tristesse complétée par une bonne dose de résignation. "Qu’il est dur d’être aimé par les cons", c’est ce qu’un français aurait dit, il ne se sentait pas proche de ses racines, mais la phrase collait bien à la situation de son point de vue. Ceux qu’il voulait toucher ne l’observaient jamais car il n’était pas assez comme eux, ceux dont il se fichait ne pouvaient pas s’empêcher de le regarder parce qu’il n’était pas assez individualisé. S’il croisait un jour le type qui avait décidé d’inventer l’ironie, il aurait quelques comptes à régler.

« Ton amie est idiote. » Il n’y avait pas de méchanceté dans ses propos, pas dans leur intention en tous cas, c’était un simple constat. Il avait un esprit assez scientifique, il observait des faits et leur trouvait une qualification, sans jugement de valeur, un crayon tombait ? histoire de gravité, en voulait-il au stylo ? Bien sûr que non, chaque individu, chaque élément possède des caractéristiques propres indépendantes de leur volonté, cette fille qui avait écrit ce message était idiote voilà tout. Il ne laissa pas le temps à Mallory de dire quoi que ce soit, tentant tant bien que mal de clore l’incident là-dessus, tout comme quelques minutes plus tôt il ne voulait pas passer pour un trouillard, il ne voulait pas ici discuter des raisons de son changement d’humeur –même s’il n’était pas beaucoup plus jovial deux minutes avant-. « Hmmmm, à vrai dire je ne vois pas bien où l’on aurait pu se croiser, on n’a pas tant en commun… Va falloir inventer une histoire de coup de foudre au détour d’un couloir et prier pour les gens y croient. » Au sens figuré bien sûr, il n’allait pas vraiment aller déranger Dieu avec une histoire comme celle-là, s’il pouvait vraiment obtenir de Lui qu’il fasse quoi que ce soit, il aurait trouvé un plan bien plus simple pour convaincre ses parents. « J’imagine que c’est moi qui t’ai proposé de se revoir… » il marqua une seconde d’hésitation « Oui, c’est plus crédible, tout le monde sait que tu es gay, c’est toujours à l’autre de faire le premier pas non ? Tu n’aurais pas pu deviner que j’étais intéressé. » Il cacha ses mains dans ses poches en se rendant compte qu’il faisait plus froid qu’il ne l’avait ressenti jusqu’à présent et sourit en réalisant qu’il essayait vraiment de se placer dans une situation où il aurait apprécié Mallory. « Quoi que… avec ta réputation les gens ne s'étonneraient pas forcément du contraire. » Haussement des épaules. « À toi de choisir, cela m’importe peu. »
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Quand Amalric rejeta son idée de se rendre au réfectoire, Mallory y vit une marque de lâcheté qu'il ne commenta pas. Ce qui était plutôt paradoxal puisque, dans le simple but de se venger de ses parents, ce jeune homme avait le courage de faire un coming-out devant toute l'université. Avait-il seulement pensé aux conséquences qu'aurait cet acte sur sa vie sociale ? Il est vrai que nous étions au XXIème siècle mais même ce lieu de culture et de savoir fourmillait encore de personnes à l'étroitesse d'esprit qui ferait passer le lac Michigan pour une flaque d'eau. Il n'avait pas l'air stupide, il avait du y penser. Il était donc prêt à perdre des amis et à se prendre des réflexions désagréables dans la figure, juste pour mettre son plan à exécution. Quelque part, c'était remarquable. Remarquable de machiavélisme, certes.

Mallory sursauta quand Amalric lui lâcha brusquement la main et s'écarta de lui. Hein ? Quoi ? Pensant qu'il se passait quelque chose, le rouquin jeta un regard autour d'eux mais ne vit rien qui puisse justifier ce revirement de situation. Il se concentra de nouveau sur son partenaire et haussa un sourcil. Son commentaire sur la fille qui lui avait envoyé le message ne l'indigna pas. C'était une connaissance, sans plus. Il était même prêt à parier qu'elle lui avait pris son numéro juste parce que ça faisait branché d'avoir un pote gay. Elle devait trop regarder la télévision. Le pire, c'était quand elle lui envoyait des photos d'essayage de robes juste pour lui demander des conseils de mode. Mallory avait beau d'avoir aucun gramme d'hétérosexualité, il n'était pas capable pour autant d'expliquer ce qu'était un col Mao, il considérait que fuchsia et saumon c'était juste rose et il ne savait pas du tout qui était Karl Lagerfeld. Bonjour les clichés !

Sans chercher à renouer le contact entre eux pour le moment, Mallory l'écouta mettre ses pensées à l'oral pour ce qui concernait leur première rencontre. Il esquissa un sourire en l'entendant dire qu'ils n'avaient pas beaucoup de choses en commun. Encore un préjugé ? Mal' était prêt à parier qu'Amalric ne connaissait même pas son âge. Que pouvait-il savoir de ses goûts ? Il allait devoir le rencarder un peu, ce qui ne serait pas un exercice particulièrement agréable pour lui parce qu'il détestait parler de sa famille et de ce qui l'avait amené à Harvard. Toutefois, même s'il doutait fortement que le fait de savoir le nombre de ses frères aiderait Amalric dans une situation donnée, il pensait tout de même que la connaissance de certaines informations le concernant aiderait son partenaire à mieux le cerner et donc à évoluer plus naturel à son coté. C'était simplement une histoire de psychologie. La connaissance d'un sujet rendait son contact et sa manipulation plus facile.
Le « avec ta réputation » fit tiquer le rouquin qui fronça les sourcils et serra la mâchoire. Cependant, il ne contesta pas. Cela faisait trois ans qu'il laissait volontairement les gens le sous-estimer pour pouvoir les arnaquer ensuite. Il n'allait pas se griller sur un simple rebond d'orgueil. Il était plus malin que ça.

Mallory sourit et croisa les bras sur son torse, faisant face à Amalric. « Ouais, c'est sûr que je n'aurais jamais pu imaginer qu'un canon comme toi s'intéresserait à un raté comme moi, hein ? Merci pour l'image positive. » Il y avait une lourde marque d'ironie mais le compliment avait été dit en toute sincérité. Enfin, il n'était pas vexé pour autant. Il le prouva en concédant même : « C'est d'accord. On va dire que c'est toi qui a fait le premier pas. » Mallory détourna la tête pour fixer son regard sur le bâtiment le plus proche d'où s'échappait un flot d'étudiants. Plusieurs cours venaient sans doute de s'y terminer. C'était le moment pour une petite démonstration d'affection.

L'irlandais attrapa une nouvelle fois le blouson de son partenaire et recula – l'entraînant lentement avec lui – pour venir plaquer son dos contre un mur. Ils étaient un peu à l'écart mais toujours bien visibles dans la cour. Mallory passa ses bras autour du cou d'Amalric et donna quelques caresses à son nez avec le sien. « Décrispe-toi. Je ne vais pas te manger » lui murmura-t-il avant de fermer les yeux pour l'embrasser doucement sur la bouche. D'abord furtivement et il ajouta : « Enfin, je vais essayer. » Il sourit avant de reprendre possession de ses lèvres, cette fois de manière un peu plus appuyée. Il soupira contre sa peau et renouvela l'expérience, essayant de lutter contre le réflexe de glisser sa langue plus loin. Il préférait laisser Amalric choisir le moment où il voudrait tenter le French kiss. Il ne voulait pas se prendre son poing dans la figure en le demandant trop tôt. Ça ne ferait pas très happy couple.

Le raffut des discussions s'était élevé autour d'eux. Certaines personnes les avaient remarqué, d'autres non. Pendant que le troupeau passait, Mallory garda ses bras noués autour du cou de son petit-ami. Ses cheveux extraordinairement roux le rendaient aisément identifiable, même de loin. Gardant son front contre celui du Prince, le jeune homme en profita pour lui glisser quelques informations sur lui : « J'aurai 22 ans en août. J'ai six frères. J'ai grandi à Chicago. Je fais droit et médecine. Je suis premier de ma promo dans les deux domaines grâce à ma mémoire eidétique. » Ok, peut-être que la dernière phrase visait à faire comprendre à Amalric qu'il n'était pas juste un petit con de Mather. Mais au moins, c'était clair.  « Oh, et "Mabel" est la contraction de Mallory Bellwether. » Sans trop y penser, le rouquin glissa ses doigts dans les cheveux de son petit-ami et commença à les caresser doucement. « Vas-y, je t'écoute. Raconte-moi des choses sur toi. Mieux on se connaîtra, plus on sera crédible. »
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Il avait réussi à le vexer. Il ne pensait pas que Mallory avait assez d’amour propre pour mal prendre une quelconque remarque, mais il avait manifestement eu tort. Soit. Ce serait donc quelque chose avec quoi il devrait compter, il n’avait simplement pas l’habitude de ménager les gens de de ce type-là. Si le Mather avait décidé de montrer au monde ce qui, il l’espérait, était la pire facette de sa personnalité, cela aurait dû signifier qu’il était prêt à ce qu’on l’attaque là-dessus, manifestement non, il aimait passer pour un mec facile, mais il prenait la mouche quand on le lui faisait remarquer. Si lui-même n’avait pas été un peu comme ça à propos de beaucoup de choses, il aurait pensé que l’autre était fou. « Je ne pense pas que ce soit moi qui soit à l’origine de ton image positive . On a la réputation qu’on se forge. » Ce n’était pas vrai, il le savait, si ça avait été le cas il n’aurait jamais eu besoin de faire semblant aussi souvent, mais au jeu de la mauvaise foi il avait beaucoup de pions à déplacer, au moins autant que Mallory, ils pourraient jouer à ça toute la nuit –même s’il n’était pas particulièrement ravi à l’idée de passer une nuit avec lui-.

Encore une fois l’irlandais reprit la main, il ne s’arrêtait donc jamais de bouger, c’en devenait déjà fatiguant alors qu’ils venaient à peine de commencer. Il grimaça en sentant ses bras s’enrouler autour de son cou, mais il ne fit pas mine de se dégager, il ne pouvait pas se le permettre de toute façon, il y avait beaucoup trop de personnes autour. De toute façon, il avait décidé de démarrer ce petit jeu, Mallory n’était pas venu le chercher, il ne lui avait rien demandé, c’était lui qui avait tout préparé et le drogué ne faisait que suivre –peut-être avec un enthousiasme tout particulier- les instructions qu’il lui avait donné. Pour ces raisons il était sûr qu’il ne serait pas celui qui grillerait leur réalité, il n’avait jamais fait de théâtre, mais il était bien trop borné pour perdre. Le baiser n’avait plus rien à voir avec le léger effleurement de tout à l’heure, c’était un vrai, Amalric se laissa entrainer et se surprit même à le lui rendre, plus par réflexe que par passion. S’il n’y connaissait rien en relation amoureuse, il avait quelque expérience dans ce domaine-là, même s’il s’y pliait généralement dans l’optique d’aller plus loin avec les femmes qu’il rencontrait en soirée, un baiser sans aucune perspective derrière était idiot à ses yeux, comme seller un cheval et rentrer à pied, ça donnait un peu d’expérience, mais ça s’arrêtait là.

Quand Mallory se retira il en profita pour faire le point, ce n’était pas tous les jours qu’il embrassait un mec, c’était… étrange. Il ne s’était pas attendu à ce que ce soit vraiment différent de ses expériences avec les femmes, dans l’absolu c’était toujours la même chose, à ce stade-là de contact physique tout du moins. Oui, mais voilà, aucun des deux ne portait de rouge à lèvre ce qui rendait la chose… différente, il n’aurait su dire si c’était mieux –à moins d’embrasser une centaine de représentant de chaque sexe et de prier pour une exhaustivité d’échantillonnage, ce ressenti dépendait forcément des capacités de chacun en la matière-, c’était juste, étrange, moins lisse, avec un peu plus de temps il aurait pu détailler toutes les irrégularités des lèvres de son partenaire –cette pensée le dérangeait étrangement-, mais moins collant aussi. Ca donnait un ensemble beaucoup plus brouillon, mais il était prêt à mettre ça en grande partie sur le compte de son manque total de sérénité avec la situation. Puis il y avait l’absence de l’arrière-goût d’alcool, mais il décida de lier ça à l’heure qu’il était et non au sexe de celui qu’il venait d’embrasser.

En une phrase il venait de marquer tous les points, pas dans le bon sens malheureusement. Un lion d’abord, il ne croyait pas à l’astrologie, c’était des histoires de bonne femme et il était trop grand pour y apporter un quelconque crédit. Il devait cependant admettre que la plupart des gros sabots étaient nés dans cette période-là, ça et les béliers, quand je vous parlais de mauvaise foi… Deuxièmement Chicago, Amarlic n’aimait pas les trop grandes villes, c’était triste, d’un ennui à mourir et les gens leur prêtaient une âme là où il n’y avait que des gens sans reliefs. Les grandes villes c’étaient comme les grandes campagnes, tout ce que ça produisait c’était un patriotisme mal placé, la délinquance en plus pour les premières. Du droit ensuite, comme son frère, major de promo, comme son frère et un petit génie, comme son… on s’en serait douté. Il avait choisi le pire gay de toute l’université pour son plan et il était tombé sur une version socialement délabrée du frère dont il essayait de se venger, c’était assez dérangeant. De temps en temps il se demandait ce qu’il se serait passé s’il n’était pas né dans la même famille, peut-être avait-il devant les yeux ce qu’aurait été Thomas s’il n’avait pas été riche et adulé. Il venait de l’embrasser, il venait d’embrasser son… Non. Son esprit se refusait à placer le dernier mot de la phrase comme si cela rendait l’association plus difficile à faire. Il aurait voulu se reculer, mais il avait toujours deux bras autour de la tête.

Il ne comprit pas tout de suite la question tant il était encore interloqué par ce dont il venait de se rendre compte, pas plus qu’il ne sentit la main qui s’aventurait dans ses cheveux. Il avait peur. C’était tout con. Il avait honte d’avoir peur aussi. Du coup il avait aussi un peu peur d’avoir honte, tout ça donnait un mélange assez étrange, mais les deux sentiments étaient facilement identifiables. Car s’il avait fait le rapprochement malgré son inconscient qui essayait de le protéger, d’autres le feraient aussi. D’autres qui ne sauraient pas que ce couple était faux. D’autres comme sa mère. Sa mère allait penser qu’il couchait avec son… Encore un blocage idiot et trop tardif. Il avait conscience qu’il devait avoir la tête d’un lapin sur une aire d’autoroute, au vu du silence il imaginait plus ou moins que Mallory venait de lui demander un truc du genre "et toi ?", mais tout ce qu’il se sentait capable d’articuler concernait ce dont il venait de se rendre compte. Alors forcément il fit la seule chose qui permettait de dissimuler son expression à Mallory et d’éviter de répondre à la question. Cette fois c’était lui qui menait la danse, il n’avait aucune idée de ce qu’il faisait, il laissa même sa langue s’aventurer, timidement, comme s’il n’en était qu’à son premier baiser du genre. Tout pour le rallonger, tout pour lui laisser le temps de se remettre les idées en place.

Il essaya de faire passer son soupir final pour quelqu’un qui reprenait son souffle en lieu et place de celui de quelqu’un qui essayait de se calmer et de reprendre contenance. « J’aurai 22 ans en mars, je suis de Caroline du Nord, je crois que même tes amies connaissent mon nom et j’étudie l’administration et la biochimie sans être le parfait petit élève. » C’était à son tour de tenter de l’ironie, mais si Mallory la prendrait sûrement comme une attaque personnelle à son statut de premier de la classe, ses raisons étaient beaucoup plus personnelles. « Pourquoi droit et médecine ? » Il avait décidément un don pour vouloir détourner les conversations.
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Amalric avait la tête d'un lapin sur une aire d'autoroute. Où que soient allées ses pensées après la courte présentation de sa vie que Mallory lui avait faite, le jeune homme semblait en avoir été hautement perturbé. Le rouquin haussa les sourcils et voulut lui demander si ça allait. Il n'en eut pas le temps. Les lèvres de son partenaire venaient de le réduire au silence. Il crut d'abord à un sobre baiser mais quand il les sentit s'ouvrir contre les siennes, son cœur s'emballa et il retint sa respiration tandis qu'il accueillait la langue du Prince dans sa bouche. Inconsciemment, il attira encore plus Amalric sur lui et resserra sa prise autour de son cou. La main qu'il baladait dans ses cheveux doux était figée à présent. Franchement, pour un spectateur de la scène, cela devait ressembler à un vrai baiser. Mallory se serait mépris en tous cas. C'est la raison pour laquelle, quand Amalric y mit fin et recula un peu son visage, le rouquin détourna la tête et posa quelques instants sa joue contre l'épaule de son partenaire, afin de lui cacher que ses joues avaient rosi. Dieu qu'il avait chaud à la tête ! C'était complètement ridicule. Mal' avait envie de se mettre deux claques. Amalric arrivait à peine à cacher son dégoût pour lui. Comment pouvait-il ne serait-ce que fantasmer sur lui, franchement ? Sûrement un truc à mettre sur le compte de sa bipolarité et de son penchant pour l'auto-destruction. D'ailleurs, comment le Prince réagirait-il face à ses phases de dépression ? Peut-être insisterait-il pour qu'il aille voir un psychiatre. Si Mallory se rendait bien compte que quelque chose clochait chez lui, il ne s'était pas encore fait diagnostiqué. En fait, c'était Royce qui, par leurs similitudes, parvenait à le faire peu à peu prendre conscience qu'il devrait peut-être demander une aide médicale. Il ne le ferait pas, bien sûr. Déjà parce que tout malade psychologique ou psychiatrique pense pouvoir se soigner tout seul. Ensuite parce que les consultations étaient beaucoup trop chères pour ses moyens. Après avoir payé la location de sa chambre et avoir envoyé un chèque à ses frères, il lui restait à peine de quoi s'acheter à bouffer. Le bon point d'habiter avec Amalric serait de lui faire faire des économies. Cependant, il enverrait ces dernières à Chicago plutôt que de les utiliser pour lui. Les Bellwether avaient besoin de toute l'aide financière qu'il pouvait leur apporter.

L'extraordinaire mémoire de Mallory enregistra instantanément les informations que lui confia Amalric. Ils avaient donc le même âge. Son anniversaire était en mars ? On était déjà en février. C'était bientôt. Est-ce qu'il devrait lui faire un cadeau ? Est-ce qu'il fallait prévoir un dîner en tête-à-tête quelque part, à la vue et au su de Monsieur et Madame Prince ? Il lui demanderait en temps et en heure. Ah, la Caroline du Nord. C'était assez ironique que la devise de cet État soit 'Esse quam videri', ce qui signifiait 'Être plutôt que sembler'. Tout le contraire de leur petit jeu. Les habitants étaient conservateurs. Il n'osait même pas imaginer le ramdam qu'allait faire l'annonce de leur couple si ses parents étaient de vieux catholiques intégristes.
Mallory soupira et releva la tête vers Amalric pour le regarder dans les yeux. Ses beaux yeux gris étaient tellement hypnotiques. Il chassa une mèche rebelle sur la tempe de son partenaire pour la mettre en arrière. Pourquoi fallait-il qu'il soit aussi séduisant ? Administration et biochimie. D'accord. C'était donc un homme de chiffres. Parfait. Mallory ne les appréciait pas spécialement mais sa mémoire eidétique les mémorisait sans problème et lui rendait la tache des calculs ridiculement facile. Il haussa les épaules avant de répondre à la question qui lui était posé. « Ce sont mes frères qui ont choisi mon cursus. J'imagine qu'ils ont pris ce qui les impressionnaient le plus. Et ce qui rapportait le plus d'argent sans doute. Faut bien que je les entretienne. Tommy est en taule. Eli bosse dans un magasin de bricolage pour un salaire de misère. Henri et Bray sont au collège, Mickey et Fin à l'école primaire, et on dirait qu'ils se sont lancés dans le concours de celui qui a les pires notes de l'école. » Cette pensée fit sourire doucement Mallory ; connaissant les garnements, le doute était permis.
Comme s'il était déjà addict au goût d'Amalric, il leva le menton pour lui voler un léger baiser, effleurant sa lèvre inférieure du bout de la langue. Il fit glisser ses mains le long des bras de son partenaire jusqu'à attraper ses doigts pour aller les placer sur ses propres hanches. Il les abandonna là et revint entourer son cou. Voilà. Ainsi, leur enlacement faisait plus personnel, plus réel. « Passons aux goûts. Et on ne juge pas, hein, smart ass. » Il haussa un sourcil en esquissant un sourire en coin pour bien faire passer le message avant de poursuivre : « Bon, question sport, je n'sais pas si tu regardes le hockey mais je suis fan des Mighty Ducks d'Anaheim. En revanche, j'ai jamais compris les règles du baseball et le seul plaisir que je retire à aller voir un match de football, c'est de mater des gros machos en collants ultra-moulants se jeter dans la boue. » Le dernier point était plus une blague qu'autre chose mais sans doute qu'Amalric le comprendrait. « Je ne pratique pas de sport parce que – hum – je m'essouffle vite. » Il n'avait vraiment pas envie de dire pourquoi mais comme il ne voulait pas non plus qu'il croit que c'était un feignant ou un gros fumeur, il ajouta moins fort : « Ma mère – euh – elle a pris des trucs pendant qu'elle était enceinte et mes poumons ne se sont pas développés comme ils auraient du. » Il s'éclaircit la gorge comme si cela pouvait faire disparaître sa gêne avant d'enchaîner rapidement sur un autre sujet : « Pour la bouffe, je suis pas chiant, j'aime tout. Enfin, je suis mortellement allergique à l'arachide alors n'essaye pas de me faire bouffer des cacahuètes. Je ne connais rien à la musique et rien au cinéma. Je ne crois pas que j'ai la moindre fibre artistique. Par contre, j'aime les jeux de stratégie – comme les échecs – mais personne ne veut jouer avec moi. » En même temps, se prendre des raclées à répétition avait fini par dégoûter ses partenaires.

« Merde alors, j'y crois pas. Bellwether et Prince ensemble quoi. » dit quelqu'un dans leur dos. « T'as qu'à parler plus fort, si tu veux » rétorqua une autre voix. La première protesta : « Attend mais t'as vu comme ils sont hot ensemble ? » « C'est vrai que c'est pas désagréable à regarder... »
Mallory regarda par dessus l'épaule d'Amalric le groupe de personnes passer leur chemin. Comme s'il avaient peur d'avoir rêvé, ils continuaient de se retourner à intervalles irrégulières vers eux. « Tu me diras tout sur tes goûts toi aussi mais avant.... show time, Votre Altesse. » susurra le rouquin à son partenaire une seconde avant d'inverser leurs positions, le retournant comme une crêpe pour le mettre dos au mur et se presser contre lui, un genou entre ses jambes. Ses mains prirent son visage en coupe et il fondit sur ses lèvres pour leur donner un baiser affamé. Sans doute grâce à l'effet de surprise, sa langue passa sans difficulté la barrière de ses dents et alla chatouiller celle du Prince. Il commit alors l'erreur de prendre une bonne inspiration par le nez et ses poumons se gonflèrent de l'odeur ensorcelante d'Amalric. Il étouffa (très mal) un gémissement. Son pouce gauche caressait la pommette de son petit-ami tandis qu'il l'embrassait avec une certaine expertise. Plus le baiser durait et plus il sentait leurs corps s'assouplir l'un contre l'autre, comme si la réticence naturelle était en train de s'étioler. Mallory savait que c'était tout sauf sage de sa part d'y mettre autant de cœur mais, s'il pouvait mentir en mots, son corps ne savait que dire la vérité. Il y avait un début d'alchimie ici. Il aurait été vain de le nier.
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A certains moments, Amalric avait le chic pour se sentir con. Très con. En entendant Mallory lui raconter toute la chouette histoire de la famille Bellwether, il s’était senti con. Il était là à payer un type pour pouvoir lui rouler des pelles dans l’unique objectif de récupérer ce qui lui revenait de son immense héritage familial, alors que d’autres se laissaient dicter leur avenir pour aider leurs six frères. Le rouquin devait prendre sur lui pour ne pas montrer à quel point il devait les mépriser, lui et son plan. Au moins leurs sentiments devaient donc être réciproques. De toute façon ce n’était pas de sa faute si l’autre était pauvre, il ne lui avait jamais rien demandé, au contraire, tout futile que son combat devait sembler, il allait bien finir par leur être mutuellement profitable, il n’avait aucune idée de l’argent que Mallory se faisait dans son "métier", mais il était presque certain d’offrir plus. En outre, il n’avait aucune idée de ses vraies motivations dans l’histoire, il lui avait parlé des évènements récents, mais ils n’expliquaient pas à eux seuls cette furieuse envie de montrer qu’il existait, il ne comptait pas non plus lui en dire plus, s’il avait eu besoin d’un psychiatre, il en aurait trouvé un, s’il avait eu besoin d’un ami à qui se confier, il savait où aller, il avait juste voulu un inconnu, tant pis s’il passait pour un enfant gâté.

Il ne réagit ni aux lèvres, ni aux mains de Mallory, il avait l’impression d’être détaché de son corps, tout lui semblait détaché de la réalité, comme si un voile s’était mis entre lui et le monde entier, il se laissait faire, il sentait ce qu’il se passait, mais tout se passait de loin, comme dans un rêve. Sauf que tous ses autres sens fonctionnaient très bien. Sauf qu’il ne rêverait jamais d’embrasser Mallory Bellwether. Aussi étrange que cela lui semblait être, ça lui permettait de supporter un peu mieux la situation, s’il avait eu pleine conscience de ce qu’il était en train de faire, la gêne aurait laissé place à un profond dégoût de lui-même. Il se félicitait tout de même de n’avoir pas eu une éducation particulièrement religieuse, certains de ses amis étaient catholiques et pendant des années ils s’étaient sagement assis à la messe pour s’écouter raconter comment mener leur vie. Il avait eu la chance d’avoir une religion familiale qui pouvait très bien se dérouler à la maison. Liberté qui, pour tout enfant, signifiait en fait une conscience religieuse bien légère, pour lui Dieu c’était resté le grand barbu là-haut qui surveille qu’on ne fasse pas trop de conneries, omniscient et omnipotent, pas trop le genre de mec à surveiller où les deux étudiants pouvaient bien mettre leur langue.

Il laissa échapper un léger rire en l’entendant dénigrer à sa façon le baseball, aux États-Unis on avait parfois l’impression que ces trois sports, ajoutés au basket, seulement parvenaient à soulever les foules. Rares pourtant étaient ceux qui appréciaient les quatre, en général, il y avait un sport qu’on adorait, un qu’on regardait de temps à autres, un qu’on ne pouvait pas supporter et un qu’on oubliait tout simplement. Manifestement Mallory oubliait le basket, Amalric avait plutôt tendance à se désintéresser totalement du football, il ne pouvait même pas dire que c’était parce qu’il trouvait ça idiot de voir ces mecs en armure se lancer les uns sur les autres. Il avait fait du hockey. Il n’avait juste jamais partagé l’enthousiasme général autour de ce sport.

La raison pour laquelle son petit ami avait décidé de justifier son manque d’endurance lui échappa, lui-même ne voulait pas que l’autre ne laisse trop place à son imagination sur certains détails de sa vie, mais il n’aurait pas été jusqu’à lui confier que sa mère s’était droguée. Cela expliquait cependant le nombre de frère qu’il avait, il avait trouvé ça étrange qu’une famille qui semblait pauvre s’encombre d’autant de bouches à nourrir, n’avoir rien ce n’était déjà pas grand-chose, mais diviser rien par sept, c’était pure folie. Ce fut au tour de l’irlandais de vouloir changer de sujet, pour une fois. Il nota avec attention l’allergie en question, il ne connaissait personne avec une allergie et ne pouvait imaginer la galère que c’était de vivre sans pouvoir relâcher sa garde un seul instant. En bon compagnon, il aurait lui aussi à faire attention à ça à l’avenir, il ne s’agissait pas de laisser ses parents servir des arachides et de passer pour celui qui ne vivait pas tant que ça avec son copain.

Des tas de réponses à tout ce qu’il venait d’entendre se formaient déjà dans sa tête, mais Mallory semblait avoir d’autres idées en tête. Il fronça les sourcils en entendant son nouveau surnom, personne ne l’appelait comme ça, c’était… ridicule, au mieux, même si ça se rapprochait plutôt assez dangereusement du pathétique. Encore une fois il se laissa faire, il n’avait pas le choix, des gens les observaient, c’était certain, même dans un pays développé comme les États-Unis et dans un lieu culturellement avancé, l’homosexualité continuait à interloquer. Lui-même y aurait regardé à deux fois s’il avait vu deux mecs –ou, mieux, deux filles- s’embrasser, juste pour voir. Amalric avait beau ne pas être un génie il n’en était pas complètement idiot pour autant, il sentait l’insistance de son partenaire, comprenait le sens des caresses qu’il osait, il n’était pas en train de jouer, pas aussi bien, pas aussi naturellement. Ce constat le mit mal à l’aise et il voulut se reculer, tant qu’il s’agissait de faire semblant il pouvait aller très loin, mais les proportions que cela venait de prendre était plus loin que ce pourquoi il avait signé. Il était malheureusement au dos du mur, au propre comme au figuré et les quelques millimètres qu’il avait réussi à récupérer furent bien vite repris par Mallory qui se colla d’autant plus à lui, il devait attendre qu’il en ait fini avec lui. En attendant il pouvait toujours rendre l’expérience plus agréable, s’assurant de garder les yeux bien fermés il tenta de se convaincre qu’il embrassait la femme de ses rêves, brune, légèrement plus petite que lui, instinctivement il laissa ses mains se promener dans son dos, prenant, sans le remarquer, soin de ne pas les remonter assez haut pour briser l’illusion en constatant l’absence d’une longue chevelure.

Quand Mallory se recula enfin, il le repoussa légèrement, prenant soin d’essuyer ses lèvres d’un revers de la main. « Tu fous quoi ? » Plus de belle éducation, plus de réflexion sur les mots à choisir, juste de la surprise teintée d’un peu de panique. Il était gonflé de dire ça, il avait fini par prendre plaisir à ce baiser, simplement, lui, il savait pourquoi, il connaissait ses intentions, c’étaient celles de Bellwether qui lui semblaient floues. Reprenant quelque peu constance, il décida de ne pas le laisser répondre, il n’était pas sûr de vouloir d’explications à bien reconsidérer les choses, ainsi entreprit-il de répondre à tout, sans laisser de blanc, respirant à peine entre les phrases, gardant son regard fixé sur la pelouse derrière l’épaule de son compagnon, tout pour éviter de croiser son regard, tout pour s’assurer de fixer assez de distance entre eux. « J’ai un frère aussi, il est à Yale, vous vous entendriez bien. » Il espérait bien que non. « Tu ne perds pas grand-chose pour le baseball, c’est juste quelques abrutis qui tiennent des morceaux de bois. » Car le hockey n’était pas du tout ce genre de sport, les équipements n’étaient plus en bois depuis des lustres. Il avait laissé de côté la question de ce sport justement, il entendait bien toucher son esprit de fan et le faire s’offusquer, mais pas tout de suite. « Je mange de tout également. » Il doutait simplement que leur définition du tout coïncide. « Je méprise globalement l’art et je préfère ma vie à tes jeux. » C’était gratuit. Ils avaient pourtant pas mal de choses en commun. Enfin, ils détestaient pas mal de choses à deux, c’était déjà ça.

Il se pencha légèrement vers l’oreille de l’autre. « Quant au Hockey… on va vous détruire jeudi. » C’était présomptueux. Très. Ils avaient réussi à aller jusqu’aux prolongations  une semaine plus tôt, mais au final les Ducks avaient battu les Hurricanes et, vu la saison que faisait les deux équipes, il ne croyait pas lui-même à une victoire le douze. Cependant, la règle principale quand on parle de sport avec des gens qui ne supportent pas la même équipe, c’est de ne jamais rien leur concéder, 50 à 0 à trente secondes de la fin ? on vous rattrapera ! Malgré les résultats plus que décevants de son équipe cette saison, Amalric continuait d’y croire de toute façon, ils avaient simplement leurs mauvaises périodes, mais depuis début janvier ils commençaient à se remettre sur pieds, un peu tard malheureusement. « Pourquoi les Ducks d’ailleurs ? » Il était peut être simple d’esprit, mais il était de Raleigh et soutenait l’équipe de là-bas, voir un type de Chicago préférer une équipe à l’autre bout du pays était étrange, surtout que les Blackhawks étaient loin d’être une mauvaise équipe. Il ne songea qu’ensuite que Mallory n’avait pas les moyens de, comme lui, voir tous les matchs à domicile de son équipe, à la télévision les équipes locales devaient avoir la tête de toutes les autres.
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Mallory leva les yeux au ciel. Évidemment, il se faisait engueuler parce qu'il faisait le job pour lequel il était payé. Très logique. Amalric avait vraiment un caractère de merde. Le constater minute après minute lui faisait presque perdre son charme. J'ai dit presque ; il ne fallait quand même pas exagérer. Et puis, il lui avait rendu son baiser. Il lui avait même semblé qu'il avait baladé ses grandes mains dans son dos pendant qu'ils échangeaient leur salive. Enfin, Mallory n'allait quand même pas s'imaginer que son partenaire y prenait autant de plaisir que lui mais il ne lui ferait pas croire que c'était aussi désagréable qu'il l'induisait par sa protestation.
Amalric fixa un point par dessus son épaule et se remit à parler. Tout en écoutant, le rouquin décolla les doigts de sa nuque et posa ses paumes sur le mur, de chaque coté de la tête de son partenaire. Il ne le touchait plus à présent mais ses yeux profitaient du fait que l'autre ne voulait pas le regarder pour étudier son visage. Son nez était tellement droit et sa mâchoire tellement fine. Il n'était pas artiste mais il avait envie de promener un pinceau sur ces lignes superbes. Quant à ces iris, il était certain qu'aucune peinture au monde n'aurait pu en reproduire la couleur. Finalement, il était heureux qu'Amalric ait un caractère aussi merdique. S'il avait été plus gentil, plus doux, ou simplement plus humain, il en serait tombé instantanément amoureux.

Le prince démoniaque avait donc un frère. Yale ? Pas mal. Mallory avait été accepté là-bas aussi mais il avait choisi Harvard. Par contre, c'était quoi ce commentaire sur le fait qu'ils s'entendraient bien ? Il avait été lancé sur le ton de la conversation mais il y avait une pointe d'un petit quelque chose d'autre dans la manière dont il l'avait. Le Bellwether n'était pas tout à fait sûr d'identifier le sentiment alors il préféra ne pas tirer de conclusion hâtive, préférant écouter ce qui venait ensuite. Il le regretta presque en apprenant que son petit-ami méprisait l'art. Il n'y était pas indifférent, non. Il le méprisait. Carrément. Putain, ce mec avait vraiment besoin de s'acheter un cœur. Mallory était prêt à faire une collecte dans l'université ou à lancer un kickstarter pour ça tellement il trouvait son attitude triste. Le rouquin n'avait pas son pass pour les musées mais il était quand même capable d'apprécier la grâce d'un Waterhouse ou la précision d'un Rodin. Qu'est-ce qui clochait chez ces fils de riches, sérieusement ? C'était pas possible de détester le monde à ce point. Même Mallory, que le monde n'avait pas épargné comme on le sait, ne le haïssait pas à ce point. Franchement, c'était quoi les griefs qu'il pouvait avoir, hein ? Son papa n'avait pas voulu lui payer une Porsche, comme tous les ados du Country Club, pour ses seize ans ? Oui, c'était un cliché – et Mallory détestait y faire référence, même dans sa tête – mais ces comportements de gamins gâtés lui sortaient par les trous de nez.

Le commentaire dépréciatif sur sa passion pour les jeux de réflexion acheva de réduire son moral à néant. Il lâcha un long soupir exaspéré qu'il ne chercha même pas à dissimuler. Pourquoi il avait accepté de supporter ce mec déjà ? Ah oui. Pour que Fin puisse avoir un appareil dentaire, pour que Mickey puisse s'inscrire au club de karate, pour que Bray puisse renouveler son traitement comme l'asthme, pour que Henry puisse prendre des leçons (légales) de conduite et, globalement, pour qu'Eli arrête de galérer en comptant sa petite monnaie à la caisse quand il faisait les courses pour nourrir toutes ces bouches. Le cœur de Mallory se pinça, comme à chaque fois qu'il songeait à l'éloignement de ses frères. Il avait tellement envie d'envoyer le doyen se faire foutre et de rentrer à Chicago. Il prendrait n'importe quel job – pour lequel il serait sur-qualifié de toutes façons – et il aiderait ses frangins au jour le jour, comme avant qu'il déménage ici. Hélas, il leur avait promis qu'il allait rester. Il avait conscience qu'il représentait un peu la fierté de leur famille. Aucun autre Bellwether n'irait à l'université. Ce serait déjà un miracle s'ils finissaient le collège. Mallory avait promis. Et il tenait toujours parole.

Le jeune homme était tellement profondément plongé dans ses pensées qu'il faillit manquer la réflexion d'Amalric sur le hockey. Ce fut son mouvement pour rapprocher sa bouche de son oreille qui le remit brusquement dans la réalité. Il foutait quoi ? Ah, c'est bon. Il voulait lui murmurer quelque chose. Mallory mit quelques secondes à réagir. Qui allait jouer contre les Ducks jeudi déjà ? Mhhh... Oh ! No way. Les Hurricanes ?! Sérieusement ?!! Sa mâchoire se décrocha et il plongea ses yeux bleus écarquillés dans ceux de son partenaire. Non, il avait du mal entendre. Quand Amalric lui demanda pourquoi il supportait les Ducks, Mallory lui donna une petite tape sur le torse avant de se décoller de lui pour faire un pas en arrière et quitter l'enlacement de ses bras. Malgré son indignation, il remarqua qu'il avait soudain froid à l'endroit où les mains du beau brun se trouvaient une seconde plus tôt. Il décida de l'ignorer. « Oh non, jamais de la vie. Il n'y a pas moyen que je te dise pourquoi je préfère les Ducks. Cynique comme tu es, tu vas trouver ça complètement con et j'ai pas la force de supporter ça. » Comme Amalric l'avait bien supposé, Mal' n'avait jamais vu de match en vrai. Il n'était même jamais entré dans une patinoire. Disons que le hockey en live n'était pas vraiment dans le haut de la liste des priorités des Bellwether. Le haut du podium étant déjà réservé à ces choses futiles qu'étaient : manger à sa faim, dormir avec un toit sur la tête et payer la facture de chauffage pour qu'il ne soit pas coupé. En fait, les Ducks étaient son équipe préférée depuis qu'il avait vu à la télévision le film The Mighty Ducks, réalisé par Stephen Herek. Il devait avoir dans les 5 ou 6 ans à l'époque. Cette production de Disney avait donné naissance à l'équipe qui portait aujourd'hui ce même nom et Mallory trouvait l'histoire incroyable. C'était le seul DVD qu'il possédait et il y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Ce film véhiculait un message d'espoir et d'amitié tellement fort qu'il avait réchauffé son cœur et remonté son moral plus de fois que même sa mémoire pourtant parfaite ne pouvait s'en souvenir. Ce qui expliquait qu'Amalric pouvait toujours le torturer, jamais il ne lui dirait pourquoi il aimait autant cette équipe. « Quant à jeudi, j'espère que t'as prévu le stock de mouchoirs. Je te passerai du PQ si t'en as plus. »

« Allez, poursuivons... »Mallory se retourna et commença à s'éloigner. Il avait besoin de quelques secondes de répit. Mais alors qu'il était encore à portée d'oreille, il entendit un mec lancer à Amalric : « Yoh, Prince ! Me dis pas que tu sors vraiment avec cette sous-merde de Mather. Que tu sois une tapette passe encore mais que tu te tapes la plus grande pute de l'université, c'est à vomir. » Le rouquin fut traversé d'un frisson. Il avait l'habitude de se faire insulter et, le plus souvent, il jouait l'indifférent. Cependant, il mentirait en disant que ça lui était égal. Non. Chaque fois, c'était comme un petit poignard dans son cœur. Peu importe qui en tenait la garde. Il shoota dans un petit caillou avant de se retourner à moitié dans la direction des deux protagonistes. Est-ce qu'Amalric connaissait bien le jeune homme qui lui parlait ? Il n'en savait rien. Son regard ne croisa que brièvement celui de son petit-ami car il ne voulait pas lui laisser voir que ce genre de remarques lui faisait de la peine. A la place, il fourra ses mains au fond des poches de son blouson et secoua doucement la tête, navré par la connerie humaine.
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Au moins avait-il réussi à se faire détester par Mallory. Ou alors il y était parvenu depuis plus longtemps que ça, mais ce n’était que maintenant que ça devenait clair. Cette histoire l’arrangeait bien, il n’avait jamais prévu d’apprécier le rouquin et être certain que c’était réciproque lui enlevait un poids de la conscience. Car tout méprisant qu’il pouvait se montrer, il n’était pas profondément méchant, il n’aimait pas faire souffrir les gens, il n’avait juste pas l’envie de les rendre plus heureux, les laisser dans l’état dans lequel ils pouvaient se trouver était donc son objectif principal. Il le laissa partir quand il se refusa à répondre à sa question. Dans un premier temps Amalric haussa un sourcil interrogateur, depuis dix minutes le rouquin jouait au jeu de la vérité et d’un coup il se la jouait agent secret sous couverture. La raison de ce soudain mystère lui arracha un rire. « Probablement en effet. » Le côté négatif dans le faire de lui cacher, c’était que du coup il se posait plein de questions à ce sujet, qu’est-ce qui pouvait bien faire qu’il avait soudain honte de ça ? Il lui avait quand même admis qu’il était de Chicago et que sa mère se droguait, les films que se faisaient Amalric sur les raisons de son embarras pouvaient dès lors largement dépasser la réalité.

Il encaissa sans rien dire la remarque sur le match à venir, seul l’avenir pourrait les départager et il se faisait, comme à son habitude, attendre. Mallory s’écarta et une autre silhouette, plus familière, s’approcha de lui, il aurait pu reconnaitre cette voix entre mille, Clay Matthew Anderson. Un vieil ami d’enfance, son père travaillait pour le père d’Amalric, ils avaient grandi ensemble ou peu s’en fallait, depuis tout petits ils fréquentaient les mêmes établissements. Quand il avait quitté l’entreprise pour s’installer à Seattle, les deux adultes s’étaient brouillés, la rancœur s’était propagée aux enfants et se retrouver à Harvard n’avait pas arrangé les choses, loin de là. Qu’il l’insulte ne le dérangeait pas, étonnement ils s’étaient souvent dit des choses bien plus blessantes que ça, même lorsqu’ils étaient amis, mais qu’il ose s’en prendre à Mallory… Si Amalric se fichait royalement du rouquin, le monde entier commençait cependant à penser qu’ils étaient ensemble, il avait peut-être des relations étranges avec sa famille à l’heure actuelle, mais il avait été éduqué dans une ambiance qui la plaçait au-dessus de tout et, à partir du moment où les gens le considéraient comme son petit ami, s’en prendre à Mallory c’était s’en prendre à sa famille. « T’as un problème Anderson ? Ce sont tes hormones qui te font oublier la politesse ? » Du coin de l’œil il vit Mallory envoyer paitre un caillou. Il se rapprocha d’un pas de Clay. « Maintenant t’es gentil tu vas demander pardon au monsieur. » Il ne bougea pas, évidemment, les années où il lui suffisait d’un mot pour le faire obéir avaient passé et les bonnes habitudes avec elles. « Ou tu préfères que je commence par jouer franc jeu. Ça fait un moment que je n’ai pas discuté avec ton père. Il n’est toujours pas au courant ? J’imagine que non, tu auras dégagé la vue depuis un moment s’il savait. » A sa connaissance, Clay ne s’était drogué qu’une seule fois, il avait juste tellement mal choisi son timing, à sa place Amalric n’aurait pas pu continuer à se regarder dans une glace, sûrement l’autre s’en voulait-il encore, conduite sous l’effet de substances hallucinogènes, délit de fuite aggravé, homicide involontaire… Il n’était pas juriste, mais c’était le genre de choses qui devait aller chercher loin. « Tu ne ferais pas ça. » En effet. Aussi difficile que cela puisse paraitre, il croyait à la rédemption, il savait que plus jamais Clay ne se mettrait dans ce genre de situation et qu’il serait donc idiot de l’envoyer en prison, la seule personne pour laquelle il pouvait représenter un danger à l’heure actuelle, c’était lui-même. Puis… il avait promis de n’en parler à personne, il était un homme de parole. Il se rapprocha encore et s’arrangea pour parler trop bas pour que Mallory les entende. « Probablement pas, mais toi non plus, tu ne serais pas assez fier pour refuser de présenter tes excuses. » En tous cas il l’espérait, car s’il considérait Clay comme un parfait abruti, il devait bien admettre que c’était un parfait abruti qui faisait une tête de plus que lui. Heureusement pour lui, il avait décidé d’être raisonnable. « Pardon. » C’était pas grand-chose, ce n’était même pas sincère, mais c’était bien tout ce qu’il arriverait à obtenir de lui et puis parfois c’était passer le pas la chose la plus importante. Alors que son ancien ami s’éloignait, il retourna se poser à la hauteur de son nouveau petit ami. « Ça va ? » La question ne s’étouffait pas par son charisme ni par son utilité, mais il se sentait obligé de la poser. « Fais pas gaffe, moi aussi je connais des idiots. » Dire ça alors qu’il avait lui-même fait la tronche à la réflexion de l’idiote de Mallory ne manquait pas d’air. « Tu comptes emménager quand d’ailleurs? » Manifestement leur couple avait commencé à faire parler de lui et nul doute que les Mather n’allaient pas, eux non plus, apprécier la nouvelle. Mallory serait plus facile à protéger s’il n’habitait plus là-bas. Il ne comptait laisser personne insulter ce qui lui appartenait et ce devoir commençait dès aujourd’hui.
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