Le garçon continue de me poser des questions auxquelles je tâche de répondre de la manière la plus précise possible. A vrai dire, pour le moment je ne vois aucune raison de ne pas le faire, de ne pas lui donner ce qu’il veut. J’ai, certes, l’impression qu’il me fait du rentre-dedans et qu’il espère bien plus qu’une simple petite conversation. Je pars néanmoins du principe que tant que rien n’a été tenté je n’ai aucune raison de mettre les points sur les « i » plus que je ne l’ai déjà fait en précisant être hétérosexuel et pas du tout mais alors pas du tout intéressé par les pénis. « Vacances ? » Nous approchons d’un sujet sensible, celui qui fait changer le regard des inconnus sur moi en un claquement de doigts. Je n’aime pas trop parler de la prison, de tout ce qu’il s’est passé, d’une vie passée qui a été détruite. « Pas vraiment… » Je réponds, hésitant, devrais-je aller jusqu’au bout et être honnête ? Je ne devrais pas avoir honte, mais une part de moi est immédiatement sur la défensive lorsqu’on aborde le sujet. Je n’en dirais pas plus pour le moment, espérons qu’il ne sera pas trop curieux. Puisqu’il faut changer de sujet pour ne pas trop plomber l’ambiance, je décide de le taquiner un peu à propos du fait qu’il fait du rentre-dedans de manière assez flagrante aux hétéros. « Je ne fais pas vraiment attention aux labels en fait. Si un mec me plait... Savoir son orientation sexuelle n'est pas ma priorité. » Il ne se démonte pas, j’apprécie ça chez les autres, un point positif. « Je vois, j’espère que tu as un bon gaydar alors, parce que tu prends des risques sinon ! » Prenons un exemple explicite, s’il venait à tenter quoi que ce soit avec moi, mon poing il l’aurait assurément dans les dents avant la fin de la soirée. Il me propose de danser, me l’impose presque, et j’accepte puisque j’ai envie de me défouler. Il fait super chaud, encore plus sur la piste de danse maintenant que nous nous défoulons sur la musique on ne peut plus électronique. J’en regrette d’avoir opté pour une chemise, quelle idée ! J’ai l’impression de brûler là-dessous mais je n’ai pas pensé à mettre ne serait-ce qu’un marcel en dessous pour dire de pouvoir la retirer… Et non, je ne finirais pas la soirée torse poil ! Un mec me bouscule assez lourdement et je trébuche sur le pied de Nemo qui me rattrape par le biceps. « Il va avoir du mal à se faire pardonner lui. » Il va surtout prendre ma main dans sa gueule. « Merci, ce connard ignore la politesse qui plus est ! » Je peste en le fusillant du regard, mes dents s’entrechoquant pour faire ressortir ma mâchoire sous ma peau. « C'est quoi ton nom au fait ? » Mon nom ? Ah oui, j’ignore aussi comment il s’appelle. « Graham, et toi ? »
PARTY ALL THE TIME (+) Rainier.
Plus le semblant de conversation que tu tentais de mener avançait, et plus l'homme devant toi semblait devenir mystérieux, se dévoilant à peine dans ses réponses sans jamais aller plus loin, ce qui te laissait avec des envies d'en savoir plus et une curiosité insatisfaite. Tu essayais de le connaître un peu mieux, et c'était presque l'inverse qui se passait. Il avait l'air assez mal à l'aise lorsqu'il te répondait quand tu suggérais des vacances de trois ans, et tu te demandais si tu devais un peu plus pousser le sujet ou laisser tomber pour le moment. Tu risquais peut-être de ne plus avoir la chance de le voir après ce soir et donc de ne jamais connaître le fin fond de cette histoire, et d'une autre manière... Si tu espérais repartir avec lui ce soir, les sujets importants et émotifs étaient surement à bannir. Tu hochais donc doucement ta tête, te concentrant sur ta réponse sur les labels, lui indiquant clairement que tu n'étais pas du genre à faire le détective trois heures afin d'espérer savoir l'orientation sexuelle d'un mec. « Je vois, j'espère que tu as un bon gaydar alors, parce que tu prends des risques sinon ! » Tu riais, haussant tes épaules. « Oh parfois on a de bonnes surprises. Puis je ne fais pas trop attention aux risques : après tout, même si l'autre n'est pas intéressé par moi, c'est plutôt un gros compliment que je lui fais non ? » Tu demandais, souriant en coin. Certains pouvaient être assez cools et te remercier de l'intérêt en te laissant tomber gentillement, et tu passais à autre chose. Vous alliez ensuite danser, et ça te brouillait carrément tes signaux. Il semblait essayer de te faire comprendre que tu prenais des risques avec lui et qu'il aimait donc les femmes, et d'un autre côté, il t'invitait totalement spontanément à danser, comme s'il venait de changer d'avis d'une seconde à l'autre. T'essayais de ne pas trop y réfléchir, de te laisser aller à la musique, avant de le rattraper quand il se faisait bousculer, mordant ta lèvre quand il trébuchait sur ton pied. « Merci, ce connard ignore la politesse qui plus est ! » Tu laissais échapper un petit « Humhum » pour acquiescer à ce qu'il disait, mais malheureusement tu étais maintenant plus préoccuper à tâter légèrement le biceps sous tes doigts. Eeeet c'est qu'il avait des bons petits muscles l'Apollon, et ça te donnait de très mauvaises idées dans ton esprits, comme celui de le déshabiller là, en plein milieu du Republik. Tu te reprenais ensuite en levant tes yeux vers lui, lui demandant enfin son prénom. Tu faisais un grand sourire tout excité quand il te répondait. « Graham ? Mais c'est le nom de mon chat ça, si c'est pas le destin ! » Ok, ta gueule l'poisson. Tu ne comprenais même pas pourquoi ton cerveau avait décidé de s'aventurer sur cette voie-là, celle qui ressemblait étrangement au « t'es capricorne ? Le petit cousin de ma mère aussi, si c'est pas un signe qu'on est fait pour être ensemble ça ! » mais en plus débile. T'avais même pas de chat, et t'étais presque sûr que même si t'en avais un, Graham ne serait pas subitement heureux qu'il ai le même prénom que lui. Tu souriais légèrement embarrassé, avant de racler ta gorge. « Moi c'est Nemo. » Tu répondais plus sobrement avant de passer un bras autour de son cou, recommençant un peu à danser. Avec un peu de chance cette tentative de rapprochement pouvait aussi passée pour un bourré qui a besoin de se tenir à quelqu'un pour rester debout.