Samedi soir, le moment idéal pour décompresser après une très lourde semaine de cours. Qu’il est difficile de rattraper un semestre de retard. Je peux m’estimer heureux d’avoir rencontré quelques personnes vraiment généreuses, j’ai récupéré tous les cours et bossé comme un fou pour pouvoir passer les partiels en même temps que tout le monde. Je n’ai pourtant pas eu beaucoup de temps pour ingérer et digérer tous les cours que l’on m’a passé, deux semaines. C’est le temps dont j’ai disposé entre ma sortie de prison et le début des examens, entre temps j’ai été à la rue plusieurs jours, j’ai dû prendre mes repères à Harvard et accepter le regard de ceux qui ont eu vent d’un pan de mon histoire. Mon semestre, je l’ai validé, de justesse mais je suis à présent à jour pour aborder la deuxième partie de ma première année de psychologie plus sereinement. Ce soir je suis de sortie avec mon meilleur ami, Jacey, c’est lui qui a payé nos entrées même si je me suis promis de lui rendre la pareille dès que j’en aurais les moyens. Encore six, peut-être sept mois à sacrifier mon salaire de maitre-nageur en intégralité dans mes frais d’inscription et après cela je pourrais petit à petit me refaire une santé. Ironique de se dire que j’étais plus en sécurité et à l’abri en prison qu’à l’extérieur. D’autant que j’ai été victime d’une prise d’otage sur le campus il n’y a pas si longtemps que cela. Ce soir je décompresse, j’ai prévenu Briony et Keyla que je ne rentrerais pas ce soir, elles m’hébergent gratuitement sur le canapé depuis que Briony m’a trouvé au parc, comme un gentil petit SDF. Je dois une fière chandelle à un petit groupe de personnes et c’est… Je ne sais pas, j’ai du mal à savoir comment réagir. Pendant trois ans en prison j’ai appris à ne compter que sur moi… C’était déjà le cas à la maison quand mon père rentrait alcoolisé et qu’il commençait à nous taper sur la gueule, que je devais mentir aux urgences et changer d’hôpital à chaque fois pour ne pas attirer les soupçons sur mes blessures de plus en plus régulières. Jacey est parti rejoindre quelques amis, il me retrouvera plus tard dans la nuit. La boite est pleine à craquer, tout le monde se bouscule et je commence immédiatement à regretter d’avoir voulu mettre le paquet comme Jacey me l’a demandé. Une chemise blanche c’est bien beau mais putain ce qu’il fait chaud !
PARTY ALL THE TIME (+) Rainier.
T'avais pas envie de te sentir de retour à Cambridge si tôt. T'avais eu de la chance d'être écroulé sous les différents voyages l'un après l'autre afin de te laisser divaguer à penser à d'autres choses que les dernières prises d'otages, mais t'avais l'impression que c'était déjà trop tôt pour revenir. Pourtant, t'avais passé un peu moins d'une semaine à Jersey avec ta confrérie, puis tu étais rentré légèrement plus tôt, afin de pouvoir participer au week-end à Sydney avec le club de natation. Et tu t'étais éclaté, t'amusant dans les toboggans aquatique avec ta meilleure amie, mais déjà les deux jours venaient de se terminer et tu venais de reposer tes pieds sur le sol de Cambridge. C'était presque loin tout ça, la violence des preneurs d'otages, les coups de feu qui résonnaient violemment dans ton esprit, tes battements de coeur déchainés qui traduisaient ta peur et ton adrénaline qui te criait de sauver ta peau et d'aller te cacher dans les cuisines avec Skyler. Pourtant, tu continuais d'y penser, d'avoir des cauchemars et des difficultés à t'endormir, malgré le fait que tu n'aies pas été touché directement. Tu venais à peine de revenir de Sydney, que déjà tu décidais d'aller en boîte de nuit, celle-là même où tu avais revu ton ex pour la seconde fois il y a quelques semaines – et où le lendemain il avait été de trèèès mauvaise humeur. T'aimais bien venir seul ici – t'avais le plaisir de draguer qui tu voulais même si t'étais marié, et c'était tellement rempli que personne ne faisait attention à toi. Parfait. Tu commandais un cocktail que tu buvais tranquillement, n'ayant pas envie de devenir ivre mort trop vite, et tu observais les gens, avant que ton regard se pose sur un mec assez canon. Tu ne l'avais jamais vu auparavant – et c'était une honte car il était bien à ton goût – et tu réfléchissais pas quand tu t'approchais de lui, glissant entre les gens qui dansaient, cocktail toujours à la main. De toute manière, au pire il te remballerai, et t'irai chercher un autre beau mec. « Hey handsome ! Qu'est-ce qu'un mec si canon fait seul dans son coin ? » Tu lui disais par dessus la musique avec un grand sourire charmeur. Bon t'étais vraiment pas fort pour les approches, ni pour la drague en général, mais si tu plaisais aussi au mec devant toi, souvent, ils faisaient pas attention à ce que tu disais vraiment.