BLAME IT ON THE NIGHT ❋ MAXEO

Il était moyennement ravi à l'idée qu'elle parte, égoïstement parce qu'il ne voulait pas avoir à refaire tout le chemin qu'il avait pu faire jusqu'à elle, pour ne pas avoir fait tant d'efforts pour au final devoir dire au revoir à la blonde, et de toute manière, il ne savait pas si ça réglerait les choses que Maxine retourne en Suisse. Il se doutait bien que là bas, elle devait avoir une autre vie, d'autres amis, un autre Leo pour la flatter, mais pour autant, pouvait-elle oublier absolument tout ? Quand ses cauchemars la hanteraient là-bas, est-ce qu'il y aura quelqu'un d'assez compréhensif pour l'épauler ? Quelqu'un qui comprendra exactement ce qu'elle traversait ? C'est clair qu'il cherchait un petit truc, un argument digne de ce nom pour la faire rester ou du moins revenir. Il s'était ré-installé à côté d'elle après être allé chercher la pizza, il la regardait, les sourcils froncés. Il soupira un peu, triste de la voir comme ça, il ne savait pas trop comment agir non plus. « Ça passera je te promets, ça finira par partir, devenir moins violent, il faut pas que tu te laisses aspiré par tout ça. » Le brun lui sourit, puis lui présentant une part de pizza, il rit doucement. « J'ai pris mon pyjama pour cette nuit, tu n'as rien à craindre jolie Maxine. »

L'avantage de rentrer dans son pays natal serait son ancienne vie. Elle n'aurait pas besoin de repartir à zéro. Mais ça serait vraiment bizarre, de reprendre sa vie qu'elle avait laissé derrière elle à dix-huit ans. Maxine n'avait pas totalement envie de retrouver sa chambre dans la maison familiale, surtout si Dinah restait à Harvard, et elle restera pour Tate. Elle ne voulait pas déambuler dans les couloirs vides de la maison, sachant très bien que ses parents seraient encore occupés. Rien n'avait changé. Même si sa mère serait plus rassurée avec Maxine près d'elle, elle serait joyeuse pendant quelques jours et la vie reprendra son cours. Comme avant. Maxine savait qu'elle serait nostalgique d'Harvard si elle partait, nostalgique de tous les moments qu'elle aura passé ici. La vice-présidente tourna un peu sa tête pour regarder Leo, qui lui montra une part de pizza, lui promettant que les cauchemars finiraient par partir, lui disant qu'elle ne devait pas se laisser aspirer par ceux-ci. Son petit rire lui faisait un peu de baume au coeur puis elle sourit un peu, prenant la part qu'il lui montrait. Merci Leo. Maxine croqua dans la part, elle ne savait pas encore comment le remercier pour ce qu'il faisait pour elle. Ca faisait deux fois qu'il était là pour elle.

La jeune femme accepta la part qu'il lui proposait et croqua dedans. Il sourit, elle le remerciait, mais elle ne pouvait pas savoir à quel point c'était le genre de choses qui semblaient naturelles aux yeux de Leo désormais. Il avait fini de se poser la question de ce qu'il pouvait obtenir en faisant ça, il voulait juste qu'elle aille mieux. Il se sentait bête d'un coup, de penser à tout ça. Il secoua un peu la tête, prenant une part lui aussi, il la mangea sans bruit. Il n'y avait aucun bruit à vrai dire, le bruit du frigo dans la cuisine en devenait presque gênant. Il l'observa terminer son morceau de pizza, il s'approcha d'elle doucement, sans bruit, sans geste brusque. Il la regarda, longuement, se demandant une nouvelle fois quelle belle connerie il s'apprêtait à faire. Prenant son menton doucement entre ses mains pour qu'elle le regarde, il s'approcha un peu plus, et lentement, presque au ralenti, leurs lèvres se rencontrèrent. Il ne força rien et après un court baiser se recula, caressant les cheveux de la jeune femme. Il n'eut pas de mots d'excuse, pas de précipitation, il n'était pas désolé de l'avoir fait, il l'avait fait c'est tout. « Tu veux une autre part ? Quelque chose à boire ? » Il était pas chez lui mais tant pis, quitte à prendre les choses en main …

Un silence s'était installé entre eux, ils mangeaient tranquillement leurs parts de pizza. Maxine ne savait pas quoi ajouter, elle avait confié certaines choses à Leo. Quelques mois auparavant, elle ne l'aurait pas fait. Tout était différent, la situation n'était plus la même. Elle avait même pris une tournure insoupçonnée. Tellement insoupçonnée que leurs lèvres se rencontrèrent quelques instants. Maxine était en mode what the fuck, pour résumer. Enfin, non. C'était plutôt une sorte de mélange entre un peu de surprise, (pas le choc, faut pas exagérer non plus) un peu de bonheur, enfin, un peu de tout quoi. Elle était aussi très déconcertée, elle ne savait pas tellement comment réagir. Après tout, elle avait beaucoup d'options : soit l'embrasser de nouveau, soit le gifler (mais c'était pas son genre, après tout il n'a rien forcé), soit faire l'innocente comme si de rien n'était. Elle opta pour la dernière en attendant de pouvoir réfléchir à tout ça. C'était assez déconcertant mais attention, elle avait apprécié. C'était juste qu'elle ne savait pas du tout comment réagir. Maxine avait peut être peur de la réaction de Leo, mais lui aussi devait peut être avoir peur de la sienne ? Elle l'ignorait. Alors qu'il reprit la parole, elle humecta ses lèvres en réfléchissant rapidement à quoi répondre. je veux bien une autre part s'il te plait.. j'vais ouvrir la bouteille de coca si t'as soif ? Maxine se pencha pour attraper la bouteille et l'ouvrir doucement, dans ses pensées.

C'était l'un des moments les plus gênants de son existence. De plus, il avait pas forcément l'impression que c'est ça qui allait réconforter la jeune femme déjà au fond du trou. C'était des problèmes de plus, Leo à lui tout seul était un problème, il était un adorable dragueur, un génial coup d'un soir, un flirt génial, il était un piètre petit ami, soit il allait trop vite, soit trop lentement, aucune de ses relations ne s'était soldée d'une réussite. Alors que ça se voyait clairement que Maxine était ce genre de fille à entretenir une longue relation amoureuse, jolie toute pleine comme on s'y attend, rien de fait dans la panique, il n'avait pas voulu la bousculer, et voilà qu'il s'était lancé, pauvre idiot qu'il était. Rapidement ils retournèrent la conversation à la pizza et au Coca, c'était beaucoup plus simple à gérer comme soucis. Il lui tendit un part sans rien dire avant de sourire comme si rien ne s'était passé. Dans aucun regard il n'exigea qu'elle lui donne ses impressions, qu'elle s'explique, ce n'était pas son genre, elle le ferait si elle se sentait de le faire. « Oui je veux bien s'il te plaît. » dit-il avant que le silence ne retombe sur eux comme un voile épais, il grignota un nouveau morceau de pizza.

Maxine ne savait pas du tout quoi faire et la seule chose qui lui ait venu en tête c'était de faire comme si de rien n'était. Sauf qu'elle ne pouvait pas, au fond d'elle. Ils s'étaient embrassés et elle ne pourrait pas oublier, elle pourrait pas le regarder sans y penser. La blonde résistait à l'envie de lui demander pourquoi il avait fait ça, mais elle savait déjà qu'il n'avait pas l'air de regretter. Tout avait été fait pour ne pas la brusquer, elle savait aussi qu'il n'avait pas profité de sa faiblesse. Elle attrapa la bouteille de coca, après avoir posé sa part, et resta un moment sans bouger, dans les pensées, jetant quelques regards au jeune homme, pour essayer de lire en lui. Comme si elle pouvait. Maxine inspira doucement, en fermant les yeux avant d'ouvrir la bouteille et remplir leurs verres. La blonde posa la bouteille et se recula, collant son dos contre le canapé, en soupirant longuement, puis tourna sa tête vers lui pour l'observer un moment, se demandant si elle devait lui demander des explications ou non. Se dégonflant, elle rattrapa sa part et la mangea lentement. Maxine attrapa alors le verre de Leo pour lui tendre, les yeux baissés, puis rassemblant le peu de courage qu'elle avait encore, elle releva les yeux et posa la question fatidique. Pourquoi ? Maxine le suppliait presque du regard pour qu'il lui donne une réponse claire, qu'importe si ça lui faisait du mal à elle. Avec tout ce qu'il s'était passé, elle pouvait endurer n'importe quoi, alors il pouvait y aller.

Le silence, il en devenait pesant, lourd, le jeune homme n'osait presque pas bouger. En plus de ça, il craignait de faire trop de bruit, en respirant, en mangeant et lorsque la blonde ouvrit la bouteille de coca, il sursauta presque. Ils jouaient à l'autruche, évitant soigneusement de se regarder. Pourtant au même moment où Maxine lui tendit son verre, forçant le contact oculaire, elle posa la question. Pourquoi. Il était presque tenté de répondre parce que, de boire son verre, finir la pizza, et partir comme il était venu. Il soupira, cherchant lui-même pourquoi il avait fait ça maintenant. Parce que la situation s'y prêtait, parce que ça faisait longtemps qu'il voulait, qu'il attendait le bon moment justement, parce qu'il en avait envie à cet instant précis, pour lui rappeler que la vie c'est joli quand même, pour la retenir, en prenant le gros risque de la faire fuir. « Parce que c'est toi, j'en avais envie et parce que faut pas oublier que tu as des amis. » dit-il en souriant, avant de rire légèrement. Enfin pas que des amis hein. « Je suis désolé si ça t'as gênée. »

Peut-être valait-il mieux ne rien dire, et laisser aller. Mais Maxine est curieuse, bien trop peut être. Alors elle avait posé la question, même si elle l'avouerait bien volontiers qu'elle s'était dégonflée juste avant et qu'elle avait envie de s'enfuir pour ne pas entendre la réponse à sa propre question. Pourtant, sa réponse ne l’étonna pas tant que ça ou du moins, ce qu'elle attendait ressortait d'une certaine manière dans sa réponse. Il voulait la retenir, c'était ce qu'elle avait compris. D'un côté, ça lui faisait plaisir qu'il cherche à la retenir, surtout qu'il essayait depuis plusieurs minutes déjà. De l'autre, Maxine ne savait pas trop quoi penser. Ce baiser ne la gênait pas, elle avouerait bien qu'elle avait apprécié. Cependant, réussira-t-elle à passer outre ? Pour elle, les amis ne s'embrassent pas. Enfin, c'est un peu bizarre. Maxine est surtout perdue dans ses pensées, elle ne sait pas quoi penser. Faire comme si de rien n'était était trop facile, mais elle, elle n'y arriverait pas. Ça lui reviendrait toujours en tête. Sans lui répondre, la blonde continua de le fixer, baissant parfois les yeux vers la table basse. Devait-elle l'embrasser en retour ? Maxine en avait envie, mais elle ne savait pas pourquoi elle ferait ça. Elle en avait envie, elle aussi. Ça ne m'a pas gênée dit-elle en souriant légèrement en le regardant avant de boire une gorgée de son coca. Maxine évita d'enchaîner en disant qu'elle avait eu envie aussi mais comme elle ne l'avait pas repoussé, il devait s'en douter. non ?

Leo soupira d'aise, si ça ne l'avait pas gêné c'était déjà ça. Elle n'avait pas répondu de suite, elle ne l'avait pas repoussé cela lui donnait deux possibilités. Soit elle avait apprécié, elle laissait faire, même si ça rendait leur relation de nouveau assez étrange à qualifier, c'était toujours mieux que rien, soit elle n'avait pas apprécié, elle le détestait intérieurement et attendait un moment d'inattention pour s'échapper et aller se laver la bouche. Il était rassuré même s'il ne voyait pas trop à quoi ça lui servait. Au pire ça changeait quoi ? Rien, sauf qu'il allait redevenir à ses yeux le dragueur un peu lourd, celui du début, qu'elle ne le considérerait peut-être pas comme une personne de confiance. Pourtant, il ne voulait toujours pas devenir son ami, elle le coinçait entre deux états, c'était aussi une façon de lui rappeler qu'il ne comptait pas devenir son meilleur ami sans avoir rien tenté avant, il s'en voudrait s'il laissait passer une occasion comme ça. Il sourit, reprenant son bagou habituelle. « Bon ça va alors, il manquerait plus que ça pour te faire fuir en Europe ! »

Maxine sourit en coin. Un simple baiser n'allait pas la faire fuir en Europe, même si on y ajoute les circonstances actuelles. Ce serait peut-être trop facile de fuir. Mais elle ne s’enfuirait pas pour un baiser. Le silence redevenait pesant. Maxine ne savait pas quoi lui dire, elle voulait juste trouver une petite phrase drôle pour détendre l'atmosphère et aussi accessoirement pour lui montrer qu'elle allait se saisir, qu'il lui fallait juste un peu de temps. Sa mère a une grande influence sur Maxine. Cette dernière pourrait être une sorte de pantin, tellement l'influence de sa mère est grande. Néanmoins, elle devait se décider à imposer ses choix à sa mère, parce qu'elle ne pouvait pas vivre selon les choix de sa mère, bien qu'elle lui voue un énorme respect. Maxine devait devenir plus indépendante, elle considérait qu'elle ne l'était pas assez. La cabot se mit à sourire doucement avant de boire une gorgée de coca et se tourner vers Leo. Je te ramènerais un souvenir, va. Et puis, elle devait bien trouver un truc pour égayer la conversation non ? T'es déjà sorti des Etats-Unis ? Au fond, ça l'intéressait beaucoup. Maxine avait fait plusieurs voyages en Europe quand elle était gosse. Elle avait rencontré beaucoup de personnes durant ces voyages et elle se demandait si Leo avait eu la chance d'en faire autant.