BLAME IT ON THE NIGHT ❋ MAXEO

L'attentat avait laissé Harvard ensanglanté, meurtri. Il paraissait même que la meilleure amie de Beezus une de ses plus proches amies était en couple avec un des tireurs et violeurs. Fort heureusement pour lui, le brunet n'était pas sur place, dans aucune des prises d'otages. Pourtant il se sentait touché quand même, comme s'il y avait été. Bien trop des personnes qu'il affectionnait avait été pris au piège, son bizuteur de la Mather House était à l'article de la mort, Beezus avait emménagé précipitamment chez lui à cause de la fermeture des maisons. En un mot, l'université tournait à l'envers. L'une des premières personnes dont il s'était préoccupé était Maxine, or celle-ci avait été retenue en otage dans la bibliothèque avant de partir avec la fille d'Alexander, sa sœur avait été touchée au genou et Leo sentait bien qu'elle allait moins bien qu'elle voulait le laisser penser. Enfin, alors, en fin de journée, le lendemain de ces terribles événements, il s'habilla chaudement et traversa Imman Square pour se rendre chez la blonde. Il toqua à la porte de chez la jeune femme et lui sourit en posant ses lèvres contre sa tempe quand elle le fit entrer. « Ça va mieux ? Comment va ta sœur ? »

Maxine n'oubliera jamais cette prise d'otage et ne retournera jamais à la bibliothèque. D'abord la bombe, et hier, la prise d'otage. La blonde n'avait pas dormi de la nuit hier, s'inquiétant encore pour sa soeur. Elle était restée dans un coin de sa chambre, assise sur le sol, fixant devant elle. Malgré tout, elle ne dira jamais qu'elle va mal, elle n'avait besoin de la pitié de personne. Le pire mensonge que Maxine pourrait sortir serait "Je vais bien". Le lendemain soir, la blonde avait décidé de regarder la télévision, elle n'était pas sortie depuis qu'elle a accompagné sa soeur à l'hôpital. La blonde n'avait même pas envie de retourner à Harvard et ignorait les nombreux appels de ses parents. Néanmoins, elle s'était douchée et habillée mais n'avait pas mangé depuis la veille, ayant perdu l'appétit. Maxine entendit toquer et se leva doucement du canapé, se trainant jusqu'à la porte. La jeune femme ouvrit la porte et découvrit Leo devant elle. Elle se poussa pour qu'il puisse entrer et ferma les yeux un instant en le sentant embrasser sa tempe. Maxine ferma la porte et l'entraîne dans le salon avant de lui répondre. Oui, ça va mieux. Dinah.. ira mieux dans quelques jours je pense. Maxine n'allait pas mieux, mais elle ne le dira pas. La cabot s'assied sur le canapé, ramenant ses jambes contre elle. Toi, ça va ? La jeune fille tenta de sourire, mais ses lèvres se remontèrent légèrement, et ça ne ressemblait pas du tout à un sourire. Normalement, elle était douée pour jouer la comédie, mais là, elle n'avait pas du tout envie de jouer.

Leo s'inquiétait pour la jeune femme, bien qu'elle n'ait pas été blessée physiquement, à travers les messages qu'ils avaient échangé, le brunet l'avait sentie bouleversée. Après lui avoir laissé un peu de temps comme il savait sa sœur touchée, il s'était décidé à lui rendre visite, histoire de peut-être lui remonter le moral, la sortir de ses idées noires si besoin était, sinon juste passer un moment avec elle. En entrant dans son appartement, la voyant pour la première fois depuis un moment, il trouva la blonde plus fatiguée que jamais, encore plus pâlotte que lorsqu'elle était venue dans sa chambre à la classe des neiges pour se réfugier dans ses draps, amicalement parlant bien entendu. Il s'enquit de la santé de sa sœur, elle allait bien sérieusement ? Maxine alla s'asseoir sur le canapé, comme éteinte, il s'approcha doucement d'elle, comme s'il avait peur qu'elle s'échappe. « Tant mieux alors j'espère qu'elle sera vite sur pied et qu'elle arrivera à passer au dessus de tout ça. » Le Mather s'assit à côté de l'étudiante, penchant la tête vers elle pour l'observer. « Oui oui, mais toi ? Tu es sure que ça va ? » En tout cas si ça allait, elle ne le portait pas sur le visage, où était le doux sourire de Maxine Monroe ? Il avait l'impression d'être dans un vieil appartement hanté, et il avait en face de lui la dame blanche.

Maxine n'avait plus envie de rien. Sa réaction vis-à-vis de tout ce qui s'était passé était peut être un peu excessive par rapport à d'autres. Ca dépendait du point de vue de la personne. Néanmoins, elle pourrait croire toute personne qui lui dirait qu'elle ferait peur à un gosse. Il ne lui fallait que quelques jours et elle irait mieux, arpentant les couloirs d'Harvard avec son sourire. La jeune femme essaya de sourire de nouveau quand ils parlèrent de sa soeur, mais aucun sourire n'apparaissait sur son visage, ou alors il était tellement petit, qu'il fallait une loupe pour l'apercevoir. Maxine lui jeta un regard quand il s'était assis près d'elle. Je l'espère. Son copain a été blessé un peu aussi, il était avec moi.. Tate avait agi comme un frère protecteur avec elle ce jour là, même si elle ne l'avait pas du tout écouté. Une partie d'elle était soulagée qu'il allait bien et n'avait été mêlé à aucune prise d'otage. Maxine commença à jouer nerveusement avec ses doigts. Pourquoi était-elle soudainement nerveuse ? Elle n'en savait rien elle-même et ne voulait pas se poser la question. Je... Ouais, ça va. Ne tant fais pas. C'était tout ce qu'elle avait trouvé à dire, parce qu'elle savait que dans plusieurs jours, elle aurait repris du poil de la bête. Elle posa son coude sur l'accoudoir du canapé. J'ai juste pas beaucoup dormi. Ou une autre façon de dire qu'elle avait fait nuit blanche.

Il avait appris à écouter, surtout avec elle en fait, elle avait exercé une espèce de thérapie sur lui si bien qu'il devenait tout de suite sage au contact de la blonde. Leo avait le visage assez ouvert pour qu'elle se confie à lui, un petit air triste tout de même car il ressentait clairement le désarroi de la jeune femme. Sa sœur avait été touchée, son petit copain aussi, Maxine avait assisté à une prise d'otages où de nombreuses personnes avaient été touchées. Il hocha lentement la tête, puis il reposa son regard sur la Cabot, elle n'avait pas l'air d'aller bien, c'était un euphémisme. Il se rapprocha d'elle pour entourer ses épaules d'un bras réconfortant. Il repoussa une mèche de cheveux qui retombait sur le côté de son visage pour pouvoir la voir. « D'accord. » Il ne voulait pas insister, de toute manière il l'avait sa réponse. Il soupira en la regardant, évidemment qu'elle était épuisée, il la resserra doucement contre lui. « Tu veux que je commande un truc à manger ? Je peux rester un peu si tu veux. » Il sourit plus légèrement, ce ne serait pas la première fois qu'il serait là pour la rassurer, et c'était pas pour lui déplaire de toute façon.

Maxine n'a jamais été le genre de filles qui se confiait, elle était plutôt le genre de filles qui écoutait les autres. Bien sûr, la blonde savait qu'elle pouvait se confier à Leo, mais elle n'y arrivait pas. Même avec sa soeur, elle aurait eu du mal. Néanmoins, la jeune femme était touchée par l'attention de Leo. Elle releva les yeux vers lui quand il entoura ses épaules avec son bras et repoussa une de ses mèches. Maxine hésita un moment avant de poser sa tête sur son épaule, fermant les yeux quelques instants. La cabot inspira quand il lui demanda si elle voulait qu'il commande quelque chose à manger et quand il lui dit qu'il pouvait rester. Elle ne savait pas quoi lui répondre, elle avait peur qu'il pense qu'elle profite de lui. La jeune fille se gratta la joue, réfléchissant un moment, puis lui répondit. Hm.. Pourquoi pas ? Si t'as rien à faire, je veux bien que tu restes alors.. Maxine sourit légèrement, pour essayer de lui montrer que sa proposition lui faisait plaisir. Cette situation lui rappelait le soir où elle avait fini devant la porte de la chambre de Leo à Lake Louise. Après tout, elle était pas si différente. Son portable vibra et elle l'attrapa rapidement, le reposa aussi sec en voyant que c'était sa mère. Et puis, dans un élan, elle lui dit, regardant dans le vide. Je pense que je vais rentrer en Suisse. Un week-end. Quelques jours peut-être.. Ça, c'est dit.

C'était un peu comme une place de chevalier servant qu'il s'était attribué. Quand il observait un peu la situation, il souriait intérieurement. Il se rappelait des mois plus tôt la drague plus que lourde qu'il faisait subir à Maxine, le désir farouche de la mettre dans son lit et comme cette ingénue jeune femme avait réussi à le dompter. Il y avait eu le rencard, les petites surprises de temps en temps, puis cette nuit au Canada bien entendu. Il avait été tenté c'est sur, mais il ne faisait plus ça pour simplement la mettre dans son lit et ne plus en parler, il s'attachait. La blonde accepta finalement qu'il commande quelque chose et qu'il reste aussi. « Va pour une pizza alors. » dit-il avant de trifouiller son téléphone pour commander la fameuse pizza. Presque simultanément, le téléphone de Maxine vibra, elle le reposa vite avant de lui annoncer qu'elle retournait en Suisse. Il baissa la tête, gardant quand même son bras autour de ses épaules. Il comprenait, il aurait peut-être fait pareil s'il avait vécu la même chose qu'elle, retourner à la maison, le temps de reprendre ses esprits. Cela ne voulait pas dire qu'il était enchanté à l'idée qu'elle parte au contraire. « Je comprends. Reste pas trop longtemps non plus hein. » Il ne manquerait plus qu'elle décide finalement de quitter Harvard et Leo tombait en dépression. Sur ces mêmes paroles il la serra un peu plus, ça paraissait être un signe de réconfort mais c'était aussi pour s'assurer qu'elle allait pas partir pour toujours.

Quelques mois plus tôt, si un ami de Maxine lui aurait dit qu'elle aurait accordé un rencard à Leo, aurait dormi avec lui pendant la classe de neige, et qu'il serait venu la voir après la prise d'otage pour essayer de la réconforter, la blonde aurait sûrement sourit. Mais c'était bel et bien arrivé. Maxine lui laissait une ouverture, et chaque fois qu'elle le voyait, il entrait un peu plus dans sa vie, il changeait un peu aussi. Il n'était plus le garçon qui la draguait lourdement, il ne la draguait presque plus. Ou alors, c'est un très bon comédien. Elle le regarda prendre son téléphone pour commander la fameuse pizza, tandis que le portable de Maxine vibra. Elle n'avait pas pris la peine de répondre, c'était encore et toujours sa mère. La blonde en avait marre d'entendre sa mère la supplier de rentrer en Suisse, avec sa soeur. Ca avait été la même chose les jours qui avaient suivi la bombe. Maxine n'avait pas cédé et était donc restée à Harvard. Mais là, c'était différent. Quand il lui dit qu'il comprenait et qu'elle ne devait pas rester trop longtemps, un léger sourire s'afficha sur son visage. Il la serra un peu plus, comme s'il ne voulait pas qu'elle parte. Puis, elle lui répondit. Je ne sais pas, ça dépendra de ma mère.. Son père ne se mêlait pas de ce genre de choses, même s'il devait s'inquiéter pour ses filles. La mère de Maxine était plus à même de convaincre ses filles. La cabot avait toujours été en mesure d'imposer ses opinions, ses intentions, mais là, la force lui manquait. Instinctivement, elle se gratta un peu le haut du bras gauche, là où se trouvait des cicatrices datant de la bombe. Les autres se trouvaient sur ses jambes et son bras droit. En bas, on ne les voyait pas, mais en haut de ses cuisses, on pouvait les voir encore. Maxine soupira alors, arrêtant de se gratter. Elle est juste très inquiète, surtout pour ma soeur, c'est compréhensible. Maxine ramena ses jambes près d'elle, soupirant. Tout ça était un peu compliqué au fond.

Et si elle partait pour de bon ? La Suisse c'était pas le bout du monde, certes il pourrait lui rendre visite. Mais sous quel prétexte ? Oh c'était un bon ami, un vrai ami, c'est sur qu'avec le temps il était devenu un homme de confiance, un vrai. Il s'était attaché à cette bouille d'ange, il savait pertinemment qu'elle lui manquerait si elle partait. Ils s'étaient rapprochés, c'était indéniable, mais Leo n'avait pas su se rendre indispensable à la jeune femme, pas assez pour trouver un moyen efficace de la faire rester. Enfin si, il y en avait bien un, mais il était désormais trop proche d'elle pour se jouer de ça, elle était trop fragile en ce moment pour qu'il ose faire ça sans y être invité. Mais il pouvait comprendre, il se faisait un devoir de comprendre. « J'espère qu'elle te gardera pas trop longtemps que pour elle, même si je comprends bien que la famille c'est sacré, elle doit être dans tous ses états de pas pouvoir être là pour toi et ta sœur. » Pendant quelques minutes, il resta silencieux, caressant l'épaule de la jeune femme de son pouce. Bien rapidement, ou alors ils étaient vraiment restés longtemps silencieux, on sonna à la porte et le brunet se chargea d'aller ouvrir et régler le prix de la pizza avant de retourner près de Maxine. Sans bruit, il posa la boîte sur la table basse, alla fouiller dans la cuisine pour prendre deux verres et une bouteille de Coca. Il se rassit près d'elle. « Tu sais ça va passer, ta sœur va se rétablir, tu dois te rétablir aussi. »

Maxine s'était imaginé son retour en Suisse. Sa mère l'acceuillerait à bras ouverts. Son père resterait derrière sa femme, souriant un peu, silencieux. Elle reverrait ses amis, ses ennemis. Elle reprenait sa vie là où elle l'avait laissée en partant, laisserait sa soeur à Harvard. Mais pas seulement. Calypso, Royce, Jamie, Maggie. Leo aussi. Maxine tenait à beaucoup de gens à Harvard. Il fallait le dire : la blonde aurait du mal à partir si sa décision était de partir définitivement. Toutefois, sa décision n'était pas encore prise. Elle réfléchissait encore, d'où son hésitation. Leo avait l'air d'être compréhensif, il l'écoutait et lui répondait. Comme quand il y avait la bombe. Elle était à deux doigts de tout placer pour venir me voir à l'hôpital. Par contre, mon père aurait rien fait. Maxine haussa alors les épaules, son père n'était pas la personne la plus chaleureuse qui soit. Leo caressa doucement son épaule pendant plusieurs épaules et la cabot ferma les yeux. Ce geste, aussi insignifiant soit-il, l'apaisait. Le silence fut rompu, on sonnait à sa porte. Avant qu'elle ne puisse bouger, Leo était déjà debout. Ca devait être le livreur de pizza. Le mather revint assez rapidement, en silence, comme s'il n'était pas là. Elle l'observa se rassoir du coin de l'oeil puis ferme les yeux. Je sais. La blonde passa ses mains sur son visage, en soupirant. Quand je pensais m'en être débarrassée, ils reviennent. Elle enleva alors ses mains puis lui jeta un rapide coup d'oeil. Il ne devait pas comprendre de quoi elle parlait. Les cauchemars. Maxine était toujours un peu hantée par la bombe, aujourd'hui ces maux seront différents.