June ☼ A Heartbreak

Evoquer de nouveau cette course d'autrefois lui fit plaisir. Après tout, ça avait été un bon moment avec June et force était de constater qu'il y en avait eu pleins. « C'est vrai ça ! Fais toi plaisir ! » lui rétorqua-t-il avec un petit clin d'oeil complice. Il acceptait son gage de bonne grâce, après tout si il avait été mauvais perdant sur le coup, de l'eau avait passé sous les ponts depuis. Il évoqua son père presque naturellement, oubliant qu'il n'en parlait presque jamais en réalité. June elle, s'était confiée sur son histoire difficile, voire chaotique et c'est sans doute pour ça qu'il n'avait pas eu envie de l'embêter avec une quelconque mauvaise relation père/fils. « Oh, il n'y a rien de génial à dire. Il s'est barré quand j'avais six ans, il a compensé son absence par un bon paquet de fric, surtout pour mes études, même si il aime dénigrer tout ce que je fais au passage. Pour lui peintre, c'est pas un métier. Il serait du genre à beaucoup plus admirer son neveu de la Dunster tu vois. » Clair que Jasper représentait pour lui le fils parfait. Mais raté, il avait hérité de Aidan et on pouvait dire que y'avait pas grand chose en commun. Il avait proposé de lui faire visiter New-York tout naturellement, mais il ne voulait pas que June se sente mal à l'aise. « Je sais pas, tu trouves ? » lui demanda-t-il en haussant les sourcils. Il se sentait capable de passer du temps avec elle sans lui sauter dessus mais peut-être pour elle que ce n'était pas son cas et dans cette hypothèse il devrait le respecter.

Aidan n’avait pas eu de gage, c’est bien vrai, et je devrais profiter d’un moment particulier pour lui en donner un, il fallait que ce soit murement réfléchis, pas comme ça, à la va vite. Je soupirais, je regardais Aidan avant de lui répondre, la main sur le menton, comme un grand philosophe : « Je me réserve ce droit pour plus tard, Monsieur Norrington ! ». Je me mis à rire, certaine que dès que j’aurais besoin de l’aide d’un homme pour faire quelque chose je ferais appel à lui mais en général, je n’avais jamais besoin d’un garçon pour me seconder, je suis une femme forte. Il m’expliqua à son tour les agissements de son père, pas très glorieux tout ça en effet, je faisais un sourire sincère à Aidan : « Prouve lui justement que tu es quelqu’un de bien Aidan, professeur à l’université, ça doit lui emboucher un coin à ton père…Et si tu es le meilleur peintre de l’histoire il sera très fière de toi, ne doute pas de qui tu es à cause d’un débile qui ne voit pas tes qualités ! ». Aidan m’avait demandé par la suite si je souhaitais aller avec lui à New York et je trouvais ça un peu risqué, j’étais septique mais moi ça ne me dérangeait pas vraiment, j’étais célibataire et je savais que je ne serais plus la petite amie d’Aidan à présent : « Et bien tu restes un beau jeune homme, je reste une belle jeune femme mais franchement, ça me dérange pas vraiment… ». Maintenant les choses étaient différentes entre nous, je connaissais Aidan mieux que quiconque, je ne faisais pas battre son cœur, il ne faisait plus battre le mien et c’était mieux ainsi sans doute.

Il accompagna June dans la légèreté de son rire. Son regard se reporta sur celui de la jeune femme tandis que sa main enserrait le carton du gobelet. « C'est un bon choix stratégique de garder le gage pour plus tard. » avoua-t-il avec un sourire en coin. Autant utiliser ce genre de chose pour quand on avait vraiment besoin. Mais il n'était nullement surpris du choix posé de la Française. Il l'écouta ensuite le conseiller sur le sujet de son père. C'était sans doute ce qu'il y avait de mieux à faire quand on souhaiter l'apaisement d'une relation, mais en ce qui le concernait, ce n'était pas son cas, il avait tiré un trait sur toute forme de lien depuis bien longtemps. Il soupira néanmoins, ce sourire toujours entre l'ironie et l'amertume solidement arrimé sur son ses lèvres. « Mais comme tu dis, il est débile et on a tout simplement pas fait les mêmes choix, alors il ne me comprendra jamais vraiment et c'est réciproque malheureusement. Quelque part, je dois le remercier d'être qui je suis aujourd'hui parce que c'est un peu grâce à lui finalement. » Il voulait être tout le monde sauf lui et il s'était construit en opposition de ce père absent. La colère ça nourrissait les espérances les plus désespérés, et c'était toujours mieux que l'indifférence qui avait succédé avec les années. June réfléchit à ce projet d'aller visiter New-York ensemble. Bien entendu, Norrington ignorait toute la tragédie qui s'abattrait sur la jeune femme quelques jours plus tard. « Alors super, fais-moi signe quand tu seras disponible un week-end et on s'organisera ça ! » Il posa sa main sur le poignet de la jeune femme en la regardant avec tendresse. « ça me fait plaisir de te retrouver. » lui avoua-t-il avec sincérité. Si il avait souhaité l'apaisement dans une relation, c'était bien celle-ci. Son regard dévia sur la montre qui entourait son poignet. « Mince, je dois y aller, j'ai rendez-vous à l'université pour régler la paperasse. » annonça-t-il presque à regret. Mais il savait que quelque part, il quittait June pour mieux la retrouver.