June ☼ A Heartbreak

Il avait souvent pensé à June lorsqu'il avait séjourné en France. Après tout, avant d'y aller, il ne connaissait ce pays qu'à travers elle. Il n'avait cependant pas contacté la Danseuse, persuadé qu'elle résidait toujours à Cambridge, mais si ça se trouve leur chemin s'était déjà croisé. « C'est dommage, j'ai passé un certain temps à Paris. » dit-il en la regardant avec un petit sourire. « C'est vraiment une ville magnifique. Enfin, je peux pas trop t'en parler sans passer pour un américain cliché. » avoua-t-il avant de rire doucement. Il était toutefois évident que pour un peintre, Paris représentait une sorte bastion. Pour tout artiste qui se respecte finalement. Il bomba ensuite son torse, et décida de s'amuser de la réponse de June plutôt que de s'en émouvoir. « Non, mais attends, ce n'est pas rien de compter pour Aidan Norrington. » Il but une nouvelle gorgée de son Latte. C'était pompeux mais vrai, Aidan ne s'attachait pas facilement, qu'il la recontacte en première pour bavarder et se donner des nouvelles prouvait à quel point elle avait une importance. Qu'elle le veuille ou non et même si elle ne l'avait pas toujours été comme elle le souhaitait. « Disons qu'on était pas très proches lorsque j'étais à la Lowell. » Il se mordit légèrement la lèvre. Et encore c'était un faible mot, lorsqu'il était étudiant, il n'aimait pas trop Jasper, et Jasper le lui rendait bien. « Mais la distance nous a permis de parler aussi bizarre que ça puisse paraître, et même si on se ressemble pas trop, c'est un mec cool et réglo. » Enfin pour ceux qui comptait, parce qu'autrement il était capable d'une froideur à faire palir la reine des neiges. « Et dis-moi, j'ai appris que Elia était partie ? » Il savait qu'elle était la meilleure amie de June, et naturellement il lui semblait important de prendre de ses nouvelles. La Lowell avait du être assez seule après ces départs successifs de ces derniers mois.

Je n’étais pas resté longtemps à Paris, il ne fallait pas croire que j’y avais habité de nouveau, j’avais juste fait découvrir un week –end et surtout pour faire plaisir à Leandro, pour le faire visiter : « C’était juste deux jours, pour faire découvrir un ami, ça avait été assez chargé comme séjour tu sais… ». Je souriais lorsqu’il répondit qu’il passerait pour le parfait américain en parlant de Paris, c’est vrai que les touristes disaient souvent la même chose. Je lui répondis donc en riant : « Tu as donc fait ta photo devant la tour eiffel… ». Leandro avait fait cette photo dès que nous étions arrivés à Paris. C’était une photo très sympa d’ailleurs et je l’avais mis en fond d’écran de mon téléphone parce que nous étions trop mignon là-dessus. Il me fit sourire en me disant que ce n’était pas rien de compter pour lui, je prenais moins ses histoires à la rigolade vu mes échecs sentimentaux qui s’accumulaient de plus en plus au fil du temps. J’essayais de lui répondre quelque chose de plus sérieux tout de même : « Parfois je me demande si je peux vraiment plaire à un garçon alors ça me rassure un peu de savoir que tu tenais à moi… ». J’attirais des garçons mais c’était uniquement pour du sexe, je voudrais vraiment qu’un homme s’intéresse à moi et pas pour le sexe, pour ma gentillesse, ma bonté et peut être mon talent en matière de danse et de chant. Il me parlait ensuite de son cousin, me disant que finalement son départ les avaient rapprochés. « D’accord, tant mieux alors si vous vous entendez mieux…c’est important d’avoir quelqu’un de sa famille sur Harvard. ». Je me considérais plutôt comme orpheline maintenant et j’étais fille unique mais si j’avais eu un frère et une sœur sur Harvard cela ne m’aurait pas fait de mal. Un peu de soutien ne faisait jamais de mal. Il parlait ensuite du départ d’Elia, et oui en effet, ma meilleure amie avait quitté les lieux : « Elle est partie en tournée pour la danse, elle a laissé Mathys au soin de Sacha, son jumeau. Théo est également parti… ». En effet j’avais été encore plus seule que d’habitude après ses départs successifs.

Elle lui fit comprendre que son passage à Paris n'avait été qu'express et qu'ils auraient donc eu peu de chance de s'y croiser. Cet ami qu'elle évoqua lui fit penser que sa vie sentimentale n'était pas si désastreuse mais il se garda bien de commenter cela. Il eut un petit sourire quand elle parla de la tour Eiffel. « Et bien non, même pas. Par contre ; j'ai passé deux journées entières au Louvre, et je me suis pas mal baladé, faudra que j'y retourne juste pour faire cette photo devant la dame de fer. » Il se mit à rire parce que c'était bien là un prétexte pour retourner à Paris. Il avait adoré cette ville, mais aussi Londres, Rome, et même Berlin, l'Europe appelait toujours à en voir plus et il n'était définitivement pas encore rassasié. C'est vrai que c'était étonnant qu'ils s'entendent à présent bien avec Jasper, ils étaient tellement opposés, mais au final sur quelques points essentiels pas tant que ça, et fréquenter son cousin le tempérait et devait sans doute débrider un peu le Dunster. « Théo est parti avec elle ou rien à voir ? » La dernière fois qu'il avait parlé avec lui, ils étaient séparés, mais peut-être que les choses avaient changé entre eux. Havard avait vu beaucoup de personnes partir, d'autres comme June qui était toujours là, et puis les cas comme Aidan qui tentaient la fuite mais qui se retrouvaient toujours au point de départ finalement ?

Je n’avais jamais passé deux jours dans un musée mais je comprenais le geste de mon ex petit ami, il adorait les tableaux, la peinture, l’art en général et pour enseigner il avait du certainement faire quelques études supérieurs. Je hochais la tête lorsqu’il me dit qu’il y reviendrait un jour, moi je n’allais pas y aller de suite, je venais d’y aller mais pourquoi pas un autre jour…On ne sait jamais. Je lui parlais ensuite de ma meilleure amie qui était désormais parti, je savais qu’elle c’était mariée à Théo un peu avant son départ mais je crois qu’ils s’étaient mariés car la mère de celui-ci était entrain de mourir, je ne savais pas si ils étaient de nouveaux amoureux mais je l’espérais sincèrement : « Je sais que leur mariage a été un peu précipité par la fin de vie de la mère de Théo mais…Il a eu besoin de partir après son départ, je pense qu’il est avec elle oui, elle fait une carrière de danse… ». Je lui souriais, d’ailleurs fallait aussi que je lui parle du petit Mathys même si je ne savais pas si Aidan l’avait déjà vu : « Du coup son fils est gardé par son jumeau Sacha ! ». Peut être qu’il l’avait déjà vu trainer à Harvard, heureusement pour eux ça avait l’air de bien se passer.

Lorsqu'il était revenu à Cambridge, il avait eu le sentiment que rien ici n'avait changé. Et pourtant, à évoquer leurs amis communs, Aidan devait bien constater que rien n'était plus comme avant. Il écoutait avec un sourire June lui parler de Elia et Théo et il se souvint de sa conversation au bal de fin d'année avec le Winthrop. C'était étonnant un tel revirement de situation. Lui qui lui avait dit ne plus vouloir être avec Elia s'était finalement marié avec. L'important c'était qu'il soit heureux. Après le reste... Norrington haussa les épaules lorsque June évoqua le fils de son amie. « A vraie dire, je ne connaissais pas beaucoup Elia, mais plus Théo. En tout cas, c'est un super projet qu'elle a même si ça doit être difficile de vivre loin de son fils. » Le Peintre but une gorgée de son Latte, il y avait du bon à vivre sans attaches. « C'est quelque chose qui te plairait par la suite de faire partie d'une compagnie de danse ? » Il savait June en études dans ce domaine, mais finalement ils avaient peu parlé de leurs projets professionnels. Aidan savait juste que la Française était une excellente artiste et en plus complète.

C’est vrai qu’Aidan était l’ami de Théo, je me rappelle particulièrement de cette course que nous avions fait ensemble, j’avais gagné, bon je m’étais fait engueuler par ma meilleure amie mais j’avais quand même gagné au final. Théo lui avait simplement gagné une entorse, ça faisait partie des bons moments que j’avais vécu avec Aidan lorsque nous étions « ensembles ». J’aurais tellement voulu qu’il me choisisse à cette époque, moi et uniquement moi, pas une simple relation libre où il couchait avec Emma dès qu’il le pouvait. « Oui, c’est dur pour le petit je le garde de temps en temps, il me demande de lui raconter des histoires sur sa maman… ». Mathys était un enfant adorable, Elia avait de la chance de l’avoir : « Alors je lui ai raconté le jour du karting, tu t’en rappelles ? » Bien sûr qu’il s’en rappelait, c’était obligé. Aidan me demandait ensuite si je voulais faire comme elle. Je lui répondis alors, sans juger mon amie : « Je ne partirais pas loin de ma famille si j’avais la possibilité d’en avoir une, j’aimerais vivre à New York et travailler à Broadway, chanter et danser, c’est ça mon rêve… ». Difficile à exaucer mais on peut toujours rêver…

« Elia a de la chance d'avoir une amie comme toi sur qui compter pour prendre soin de son fils. » Il se doutait que cela n'avait pas du être facile pour l'ancienne président Cabot de laisser son fils loin d'elle. Mais les carrières artistiques impliquaient malheureusement des sacrifices sur le versant personnel. Il eut un sourire sincère lorsque June évoqua la course de karting. Il lui semblait que cette petite après-midi avait eu lieu voilà une éternité. « Bien sûr que je m'en souviens. On a fini à l'infirmerie parce que Théo s'est blessé. C'était avant son gros accident. » Et puis tout le reste. Leur rupture à eux, la rupture d'Elia et Théo et puis le départ de chacun d'eux sauf celui de la Française qui restait toujours fidèle au poste. C'était là la force de June, elle était de celle sur qui on pouvait compter. Il l'écouta ensuite lui faire part de ses projets d'avenir, du moins l'idéal qu'elle s'imaginait. « Je comprends. New York est une ville géniale. Le seul point négatif pour moi c'est la présence de mon paternel. » Il eut un petit rire léger. Heureusement, maintenant il était souvent avec Maman Stevensen et donc un peu occupé pour s'occuper de son fils unique. « Le rêve c'est ce qui nous fait avancer. » Après tout, aurait-il pu lui même prédire sa réussite dans le milieu artistique quelques mois plus tôt ? Carrément pas. « J'ai quelques contacts à Broadway si ça peut t'intéresser. J'ai travaillé sur quelques décors et je connais donc des metteurs en scène. » expliqua-t-il. De toute manière, il était difficile de percer dans ce milieu sans réseau, il ne fallait pas se leurrer et si il pouvait rendre service à June, ce serait avec plaisir.

Aidan me répondit qu’Elia avait de la chance de m’avoir dans sa vie mais je ne sait pas si il avait raison, je venais à me poser la question. Certes en amitié je n’étais pas malheureuse mais pour aucun homme je n’avais compté, aucun homme avait dit qu’il avait de la chance de m’avoir dans sa vie : « C’est ma destinée n’est ce pas, prendre soin de tout le monde… ». Malheureusement personne n’était vraiment là pour prendre soin de moi et j’espérais encore que ça pourrait changer à un moment donné. Je me mis à rire, Aidan avait quand même oublié la meilleure partie de son récit : « Et j’avais gagné, enfin du coup nous avions gagnés avec Théo. D’ailleurs Elia m’avait bien engueulé ! ». Oui, la tête qu’elle avait fait en sachant que j’avais continué la course tandis que Théo avait fait un tonneau mais personne ne c’était arrêté lorsque moi j’avais perdu le contrôle de mon véhicule. Je soupirais quand il parlait de son père, je savais sa mère infirmière mais son père, je ne savais pas, je le regardais alors d’un air interrogateur : « Tu n’as pas l’air de l’apprécier…J’aime New York pour Broadway, je ne connais pas cette ville… ». C’est vrai que j’y suis peut être allé seulement une fois depuis mon arrivée aux états unis. Je souris quand il me parlait des metteurs en scène qu’il connaissait je n’allais pas refuser : « Je veux bien oui, je ne dirais jamais non à Aidan Norrington, tu me connais ! ». Je lui fis un petit clin d’œil.

Ses mots sont durs mais peut-être lucides. D'un certain sens, June a toujours beaucoup donné et les autres ne lui ont pas toujours rendu. Lui en premier. C'est triste mais c'est comme ça. « La roue tourne. » lui avoue-t-il doucement. Il aura pas pu lui donner ce qu'elle souhaitait mais il compte bien être là, présent pour elle, l'épauler à sa façon, comme il peu de ses doigts et mots maladroits. Il eut un sourire nostalgique lorsque la Française évoqua sa victoire. C'est vrai qu'il avait oublié, il aimait mieux ne pas se souvenir de ses défaites, mais pour elle c'était bien un moment où elle avait gagné. Dans un contexte bizarre certes, mais une victoire tout de même. « C'est vrai Pilote, j'avais oublié. » rétorqua-t-il avec un petit rire en faisant s'entrechoquer son gobelet de café contre le sien. Il apprécia en tout cas qu'elle accepte son coup de main par rapport à Broadway. C'était le moins qu'il puisse faire. « Je les appellerai pour savoir si ils recherchent des artistes en ce moment. » annonça-t-il en la regardant avec bienveillance. Il but une nouvelle gorgée laissant son regard errer quelques instants sur la vitre qui donnait vers l'extérieur avant que son regard ne se reporte sur June. « Mon père est un con. » avoua-t-il avec un sourire amer, mais il reprit avec plus d'entrain. « Et que penserais-tu de Norrington qui te fait visiter New-York? » Après tout, il connaissait cette ville comme sa poche et il apprécierait de lui faire découvrir si ça l'intéressait.

La roue tourne, il avait sans doute raison, mais pour moi toujours dans le même sens et j’aurais voulu être heureuse pour voir au moins ce que cela signifiait, juste une fois dans la vie. Je souriais en parlant d’Elia, de Théo, et du couple que nous formions à l’époque, nous avions fait une virée sympa ce jour là et oui, j’avais été fière de gagner la partie, je me mis à rire avant de lui répondre : « Vous n’avez toujours pas eu votre gage je crois… ». Je ne vois pas pourquoi notre victoire aurait été vaine, Aidan me devait quelque chose et Elia devait quelque chose à Théo en théorie ? Je souris lorsqu’il me dit pouvoir m’aider à réaliser mon rêve, je suis loin de savoir qu’une balle va percuter ma jambe et que mes chances de danser à nouveau deviendront très faibles : « C’est gentil… ». Je ne trouvais rien d’autre à dire, j’aurais sans doute fait la même chose si j’avais été à sa place et lui à la mienne. Je soupirais lorsqu’il m’avouait que son père était con, il pouvait se confier après tout : « Tu peux m’en dire plus Aidan, tu sais, sur le campus seul deux garçons savent que mon père m’a troué le ventre à l’âge de neuve ans, et tu fais parti de ses deux personnes… ». Lui et Leandro. Cela n’en était pas plus rassurant que je l’ai dit à quelqu’un d’autre, cela voulait dire que cette personne comptait beaucoup à mes yeux…Je l’écoutais me demander de venir à New York avec lui, j’étais un peu septique, je dois bien l’avouer : « Nous deux ? Tu es sûr, cela ne va pas être…bizarre… ». Justement la dernière fois que j’avais fait un voyage c’était avec Leandro et nous n’avions pas seulement joués au domino le soir venu.