tell you the truth. + (Ricardo)

Quatre jours. Je n'arrivais pas à croire que ça faisait seulement quatre jours que le calvaire avait commencé. À croire que la peur et la colère faisaient passer le temps plus lentement. C'était peut-être aussi le fait que je ne sortais quasiment plus. Pour faire croire que j'allais bien, j'étais sortie avec Nancy deux jours plus tôt, et j'avais vu Koray deux fois, dont une durant laquelle je lui avais demandé de m'apprendre quelques coups basiques en boxe. Mais sinon rien, le néant. Je n'avais pas la tête à sortir, même pour fêter Noël. C'est ma période préférée d'habitude, mais là je la détestais. Tout ce qui m'importait, c'était de rester en sécurité dans ma chambre d'hôtel, et d'attendre que le temps passe, que l'on rentre à Cambridge, ou que l'on arrête ce malade. Je venais de prendre la énième douche de la journée, et pourtant je me sentais toujours aussi sale. J'avais l'impression que ce sentiment ne partirait jamais. Maintenant j'étais affalée sur mon lit, vêtue de mon pyjama : un short en coton et un sweat, et je fixais le plafond. Jusqu'à ce que quelqu'un vienne frapper à la porte. Je sursautais et je faisais un bond hors du lit. Qui est là ?

Noël, c'était féerique. Enfin, ça le serait probablement plus s'il n'y avait pas des tarés en liberté qui s'amusaient à violer tout le monde. Le brunet n'arrivait pas vraiment à profiter des vacances. C'est vrai qu'en ce moment il n'avait pas trop le moral. Ses pensées étaient au Brésil et il hésitait toujours à y retourner. Il y avait plusieurs raisons qui le faisaient rester, enfin, surtout plusieurs personnes. Les enfants malades dont il s'occupait et quelques uns de ses amis les plus proches. Mais il avait envie d'un nouveau départ, d'une nouvelle vie dans son pays natal. C'était le deuxième Noël qu'il passait avec les autres Harvardiens. Avant, il rentrait au Brésil pour les fêtes mais depuis la mort et l'enterrement de sa mère il n'y était pas retourné. Le jeune homme voulait voir une personne en particulier, une personne qu'il ne voyait que trop rarement ces temps-ci. Depuis qu'ils avaient couché ensemble, il y avait une certaine gêne entre eux. Etait-ce parce qu'ils étaient tous les deux un peu perturbés par leurs sentiments ? Ric ne savait plus où il en était. Le brunet décida alors de passer voir Tessy dans sa chambre. Il frappa à la porte. "Qui est là ?" Il regarda la porte sans bouger. "C'est Ric" dit-il en attendant qu'elle daigne lui ouvrir.

Non, je ne m'attendais absolument pas à la visite de Ricardo. Je me demandais même ce qu'il faisait là. Ça faisait des mois qu'on ne se parlait plus trop, qu'on s'évitait même. Depuis que l'on avait fait l'amour dans l’ascenseur au mois de septembre en faite. Je crois qu'on était tout les deux aussi gênés l'un que l'autre par rapport à ça. Mes sentiments envers lui étaient bien trop flous, et incompréhensibles. Je respirais un grand coup et j'allais ouvrir la porte de la chambre. Salut. dis-je en le regardant, ne cachant pas ma surprise. Qu'est ce que tu fais là ? J'étais impolie, je ne lui proposais même pas d'entrer. Je ne comprenais pas pourquoi je paniquais dès qu'un mec s'approchait trop près de moi. C'était Ricardo ! Je n'avais pas à avoir peur, normalement. Mais c'était plus fort que moi. Et puis, rien qu'en le voyant, je me rappelais de ce moment qu'on avait passé tout les deux, ce qui me rappelait aussi indirectement mon viol.

Ricardo attendit devant la porte qu'elle vienne lui ouvrir, ce qu'elle ne tarda pas à faire d'ailleurs. "Salut". Il la regarda de bas en haut, elle était déjà prête à aller se coucher apparemment. "Qu'est ce que tu fais là ?" Il avait connu de meilleurs accueils, surtout de sa part. Il trouvait sa réaction un peu bizarre, il pensait que ça lui ferait plaisir de le revoir. "Je suis venu te voir". Ca semblait logique jusque là. "Je peux ?" demanda t-il en faisant un signe de la tête vers sa chambre. Elle ne l'invitait pas à entrer et il ne voulait pas la déranger. Cependant sa présence à ses côtés commençait à lui manquer et il avait envie de passer du temps avec elle. c'était peut-être tout con, mais il en avait besoin. Elle lui manquait, et ça lui faisait de plus en plus de mal d'être loin d'elle. Pourtant, quelque chose semblait avoir changé en elle. Etait-ce depuis qu'ils avaient couché ensemble ? Il n'en savait rien.

J'aurais pu accueillir Ric d'une meilleure façon. J'aurais pu lui sauter dans les bras et lui dire qu'il m'avait manqué. Mais j'en étais incapable, quelque chose me retenait. Certainement l'idée de me retrouver serrée contre un corps masculin. Il était venu me voir, ce qui était logique puisqu'il était devant ma porte de chambre, et moi j'étais incapable d'être heureuse. Que pouvais-je bien répondre ? Je me contentais de le regarder sans dire un mot. Il demandait s'il pouvais entrer, et moi j'hésitais pendant un court instant. J'avais peur de me retrouver avec lui, chose incompréhensible, mais je n'avais pas le cœur à le repousser. Je ne comprenais pas ce que je craignais. Le fait de me retrouver seule avec un homme ? Ou alors le fait qu'il allait comprendre que quelque chose n'allait pas, et que je ne savais pas si j'allai pouvoir lui cacher longtemps ? Je choisissais de le laisser entrer quand même, me décalant de l'encadrement de la porte. Je refermais la porte derrière lui sans oublier de la verrouiller. Ça fait un moment que l'on ne s'est pas vu. Ce n'était pas un reproche, juste un constat, parce que je ne savais pas comment commencer la conversation.

Le regard du brunet se posait sur les yeux de la jeune femme. Il y avait quelque chose de différent. Il ne voyait pas cette petite étincelle qu'il avait l'habitude de voir lorsqu'il se trouvait en sa compagnie. D'habitude, elle était toujours enjouée avec lui, mais ça n'avait pas l'air d'être son jour. D'ailleurs, elle sembla même hésiter à le faire entrer. S'il le fallait, Ric était prêt à faire chemin arrière, mais nul doute que ça l'aurait beaucoup blessé. Finalement, Tessy se poussa pour le laisser entrer. Le Mather pénétra dans sa chambre avant d'aller se poser sur son lit, la regardant fermer la porte. "Ça fait un moment que l'on ne s'est pas vu". Il hocha la tête avec un petit sourire. "Je dirais même que ça fait trop longtemps". C'est vrai quoi, et ça commençait à le peser. Il la regardait toujours, posant finalement une question, sachant pertinemment que la réponse qui allait suivre allait être un mensonge. "Tout va bien ?" Si elle lui mentait, il le verrait de toute façon.

Je ne sais pas pourquoi mais j'étais gênée face à Ricardo à cause de ma tenue. Instinctivement je tirais sur mon short, croisant mes jambes comme pour les cacher, ce qui était stupide et inutile. Je me sentais trop dévêtue et je me maudissais de ne pas avoir mis un legging. Ricardo s'installait sur mon lit, et je sentais son regard sur moi. Moi je n'osais même pas le regarder. Je restais debout, au milieu de la chambre. "Je dirais même que ça fait trop longtemps" C'est vrai que je pensais la même chose quelques jours plus tôt. Je souriais très légèrement à Ricardo. Ça me faisait quand même très plaisir qu'il me dise ça. Il me demandait ensuite si j'allais bien. La question qu'il ne fallait pas me poser. Oui, je vais bien. Et toi ? J'espérais être convaincante, mais j'étais une mauvaise menteuse. Mais j'avais un peu d'entraînement ces derniers jours, alors avec un peu de chance, ça passerait quand même.

Ricardo ne pu s'empêcher de noter son comportement bizarre. Elle semblait tirer sur ses vêtements et se cacher, comme si elle se trouvait nue devant lui. En plus de ça, à aucun moment elle n'essayait de croiser son regard, le fuyant même. Le brunet ne comprenait vraiment pas sa réaction vis-à-vis de lui. Enfin, bien sûr il imaginait que le problème venait de lui. Il était évidemment au courant de toutes ces agressions qui avaient eu lieu à Harvard et même ici. Cependant, l'idée que Tessy puisse faire partie des victimes ne lui traversait même pas l'esprit. "Oui, je vais bien. Et toi ?" Il hocha la tête en l'écoutant. C'est ça, elle va bien, puis Ricardo est puceau aussi nan ? Le brésilien se leva pour se rapprocher d'elle. "Tess.. Qu'est que tu as ?" Il posa sa main sur la sienne. "J'ai fais quelque chose de mal ?" Il la regardait dans les yeux, attendant une quelconque réaction de sa part.

Je m'en voulais un peu d'agir comme ça avec Ricardo. Il était venu me voir, après des mois à s'éviter, et voilà que je le rejetais. Je risquais de tout gâcher, j'en étais consciente. Mais je n'arrivais pas à agir autrement. Et du coup je lui mentais, chose qu'il dû comprendre puisqu'il se leva et s'approcha de moi afin de poser l'une de ses main sur la mienne. Je me dégageais brusquement. Je ne voulais pas que l'on me touche, je ne supportais plus ça. Je traversais la chambre d'un pas rapide pour ne plus être près de lui puis je lui fis face. Je vais bien, ok ?! Ça va ! Je devais avoir l'air d'une folle, et visiblement ça n'allait pas, non. Je passais mes mains dans mes cheveux brun en soufflant pour me calmer. C'était pas le moment de paniquer, ou de se mettre à pleurer. Et puis il parlait encore, me demandant s'il avait fait quelque chose de mal, et ça me brisait le cœur qu'il puisse penser ça. Il était sans hésiter l'une des personnes à qui je tenais le plus, et il ne m'avait rien fait de mal. Je me radoucissait alors un peu, parlant plus calmement. C'est pas toi.. T'as rien fait. C'est juste.. Laisse tomber. 

Au moment où Ricardo posa sa main sur celle de Tessy, cette dernière la rejeta brusquement avant de partir plus loin dans la pièce. C'était à ne plus rien y comprendre. Il avait toujours été tactile avec elle et jusque là ça ne l'avait pas dérangé. C'est comme si elle avait peur de lui, et pourtant il ne lui avait jamais donné de raison d'avoir peur. La belle brune finit par lui faire face, même si elle se trouvait du coup à plusieurs mètres de lui. "Je vais bien, ok ?! Ça va !" Le brésilien ne comprenait pas pourquoi elle s'énervait et surtout pourquoi elle se mettait dans cet état. Elle avait l'air à deux doigts de la crise de panique, prête même à pleurer. Finalement, elle commença à se calmer un peu.  "C'est pas toi.. T'as rien fait. C'est juste.. Laisse tomber". Le brunet arqua un sourcil. Si elle croyait qu'il allait abandonner comme ça, c'était mal le connaitre. Ric s'approcha alors d'elle. Il s'apprêta à la prendre dans ses bras mais il se rappelait de sa réaction lorsqu'il l'avait touché tout à l'heure alors il se retint. "Parle moi Tessy. C'est moi. Tu peux tout me dire". Il resta près d'elle. "S'il t'est arrivé quelque chose, je veux que tu me le dises".