That’s how a superhero falls in the snow feat Addison

8km, Thomas les faisait en moins d'1h30 lorsqu'il s'offrait un footing à rallonge dans les rues de Cambridge. C'était l'un des avantages à habiter en dehors de la résidence, il pouvait sortir de bonne heure le matin pour aller fouler les pavés quand ça lui chantait. C'était une autre paire de manche que de parcourir la même distance avec des raquettes aux pieds. Ceci dit, c'était un exercice plutôt sympa et certainement idéal pour les muscles. Sportif, Thomas n'aurait aucun mal à tenir le rythme de cette petite randonnée improvisée. Il n'y avait personne dans les parages, à croire que les raquettes n'attiraient pas grand monde.
- M'en parle pas, dit-il en riant. Evidemment qu'il était bosseur et qu'il passerait les partiels sans trop de problème. ça faisait 5 ans qu'il étudiait en neuro et s'il y avait une période de l'année qu'il redoutait par-dessus tout, c'était bien celle-ci. S'il passait moins de temps en compagnie de vielles voitures, il en aurait plus pour ses bouquins. ça devrait le faire, précisa t-il en trop de détails. Et ça me fait penser que je te dois toujours un café...

Ah les partiels, tout le monde à Harvard les redoute je crois. C'est une université prestigieuse, une des meilleures du pays, et le moindre faux peut nous coûter notre place. Il faut aussi avoir de l'argent pour l'intégrer, à moins d'être boursier ou d'être subventionné comme je le suis. J'ai de ce fait un double challenge, afin de ne pas perdre les bourses et ce que me donnent les donateurs. On croit en moi, et je dois prouver que j'ai ma place ici, quoi qu'il se passe. Valider toutes mes matières semble mission impossible, mais au final, je m'en sors toujours. « Je croise les doigts pour toi alors. » dis-je au jeune homme, continuant notre périple entre les arbres et les buissons. Le coin est vraiment magnifique et je ne me lasse pas de regarder la vue qui s'offre à nous. Les raquettes, c'est fatiguant, mais ça vaut vraiment le coup. « Ah oui en effet ! Je n'imagine même pas le prix d'un café une fois arrivés au chalet.. » Vu où c'est placé, ils ont dû multiplier les prix par dix au moins.

Ils allaient avoir la piste rien que pour eux. Parler des partiels facilitait l'avancée dans la neige qui collait sous les raquettes. Thomas songeait à ce qu'il lui restait à réviser en rentrant ; comme chaque année, il allait prier pour passer ses examens haut la main. Il ne visait pas la moyenne mais au-dessus, il avait que ce serait un critère de sélection lorsqu'il quitterait Harvard pour intégrer de prestigieux établissements. Sans compter qu'il s'imaginait bien voyager quelques temps avant de se poser dans un boulot sécure. Thomas croisa ses doigts, en répondant à Addison qui semblait légèrement stressée à l'approche des examens.
- Et je les croise pour toi. Thomas écarta un buisson d'une main. Comme il n'y avait aucune trace de pas sur la surface blanche, il se serait facilement cru seul au monde. Il y avait quelque chose de vraiment sympa à l'idée de partir en raquette, loin du confort et des gadgets électroniques, se perdre quelques temps en pleine nature.
- C'est moi qui invite, répondit Thomas en balayant les inquiétudes d'Addison. Evidemment, le chalet risquait d'être un énième piège à touristes et c'était bien logique, il fallait que la station rentre dans ses frais. Pense à la vue qu'on aura de là-haut...

Enfin partis en escapade, Thomas et moi discutions tranquillement des examens à venir. J'étais complètement stressée à cette idée, car je suis en cinquième année maintenant, et le niveau se corse chaque année. Je galère dans certaines matières, c'est un fait, mais j'arrive toujours à m'en sortir à la moyenne. « Merci c'est gentil. » dis-je à l'adresse du jeune homme, un petit sourire aux lèvres. Je commence limite à être essoufflée par notre promenade là, c'est que les raquettes sont lourdes. Je vais avoir des jambes d'acier en rentrant, c'est un bon point au moins. Quand Thomas me dit qu'il m'invite pour le café, je grimace un peu, car je n'ai pas envie qu'il se ruine dans un café. Et puis, ce n'est pas comme si je n'avais pas les moyens à présent. « Ouais on verra. » Je lui fais un petit clin d'oeil, car il faut savoir qu'il est très difficile de m'inviter à quoi que ce soit, je déteste que l'on paye pour moi. « Déjà qu'ici c'est super, alors là bas j'imagine même pas ! »

Thomas avait laissé tous ses bouquins dans son petit appart' d'Harvard Square, préférant profiter de son voyage au Canada pour découvrir la poudreuse et les activités du coin. Il avait même dompté une motoneige en début de semaine, il en referait certainement. Les raquettes commençaient à tirer légèrement, avec toute la neige collée en-dessous. Sportif comme pas deux, Thomas avait l'habitude de ce type d'exercice et pouvait tenir des heures comme ça.
- C'est tout vu, répondit Thomas en souriant. Il se souvenait encore d'une fameuse nuit où il s'était retrouvé à la porte de chez lui. Addison l'avait accueilli dans son appart' sans la moindre question et il lui était complètement redevable. Et c'était surtout que ça lui faisait plaisir de l'inviter boire une boisson chaude. Thomas s'arrêta en plein mouvement, il lui semblait avoir repéré du mouvement un peu plus loin, sous une couche de neige. Une tâche blanche bougeait un peu plus loin et Thomas s'accroupit.
- Je crois qu'on a de la visite...ça ressemble à un renard arctique. Le museau de l'animal dépassait de ce qui devait être une tanière.

Bon, apparemment, il est totalement impossible de négocier avec Thomas. C'est bien malheureux, car je suis du genre à ne pas lâcher le morceau si vite. Il a l'air vraiment déterminé à me payer ce café, et je trouve ça adorable, alors peut-être que je vais le laisser faire. Pour le moment, je me concentre sur ma course dans la neige, essayant de ne pas glisser et tomber. Au pire, c'est de la poudreuse, je ne risque pas de me faire très mal. Thomas s'arrête alors un instant, observant un buisson au loin, et effectivement il bouge un peu. Qu'est-ce que c'est ? J'adore les animaux hein, vraiment, mais en pleine nature comme ça.. on ne sait pas ce que l'on peut croiser. Je me penche une fois arrivée à la hauteur du jeune homme, observant effectivement un petit renard adorable. Je n'ai pas l'impression qu'il soit bien méchant. « Il est magnifique. » m'exclamais-je alors, regardant le petit renard d'un blanc parfait. Il se confond parfaitement dans la neige en fait. J'ai limite envie de l'adopter quoi. « On l'emmène avec nous ? » Je ne pense pas que ce soit très possible, mais bon.

Thomas avait l'oeil, certainement l'habitude de lorgner les rouages des voitures pour trouver la moindre faille...C'était la première fois qu'il voyait un renard de cette couleur, et d'aussi près. Il se souvenait avoir vu quelques photos de la bête sur internet, en se renseignant sur ce qu'il y avait à voir au Lake Louise mais il n'aurait jamais pensé se retrouver nez à nez avec un spécimen, des raquettes aux pieds qui plus est. L'animal semblait à l'affût, il avait certainement senti la présence de deux étrangers à proximité.
- ça ressemble à un gros chat mais c'est plus sauvage, murmura Thomas en souriant. Il devait reconnaître qu'un renard immaculé valait le coup d'oeil. Thomas se mit à fouiller ses poches à la recherche de son téléphone portable, pas facile lorsqu'on a des gants. En souvenir, se justifia Thomas en prenant une photo de l'animal. Il avait préalablement réglé son téléphone en mode "silence" pour ne pas l'effrayer.

J'adore les animaux, vraiment, et ce petit renard est absolument magnifique. J'aimerais l'emmener avec moi et l'adopter, mais il serait bien trop malheureux à Cambridge. Là au moins, il est dans son élément, et on le confondrait presque avec la neige. Si Thomas ne me l'avait pas montré, je ne l'aurai certainement pas vu. « Faut essayer de pas faire de bruit. » dis-je alors en chuchotant, tandis que le jeune homme sortait son téléphone. Une photo, quelle bonne idée ! J'observe toujours attentivement l'animal, et esquisse un petit sourire à l'adresse du jeune homme. « Tu me l'enverras. » dis-je alors, ne cessant de regarder ce petit renard qui m'a l'air d'être complètement inoffensif. Au bout de quelques secondes, j'entends un craquement de branches, ce qui fait fuir l'animal. « On le recroisera peut-être plus tard.. » Je hausse les épaules, me remettant en marche avant d'être emprise d'une flemme. On est bientôt arrivés au gîte j'espère, et puis peut-être qu'avec un peu de chance, on croisera de noubelles espèces avant d'arriver à destination.

Résumé de son après-midi : une sortie en raquette, un renard arctique et deux chocolats chauds qui allaient lui coûter des yeux de la tête. Le pire, c'était que ça lui passait complètement au-dessus. A vrai dire, il ne se sentait pleinement en vacances que lorsqu'il gérait son emploi du temps et ses finances comme bon lui semblait. Une sortie entre amis par là, un restaurant, un cocktail. C'était le moment où jamais d'en profiter ! Thomas rangea rapidement son téléphone, même s'il ne faisait aucun bruit, le renard devait certainement être sensible aux mouvements.
- Evidemment, chuchota Thomas, souriant. Il eut une pensée pour certains de ses camarades, certainement restées au chaud dans les chalets. S'ils savaient ce qu'ils étaient en train de rater maintenant ! Comme s'il les avaient entendu, les oreilles du renard se rétractèrent et il disparut dans sa tanière enneigée. Thomas et Addison reprirent le chemin du chalet, en silence. La chaleur du début d'après-midi leur permettait d'avancer sous le soleil.

Notre petite escapade se déroulait plutôt bien, et à l'avenir, je serai ravie de refaire une balade similaire. Je ne connais pas énormément les pays froids comme le Canada, mais depuis que j'y ai mis les pieds, je commence réellement à apprécier. Il faisait encore plus froid en Laponie, pendant notre Christmas Trip réservé aux Quincys, mais j'avais aimé tout autant. Thomas m'assure donc qu'il m'enverra la photo du petit renard, et sur ce, nous continuons notre route jusqu'à notre objectif. Le paysage est tellement beau que j'en perd mes mots, et nous marchons silencieusement jusqu'à que j'aperçoive un petit chalet en bois. Je le pointe du doigt en me tournant vers le jeune homme. « Obejctif réussi ! » m'exclamais-je fièrement, un peu comme une enfant qui venait de gagner un concours. C'est que c'est fatiguant les raquettes, et puis je commence à avoir carrément soif bien qu'il fasse très froid. Une fois en bas des escaliers, je m'assieds sur une marche pour retirer les raquettes pleines de neige. « J'ai les pieds gelés ! » Et c'est vrai. Je ne sais pas comment je vais faire pour repartir après ça.