JASEY « I'm a nightmare dressed like a daydream. »

Aujourd'hui, Jasper avait réussi à me convaincre que ce serait une bonne idée d'apprendre à faire du ski tout en faisant un genre de pic-nic hivernal. Ouais vraiment, il a de l'imagination mon cher frère. Et moi qui accepte, je crois que ce pays m'a carrément gelé le cerveau... Imaginez vous donc que présentement il est environ 10h et ça fait déjà au moins une heure que j'essaie de comprendre comment ses longs en bois fonctionne avec un sac à dos énorme sur mon petit dos fragile. Bon ok très honnêtement j'ai passé beaucoup plus de temps les deux fesses dans la neige que debout sur mes skis, mais à quoi il s'attendait hein ? « Tu te trouves cool là hein ? » lançais-je à Jasper qui s'approchait de moi tel un pro du ski alors que je venais de rencontre un arbre de beaucoup trop près.

Amener Ley faire du ski, ou comment installer encore d'avantage leur relation frère-soeur. Surtout en connaissant le « talent » naturel de la demoiselle sur deux skis. Rien que la voir marcher avec les chaussures de ski était d'un comique sans nom. Elle le charriait tellement souvent sur son absence de maîtrise en sport, que Jasper en faisait trois tonnes dans l'une des rares disciplines qu'il gérait. Quand le compte en banque des Ellington s'était élevé, lui et son père s'étaient accordés des vacances à la neige régulièrement. Ce sport de riche, c'était sa petite revanche. « Tu te trouves cool là hein ? » Hop, on fait quelques mouvements de slalom, et s'arrête juste à côté d'elle d'un coup sec. La classe, ouais. « T'sais, le principe c'est pas de toucher les arbres avec ton nez. » Et il se marre derrière son écharpe, même pas discrètement.  

Ne croyez pas que si je suis… si peu habituée de skier c’est parce que je n’ai jamais eu l’occasion d’apprendre. Je veux dire, en tant que bonne fille de riche que je suis, moi aussi je suis allez dans des beau chalets luxueux dans les plus belles destinations avec ma famille à l’occasion des vacances.  C’est juste que pendant que mes parents skiaient et tout, moi je me prélassais gentiment dans le chalet à draguer le moniteur qui était censé m’apprendre. Ou encore je profitais du spa avec les beaux sportifs. Bref tout sauf skier. Je ne comprendrai jamais l’intérêt de ce sport ridicule où l’on doit mettre 4 couches de vêtements pour ne pas mourir de froid. Et aujourd’hui je regrette parce que j’ai l’air idiote en mode « je fais des câlins à mon arbre chéri» à côté de Jasper le magnifique. Et surtout qui ne manque pas de la ramener  parce qu’il a beaucoup plus de talent que moi. « Ouais bah c’est pas ma faute si tu es un mauvais professeur. » Fidèle à moi-même, fallait que je lui ramène ça sur le nez comme toujours. Allez ce ne serait pas drôle sinon, si ? Puis d’abord pourquoi il ne faisait pas son gentleman en traînant le sac de pic-nic sur son dos le fainéant ? Ok j’arrête de me plaindre et je vais doucement vers la gauche pour continuer de descendre cette montagne maladroitement. Je vais y arriver, j’ai espoir.

D'habitude, la classe c'est plus du côté de Leyna qu'elle se trouve. Jasper, c'est un peu le mec qui s'en fout. Bon, il apprécie d'être à son avantage évidemment, mais supporte mieux le ridicule que sa sœur. Ils aiment se foutre de l'autre, alors c'est de bonne guerre. Pour toutes les fois où mademoiselle rit de lui.  « Ouais bah c’est pas ma faute si tu es un mauvais professeur. » Arquant un sourcil, le garçon apprécie cette idée d'être le coach. « Tu avoues donc que tu as besoin de mon aide ? » La princesse avouerait-elle qu'elle est mauvaise, et qu'il est le seul à pouvoir la sauver d'une honte certaine ? Honte qu'il aide un peu, en l'ayant chargé comme une bourrique avec un sac à dos contenant trop de choses -là, c'est Ley, elle a besoin de tout son confort la miss-. Mais têtue comme elle est, la dunster repart à l'attaque de la piste. « Oulala fait doucement.. fait... fait gaffe tu tangues ! » En fait pas du tout, mais Jasper s'amuse à la déstabiliser. Comme si elle ne manquait pas suffisamment d'aise. « Je te regarde pas, tu me fais trop peur. » Qu'il dit en passant à côté d'elle, se cachant les yeux au dessus de son masque en se marrant.  

Malgré que je râle comme un bébé, il faut avouer que c'était quand même assez marrant. J'avais vraiment l'air de rien sur ces deux trucs géants à mes pieds. Pourtant j'excellai sur des talons hauts, c'était à n'y rien comprendre. Puis ce n'est pas cette petite pente qui allait venir à bout de moi, j'étais bien plus forte que ça et ce, malgré les tentatives de mon frère adoré pour me déstabiliser. « Non je n'ai besoin de personne. » Et voilà le retour de mon ego surdimensionné. S'il y a bien quelque chose que je détestais c'était de devoir avouer que j'avais besoin de quelqu'un pour m'aider, que je n'arrivais pas à parvenir à mes fins par moi-même. Ça faisait tellement... faible. Et je ne voulais pas être faible. Alors je continuai à descendre en me disant que je finirais bien par arriver en bas saine et sauve, du moins je l'espérais. S'il fallait que je me casse quelque chose ici ce serait beaucoup trop la honte, déjà car les béquilles ça me va pas au teint, mais aussi parce que Jasper me le ramènerait sur le nez des années durant. Je ne me laisse même pas atteindre par le fait qu'il passe devant comme un pro en rigolant dans son masque. Voyez comment j'ai la classe moi aussi ? « Au lieu de te moquer, va donc faire ami-ami avec un arbre pour faire changement ! » Et c'est avec un magnifique sourire étincelant que je lui disais ça. Ne trouvez-vous pas qu'il serait beau là à câliner un arbre ? Moi oui.

« Non je n'ai besoin de personne. » Ben ouais voyons Jasper, ça se voyait quand même que Leyna n'avait besoin de personne. Regardez comme elle.. tremblotte sur ses skis et menace de se vautrer à chaque seconde. Haussant les sourcils d'un air dubitatif, il ne manque pas de montrer qu'il doutait sérieusement de la véracité de sa réplique. Puis franchement, ça serait dommage de lui expliquer comment équilibrer son poids pour ne pas partir en avant ou devoir cambrer son dos. Elle est tellement plus mignonne en mode débutante.  « Au lieu de te moquer, va donc faire ami-ami avec un arbre pour faire changement ! » Roulant des yeux vers le haut, le garçon ne perd pas de sa confiance. « Tu sais, on embrasse plus les arbres depuis qu'on a son premier flocon. » Soit, le premier grade du petit skieur. Soit, pas encore pour elle. Lui cumulait quelques étoiles. « Tu veux que je prenne le sac ? Non parce que là je te vois bien faire une boule de neige géante en fin de piste dans quelques minutes. » Genre, gros rouler-bouler enneigé.  

Chaque fois que mon orgueil ressors, je sais que je suis bel et bien une Ellington. Ce caractère inatteignable et presque désagréable me venait de là. Ce serait si facile de lui demander des conseils et d'ainsi simplement pouvoir le suivre sans avoir peur de me casser un truc à chaque seconde. Mais si peu gratifiant. Je voulais moi aussi pouvoir dire que j'avais appris toute seule comme une grande et ce même si je n'avais pas de flocons. « Je m'en fiche du flocon, c'est une tempête de neige que je vais avoir ! » Et je souris fièrement comme une idiote. Y a pas de quoi être fière mais bon c'était le seul encouragement que je pouvais avoir alors aussi bien me le faire moi-même. Regarder comment il se moque de moi là en disant que je risque de finir en boule de neige géante à la fin de la piste. Pfft ça vient de tout gâcher la générosité de sa proposition. « Moi je propose plutôt qu'on s'arrête ici parce que j'en ai marre. » De toute manière je lui laisse pas le choix puisque je me suis déjà jetée par terre à essayer d'enlever ces stupides skis.

Pauvre chaton, elle s'en sort pas. Jasper garde un œil attendri sur la demoiselle, un brin protecteur, mais tant qu'elle se casse rien, c'est surtout la moquerie qui gagne sur ces sentiments niais. Touchée à l'égo, Leyna réagit comme lui-même l'aurait fait. C'est à dire mal, et en quête de revanche. Elle ne veut pas skier, elle veut maîtriser le sport. Et il s'y reconnaît bien là. On se débrouille par soit-même chez les Ellington, et on ne vise pas une des marches du bas. « Je m'en fiche du flocon, c'est une tempête de neige que je vais avoir ! » Sa joue se creuse d'une fossette. Il la respecte assez pour ne pas insister. « Moi je propose plutôt qu'on s'arrête ici parce que j'en ai marre. » Bon, par contre là, Jasper s'arrête net, lui qui la devançait de quelques mètres. Jetant son regard par-dessus son épaule, il la voit déjà parterre, résignée. Hum, encore un peu de Carlson. « Leeeey.. Mais on est bientôt en bas ! En plus le coin est nul, on va pas manger là ! » Il râle, soupire, mais ne se voit pas la traîner. Revenant sur ses pas comme il peut -la descente est quand même bien plus facile-, le garçon plante son bâton juste à côté de sa sœur. « Si t'en perds un, j'te jure que tu te démerdes sur un ski pour la suite. » Non parce que vla la galérienne, elle était capable de laisser un de ses skis dévaler la piste tout seul. Il donna un coup sec avec son bâton sur l'attache de chacun de ses skis, et libéra ses chaussures délicatement, plantant ensuite ses skis dans la neige, droit comme des i. Puis, il s'affale dans la neige. Enfin, il tourne ses billes sur la dunster en riant. « Toujours pas besoin d'aide miss tempête de neige ? »

Franchement j'ai parfois l'impression d'être bipolaire, perdue entre ma personnalité Ellington et Carlson. La première c'était ma partie déterminée, celle qui voulait à tout prix exceller en ski à la fin de cette journée et ce peu importe les taquineries de mon frère ou les arbres avec lesquels je faisais connaissance de beaucoup trop près. Et la seconde faisait râler le petit Jasper parce qu'il n'avait même pas eu le temps de terminer ses lamentations que j'étais déjà assise par terre prête à déguster le festin qu'il avait préparé. J'en avais rien à foutre qu'on puisse débouler à n'importe quelle seconde ou qu'on soit perdu au milieu de nulle part, j'en avais marre et il allait subir pour m'avoir entraîner là-dedans. « Je sais très bien que si c'était le cas, tu me porterais gentiment sur ton dos. » Je ne pu m'empêcher d'éclater de rire en imaginant les ski partir tout seul à la dérive. On serait un peu dans la merde quand même, mais ce serait amusant. « Non merci monsieur le président à grosse tête. » Avec un grand sourire je lui tendis un bout de pain tout droit sorti du sac. Heureusement qu'il n'était pas facilement vexé en ce qui me concerne.

Un vrai gosse. C'est la plus jeune, ça se voit non ? Le cul dans la neige, et Jasper grimace. Y a bien trente raisons pour lesquelles cet emplacement est mauvais, mais il sait qu'aucune ne vaut le fait que la brune ne veut tout simplement plus avancer. Alors il abdique, s’asseyant à ses côtés. Faisant comme s'il avait eu plus ou moins le choix. « Je sais très bien que si c'était le cas, tu me porterais gentiment sur ton dos. » Jasper se marre, puis regarde sa sœur. Non, elle plaisante pas ? « Non. Ca, ça arrivera pas ! En plus, je sais pas si c'est ton équipement mais j'ai l'impression que t'as grossis. » Un fin sourire provocateur nait sur ses lèvres, tandis que ses billes regardent en gros sa silhouette. Ca va à personne les tenues de ski, qu'on se le dise. Petite vengeance pour l'avoir obligé à s'arrêter.  « Non merci monsieur le président à grosse tête. » Et du coup, vengeance pour ces paroles aussi. Trèèès bien, qu'elle se démerde avec ses skis. Jasper réceptionne le morceau de pain, mais ne le porte pas à sa bouche tout de suite. « Hé, j'ai pas le droit à quelque-chose avec ? » Genre, il est au régime pain sec et eau maintenant ? « C'est pas ma ligne qu'il faut surveiller.. » Et vlan, on en remet une couche avec un grand sourire moqueur.