Tu as vu le ciel est blanc ...

C'était bientôt le grand départ, le départ à la classe de neige pour les Harvardiens les plus branchés, lunettes de ski sur les yeux pour devenir la tomate ambulante de la rentrée avec les coups de soleil ridicules, ou encore les défis de la fameuse fondue savoyarde, les batailles de neiges pour devenir le bonhomme de neige le plus sexy totalement enseveli par la neige ... ce séjour s'annonçait des plus passionnants et hilarants. Mais avant tout cela, il fallait que je retourne à la coloc et autant dire que j'avais attendu le dernier moment, peut être parce que le climat qui régnait entre Matthias et moi avait tellement changé, une gène, un froid glacé qui s'était jeté sur notre amitié ... après tout c'était pas possible qu'on s'embrasse, quelle connerie ...
C'était en poussant la porte que je me mettais à espérer qu'il n'était pas là, mais j'entendais déjà la télévision allumée, le musique de la salle de bain aussi, il était bien là, mais au fond je savais que le revoir allait être un bien, après tout c'était mon pote, on s'éclatait bien tous les deux, même si tout était devenu un peu plus compliqué ces derniers temps. Matthias ... je suis là ... J'espèrais au moins qu'il était présentable pas en serviette de bain à peine sortie de sa douche, sinon la poisse !

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C'est vrai, la classe de neige approchait et j'avais hâte. M'éloigner d'Harvard, de l'hôpital, du bar allait me faire le plus grand bien. M'éloigner aussi de certaines personnes et en rencontrer d'autres. De nombreuses activités et soirées allaient être prévues. Je suis persuadé que cela va être un bon voyage, j'avais hâte. Mais nous n'y étions pas encore. Non, je vivais toujours entre cours, révisions et travail et surtout, je vivais toujours en colocation avec Matthéo. Enfin, ce n'était pas prévu que cela change pour le moment : se partager les factures et avoir une compagnie était tout de même agréable. Quoi que, on ne peut pas dire que l'on se voit beaucoup ces derniers temps. Et tant mieux... Je me rappelle encore de cette soirée alcoolisée (pas assez pour l'oublier). Nous étions entre potes, entre mecs à naviguer entre délires, alcool et cigarettes (oui, en soirée, l'étudiant en médecine peut bien se l'accorder). Et sans savoir pourquoi, nous avions commencer le mythique jeu du 'cap ou pas' ou on nous a défié, Matthéo et moi, de nous embrasser. Non mais sérieusement, j'avais une tête à embrasser un autre gars ? Nous étions aussi hétéro l'un que l'autre et pourtant, nous nous étions prêter au jeu. Surtout lui. Mais je n'avais pas cessé la chose, non plus. Depuis, on s'évitait et nous n'avons jamais reparlé de cette soirée. À quoi ça servait après tout ? On savait pertinemment tous les deux qu'on aimait les filles et ça nous suffisait.

Passons. Nous étions en fin d'après-midi : pour une fois, j'avais fini les cours à 16h00 et je ne bossais pas ensuite à l'hôpital. Je pouvais enfin rentrer à la maison pour me détendre et me reposer un peu après les nombreuses rudes journées que je venais de vivre. Matthéo n'était pas là, j'avais donc l'appartement pour moi. Une bonne douche me ferait le plus grand bien pour commencer, avant de m'installer devant la TV que j'avais déjà allumée. J'enfilais un boxer, bien entendu ainsi qu'un jogging ~~(torse nu )~~. Qu'est-ce qu'on était bien là. Alors que je finissais de ranger mes affaires j'entendais une porte claquée et Matthéo m'informant qu'il était là. Je marchais donc vers l'entrée... En effet, ce n'était pas son fantôme, c'était bien lui. « Ah, salut... Tu vas bien ? » Lui demandais-je simplement, un léger sourire aux lèvres.

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Après tout le canular de nos potes pendant ce cap ou pas cap avait était des plus bâtards, car ils savaient pertinemment que je ne cédais devant chacun aucun défi, j'étais un compétiteur, un gagnant dans l'âme, et puis c'était drôle d'habitude, sauf que depuis tout avait bientôt trop changé ! Je le fuyais maintenant, c'était une certitude, ni lui ni moi ne voulions accepter d'avoir fait cela, et n'assumer pas ... c'était un peu comme se dire végétarien et tout d'un coup bouffer de la viande, quoi que non c'était encore pire ! Il débarquait dans les parages, naturellement je le prenais par le cou pour lui faire une petite tape amicale dans le dos. Oui je suis venu chercher quelques affaires et te verser la moitié du loyer aussi ... Oui d'ailleurs faudrait que je revienne vivre ici, sinon cela ne serait pas trop économique de payer pour un appart que je n'habitais plus, et puis ce n'était pas la mer à boire après tout, ce n'était qu'un défi ! Et toi tu te mettais au sport car tu as encore du maille pour rattraper mes abdo ! Oui je m'en sortais toujours avec des blagues ou moqueries pour éviter de dériver sur des sujets sensibles, toujours abattre ses cartes pour éviter celles des autres.

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Il est vrai que cela faisait un moment que je n'étais pas sortie officiellement avec une fille mais de là à se poser des questions sur mon orientation sexuelle, n'exagérons pas. Je n'étais jamais tombé amoureux d'ailleurs... Et je ne comptais pas non plus changer de bord. Et franchement, la colocation fille-garçon, je n'y crois pas. Tu vis avec une demoiselle, tu la vois au réveil, au coucher, à la sortie de la douche ? Et tu résistes ? Non, je n'y crois pas. Je ne suis pas du genre à sauter sur tout ce qui bouge mais il y a des limites. Je reste un homme. Un homme de 26 ans. Sauf que quand mon colocataire franchit la porte, je revenais vite à la réalité. Pas de colocataire femme à l'horizon. Juste un Matthéo qui apparaissait ici de temps à autre. Surtout quand je suis en cours et en tout franchise, cela m'arrange. Je venais alors le saluer, puisqu'il n'arrivait pas discrètement afin que je ne le vois pas. Non, on était à présent face à face. Il venait récupérer quelques affaires... Cela signifiait qu'il ne revenait pas vivre ici à plein temps. Peut-être avait-il une copine sérieuse. Je n'en avais aucune idée. On se connaissait bien, on était de bons amis mais on ne se racontait pas forcément tout... Encore moins ces temps-ci. « C'est cool, j'ai un appartement pour moi tout seul et je ne paie pas le loyer entièrement. J'ai tout gagné ! » C'est vrai que je vivais plus seul qu'accompagné ces derniers temps. Et quand on se voyait, on tentait plus de rigoler comme on le faisait actuellement, afin d'éviter les conversations sérieuses. À sa remarque, je baissais le regard afin de jeter un oeil sur mes abdos avant de redresser le regard vers lui. « C'est l'hôpital qui se fout de la charité, là ! » Je souriais en ajoutant. « Tu veux boire un truc avant de disparaître à nouveau ? Tu ne sais peut-être plus où se trouve le frigo. »

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C'était finalement dommage que tout se soit complexifier parce qu'avec Matthias on avait été des vrais potes, proches, sinon je n'aurais jamais décidé de le rejoindre dans un appart pour partager une grande partie de mon temps, mais c'était le bon temps. On peut dire que tu es un petit chanceux oui ... tu peux faire tout ce que tu veux ! Mais la déco c'est toujours pas ton truc, ce petit pouf multicolore est juste horrible ... vivement que tu rencontres une femme pour te donner un peu de goût ! Il était torse nu et autant dire que je n'avais jamais vu que mon coloc était assez musclé quand même, nous étions des beaux gosses en fait ... mais il me fit rire avec sa petite réplique, sortant de sa bouche c'était comme une évidence. Tu sais la médecine faut pas y penser tout le temps ... l'hôpital faut que tu coupes ! Dit aussi que je suis gringalé je t'en pris ! Oui un petit verre, tu me proposes quoi ? ... sans alcool de préférence sauf si vraiment tu as que des trucs d'alcoolo ! Après tout fallait pas se retrouver dans une situation embarassante, même si sans défis aucuns soucis ...

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La chance que l'on a, c'est que nos potes présents à cette soirée n'ont pas ébruités ce défi. En même temps, la devise "Ce qui se passe en soirée, reste en soirée" était bien réelle. Et je l'affectionnais beaucoup, croyez moi. Ce n'est pas que Matthéo embrasse mal, c'est juste que... Non. Impossible. Lui dans sa chambre, moi dans la mienne. C'est tout. Mon colocataire me taquinait sur la décoration de l'appartement. En même temps, pour le temps que l'on y passe lui et moi, notre intérieur, ce n'était pas notre priorité. Pas la mienne, en tout cas. « C'est parce-que je mise tout sur ma chambre. Elle est parfaite... Mais le salon, c'est vrai que... Non. J'attends que tu t'en occupes. » Il me faisait comprendre que je n'étais pas parfait, et je lui faisais comprendre qu'il n'était jamais à l'appartement. Je lui proposais alors à boire, se taquinant toujours. C'est vrai que mon expression me collait bien, vu mes études. Sa remarque me faisait donc rigoler. « J'aime tellement mes études, tu comprends... C'est pas le plus sexy mais je croise du beau monde. » Il voulait bien un verre mais pas d'alcool. Forcément, mes pensées revenaient sur cette soirée... Super. « Un café ? Un soda ? Ou un jus de pomme, si tu veux, petite fille. » À mon tour de taquiner un peu. J'avançais donc lentement vers la cuisine en me dirigeant vers la cuisine, un sourire aux lèvres. « Sinon, évidemment, le bar est plein : whisky, vodka, rhum... »

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Finalement j'avais redouté ce moment, mais pour le moment cela se passait plutôt bien peut être parce qu'on faisait les cons pour ne pas se trouver embarrassé devant un silence qui en dit long, un regard un peu trop insistant, un souvenir qui émerge, bref une merde pour nous mettre mal à l'aise. J'espère au moins que tu partages ton goût pour la déco avec d'autres personnes ... Comment dire qu'avec les nombreuses soirées où je ne rentrais pas il avait pu en profiter pour rencontrer quelqu'un ou alors faire des rencontres sans grandes importances même si tout cela n'était pas trop son truc. Ok je m'en charge alors et après tu pourras me baiser les pieds devant le goût indéniable que j'ai...Heureusement que cela était une expression sinon l'image pourrait être un peu bizarre, quoi que ce ne serait pas la première fois entre nous que la situation serait cocasse. Croise du beau monde, tu m'étonnes entre les infirmières et tout ce qui pouvait aller avec, il devait en voir du beau tous les jours, même si son job était loin d'être simple. Je veux bien te croire ...Mais tu as pas trouvé la bonne encore ? Peut être que cela pourrait nous sauver pour le coup, mais je n'en étais pas sûr, la tension entre nous était palpable, car oui ce baiser malgré tout ... non fallait pas y repenser, c'était une erreur, un défi, rien d'autre... Me dirigeant vers la cuisine, je le suivais ... Un soda je vais prendre ... et la petite fille te merde ! Je crois que vaut mieux un soda ouai ... ne réveille pas le Mather qui dort en moi. Je me penchais alors sur le comptoir tout en sortant deux verres pendant qu'il s'occupait des boissons.

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Je ne sais pas trop comment nous pourrions entamer cette conversation si déstabilisante. Je n'assumais pas et lui non plus. Vous imaginez la réputation après cela ? Alors qu'on tentait de garder notre image de beau gosse intacte, elle serait entachée par une action débile et inconsciente d'homosexuel. Je n'ai rien contre eux mais moi, je n'étais pas de cette tranche là. J'aime les femmes, ce sont elles qui m'attirent et avec l'une d'entre elles que je ferai ma vie -il faudrait d'ailleurs que je m'active pour la trouver-. « Ça reste subjectif le goût pour la déco. Ce n'est pas le plus important quand il y a de la visite... » Il comptait s'occuper de la décoration du salon. Si cela lui faisait plaisir, je lui laissais la tâche volontiers. « Le goût indéniable ? De tes pieds ? » Parfois, le niveau volait bas mais ils nous en faut peu pour rire. Comme tous les mecs au fond. Et voilà que Matthéo remuait le couteau dans la plaie me demandant si j'avais trouvé la bonne. Même la mauvaise, je ne la trouvais pas alors... « Ah non... Je ne sais pas où elle se cache mais bon, ce n'est pas ma priorité. » De toute façon, entre les cours, l'hôpital et le job de barman, je n'avais pas de temps à consacrer à une femme. Si ce n'est une heure ou deux par ci par là, et on sait comme les femmes sont demandeuses de temps.

Un soda, c'était sa commande. J'ouvrai donc le frigo afin de sortir une bouteille avant de le refermer et de me diriger vers le comptoir. Je servais alors un peu de soda dans son verre puis dans le mien. « Ça fait un moment qu'il dort le Mather, d'ailleurs... À moins qu'il ne passe ses nuits dans des hôtels, je n'en sais trop rien. » Je posais la bouteille sur le bar pour ensuite boire une gorgée de mon verre - c'est mieux-.

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Putain mais deux mecs ensemble c'était pire que de la débilité des fois, et puis nous deux ensemble c'était encore mieux comme niveau ... finalement j'avais peut être perdu un meilleur ami Jorden, mais j'avais trouvé un bon pote même si c'était un peu plus compliqué ces derniers temps, ce mec je l'aimais bien, on s'éclatait bien ensemble, faudrait surement crever l'abcès à un moment donné quand même. Ce que je ne comprenais pas, c'est que finalement cela avait pris une drôle d'ampleur, alors qu'un défi comme un autre, merde je me prenais la tête alors que je détestais le principe de faire des plans, des détours ... Oui mes pieds sont justes parfaits aussi parfaits que peuvent être des pieds, ne nous emballons pas trop non plus ! Alors si tout cela n'était pas sa priorité, il avait encore le temps de la trouver, je ne savais pas trop comment il faisait pour vivre de la sorte, cours, cours et encore cours, même si voir sa passion et la façon dont il en parlait vendait du rêve, il fallait bien le dire, il était passionné et il pouvait nous hypnotiser. Parce qu'il te manque le Mather ? La folie et nos petites soirées te manquent c'est pour ça en fait ... Mais je vais revenir en forme ! Merci pour le soda. dis je en prenant mon verre pour boire une gorgée. Il était toujours torse nu mais à part ça tout va bien ...

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C'est vrai que nous nous entendions bien. Depuis que nous nous connaissons en fait... Et la colocation en était la preuve même si ce n'était pas rose tous les jours. Forcément, en vivant ensemble 24H/24 - sauf en ce moment -, il y a des moments où le ton monte. Un oubli des courses, une corbeille à linge sale qui déborde, des couches de poussières qui se multiplient. Bref, la vie de colocation. Notre humour n'était pas très intelligent mais on ne pouvait pas être sérieux tous les jours. On est jeunes, on est libres, on peut profiter de la vie et déconner. « Ohla ! Il commence à devenir bizarre ton délire, là... » C'est vrai qu'une conversation qui dévie sur les pieds des uns et des autres, c'est particulier. On s'installait donc au bar, afin d'être mieux installé pour partager un moment et une discussion ensemble, avant qu'il reparte dans son igloo. Devant notre verre de soda, il voulait savoir si notre cohabitation ainsi que nos soirées me manquaient. « Bah écoute, ça sert à ça un coloc'... Quoi que, ça dépend les soirées. » Ok, il fallait que ce soit dit. Voilà. Pas la peine de continuer sur le sujet...

Toujours torse nu, j'étais à l'aise chez moi, il faisait bon. Je buvais à nouveau une gorgée de mon soda, jetant un coup d'oeil sur la télévision, non loin d'ici.

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