CALEY (-) what about life ?

 Il était vraiment impossible que je change d’avis. Même si je savais très bien qu’être absente un jour ou deux n’allait rien faire, je ne voulais quand même pas faire partie de ces personnes qui rataient des cours sous n’importe quel prétexte. J’étais probablement trop ambitieuse et perfectionniste, mais à mes yeux, les cours passaient avant le reste et puis, prendre quelques jours de vacances se feraient rapidement, je n’avais pas à me plaindre du rythme que l’on avait dans cette université. « Je ne prends jamais de livres de cours quand je pars en vacances. » Affirmai-je en affichant une moue boudeuse. « Juste des livres… Des romans, quoi ! Personne ne m’empêchera jamais de lire, persooooonne ! » Ajoutai-je en faisant les gros yeux, comme si cela changerait quoique ce soit alors que je savais parfaitement que non. Mais Colt me connaissait assez pour savoir que j’aimais beaucoup trop la lecture pour être ne serait-ce qu’une seule journée sans un livre. « Et j’ai de très bons goûts musicaux ! » Ajoutai-je en reprenant mon air boudeur. Et bien quoi ? C’était vrai ! Je n’écoutais pas des choses trop atroces et j’avais quasiment les mêmes goûts que tous mes frères, alors… ! Ouais, j’avais eu une bonne éducation musicale et cinématographique.

Mes frères avaient été de bons professeurs dans bien des domaines, mais ils avaient toujours été mauvais lorsqu’il fallait se mettre contre moi. Même s’ils voulaient le faire, ils n’y arrivaient pas franchement parce que j’avais toutes les techniques qui faisaient que cela ne fonctionnait jamais. Je ralliais toujours James à ma cause et puis, les autres suivaient automatiquement. Alors ouais, c’était certainement un peu de la triche, mais j’utilisais les armes que je possédais, tout simplement ! Vivre au milieu de tous ces gars n’était pas évidents tous les jours, mais bon sang, je donnerais tout pour que l’on soit encore tous sous le même toit parce que nos délires me manquaient atrocement. « Qu’est-ce que tu as contre l’état de ma chambre ? » Demandai-je en plissant les paupières. Je n’étais pas une fille bordélique, bien au contraire, j’étais même parfois trop organisée et ma chambre reflétait parfaitement ma personnalité. « Tu sais qu’à force de critiquer, tu risques de ne plus jamais y mettre les pieds ? » Le menaçai-je en haussant les épaules, toujours autant amusée par nos piques et nos remarques. Ce n’était jamais méchant avec Colt, bien au contraire, on s’amusait d’un rien et c’est ce que j’aimais avec lui.

« D’accord, Bradford, je viendrais te voir plus souvent et je t’aiderai à t’échapper de ta routine de vieux pépère. » Déclarai-je en affichant un grand sourire de peste. Oui, j’allais le faire. Il est vrai qu’on ne se voyait pas beaucoup ces derniers temps et il fallait bien qu’on rattrape le temps perdu et puis, je pouvais bien me permettre quelques sorties lorsque je n’avais rien d’autre à faire. Je suppose que les livres attendraient bien mon retour, ils n’allaient pas disparaître en quelques petites heures. Et puis, comme j’étais en avance, cela ne me coûterait vraiment rien. « Oui, j’ai prévu de les voir très prochainement, on fêtera un peu tout ça entre nous, même avec du retard. » De toute façon, je n’y échapperai pas et c’était tant mieux ! Je ne voulais pas qu’on saute une si bonne occasion d’être tous réunis. J’adorais nos réunions de famille et à mes yeux, c’étaient les meilleurs moments de l’année. D’autres haïssaient cela, mais ils n’avaient pas tous la chance d’avoir ma famille merveilleuse. « Maiiiiiiiiiiiiis ! » Criai-je en écartant les bras en grand, donnant au passage un coup à la serveuse. « Mille excuses ! » Déclarai-je dans un sourire désolé avant de reporter mon regard sur Colt. « Tu vois ce que tu me fais faire ?! Je ne suis pas une peste d’abord, je suis parfaitement adorable et tu le sais très bien ! Sinon, tu ne m’adorerais pas autant. » Ajoutai-je en clignant plusieurs fois des paupières et en affichant ma moue la plus adorable qui soit.

J’ai au moins réussi à lui faire oublier les livres de cours le temps d’une petite semaine… C’est pas trop mal non ? Ouais je sais il y a mieux mais il faut bien que je me rattrape à un petit quelque chose pour garder espoir. C’est quand même dingue de voir a quel point nous sommes différents, je pense que si l’on devait faire un sondage, les chances de voir le mot amitié en tête de liste serait plus que minime ! La plupart des gens penseraient que l’on s’ignore, d’autres que l’on se déteste et une petite partie pourrait penser que nous sommes des connaissances mais c’est tout ! Rien de plus parce qu’à première vue nous n’avons rien en commun. On ne porte pas le même style de fringue, on écoute pas vraiment la même musique, on ne traîne pas avec les mêmes personnes. Et pourtant nous pouvons être inséparable si l’envie nous en prend. Mais bien sûr il faut avoir cette envie et ces derniers temps l’envie n’est pas bien présente puisque nous n’avons pas vraiment l’occasion de nous voir.  « Je suppose que si je refuse tu vas me balancer ton chocolat chaud sur la tronche c’est ça ? » Je baisse les yeux vers la boisson avant de reporter mon attention sur le visage de la petite brune qui essaie d’être un peu plus impressionnante en faisant de gros yeux. « Bon très bien seulement les romans ! Mais interdiction de passer la journée complète à bouquiner d’accord ? » Quoi c’est vrai ! Si je lui propose une petite semaine de vacances ce n’est pas pour me retrouver seul dans les rues de la ville pendant que madame sera dans la chambre en train de terminer son sixième livre. « Et pour la musique… Disons que je ne préfère pas prendre de risque, tu serais capable de me mettre du Miley Cyrus pendant tout le trajet… » D’accord je pousse un peu, mais il faut bien un moyen d’embêter un peu la petite brune et lui montrer pourquoi je préfère mettre ma musique.

Une gorgée de café et quelques remarques plus tard, voilà que je touche à un nouveau point sensible, la chambre de Haley ! Je sais a quel point la petite peut être maniaque et c’est toujours amusant de la taquiner sur ce sujet. Elle ne perd d’ailleurs pas une seconde pour me menacer. Si je continue la punition sera l’interdiction de remettre les pieds dans sa chambre. Une sanction qui m’arrache déjà un sourire alors que je hoche lentement la tête comme pour lui montrer que je comprends ce que je risque. Et non je ne plaisante pas, je le comprends vraiment puisque cette petite peste serait vraiment capable de m’interdire l’accès à sa chambre ! « Tu serais vraiment aussi méchante avec moi ? Alors que je suis prêt à te donner un coup de main pour ranger tout le bordel qu’il y a chez toi… » Ne joue pas avec le feu Colt, tu vas vraiment finir par te brûler… Mais c’est bien trop amusant, d’ailleurs je ne cache pas un immense sourire alors que je reprends ma tasse pour avaler une dernière gorgée de ma boisson.

Heureusement, la petite brune devient bien vite beaucoup plus sympathique, puisqu’elle accepte de venir me voir plus souvent. Bien sûr tout ça est sur le ton de la plaisanterie, même si dans le fond j’aimerais vraiment que l’on passe un peu de temps ensemble… C’est bête, mais son absence me manque vraiment par moment et je pense qu’une journée ensemble pourrait nous faire le plus grand bien. « C’est vraiment sympa ! Je t’offrirais une gaufre pour te remercier. » Lançai-je avec un nouveau sourire accroché aux lèvres. Et ce petit sourire va bien vite se transformer en rire lorsque miss catastrophe fait son retour et vient heurter la serveuse en faisant un nouveau geste de la main. Un long soupir quitte alors mes lèvres, tandis que je secoue doucement la tête de gauche à droite. Je suis sûr que je suis devin ! Oui, j’étais sûr que l’étudiante allait finir par faire du dégâts, ou alors c’est peut-être parce que je connais trop bien cette petite peste… « Parce que ça va être de ma faute maintenant ? » C’est la meilleure ! Et en même temps ça ne m’étonne pas, Haley adore m’accuser lorsqu’elle fait une bêtise, c’est-à-dire souvent… Et au final ça ne me surprend même plus ou plutôt presque plus. « Et puisque tu rejettes la faute sur moi, je ne te dirais pas si je t’adore ou pas ! » De toute façon elle n’a pas besoin de ça pour connaître la réponse, elle sait très bien que je l’adore, mais puisqu’elle joue la peste, je ne lui ferais pas le plaisir de l’avouer et ça même si elle me fait son regard de chien battu.

« Allez viens, on bouge avant que tu ne blesses quelqu’un. » Et pour lui montrer que je suis sérieux, je me redresse et dépose l’argent des consommations sur la table, avant d’attendre la petite brune et me diriger avec elle jusqu’à la sortie.

 « Désolée, mais non ! Je ne gaspille jamais le chocolat chaud, c’est bien trop précieux. » Affirmai-je en attrapant d’ailleurs ma tasse pour boire une gorgée de ma boisson. En fait, je crois que j’aimai trop cela pour ne pas la boire entièrement alors je n’allais pas non plus la mettre en plein visage de quelqu’un… sauf si c’était une question de vie ou de mort, évidemment. Mais là, ça aurait été un peu extrême. « Pfff ! Même mes parents ne m’ont jamais foutu autant d’interdictions ! » Glissai-je en levant les yeux au ciel, de manière presque théâtrale. Il faut dire que mes parents adoraient le fait que je préférais les livres aux autres choses. Pour eux, c’était un très bon signe et ils m’encourageaient même dans cette voie. Néanmoins, à la remarque suivante de Colt, je plissai les yeux et penchai un peu la tête sur le côté. Je secouai la tête de gauche à droite alors que je sentais franchement le désespoir s’infiltrer en moi. « Miley Cyrus ?! Fais gaffe… Je pourrais parfaitement te chanter une chanson d’elle juste pour t’embêter. Je garde cette option en réserve pour nos vacances. » J’affichai un grand sourire alors que je plantai de nouveau mon regard dans le sien. Oui, je m’amusais comme une dingue et d’ailleurs, il devait bien être au courant que j’en étais parfaitement capable. Oui, lorsqu’il fallait rendre dingue les autres, j’étais capable de bien des choses.

Tout comme lui pouvait l’être en s’attaquant à ma chambre. Il savait parfaitement qu’elle était toujours rangée parce que j’étais assez maniaque et que je n’aimais pas le désordre, mais c’était Colt et j’avais l’habitude des piques qu’il lançait tout le temps. Cela faisait un peu le charme de notre relation. Même lorsque James se trouvait encore là, il se comportait déjà de cette manière et j’aimais le fait qu’il n’ait jamais changé avec moi. « Ce serait une punition amplement méritée et tu le sais très bien. » Riais-je avant de prendre une nouvelle gorgée de ma boisson. J’appréciais ce moment en sa compagnie et vraiment, je me disais qu’on devrait le faire plus souvent. C’était d’ailleurs ce que j’avais en tête de faire et j’en venais à le lui dire. Comme à son habitude, le jeune homme me répondait à sa manière et j’affichai un large sourire. Mon Dieu, lorsqu’on parlait de gaufres, je devenais dingue. « Une gaufre ?! Je veux ! Je veux ! Je veux ! » Déclarai-je en tapant dans mes mains. Oui, j’étais comme une enfant à qui on promettait des jouets, mais j’avais un sérieux problème avec la nourriture, notamment les gaufres, les crêpes et les choux à la crème.

Mais malheureusement, avec tous mes gestes, je donnais un coup à la serveuse – il fallait bien que cela arrive – et heureusement qu’elle était sympathique puisqu’elle ne m’en tenait pas rigueur. J’esquissai un sourire en me tournant de nouveau vers mon ami et haussais les épaules. « Il faut bien un coupable. » Déclarai-je avec nonchalance. Je n’avais pas envie de dire que j’étais la seule et unique responsable, voilà tout. « Je n’ai pas besoin que tu me le dise pour le savoir… C’est ça qui est bien ! » Affirmai-je en retrouvant mon adorable sourire légendaire. Ouais, rien que le fait qu’on se trouvait encore ensemble aujourd’hui prouvait bien qu’il m’adorait ! Seulement, Colt semblait pressé puisqu’il voulait qu’on se bouge. Je lâchai un petit grognement, prit ma tasse et terminais mon chocolat en quelques secondes – heureusement qu’il n’était plus très chaud -. Je me levai ensuite et remettait mes affaires en place avant de le rejoindre afin qu’on sorte de ce café.

Une fois dehors, je passai mon bras sous le sien et commençai déjà à sautiller comme une véritable puce. Mon Dieu, il fallait vraiment que je me calme, mais j’en étais incapable. Et puis, cela me tenait chaud aussi. « Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ? » Demandai-je en tournant le visage vers Colt. « Parce que je n’ai pas l’intention d’être dans le froid pour rien. » Ajoutai-je en faisant la moue. Ouais, le froid et moi n’étions pas vraiment les meilleurs amis du monde et il le savait très bien.

Merci son amour pour le chocolat, puisque c’est grâce à lui que je ne me retrouve pas brûlé aujourd’hui ! Oui, je suis sûr que si elle aurait eu de l’eau ou un soda, j’aurais eu le droit à une petite douche pour la taquiner de cette façon… Mais c’est aussi ça qui me plait avec Haley, sous ses airs de petit ange, la belle peut devenir une véritable diablesse, le genre de fille qu’il ne faut pas faire chier si on ne veut pas subir sa vengeance pendant des jours voir même des semaines… Heureusement, jusqu’à maintenant j’ai toujours réussi à éviter cette partie de sa personnalité, même si j’ai déjà eu le droit à quelques petits coups lorsque je deviens un peu trop chiant à son goût. Et bien sûr quand ça arrive est-ce que j’arrête ? Non au contraire je continue et ça fini souvent par une crise de rire. Malheureusement celle-ci n’arrivera pas aujourd’hui, non à la place je vais avoir le droit à une nouvelle menace ! L’entendre chanter du Miley Cyrus pendant nos vacances… Vraiment cette fille veut me rendre dingue et si elle continue comme ça elle risque d’y arriver. Quand je dis qu’elle est complètement folle… D’ailleurs elle me le prouve ou plutôt le confirme bien vite en se comportant comme une gosse lorsque je lui annonce qu’elle aura le droit à une gaufre. Oui, il n’en faut pas beaucoup plus pour faire plaisir à Haley, mais attention il suffit que la gaufre soit mauvaise pour avoir le droit à des tonnes de reproches ! Ouais je sais bien ce n’est pas de ma faute si le gâteau n’est pas bon mais ça elle s’en moque pas mal du moment qu’elle trouve un coupable. Et qui est le fameux coupable ? Le pauvre mec qui se trouve à ses côtés quand une connerie arrive, c’est-à-dire moi la plupart du temps. La preuve avec le coup qu’elle vient de donner à la serveuse, encore une fois ce n’est pas de sa faute mais de la mienne ! Comment est-ce que j’ai fais ? Bonne question mais la petite peste semble avoir la réponse puisqu’elle m’accuse sans problème.

« Je devrais peut-être t’enfermer dehors un de ses jours, au moins tu auras une bonne raison pour m’accuser. » Lançai-je en fronçant légèrement les sourcils.

Non mais elle est pas possible cette fille ! Et le pire c’est que même si je veux être différent de ses frangins, tout comme eux je suis bien souvent incapable de lui en vouloir… Oui, je suis faible ! C’est moche mais c’est comme ça, je ne peux rien faire contre cette petite peste brune ! Néanmoins j’arrive encore à lui faire croire le contraire et c’est peut-être pour cette raison qu’elle ne profite pas trop de la situation. Ce qui va sûrement changer lorsqu’elle comprendra que je peux craquer presque aussi rapidement que James ou les autres… Voilà pourquoi je trouve que son petit air de chien battu c’est de la triche ! Avec ça elle peut retourner n’importe quelle situation et je peux vous dire qu’elle n’en profite pas, non elle en abuse… « Je joue peut-être un rôle, au fond je te déteste peut-être. » J’esquisse un mince sourire et dépose l’argent sur la table avant de quitter celle-ci et attendre mon amie qui ne semble pas vraiment emballée à l’idée de retourner affronter le froid. Il faut d’ailleurs attendre quelques secondes supplémentaires pour qu’elle termine d’enfiler son équipement. « Tu vas finir par t’étrangler avec autant de fringues. » C’est vrai que je n’arrive pas à m’y faire, comment elle ne fait pour pas mourir de chaud avec tout ça ? D’accord il fait froid mais quand même… Enfin cette vison a au moins le mérite de me faire sourire.

Nous voilà donc à l’extérieur du bâtiment et je ne sais pas si c’est ma présence ou simplement le froid, mais ma partenaire se transforme en véritable pile électrique ! Enfin plus que d’habitude quoi, puisque normalement la belle est capable de faire quelques pas sans avoir envie de sauter partout. Mon dieu les passants vont sûrement la prendre pour une cinglé et je peux vous dire que s’il faut entrer dans le jeu, je n’aurais aucun mal à faire passer cette petite brune pour une folle ! « Je propose que l’on traîne un peu dehors, tu vas finir par aimer le froid tu verras… Ok c’est bon je plaisante, pas la peine de me faire les gros yeux ! On va pas rester des heures ici. » Et heureusement parce que je voyais déjà Haley me sauter dessus pour m’étrangler… Mais j’ai la parade pour lui faire retrouver le sourire et je pense qu’elle va vite le comprendre lorsque je l’attire jusqu’à un marchand de gaufre un peu plus loin. « Une gaufre au chocolat. » Je récupère le gâteau quelques secondes plus tard et donne un billet au marchand, lui faisant signe de garder la monnaie, avant de me retourner vers Haley pour lui offrir ce qu’elle dévore du regard depuis quelques secondes déjà. « Voilà, de la part du méchant qui t’empêche d’étudier pendant les vacances. »

Je n’étais vraiment pas convaincue par son explication ! Personne ne serait assez fou pour faire semblant d’apprécier quelqu’un et passer autant de temps en sa compagnie alors qu’il la détesterait profondément. Du moins, moi, j’en serai clairement incapable parce que non seulement j’étais bien trop entière, mais je mentais aussi bien qu’une gamine de six ans. Je n’étais vraiment pas très douée là-dedans et dans un sens, c’étant tant mieux : personne ne doutait de ma sincérité. « Mais bien sûr ! Et moi, je suis la Reine d’Angleterre ! » Déclarai-je avant de rire un coup. Bon, autant dire que j’étais clairement plus jeune qu’elle et que forcément, cela ne passerait pas. Mais c’était bien le but de mon ânerie. « Oui mais je préfère ça qu’être malade pendant des jours entiers. » Affirmai-je en haussant les épaules. Je n’aimais pas être malade – comme tout le monde – et je ne supportais pas d’être au lit durant toute la journée à ne rien faire parce que trop faible. Je préférais largement faire des activités au grand air et bien couverte.

Mais malgré le froid, une fois dehors, je retrouvai ma bonne humeur légendaire et voilà que je sautillai comme une malade en m’accrochant au bras de Colt. Oui, il ne pouvait pas faire comme s’il ne me connaissait pas, je venais de le prendre au piège. Mais en même temps, il fallait bien qu’il s’y fasse… S’il voulait vraiment qu’on parte en vacances, il allait devoir se faire au fait que j’étais bien incapable d’être une personne normale dans les rues de la ville. J’étais toujours en train de faire des conneries et personne n’y échappait. « M’ouais, j’espère bien ! Si c’est le cas, sache que je pourrais te maudire durant des semaines entières, bouuuuuh. » Criai-je en agitant mon bras libre comme une sorte de fantôme un peu débile. Oui, je n’étais vraiment pas sortable, tant pis pour Colt, c’était à ses risques et périls.

À moins qu’il ait vite compris comment il fallait faire pour que je me calme et c’était en bonne voie puisqu’il m’entraînait jusqu’à un marchand de gaufres. Oh, Dieu, j’allais mourir sur place tellement ça sentait bon et me donnait envie d’en manger des tonnes, mais une serait amplement suffisante si je ne voulais pas être malade à cause d’autant de bouffes. Je prenais la gaufre qu’il me donnait et affichait un large sourire. « Hawn ! C’est tellement adorable. » Déclarai-je avant de me hisser sur la pointe des pieds pour déposer un baiser contre sa joue. J’étais du genre démonstratif et je ne me privais jamais de l’être encore plus avec mes proches. Les câlins et les bisous faisaient complètement parties de ma vie alors depuis mon départ de la maison, j’étais clairement en manque. Je croquai finalement dans la gaufre et je lâchai une sorte de gémissement d’extase. Oui, c’était absolument ça. « C’est tellement bon que je pourrais me jeter par terre de plaisir. » Lâchai-je en croquant un nouveau morceau. Oui, j’étais complètement folle, déjantée et j’avais parfois des réactions excessives que les autres ne comprenaient pas. Mais cela faisait mon charme, non ? Non. OK.

Je haussai les épaules suite à cette conversation avec moi-même avant de reprendre le bras de Colt. Ouais, s’il voulait me semer, ça n’allait pas être évident. Non seulement je m’accrochais fermement, mais contrairement aux apparences, je courais plutôt vite. J’étais une bonne sportive alors tant pis s’il ne voulait pas se mettre la honte en ma compagnie, c’était perdu d’avance. « Et maintenant, Bradford ? Tu as lancé « l’opération séduction » avec une gaufre. C’est quoi la suite ? Je suis conquiiiiiiiiiiiise. » Criai-je avec exagération. Mon Dieu, il fallait que je me calme. À mon avis, je devais faire des réactions au sucre, cela ne serait pas étonnant. J’avais parfois tellement de sucre dans le sang que si on me faisait une prise de sang, on sortirait du sucre en poudre – ah ah, ce serait comique ! -. « Marchons ! On trouvera bien quelque chose à faire dans les rues de ce quartier. » Du moins, je l’espérai puisque lorsque je ne faisais rien, j’étais pire que d’habitude.

Je l’avoue, Haley a raison sur un point, avec autant de fringue sur le dos, la petite n’a aucune chance de tomber malade. Mais à côté de ça elle a largement le temps d’arriver en retard à un rendez-vous ! Non mais sérieusement il faut voir la scène, je pense que je n’ai jamais eu autant de vêtements sur le dos ! Alors que pour la petite brune, c’est tout à fait normal, je dirais même qu’elle donne l’impression d’avoir encore froid. Enfin soit c’est ça, soit elle est complètement folle, sinon pourquoi est-ce qu’elle s’amuserait à sautiller de cette façon ? Oui, moi aussi j’ai une préférence pour la deuxième option et j’ai même la confirmation quelques secondes plus tard quand elle commence à se prendre pour un fantôme. Non mais vraiment cette fille va me rendre dingue ! Si les flics ne nous tombent pas dessus pour l’envoyer dans un hôpital psychiatrique bien entendu… Non vraiment je n’arrive pas à m’en remettre, me menacer en faisant le fantôme, c’est tellement dingue que je ne peux pas m’empêcher de rire alors que de son côté, la petite brune sort tout naturellement ce genre de bêtises. « Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi hein ? Je suis sûr que même des scientifiques auraient peur de t’avoir comme cobaye. » Et pourtant je suis sûr qu’ils pourraient apprendre pas mal de choses. Moi pour commencer, j’apprends qu’une simple gaufre peut rendre la petite étudiante aussi douce qu’un chaton. Non je ne plaisante pas, rien qu’en arrivant à côté du marchand, Haley était déjà dans son monde et c’est encore pire lorsque je lui donne la gaufre. J’ai même le droit à un baiser sur la joue c’est pour vous dire ! D’ailleurs je ne cache pas un petit sourire qui va tout de même disparaître un instant plus tard lorsque mon amie m’annonce qu’elle aime tellement ça qu’elle pourrait se jeter par terre. « Euh… Si tu pouvais éviter par contre… » Par réflexe, je regarde autour de nous et me prépare à retenir la brunette si sur un coup de folie elle se jette vraiment sur le sol. Parce que oui elle ne fait pas que plaisanter… Non, elle est vraiment capable de faire un truc pareil et franchement, je n’ai pas vraiment envie de me retrouver à côté d’une fille qui se roule dans la neige, en tout cas pas dans un endroit comme celui-ci !

Alors qu'est-ce qu'il me reste comme solution ? Partir en courant ? Non impossible, Haley arriverait à me suivre et puis à la façon dont elle s'accroche à mon bras, je n'ai absolument aucune chance de pouvoir disparaître. Je n'ai donc pas le choix, je vais devoir supporter la folie de cette fille pour le restant de la journée ! Mais bon c'est un peu ce que je cherche non ? Si je craque autant pour cette petite peste c'est aussi parce qu'elle est complètement dingue et je peux vous dire que ça fait du bien de passer du temps avec des personnes comme elle. « Conquise vraiment ? Bien, dans ce cas on va aller faire des folies dans ma chambre. C'est bon pour toi ? » J'esquisse un léger sourire, ignorant le regard de certains passants qui se demandent comment une si petite fille peut faire autant de bruit lorsqu'elle parle. Et pour le coup je peux comprendre ces gens, puisque j'ai eu la même réaction lorsque j'ai fais sa connaissance. Et autant être franc, même maintenant que je connais bien la belle, j'ai toujours du mal avec son comportement, surtout lorsqu'elle hurle pour un rien !

« Bon on oublie l’idée des folies dans la chambre et on se balade dans le quartier alors. »

De toute façon cette balade ne restera pas calme bien longtemps, dans quelques minutes nous allons sûrement trouver un moyen de nous occuper. Ou alors c’est Haley qui va attirer tous les passants en faisant le show. Non sérieusement j’espère que cette idée ne va pas lui traverser l’esprit, j’ai quand même une petite réputation à tenir dans le coin ! Et lorsque je fais n’importe quoi en pleine rue c’est quand j’ai un peu trop d’alcool dans le sang, pas en pleine journée ! Ah mais c’est ça en fait ! Haley est saoul, c’est un peu comme Obélix… Cette fille n’est pas tombée dans la potion magique quand elle était petite mais dans un tonneau de bière, je comprends mieux maintenant ! Merde voilà que je commence à avoir les mêmes délires qu’elle… Il faut vraiment que je fasse attention sinon je vais lui ressembler et à nous deux, la ville ne va sûrement pas tenir le coup.

Qu’est-ce qu’il allait pouvoir faire de moi ? Je n’en savais trop rien et d’ailleurs, je m’en fichais bien ! C’est vrai que j’étais pas mal folle, mais je préférai dire que j’étais expansive et que je ne craignais pas le ridicule parce que je me fichais complètement de l’opinion des gens à mon propos. S’ils étaient assez stupides pour me juger sur les apparences, c’était tant pis pour eux, je n’allais pas pleurer pendant des heures. Il fallait bien apprendre à me connaître avant de dire si j’étais vraiment un cas à part ou si j’étais simplement une jeune femme heureuse de vivre. « Ça se trouve, ils découvriraient que je viens d’une galaxie lointaine et qu’en vrai, je ne suis pas vraiment comme vous. » Glissai-je dans un petit sourire, bien que cela puisse être pas mal. Je ne dirais jamais non pour être complètement différente des autres. « Je viens certainement de la planète Gonck, située à plusieurs millions de milliards d’années lumière d’ici ! » Ajoutai-je en penchant la tête sur le côté. Ouais, j’allais loin dans mon délire, mais cela faisait entièrement partie de moi.

D’accord, je ne me jetterai pas par terre, mais c’est bien parce que c’était lui ! À la place, je croquai généreusement dans ma gaufre et je la mangeai tranquillement en savourant cette douceur. J’avais quand même envie de faire la folle et je ne me privai jamais de le faire, peu importe que l’on soit en plein milieu de la rue, dans un café ou dans une boutique, je n’avais jamais aucune limite. J’ignorai si c’était bien ou mal, d’ailleurs. « Own… Tu ne veux plus faire de folies ? Tant pis ! » Je haussai doucement les épaules alors qu’un rire glissait de mes lèvres. On allait bien réussir à faire quelque chose dans ces rues, j’en étais certaine. « On aurait pu faire trop de trucs ! Genre… Danser comme des dingues ! Sauter sur le lit ! Faire le bordel partouuuuuuuut ! » M’exprimai-je en faisant de grands moulinets avec mes bras. D’accord, je savais bien qu’il ne parlait pas de cela, mais il fallait bien que j’en rajoute une couche dans mes âneries.

Je terminai ma gaufre, car oui, je mangeai à une vitesse folle lorsque j’aimais quelque chose et je me tournai finalement dans tous les sens à la recherche de quelque chose à faire. J’étais sûre que les gens se demandaient bien ce qu’on fichait ensemble tellement on semblait à l’opposé de l’autre, mais c’est ce que je trouvais amusant. Après tout, il ne fallait pas être similaire en tous points avec quelqu’un pour bien s’entendre avec. Moi, j’aimai la diversité et je n’avais pas un seul ami qui ressemblait à un autre. « Je crois que tu as une touche avec la fille là-bas. » Déclarai-je en montrant une jeune femme qui regardait Colt depuis tout à l’heure. J’étais certaine qu’il était à son goût parce qu’elle se comportait d’une manière qui ne laissait aucun doute. Mais, joueuse comme j’étais, elle n’allait pas être déçue.

Je me tournai alors vers Colt et m’accrochai à sa veste. « Noooon, je t’en prie, ne me quitte paaaaaas. » Criai-je en faisant mine d’être désespérée. Mais quoi ? Non, je n’étais pas horrible ! Je voulais juste m’amuser un petit peu et tant pis si cela lui faisait perdre une touche, j’étais certaine qu’il en avait beaucoup d’autres ! « Je m’en fiche que tu ais déjà huit copines différentes ! Ne m’abandonne paaaas, pitiéééééé. » Continuai-je en m’accrochant plus fermement à lui. OK, j’étais vraiment folle en fait. Je crois bien qu’il me fallait une clinique psychiatrique d’urgence. Je me jetai alors dans les bras de Colt et cachai mon visage dans sa veste alors que j’éclatai de rire comme jamais encore je ne l’avais fais. Il allait me haïr. C’était presque certain, mais bon sang, ce que je pouvais rire !

Elle vient d’une galaxie lointaine qui s’appelle Gonck… Hum… Oui bien sûr, c’est tout à fait normal, rien d’étrange là-dedans ! Ne vous en fait pas, Haley n’est pas en train de perdre la tête, non au contraire elle est en pleine forme et c’est bien ça qui me fait peur ! Comment est-ce qu’elle peut avoir l’idée de balancer des trucs comme ça ? Et ça vient d’où ce nom ? Gonck ? Merde je ne sais même pas comment elle fait pour trouver autant de conneries à raconter ! Ce que je sais par contre, c’est qu’elle arrive toujours à me faire marrer. Oui de ce côté il n’y a aucun problème, Haley est capable de me faire rire et ça n’importe quand ! Vous allez mal ? Vous avez envie d’en finir avec la vie ? Il suffit de discuter avec cette petite peste pour retrouver le moral, oui c’est magique ! Bon par contre si vous allez bien, je vous conseille de ne pas vous approcher de cette fille, parce que ça marche dans le sens inverse et une forte envie de vous jeter sous un bus risque de prendre le dessus. Mais que la petite se rassure, il y a bien longtemps que j’ai dépassé ce stade ! Oui, l’envie de passer sous un bus a disparu depuis pas mal de temps maintenant… Non pas parce que j’ai pris l’habitude, parce que c’est impossible, on ne peut pas s’habituer à Haley, mais plutôt parce que je cherche une mort encore plus atroce et violente pour être sûr de ne pas en réchapper ! Bon d’accord je plaisante, puisque dans le fond j’adore tout simplement cette fille, oh je serais sûrement incapable d’expliquer pourquoi mais, je ne pourrais jamais me passer de cette petite brune qui est dans ma vie depuis quelques temps maintenant. « De la planète Gonck c’est bien ça ? Et vous êtes nombreux sur cette planète ? Non que je sache si d’autres comme toi vont débarquer ! » Mon dieu ne parlons pas de malheur… Si ça arrive, je pense que le monde risque d’exploser ! Heureusement ça n’arrivera pas et heureusement dans la famille Montgomery, Haley est la seule à être aussi dingue ! Imaginez ce que ça pourrait donner trois ou quatre personnes comme elle ? Mon dieu le cauchemar…

« Ouais foutre le bordel ! Je suis d'accord mais seulement si on va dans ta chambre ! Non parce que je sais ce que ça donne quand tu te lâche et je n'ai pas envie de passer trois jours à nettoyer ton bordel ! » Oui je parle en connaissance de cause, je sais à quel point cette petite étudiante peut ruiner une pièce quand elle décide de foutre le bordel et je n'ai pas envie de prendre le risque aujourd'hui. Surtout que ce n'était pas ce genre de folie que j'avais en tête mais bon, ça elle le sait très bien, elle avait juste besoin de balancer une nouvelle connerie pour avoir son quota. « Et fait attention avec tes mains, tu as vu ce que ça a donné avec la serveuse non ? » Je me demande bien pourquoi je cherche à lui prévenir, alors qu'elle en a tout simplement rien à faire ! Je suis même certains qu'elle a déjà oubliée ce que je viens de lui dire et dans un sens tant mieux, cette fille me rend peut-être dingue mais au moins elle me fait marrer. « Alors prend au moins le temps de finir ta gaufre parce que je sens que tu vas me la mettre dans la tête. Et après tu serais encore capable de dire que c'est de ma faute ! » Oui, oui, c'est bien son style...

La gaufre avalée, je pense bêtement que Haley va se calmer, un peu comme ci le fait d'avoir l'estomac rempli peut permettre à la petite brune d'être sage... Une belle connerie de penser ça et la brunette me le prouve bien vite en me faisant une remarque sur une femme qui se trouve un peu plus loin. N'ayant même pas remarqué celle-ci, je tourne la tête dans la direction de la fameuse personne et c'est à ce moment que ma meilleure amie agrippe ma veste et commence à hurler que je ne dois pas la quitter. Non mais qu'est-ce qu'elle me fait !? Cette fille est complètement dingue et ce n'est que le début, puisqu'elle enchaîne bien vite dans la connerie en s'accrochant encore un peu plus et en hurlant encore un peu plus fort. C'est bon j'ai compris, c'est mort pour la discrétion ! Et pour ma réputation aussi par la même occasion parce qu'aux yeux de pas mal de monde je passe maintenant pour un type qui a plusieurs copines. Non mais vraiment Haley je vais te tuer ! Enfin il faut déjà que j'en trouve la force puisque la seule chose que j'ai envie de faire c'est d'éclater de rire, comme la belle est justement en train de faire avec la tête cachée dans ma veste. « Tu es complètement dingue. » Murmurai-je à l'attention de la jeune femme, avant de regarder autour de moi et laisser échapper un léger soupir. « Je ne peux pas rester ! Tu m'en demande trop ! Faire dix fois l'amour par nuit c'est trop pour moi tu m'épuises ! Et non pas la peine de me supplier, je ne veux pas coucher avec toi dans les toilettes de ce café ! » Hé oui petite peste, tu n'es pas la seule à pouvoir faire n'importe quoi ! Et de toute façon puisque je passe déjà pour un cinglé à cause de Haley, autant jouer mon rôle à fond non ? Quoique il ne faudrait peut-être pas pousser sinon on risque de vraiment terminer chez les flics ou à l'asile. Et encore je suis sûr que la belle qui m'accompagne pourrait trouver ça amusant.

« Si nous sommes nombreux ? Je n’en sais trop rien. Tu sais, je suis parmi vous depuis si longtemps que j’ai oublié le reste. » Avouai-je d’une petite voix, presque dépitée, alors qu’un sourire étirait lentement mes lèvres. Je ne savais pas trop d’où me venaient toutes mes conneries, mais j’en tenais une bonne couche en tous les cas. Je crois bien qu’on ne pouvait pas faire pire que moi ou alors, je voulais à tout prix rencontrer cette personne, j’étais sûre de bien m’entendre avec. « Mais tu sais, si vous arrivez à vous supporter entre Terriens, vous n’aurez aucun mal à vivre en compagnie de Gonckiens. » Déclarai-je le plus sérieusement du monde. Lorsque j’étais dans un délire, je l’étais jusqu’au bout et je voyais déjà bien cette fameuse planète qui ressemblait pas mal à la Terre, mais qui était quand même bien plus belle et moins polluée. Oui, j’étais une sorte d’idéaliste qui rêvait d’un monde meilleur. Je savais bien que cela n’avait aucune chance de se produire, mais j’avais encore le droit d’y croire un peu et en attendant, j’avais Gonck dans mon monde imaginaire, c’était bien suffisant.

« T’es vraiment pas marrant. » Lâchai-je dans un petit soupir. D’accord, je pouvais comprendre Colt. Lorsque je partais dans mes conneries, j’étais du genre à en faire vraiment beaucoup et une chambre se transformait rapidement en champ de bataille. Une tornade ne ferait sans doute pas pire que moi. Mes frères le savaient et en conséquent, Colt le savait aussi puisqu’il côtoyait assez James pour savoir que je pouvais être une véritable pile électrique, incapable de rester sagement assise plus de trois minutes sans un bouquin dans les mains. Oui, la technique était de m’occuper pendant des heures, mais fallait-il encore trouver comment parce que je n’étais pas du genre à lire ou regarder n’importe quoi. « Mes mains se contrôlent toutes seules ! Elles sont indépendantes du reste de mon corps. » Soupirai-je en faisant encore de grands gestes. Je passais réellement pour une sorte de débile mentale, mais je n’en n’avais que faire. Oui, les gens regardaient dans ma direction, mais et alors ? Est-ce que le ridicule tuait ? Non, j’en étais la preuve vivante. Alors je n’allais pas mourir parce que les autres riaient de moi.

D’autant que je pouvais aussi rire aux dépends des autres. Une fois la gaufre terminée, je repérai une jeune femme qui semblait vraiment intéressée par Colt parce qu’elle regardait tout le temps vers lui et cela était amusant. Oui parce que j’avais toujours de bonnes idées pour faire fuir les demoiselles… Mes frères utilisaient d’ailleurs souvent la carte « Haley » lorsqu’ils avaient une prétendante trop collante – comme quoi, je n’étais pas qu’une chieuse finie, je pouvais aussi être utile à ces garçons qui faisaient preuve de lâcheté -. Mais là, j’utilisais une autre technique puisque rapidement, je me fis passer pour une conquête que le jeune homme voulait voir disparaître. Je racontais n’importe quoi et voilà que je riais comme une folle, le visage caché dans sa veste. Comme mon corps était secoué, on pouvait facilement croire que je pleurais à chaudes larmes alors que pas du tout. J’étais tout simplement en train de perdre la vie tant je riais. Mais ce n’était rien en comparaison de la suite, lorsque le jeune homme me lançait sa petite réplique. Je m’arrêtais de rire et reculai d’un petit pas.

« Mais tu le savais en te mettant avec moi ! Je t’avais bien dis que j’étais insatiable et que j’en voulais toujours plus, et encore, et encore, et encore, encore, encore, encore ! Et au tout début, cela ne semblait pas te déranger, bien au contraire ! » Lâchai-je alors que je croisai les bras contre ma poitrine. Oui, je feignais très bien la colère. Les gens n’arrêtaient pas de regarder dans notre direction, mais là encore, je m’en fichais royalement. Je m’amusais comme une dingue ! « Et puis je croyais que tu aimais ça, faire l’amour dans des lieux publiques ! La dernière fois encore, on le faisait dans une cabine d’essayage. » Ajoutai-je alors que je faisais de nouveau de grands gestes. C’était le seul moyen pour moi de ne pas rire de nouveau, bien que j’en mourais d’envie. Je m’approchai alors un peu plus de Colt et d’un coup, je lui donnai quelques petits coups de poings au niveau du torse – mais bien évidemment, je ne frappai pas vraiment. « Tu es un mooooonstre ! Ne m’abandonne pas, je t’aime tellemeeeeeeent. » Criai-je, comme une sorte d’hystérique au bord de la dépression nerveuse. « Ta prétendante a disparue. » Ajoutai-je dans un murmure alors qu’un sourire taquin se dessinait sur mes lèvres.

Je ne sais pas ce qui est le plus dingue, que Haley aime autant cette planète qui n’existe que dans son imagination ou, que je sois capable de lui poser des questions sur cette fameuse planète ! D’accord dans les deux cas c’est complètement dingue mais, il y a bien une des deux options qui est plus folle que l’autre non ? Bon d’accord j’oublie ça, je suis cinglé et c’est tout, pas la peine de chercher des excuses, cette petite peste a fini par me faire perdre la tête. Néanmoins, j’ai résisté beaucoup plus longtemps que la moyenne des gens et je peux en être fier ! Non plus sérieusement, je me demande parfois comment je fais pour supporter cette fille… Oui elle est gentille, mignonne, amusante, mais elle est aussi cinglée ! Complètement barrée ! Alors oui ça fait partie de son charme mais quand même, il y a des limites non ? Hé bien visiblement non, puisque la petite continue dans son délire en me faisant de nouvelles remarques sur sa magnifique planète, avant de me proposer de foutre le bordel dans ma chambre. Alors que les choses soient claires ! J’aime foutre le bordel, j’aime faire chier mon monde mais, je refuse que l’on ruine mon appartement, parce que oui c’est bien ce que compte faire cette petite brune qui vient de Gonck ! Alors je veux bien l’admettre, pour le coup je ne suis pas marrant mais c’est toujours mieux que de passer son week-end à réparer les dégâts, surtout que Haley est du genre à repeindre les murs en rose juste pour se marrer. « Si tu veux vraiment on va chez toi et je te jure que je serais aussi dingue que toi ! » Ouais vraiment aucun problème, je suis prêt à ruiner sa chambre si elle le souhaite mais bizarrement, je doute qu’elle accepte cette proposition, surtout quand on sait à quel point la petite est maniaque. « En plus ta chambre est déjà super mal rangée, alors ça ira vite. » D’accord je l’avoue c’est une attaque gratuite, mais c’est tellement marrant de voir Haley faire ses gros yeux et me balancer une série de menaces dans l’espoir de me faire regretter mes paroles.

Et des menaces je vais vite en avoir, enfin non… Pas des menaces mais plutôt des actes, puisque la petite va se mettre en tête qu’une des passantes rêve de sortir avec moi et bien sûr, la belle va avoir comme objectif de lui faire peur en me faisant passer pour le roi des connards. Une mission que la brunette réalise plutôt bien puisqu’elle arrive à attirer l’attention de tous les passants ! Non je ne plaisante pas, avec ses hurlements, l’étudiante arrive à se faire entendre de tous les gens qui sont en train de passer dans le coin et même si elle passe pour une cinglée (ce qui n’est pas totalement faux), cette petite peste arrive aussi à me faire passer pour le gros connard de service. Alors je vous demande, comment répondre à ça ? Repousser Haley en faisant croire aux passants que vous ne connaissez pas cette fille et qu’elle est vraiment folle ? Oui c’est sûrement la meilleure solution pour attirer l’attention sur la belle et en profiter pour disparaître. Mais ça ne me ressemble pas, en tout cas pas quand je suis avec ma meilleure amie, alors qu’est-ce que je fais ? Hé bien j’entre tout simplement dans son jeu, avec pour objectif de faire passer miss Montgomery pour une véritable nymphomane ! Bon je l’avoue, ma mission est une franche réussite grâce à l’intervention de Haley, parce que oui la belle n’a aucun mal à entrer ou plutôt à poursuivre le jeu, en balançant toute une série de conneries. J’ai d’ailleurs beaucoup de mal à garder mon sérieux alors qu’elle s’agite devant moi, n’ayant aucune gêne à passer pour la nympho de service.

« Oui mais j'ai besoin de souffler ! Je voudrais pouvoir passer une heure sans avoir à te faire l'amour ! » Nous sommes dingues oui je le confirme et le pire c'est que ça nous fait rire. Moi en tout cas je lutte pour garder mon calme et même si Haley ne sourit pas, je vois bien à son regard qu'il ne faut pas grand-chose pour la faire exploser. « J'aime ça oui, mais tu sais bien que je n'ai pas envie de faire ça à trois ! » Qu'est-ce que je peux balancer comme conneries... Par moment j'ai l'impression d'être aussi dingue que ma partenaire. Heureusement, celle-ci me prouve bien vite qu'elle est largement au-dessus de moi, tellement au-dessus que les flics pourraient bientôt débarquer parce qu'un des spectateurs aurait eu la mauvaise idée de leur téléphoner. « Non il n'y a rien à faire, je ne veux plus de toi ! Laisse-moi maintenant ! » Et tout d'un coup la petite brune semble se calmer et je comprends bien vite pourquoi... Oui, elle a réussi à faire fuir cette pauvre femme... En revanche, elle a attirée pas mal de passants qui attendent la suite du spectacle. « Et maintenant ? Comment on disparaît avec tes conneries ? » Enfin si Haley veut disparaître bien entendu, parce que la connaissant elle serait capable de rester et de continuer dans son délire ! « Bon d'accord... J'accepte de te reprendre allez viens... » Et de ma main, j'attire la petite brune contre moi avant de glisser mes lèvres jusqu'à son oreille. « Si les flics débarquent tu te démerdes je te préviens. »