Appel Finn => Willow

Il avait trouvé le numéro de son élève dans ses fichiers. C'est quelque chose dont elle aurait certainement rêvé au départ, et qui aujourd'hui la ferait certainement sauter au plafond. Les temps changeaient...La tonalité résonna dans le vide.

Mon téléphone vibre, numéro inconnu. Je me serais bien passée de ce genre de choses, mais décide tout de même de décrocher, lâchant de ma voix la plus polie : "Oui, allô ?"

Evidemment, n'ayant pas son numéro, elle ne pouvait pas savoir qui l'appelait : Finn aurait préféré qu'elle l'ait, mais dans le cas échéant, elle n'aurait certainement pas décroché. Le professeur se serait bien passé de toutes ces emmerdes de collège ; qu'est-ce qu'on ferait pas pour ceux qu'on aime...!

"Bonsoir Willow, c'est Finn. J'ai eu ton numéro par la liste des élèves et si tu veux bien, on se mettra sur la gueule plus tard." devança-t-il. "Je voulais juste savoir si tu avais des nouvelles de May, parce que tu te doutes bien qu'elle ne m'adresse plus la parole."

Il y a quelque chose dans sa voix qui arrive encore à me glacer. J'ai envie de raccrocher immédiatement, mais s'il m'appelle, c'est évidemment pour parler de May. Je soupire, c'est qu'il me ferait presque de la peine. Faut dire qu'il s'est fait jeté tout autant que moi.

"Elle m'a envoyé un message, effectivement."

J'entre dans le bus, il doit probablement entendre tout un tas de monde autour de moi.

"Mais si elle refuse de vous parler, je ne vois pas pourquoi je transmettrais." que je lui lance d'un petit air presque condescendant. On est en rivalité ou on ne l'est pas, mon cher professeur.

Elle eut la maturité de ne pas raccrocher immédiatement et de lui donner des nouvelles nébuleuses. Finn soupira. Évidemment, contrairement à ce qu'elle avait promis, elle ne donnerait plus de nouvelles. Il ne supportait plus qu'elle se donne le beau rôle alors qu'elle semblait tellement amoureuse quand ils avaient couché ensemble. Un brouhaha environnant couvrit légèrement la vox de la jeune femme. Elle devait être dehors. Willow lui demanda pourquoi elle lui donnerait les informations. Finn sentit le coup du stratège et décida de lâcher l'affaire.

"Parce qu'après ce qu'il s'est passé la dernière fois je n'ai plus l'intention de lui courir après. Et je n'ai pas non plus l'intention de te faire la gueule. Je souhaiterais juste savoir comment elle va."

Je m'assieds près d'une vieille mémé, qui me regarde d'un petit air accusateur alors que je hausse la voix pour me faire entendre. "Vous abandonnez déjà ?" Je m'indigne presque, il ne m'avait pourtant pas paru être lâche. A croire que j'aimais bien l'avoir comme compétiteur.

"Elle ira bientôt mieux." Ma voix est plus concernée. "Je suis en chemin pour aller la voir." Une partie de moi a envie de lui dire qu'elle est à l'hôpital, mais ce serait sans doute l'inquiéter pour rien. Quoi que s'il fait attention aux arrêts annoncés par les enceintes du bus, il comprendra peut-être de lui-même.

Finn l'entendit clairement s'insurger et l'espace d'un instant il aurait pu croire qu'elle éprouvait de la sympathie pour lui ; mais il ne se faisait pas d'illusions.

"Après huit ans, oui, je pense qu'il est temps de passer à autre chose."

Il soupira.

"Pourquoi, elle est malade ?"

Huit ans ? May m'avait dit qu'ils se connaissaient depuis longtemps, mais je n'imaginais pas qu'il ait pu nourrir des sentiments pour elle depuis tant d'années.

"Elle... Je ne sais pas trop, à vrai dire." C'est vrai, j'ignore pourquoi elle se retrouve là bas, finalement. "Elle est à l'hôpital, Finn." Première fois que je l'appelle par son prénom, et sûrement la dernière, car cela me fait un effet bien étrange. Mais je suppose qu'il a le droit de savoir, en dépit du peu d'affection que je lui porte.

Finn ferma les yeux, mi blasé, mi triste. Qu'est-ce qu'elle avait encore fait comme connerie ? Il s'appuya contre le dossier de la chaise et retint un soupir.

"Qu'est-ce qui lui est arrivé ?"

"Une crise d'angoisse, de ce qu'elle m'a dit." Ma voix descend, j'ai du mal à assumer. Je me doute que lui comme moi, nous n'y sommes pas pour rien. "Je vais la voir en temps qu'amie, pas en temps que prétendante ou je ne sais quoi." C'est finalement rabaissant de n'être vu que comme un choix possible, comme lui, comme d'autres peut-être. "L'ambiance risque d'être mortelle, donc si vous voulez venir ajouter votre petit grain de sel, ça ne pourra pas être bien pire de toutes façons."