(Flashforward & futur alternatif) Qui aurait cru qu'un jour on se reverrait dans ces conditions ? (MAYLOW)

Je crois que ça me fait mal de la voir comme ça, alors elle me demande de ne pas lui balancer que c'est Finn le père, de toute façon qu'est ce ça peut bien lui faire ?
"Eh bien désolée de te l'annoncer mais si c'est bien lui, mais rassure toi, on ne se voit plus lui et moi, c'était un accident et j'ai tout simplement été incapable d'avorter. Je joue aux mères célibataires en ce moment tu vois..." fis-je tristement alors qu'elle semblait n'en avoir rien à foutre de ce que je lui racontais, elle replongeait en plein délire.
Ma main s'abattait sur sa joue alors qu'elle semblait bien trop intéressée par ses mains au lieu de se préoccuper de sa santé...

"Putain Willow, mais qu'est ce que t'as foutu ?! Tu te rends compte dans quel état tu es ? Tu réapparais dans ma vie, et en plus de ça tu te retrouves droguée ? Putain mais j'arrive pas à y croire... Quand je pense que je me suis précipitée vers toi tout à l'heure, alors que j'aurais dû te laisser dans ta merde... et ensuite tu oses espérer que Finn n'est pas le père de ma fille ? J'vois pas en quoi c'est un problème..." Je suis en colère, contre elle, contre fille et contre moi-même... J'aurais pas dû la ramener chez moi, ah ça non...

J'écoute, j'entends, mais ne réagis pas ou à peine. C'est Finn le père, et ouais ça me fait chier. Parce que sans ce mec, l'histoire aurait été différente. Sans lui, on aurait peut-être été tranquilles toutes les deux. Mais à la place, elle se retrouvait mère célibataire, en galère, par sa faute. Et ca me rend furieuse. Seulement, rien de tout cela n'est visible, mon expression ne bouge pas, mon sourire ne part pas. La main de May s'écrase sur ma joue, me sort un bref instant de cette transe.

"J'ai pas demandé à être dans cet état !" Ma voix monte soudainement, se brise dans un éclat de colère. Mais il s'estompe trop vite, et je reviens à mon état fantomatique, peu à peu. "Je n'ai rien fait de mal..." mon intonation s'éteint, fébrile. Je ne regarde plus mes mains, mais mon regard se perd dans le vide, sans accroche. J'espère que cet état me passera, mais je n'en sais rien...

Je regrette mon geste... je m'en veux, je me dis que je n'aurais pas dû la gifler, que c'était exagéré, et je ne voulais pas réveiller Moon non plus... Je regarde Willow et je sens mes larmes me monter aux yeux, et finalement je me laisse tomber à genoux en face d'elle, alors qu'elle est toujours sur le canapé... Je la serre dans mes bras, parce qu'elle m'a manquée, terriblement et je fonds presque en larmes...

"Idiote ! Idiote, idiote, idiote ! Je... je voulais pas que ça se passe comme ça, je voulais pas disparaître de ta vie comme ça, mais après tout c'qui s'est passé ce jour-là, j'me suis sentie incapable de venir te revoir... Tu peux pas imaginer à quel point j'ai culpabilisé, à quel point j'avais envie de te revoir... Puis quand je suis tombée enceinte, j'ai paniqué, je voulais venir te voir, mais j'en ai pas le courage ni la force, alors je me suis dit que c'était mieux que je disparaisse de ta vie..."

Je la regarde et me perds dans ses beaux yeux bleus, elle m'a manquée, beaucoup trop, elle était ma meilleure amie et aujourd'hui je ne sais plus qui elle est...

"J'ai pensé à toi ces deux dernières années, j'ai essayé de venir te revoir mais j'en étais incapable, puis Moon est née et les choses sont venues compliquées... mais tu peux pas savoir à quel point j'ai flippé tout à l'heure quand je t'ai vue tomber sur le bitume, je n'avais pas envie de te perdre une nouvelle fois..."

Je pleure, parce que ça fait deux ans que j'en avais envie et que mes larmes étaient coincées, revoir Willow ici... ça me troublait, je me rendais compte que malgré tout j'avais toujours eu des sentiments refoulés pour elle. Et mes lèvres vinrent se poser sur les siennes, dans un geste furtif et silencieux à la fois.

Son corps est chaud, son étreinte rassurante. Elle tombe devant moi, dans mes bras, et je ferme les yeux, happée par le son de sa voix. Mes mains se posent, tremblantes, sur le haut de son dos. Je ne veux plus la laisser partir. Mon regard reste vide, voilé, mais je sens une larme perler alors que May se laisse aller à pleurer. Ma gorge se serre, mes entrailles se tordent ; lorsqu'elle m'embrasse, je perds le peu de notion de réalité qu'il me reste, et me fige. Son contact me bouleverse, m'électrise, et fait s'affoler chacun de mes sens endormis.

Ses lèvres sont douces, chaudes, me renvoient deux ans plus tôt, lorsque rien ne pouvait encore nous séparer. Je ferme les yeux, lui rends doucement son baiser, presque trop fébrile. Elle m'avait manquée, plus qu'elle ne le pensait, plus que je ne l'imaginais moi-même.

Tout me semble encore ralenti, étrange, tordu. Mes lèvres glissent sur les siennes, lentement, tendrement ; mes doigts redécouvrent chaque trait de son visage, la douceur de ses cheveux, le relief de son cou. Et puis nos visages se séparent ; je me laisse plonger dans les profondeurs de son regard, de son âme, complètement envoûtée. Est-il seulement possible d'aimer quelqu'un à ce point ?

Je ne sais pas pourquoi j'ai agi comme ça, je ne comprends pas pourquoi je suis venue l'embrasser alors que c'était moi qui avait décidé de la fuir pendant ces deux dernières années... Quand elle me rends mon baiser, j'ai le coeur qui se serre, je ne sais pas si tout ça c'est une bonne idée, parce que une de nous deux risque encore de souffrir, et je ne veux pas faire des choix compliqués. J'n'ai pas envie de me poser des questions sur nos retrouvailles, sur les conséquences qu'il y aura plus tard, là je veux juste retrouver ma meilleure amie, juste moins m'inquiéter pour sa santé, je ne peux pas la laisser dans cet état, j'aurais bien trop peur de la perdre de nouveau.

Nos visages se séparent et son regard se plonge dans le mien, je rougis un peu, parce que je n'avais plus l'habitude de la douceur de ses lèvres et je me dis que ce serait stupide que l'on s'éloigne de nouveau. Je crois que pendant ces deux dernières années j'avais tenté de refouler mon attirance pour elle et au final ça n'avait pas marché.

"Tu m'as manquée idiote... et je crois que j'suis tombée amoureuse de toi le soir où on s'est embrassées pour la première fois... J'ai vraiment souffert après tout c'qui s'est passé et je ne voulais pas te faire encore plus de mal, donc j'ai préféré fuir et refouler mes sentiments pour toi..."

Ses mots m'arrache un hoquet de surprise. Mon regard troublé ne quitte pas le sien, mais mon coeur s'emballe, frappe dans ma poitrine si fort que mes côtes semblent se décoller les unes des autres. Elle m'aime ? Cela semble tellement irréel. Peut-être est-ce la drogue qui me fait entendre ces mots dont j'ai souvent rêvé. Mais son regard ne semble pas mentir. "Je..." Mes joues sont rouges, j'ai l'impression d'étouffer. "C'est toi l'idiote, comment penses-tu que ça aurait pu me faire du mal de savoir ça ?" Je retrouve doucement ma capacité à parler, je pense que l'adrénaline n'y est pas pour rien. Ma voix est presque accusatrice, elle n'aurait jamais du me faire attendre deux ans si ce qu'elle avance est vrai. Mais au point où l'on en est, cela me parait vite être un vague détail que je suis prête à oublier.

Je glisse par terre, mes genoux tombent devant elle dans une légèreté qui me fait penser à un rêve. Mon cou se tend, mes lèvres reviennent chercher les siennes, douces comme le coton. J'ai l'impression de flotter, que plus rien n'est vraiment là, que le contact légèrement humide de sa bouche sur la mienne est tout ce qui pourra vraiment m'atteindre. Mes mains se posent sur sa nuque, je la retrouve, et ne la quitterai plus.

Voilà, tout ce que j'avais gardé sur le coeur ces deux dernières années venaient finalement de sortir, je ne pensais pas que... ç'aurait été si simple, et je me sentais presque libérée (délivrééeeee) de lui avoir avoué ce que je ressentais pour elle depuis notre premier baiser. C'était bizarre, je ne pensais pas qu'elle le prendrait aussi bien, j'étais persuadée qu'elle avait enfoui ses sentiments qu'elle avait pu avoir pour moi, mais non... Parce que quand nos lèvres se retrouvaient pour une nouvelle fois, je me sentais toute chose et ne pus qu'en profiter tellement ses lèvres m'avaient manquées.

Heureusement que ma fille dormait, je ne voulais pas qu'elle voit sa maman embrasser une autre femme, peu-être que plus tard je lui expliquerais pourquoi, mais là c'était rien que Willow et moi. Et c'était tout ce qui comptait pour l'instant. Un baiser qui semble durer une éternité, mon coeur qui s'affole mais finalement qui s'habitue rapidement à cette sensation, je me sens mieux avec elle, j'avais besoin de ça depuis ces deux dernières années. Je me sentais conne d'être partie sans rien lui dire et de ne plus lui avoir adressé la parole. Mes mains se posèrent sur sa taille si fine, j'avais l'impression qu'elle avait maigri et glissait mes doigts dans son dos pour le caresser alors que nos lèvres ne semblaient pas vouloir s'éloigner.

Pourtant il fallait bien que l'on fasse autre chose que de s'embrasser dans le salon, je ne dis pas forcément qu'il fallait que l'on couche ensemble tout de suite, ce serait risqué, surtout si Moon décidait de sortir de sa chambre à ce moment là. J'écartais mon visage de celui de Willow, un sourire idiot aux lèvres.

"Tes lèvres m'ont manqué aussi... Tu as maigri non ? " fis-je un peu inquiète avant de venir lui pincer les joues.
"J'vais être obligée de te nourrir ma vieille."

J'étais trop à l'ouest pour réfléchir, me demander si l'on devait coucher ensemble ou non. Dans mon état, je me serais de toutes façons bien faite passer dessus par qui voulait que je n'aurais même pas réagi. Elle pose ses mains sur moi, remarque ma maigreur. Mon regard s'assombrit un peu, je culpabilise. A force de sortir, boire et baiser, j'en avais souvent oublier de manger. Je me force un sourire, quoi que je reste heureuse. J'ai l'espoir que l'on soit enfin tranquilles.

"Merci. J'en ai besoin, c'est vrai."

Je reste devant elle, assise sur mes genoux ; mon regard tourne vers la porte, vers la chambre de son enfant.

"Comment est-ce qu'elle s'appelle ?" ma voix est douce ; j'ai toujours du mal à réaliser qu'elle a eu un enfant avec Finn, et je me demande d'ailleurs où est passé ce dernier alors qu'elle avait décidé de le garder. Soit il n'était pas au courant, soit il avait choisi de ne pas l'assumer... Dans les deux cas, la situation devait être franchement bizarre pour May.

Je lui ébouriffe les cheveux, je sais qu'elle aime pas spécialement ça, mais ça lui montre que je n'ai pas oublié ces goûts, enfin vous voyez quoi. Je l'embrasse de nouveau alors que je me lève, l'aidant à faire de même, je ne veux pas qu'elle devienne une loque sous mes yeux.
"Je vais te faire le meilleur plat qui puisse exister, commander deux bonnes pizzas, rien de plus simple." J'voulais la garder pour moi, repasser du temps avec elle, comme avant, je ne savais pas si l'on devait se considérer comme un futur couple, rien que cette notion était bizarre pour moi. Je soupire lorsqu'elle me demande comment s'appelle ma petite fille.

"Moon, c'est le prénom de ma grand-mère paternelle qui est décédée il y a trois ans maintenant. Une sorte d'hommage. "

Je me gratte la tête, un peu gênée de lui parler de ça, et au même moment ma petite princesse sort de sa chambre et vient nous rejoindre. Je me penche vers elle et l'embrasse sur la joue.

"Moon dit bonjour à la meilleure amie de maman." Je ne pouvais pas lui dire que Wiwi était celle que j'aimais aujourd'hui, pas maintenant, elle ne comprendrait pas. Moon fait sa timide, se cache derrière moi, mais regarde Willow.

"Bonzour madame, tu vas mieux ?" Je souris, un peu amusée par la situation et caresse les cheveux de ma fille.

La petite fille est adorable ; je n'ai jamais été très à l'aise avec les enfants, toujours à ne pas savoir comment leur parler, quoi leur dire... Mais je penche la tête vers Moon, levant la main vers elle. "Coucou. Oui, ça va mieux, merci. Ta maman a été très gentille avec moi." dis-je en souriant, l'air toujours légèrement absent dans une joie médicamenteuse.

D'une certaine façon, ça me réchauffe le coeur d'entendre May dire que je suis sa meilleure amie. On vient plus ou moins de s'avouer nos sentiments, je me doute que sa fille n'est pas encore au courant des différentes sortes de couples et d'amour qui existent ; alors ça me va. Ca me rassure, même. Et puis on n'est pas un couple. J'espère, cela dit, qu'on le deviendra bientôt. Un sourire tendre s'étire sur mes lèvres alors que mon regard se pose sur la jeune maman que j'ai en face de moi.

"Des pizzas, ça me semble parfait."