(Flashforward & futur alternatif) Qui aurait cru qu'un jour on se reverrait dans ces conditions ? (MAYLOW)

Deux années étaient passées depuis... le gros bordel dans ma vie, j'étais tombée enceinte, mais j'avais décidé de rester célibataire, de garder mon bébé aussi, de vivre ma vie de mère célibataire en somme. Je devais avouer que ça n'était pas vraiment le genre de plan auquel je m'attendais, mais ça me changeais, au moins ça m'évitait de me prendre la tête avec les personnes qui avaient pu me plaire il y a deux années de ça. Aujourd'hui, j'avais enfin pris ma vie en mains, et avoir un enfant ça vous aide à mûrir en si peu de temps. J'avais une petite fille, elle s'appelait Moon Jin, oui, j'avais décidé de lui donner le prénom de ma grand mère paternelle, c'était en quelque sorte pour lui rendre hommage. Mes parents avaient appris la nouvelle et l'avaient plus ou moins pris, de me savoir mère célibataire, mais c'était mon choix.

Il devait être 16 heures lorsque je me rendais à l'école maternelle pour aller chercher mon seul et unique véritable amour, et arrivée à l'école, je voyais mon petit bout courir vers moi. Je l'attrapais dans mes bras et on quittait l'école maternelle pour nous rendre dans son parc préféré, depuis j'avais quitté l'université et vivais toujours dans mon premier appartement. C'était l'heure du goûter, le printemps était au rendez-vous et j'allais acheter une glace à ma petite princesse.

Les deux dernières années de ma vie ont été bien peu glorieuses. Les cours avaient gagné en malaise avec Finn, et j'avais fini par sécher presque la totalité de ses cours, révisant sur internet et ne me montrant plus qu'aux partiels. Je pense que c'était mieux comme ça, pour nous deux. Quant à May, et bien... Je ne l'avais plus revue, du tout. Si d'abord on se croisait de loin à la fac, elle avait arrêté de venir pour une raison qui m'avait échappée. Plus de contact, plus rien, alors que deux ans avant, je lui faisais part de mes sentiments pour elle, et on se découvrait mutuellement sur le canapé de son salon... Ahh.

Je soupire. Mes talons me font un mal fou dans ces chaussures. Je sors d'un immeuble, face à un grand parc. Sur mon visage, on peut facilement lire que la nuit avait été courte. Mon maquillage avait coulé, mes cheveux ne ressemblent plus à rien, même si j'essaie d'arranger les choses avec mes mains, en vain. Ma robe est étirée, débraillée, ma culotte portée disparue et je me sens détruite, souillée dans tous les sens du terme. Je me tords le cou alors que j'entends l'homme avec qui je viens de passer la nuit ouvrir sa fenêtre. Il me crie quelque chose, je ne comprends pas trop, mais je vois juste ma culotte retomber par terre, à mes pieds. La voilà donc. Je me penche pour la ramasser, mais lorsque je me redresse, dans le peu de dignité qu'il me reste, mon regard tombe sur celui de la jeune asiatique qui avait hanté mes nuits. Et... De sa... fille ? Non, non, elle devait simplement faire du babysitting. On va se dire ça, et on va gentiment faire demi-tour et s'en aller. Comme si je pouvais espérer être discrète dans cet accoutrement.

Moon était toute joyeuse d'avoir enfin sa glace qu'elle avait tant attendu pendant toute la journée à l'école, et elle était toute aussi gourmande que, elle tenait de moi, j'étais super fière de ma petite princesse. On arrivait devant le marchand ambulant de glaces et alors que Moon demandait tout innocemment le parfum qu'elle voulait, j'entendais un mec crier à une fille qu'elle avait oublié quelque chose chez lui. Ça c'était la honte suprême lorsqu'on évitait de ne pas se faire remarquer après avoir passé une nuit de débauche chez un parfait inconnu, et je reconnaissais cette tignasse blonde. Mon coeur se serra, c'était Willow, ça faisait deux ans qu'on ne s'étaient pas revues elle et moi, deux ans que j'avais cherché à l'éviter, mais aussi parce que ma fille me prenait tout mon temps. Elle... avait changée, je ne pensais pas qu'elle se serait mise à coucher avec de parfaits inconnus depuis ce fameux jour.

Moon me tirait de mes pensées, disant que ça y'est elle avait choisi son parfum et je payais le marchand ambulant. Je la prenais par la main et hésitais à rejoindre Willow, elle ne semblait pas vouloir me voir, puisqu'elle faisait déjà demi-tour.

"Maman, pourquoi tu regardes cette dame, tu la connais ?" me demanda ma petite princesse, alors que je me surprenais à regarder Willow.
"Je la connaissais oui, mais elle ne semble pas avoir envie de revoir une vieille amie..." fis-je à ma petite fille avant de faire demi tour moi aussi. Situation ridicule.

"Maman" ? Mon coeur semble s'arrêter, comme le temps, l'espace. Tout semblait se tordre sous mes pieds, comme si je n'étais finalement que dans un rêve de bien mauvais goût. Mais non. Je me retourne, May s'en va, l'enfant me regarde, métisse, curieuse, accrochée au bras de sa mère.

"May, je..." Je suis au fond du trou, je ne veux pas... Je ne veux pas que tu me vois comme ça. Mais c'est trop tard. Ma culotte est rangée dans mon sac à main, mais je pue l'alcool, le sexe. La honte se lit clairement sur mon visage, et ça n'est pas la face de ma personnalité que je voulais que tu voies. Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'aucun son ne parvient jusqu'à mes lèvres, pourquoi je n'arrive pas à te retenir, à te poser les centaines de questions qui me traversent l'esprit chaque seconde qui passe ?

Parce que, comme tu le dis si bien, tu me connaissais, ne me connais plus.

"Je..." suis une pauvre fille qui a perdu tout ce qui lui restait de fierté quand tu lui as brisé le coeur. Je ne suis plus qu'un vague reflet de celle que tu connaissais si bien, de celle que tu avais voulu embrasser, encore et encore, le temps d'une nuit. Je ne suis plus rien. Mon regard est livide, fatigué. Mon crâne me fait atrocement mal, et le temps semble s'accélérer tout à coup pour reprendre son cours normal alors que mes genoux heurtent le sol, s'égratignent sur le bitume ; mes mains se serrent sur mes tempes pour tenter d'enrailler cet acouphène violent qui me perce les tympans. Il y a trop de bruit, trop de gens, trop de mouvement. Mon corps tremble. Je comprends que le café n'en était pas.

Moon semblait curieuse, un peu trop pour son âge, mais je ne préférais pas m'attarder sur ce sujet, pas avec une petite fille innocente qui n'avait rien à voir dans cette histoire. Moon se retournait vers Willow quand on avançait vers le parc et me tira encore le pan de ma veste.

"Maman, maman, la madame elle va pas bien !" s'exclama-t-elle alors que je me retournais rapidement vers la scène qui se déroulait devant mes yeux. Qu'est ce qui lui arrive ? Merde, merde, pensais-je bien trop fort alors que mon sang cognait dans mes tempes, inquiète de voir mon amie s'écrouler ou presque sur le bitume. Je prends Moon dans mes bras et cours pour rejoindre Willow, posant ma fille par terre, alors que j'attrape la jeune femme par les épaules.

"Willow, merde, qu'est ce qui t'arrives ? Qu'est ce que t'as pris pour te retrouver dans cet état ?" Oui, j'étais inquiète pour elle, parce que malgré tout elle restait ma meilleure amie. Je paniquais, je ne savais pas quoi faire, appeler les secours ? Peut-être, mais peut-être que Willow refuserait mon aide...

Elle pose ses mains sur mes épaules, le contact est étrange. Je le sens, mais ne le sens pas en même temps. J'ai l'impression d'être molle, sans vie, mais de vouloir rire tout de même. J'ouvre difficilement les yeux, j'ai le cou qui balance de droite à gauche comme si ma tête pesait une tonne. Ce que j'avais pris ? "Du café." J'articule à peine, mes lèvres ne me répondent plus. Mais c'est vrai, j'ai juste pris du café. C'était bien la seule chose que ce type ait voulu me donner au réveil. Comme si finalement même une prostituée eut été mieux lotie que moi, puisqu'elle eut droit à de l'argent.

Mes yeux bleus se posent sur ceux de May ; son regard est inquiet, elle est aussi belle qu'avant. Peut-être même plus. Mais de quoi j'ai l'air, moi ? Devant sa fille, en plus... Et qui est le père, déjà ? Elle est mariée ? Ma main se pose sur la sienne, l'acouphène se calme, la migraine avec. Mais je ne ressemble plus qu'à un pantin désarticulé.

"Est-ce que tu peux m'emmener ...? N'importe où. Juste ailleurs." Le regard des gens est pesant, blessant. Je suis misérable, ressemble à une toxico après sa dose, je le sais. Pas besoin de me le rappeler.

Du café ? Sérieusement moi qui avais pris l'habitude de boire du café, jamais je ne m'étais retrouvée dans un tel état. Je ne comprenais pas comment ni même pourquoi elle en était arrivée à là. Je soupirais et l'aidais à se relever, je n'allais pas la laisser dans sa merde, je n'étais pas comme ça et puis je ne pouvais pas passer pour une mauvaise mère non plus. Je la prenais par la main, alors que ma fille s'accrochait au bas de mon pantalon.
"Je te ramène chez moi, ensuite je coucherais ma petite et je m'occuperais de toi..." Pour des retrouvailles, il y aurait pu avoir mieux, mais je préférais ne rien dire, du moins pas devant Moon, les histoires de grandes personnes n'étaient pas faites pour être écoutées par des filles de deux ans...

On arrivait chez moi au bout d'une dizaine de minutes et je forçais Willow à s'allonger sur mon canapé que j'avais changé depuis et la laissais seulement cinq petites minutes pour aller coucher Moon... Je revenais dans le salon, préparais une tisane puis rejoignais Willow, un sourire presque triste aux lèvres...
"Qu'est ce qui t'es arrivé...? " je faillis rajouter ma belle, mais on ne s'était plus revues depuis si longtemps que je ne savais plus à quel stade on en était elle et moi...

Je suis sur son canapé, en train de fondre littéralement sur les coussins, ou c'est du moins l'impression qui domine sur les autres. Je lève mes mains devant moi, et les regarde, bêtement, cherchant à comprendre comment mes articulations marchaient et en me disant que tout ceci était tout bonnement fantastique. Si les articulations n'existaient pas, il faudrait les inventer, me dis-je. Concept.

May revient, mais mon regard ne décroche pas mes doigts qui me font penser à d'horribles pattes d'araignées. Dieu aurait pu se passer de cette invention, même si elles mangent les moustiques et les moucherons et que c'est bien pratique. Pourquoi est-ce que j'ai peur des araignées, de toutes façons ? Elles sont sûrement très gentilles. Je penserai à demander un service à l'une d'entre elles lorsque je la verrai, et je pourrai constater par moi-même ce qu'il en est vraiment.

La question de mon amie -si je pouvais encore l'appeler ainsi- me tira de mes questionnements, l'espace d'un instant, et mon regard absent se posa sur elle.

"Ca fait deux ans, il va falloir être plus précise que ça. Aujourd'hui ? Cette semaine ? Cette année ? C'est toi qui avait un môme à la main toute à l'heure, tu devrais penser à le rendre d'ailleurs. Je ne pense pas que les araignées soient pour le kidnapping, et comme je ne suis pas encore sûre qu'elles soient gentilles, ce serait peut-être plus prudent..." Je lui fais une moue l'air de lui dire d'écouter mes bons conseils. Non, vraiment, elle joue avec le feu.

"Moi je n'ai pas trouvé d'enfant à kidnapper, mais je n'en ai pas très envie à vrai dire." Mes mains continuent de bouger devant mon visage, et je repose mes yeux sur ce mouvement fascinant. "Pour ce qui est d'hier, j'ai juste rencontré un mec, il m'a proposé d'aller chez lui... Comme je ne voulais pas voir Zelda pour l'entendre me faire la morale, j'ai accepté. On a baisé, c'était pas terrible, mais il m'a dit qu'il était clean donc je suppose que c'est bon. Il a du me donner quelque chose ce matin, cela dit. C'est dur de savoir, tu sais ? Enfin non, tu ne sais pas, puisque c'est dur."

Un sourire ivre se forme sur mon visage, alors que je me redresse enfin, la tête tournant toujours. "J'ai eu envie de te revoir chaque jour, chaque seconde passée depuis deux ans, May." Les joies de la drogues, sérum de vérité par excellence. Peut-être suis-je même en train d'enjoliver la chose, allez savoir, je l'ignore moi-même.

Elle me fait tout un speech, elle délire, c'est du putain de délire à l'état pur et j'ai presque envie de la gifler quand elle me dit d'aller rendre mon enfant, quand elle me parle d'araignées... elle est en plein délire et jamais je ne l'avais vu comme ça. Mais je me retiens, parce que j'ai pas envie d'faire un scandale alors que ma petite princesse dort. Je la laisse parler, je l'observe, elle doit être droguée. J'vois pas d'autres explications. Je l'écoute, je reste silencieuse, je ne sais même pas ce que je dois faire en la voyant dans cet état, j'aurais peut-être pas dû la faire venir chez moi, j'aurais dû l'emmener à l'hôpital.

Puis elle me sort qu'elle avait voulu me revoir chaque jour qui était passé, chaque semaine, chaque mois... Mais moi non, moi je l'avais fuit parce que j'étais incapable de lui reparler après ce fameux jour... Puis j'étais tombée enceinte, j'avais dû arrêter mes études surtout...

"Ce gosse comme tu le dis, c'est mon enfant, c'est ma fille... je ne l'ai pas kidnappé alors arrête ton délire Willow, t'as été droguée, ça se voit, ça s'entend même... Bois cette tisane, ça te fera du bien, et après tu peux rentrer chez toi, j'ai pas envie que Moon te vois dans cet état..." Je n'avais pas envie de parler à une Willow droguée, donc oui j'étais froide et encore plus distante qu'avant.

Je cligne des yeux, une fois, deux fois, ses mots semblent s'enchaîner de manière assez illogique, et je peine à garder le fil de la discussion. C'est son enfant ? Ah mais oui, c'est vrai. Enfin c'est ce qu'elle dit, mais comment elle peut en être sûre ...? Hmmm. Ah mais oui. J'ai été droguée ? Oui, c'est vrai que ça se peut, je ressens les mêmes choses que lorsque j'étais à l'hôpital sous morphine après l'attentat à la bombe. May est furieuse, ça me rend triste, mais je souris tout de même, toute chancelante.

"Ne me dis juste pas que Finn est le père, ce serait le pire." fis-je en riant presque, les yeux presque clos par mon sourire béat. Ah, oui, ce serait le pire. Je retrouve soudainement un air plus sérieux, comme un instant de lucidité. Finn ça fait fine, fine comme un fil, le fil de la discussion, le fil de l'araignée, mon dieu. Tout est lié. Lié comme dans une toile, oh mais n'est-ce pas là une coïncidence tout à fait magnifique ? Non, c'est le destin. A quoi je pense déjà ? Ah oui, mes mains. Tatata ♪ Elles sont bien jolies, quand même.