How you leave me breathless feat ELYNN

Au volant de la Ford Mustang Baby Blue de sa cliente, Thomas profitait du voyage, la vitre ouverte. C'était la première fois qu'un client ne venait pas directement chez lui, sur Harvard Square, pour récupérer son petit bijou. La plupart de ses contacts avaient souvent peur de de la retrouver avec des éraflures s'il devait la délivrer chez eux. Il ouvrit la portière de l'ancienne voiture de 1966 et repéra rapidement les marches. Il descendit du véhicule, garé avec précaution sur un côté de la chaussée et sonna à l'entrée, curieux de découvrir la cliente du jour. Il n'avait eu que très peu d'informations lorsqu'on lui avait passé un coup de fil pour l'informer qu'il trouverait la Baby Blue dans l'allée de son appartement. Thomas avait jeté un oeil au moteur et dépoussiérer un certaine nombre de pièces : l'engin était désormais comme neuf. Il jeta un oeil à sa montre et s'étonna que personne ne se présente à l'entrée, il était vendredi soir. Un bruit du côté du jardin lui fit tourner la tête. Il recula de quelques pas et passa la tête sur le côté de la maison à temps pour voir une fenêtre s'ouvrir.

Elynn passait de plus en plus de temps chez Mme Nelly, car celle-ci avait de plus en plus de mal à effectuer seule les tâches quotidiennes. Au début, six mois auparavant environs, la jeune femme ne passait qu'une heure ou deux par semaine, Mme Nelly n'ayant besoin d'aide que pour certaines courses et pour faire le plus gros du ménage de sa petite maison. Aujourd'hui, elle venait la voir tous les deux jours ou presque, et restait au moins une heure à chaque passage. Elles avaient toutes deux appris à se connaître et s'entendait très bien, même si Mme Nelly perdait souvent la mémoire et répétait souvent les mêmes histoires, Elynn était passionnée par ses aventures de jeunesse. Ce jour là, il faisait beau et le blondinette en avait profité pour faire un peu de jardinage, le petit terrain étant à l'abandon depuis plusieurs mois. Après une bonne heure, Nelly l'appela pour prendre le thé, et ce fut lorsqu'elle la rejoignit qu'elle entendit quelqu'un frapper à la porte. « Bonjour, c'est pour quoi ? » Nelly n'ayant pas entendu l'inconnu frapper à la porte, Elynn pris l'initiative d'aller voir de qui il s'agissait. Un jeune homme séduisant mais plein de crasse était debout devant la porte, à attendre patiemment.

Thomas avait à peine pris le temps de se laver les mains avant de quitter son appartement. Il fallait dire qu'il avait eu un délais plus que court pour rendre sa jeunesse à la Ford Mustang de sa cliente. Des traces noires s'étiraient encore sur ses mains, là où la suie du moteur avait réussi à s'incruster plus profondément. Il s'était assuré que rien ne termine sur le volant du véhicule en laissant un morceau de plastique fin sur le volant. Alors que Thomas patientait sur le pallier, il décida de laisser tomber la sonnette et toqua à la porte, comme s'il avait plus de chance de se faire entendre. Si personne ne se présentait, il pouvait toujours déposer les clés dans la boîte aux lettres avec un message. « Bonjour, c'est pour quoi ? » demanda une voix féminine à l'intérieur de la maison. La porte d'entrée s'ouvrit à demi et Thomas se décala légèrement pour apercevoir son interlocuteur. Il s'agissait d'une jeune femme blonde, tout sourire, qui apparemment ne s'attendait pas à sa venue. Thomas s'en voulut aussitôt de ne pas être plus présentable.
- Je cherche Mme Nelly ? Elle habite bien ici ?
Peut-être avait-il même sa fille devant les yeux...

Après un rapide coup d'oeil à l'extérieur pour voir qui attendait patiemment devant la porte, Elynn se retourna pour prévenir Nelly de la venue d'un jeune homme, mais ne l'aperçut pas dans le salon, elle devait être dans la cuisine pour préparer le thé, raison pour laquelle elle n'avait probablement pas entendu le jeune homme sonner. Celui-ci, demanda poliment s'il s'agissait bien de la maison de Mme Nelly, et Elynn fit rapidement le lien. Il était tout noir, la voiture de Mme Nelly était de nouveau dans l'allée alors qu'elle ne l'avait pas vu à son arrivée. Ce devait être un mécanicien. La jeune femme eut soudainement envie de rire au cliché qui était apparu devant elle : un mécano très beau, un peu salit par le travail.. Il ne manquait que la musique, la sueur et une sorte de halo de lumière derrière lui et ça aurait été parfait. Pour ne pas rire, Elynn baissa légèrement la tête et cacha son sourire derrière une main, encore pleine de terre : mince ! Puis, elle répondit poliment « Oui c'est bien ici, vous lui avez ramené sa voiture ? » Elynn hésita à proposer au jeune homme d'entrer, après tout ça n'était pas sa maison.

Sur le pallier, Thomas profitait de l'attente pour récupérer les clés de la Ford dans la poche de son manteau. Il avait terminé les réparations à temps pour "livrer" le véhicule chez sa cliente. Pourtant, lorsqu'il avait retrouvé la voiture de 1966 dans son allée, quelques jours plus tôt, il craignait de devoir remplacer un certain nombre de pièces. Il devait maintenant reconnaître qu'il s'agissait d'une de ses interventions les plus simples : les pièces moteur avaient certes eu besoin d'un bon lustrage mais la voiture ronronnait sans problème lorsqu'il mettait le contact. Avec un regard vers la Mustang qui trônait maintenant près de la maison de sa cliente, il espérait que Mme Nelly serait satisfaite du résultat. Dans entrebâillement de la porte, la demoiselle le dévisageait derrière une main pleine de terre. Thomas eut un léger sourire ; il n'avait pas été le seul à travailler dur cet après-midi.
- Oui, je me suis permis de la garer dans l'allée. J'avais peur qu'il n'y ait personne, dit-il en riant. Je vous laisse les clés ? Dans la lumière du jour, Thomas remarqua que la jeune femme lui souriait. Il se surprit à faire de même.

Elynn ravala son fou-rire et tenta de se concentrer pour ne pas paraître pour une folle, ce qui lui arrivait très souvent depuis sa plus tendre enfance. Elle pris une grande respiration tendit que le jeune homme parlait, avant de répondre instinctivement « Mme Nelly n'est pas une femme difficile, je suis sure que ça ne pose aucun problème que vous ayez garé sa voiture là. » Il lui semblait de toute façon qu'elle la garait là la plupart du temps. Elle hésita un instant avant de demander « Vous n'avez rien à lui faire signer ? Un machin qui atteste que vous avez bien rendu la voiture ? Sinon oui, je vais prendre les clés, je les lui donnerai lorsque.. » Elle se retourna une nouvelle fois pour tenter d'apercevoir la vieille dame, qui visiblement n'était pas curieuse de savoir ce qui se passait sur son pallier. «...Lorsqu'elle montrera le bout de son nez.. Madame Nelly ? » Toujours craintive qu'elle tombe, comme ça lui été arrivé déjà plusieurs fois, la jeune femme tourna les talons en faisant signe à son interlocuteur qu'elle revenait vite, et fit les quelques pas qui la séparaient de la cuisine « Mme Nelly, votre voiture ! Elle est revenue ! Enfin, pas elle toute seule mais quelqu'un l'a rapporté, probablement celui qui l'a réparé vu la couleur de ses vêtements mais... » « Occupes-toi en Elynn s'il te plait, je fini le thé ! » la vieille femme plissa les yeux, et Elynn reconnu le regard qu'elle faisait lorsqu'elle lui racontait ses anecdotes coquines avant d'ajouter « mais si il est mignon il vient prendre le thé avec nous ! » La jeune femme rit, puis retourna à la porte et proposa au mécanicien de prendre un thé, sans se demander si il avait entendu la conversation.

Thomas avait prévu de rallier son appartement à pied. Il pouvait toujours prendre le bus si la remise des clés s'éternisait un peu ; partir à pied de nuit ne présageait jamais rien de bon. La jeune femme qui lui faisait face semblait ne jamais se départir de son sourire. Elle avait une bonne humeur communicative et Thomas se demandait s'il ne resterait finalement pas un peu plus...Il remit les clés dans la paume ouverte de la demoiselle.
- J'ai laissé les papiers dans vide-poche. Je ne fais rien signer, on me demande souvent un coup de main en urgence alors...A vrai dire, il n'était pas garagiste de professionn et ne possédait d'ailleurs pas de diplôme en la matière. C'était étonnant de voir un étudiant en neuroscience se débrouiller aussi bien avec un moteur crasseux dans les mains. Il proposait un coup de main de temps à autre et ça marchait plutôt bien, grâce au bouche à oreille !
La jeune femme jetait, de temps à autre, un oeil derrière elle ; sa manière d'évoquer sa cliente "Mme Nelly" l'intriguait. Il n'arrivait pas à comprendre le lien qui les liait toutes les deux. La jolie blonde tourna rapidement les talons et Thomas la vit disparaître derrière l’imposante porte d'entrée. Il se frotta la nuque, après avoir passé plusieurs heures accroupi à côté du véhicule  ; il se serait bien posé un peu. Deux voix de femmes résonnaient dans la petit maison, il ne capta que quelques bribes de leur conversation. Quelques secondes plus tard, il suivait la demoiselle dans le couloir de la maisonnée. Il n'avait pas forcément envie d'une tasse de thé, mais le simple sourire de la jeune femme l'avait incité à répondre oui à son invitation.

« Chouette ! » Dit-elle sans pouvoir s'en empêcher. Découvrir une nouvelle personne était toujours intéressant, et puis des personnes charmantes comme ce jeune homme l'était d'autant plus ! Elynn lui fit donc signe de la suivre en précisant que Mme Nelly prenait toujours le thé dans sa cuisine, sauf lorsque la température dépassait les vingt-six degré, auquel cas elle le prenait sur sa terrasse. La pièce était spacieuse, c'était la plus grande et la plus agréable de la maison. La lumière fut apparaître chez le jeune inconnu des traits qu'elle n'avait pas encore découvert à l'ombre de la maison, à l'entrée. Très souriant, il sourit à Mme Nelly, qui lui ordonna gentiment de s'asseoir et de faire comme chez lui. S'il désirait du lait, du sucre ou un steak, parce que chez elle on ne faisait pas de manière, qu'elle était trop vieille pour servir ses invités, aussi mignonnets qu'ils puissent être... Elynn attrapa la théière brûlante en écoutant la vieille dame, lui servit une tasse et demanda à tout hasard au jeune homme « Vous ne préférez pas du café par hasard ? » Tandis qu'elle portait la tasse à sa bouche, Mme Nelly la recula soudainement avant d'annoncer « Tu vois mon mignon ! Depuis le temps, Elynn ne me demande plus la permission, elle est comme chez elle ici ! » La principale intéressée sourit de nouveau grandement, et attendit la réponse.

Le sourire de Thomas s'élargit lorsque la demoiselle accueillit sa réponse avec enthousiasme. Il franchit le seuil de la porte et se retrouva transporté à une autre époque. La décoration de la maison laissait penser que les murs avaient traversé les décennies sans changer le papier fleuri. Les meubles, plutôt typés ancien, occupaient une place importante dans les pièces que Thomas aperçut sur le chemin jusqu'à la cuisine. La pièce de vie était baignée de lumière, avec une vue imprenable sur le jardin qui s'étendait derrière la maison de Mme Nelly. Thomas reconnut sa cliente à son sourire chaleureux et à la manière qu'elle avait de s'adresser à son visiteur. C'était bien elle qu'il avait eu au téléphone quelques jours plus tôt, pour jeter un oeil à sa Ford Mustang. Il s'assit comme l'étudiant poli qu'il était et leva les yeux vers la demoiselle qui tenait la théière dans ses mains ; elle avait l'air lourde et plutôt chaude à en croire l'expression de la demoiselle.
- Si vous prenez du café aussi, je ne dis pas non pour une tasse. Il sourit à Elynn...il avait écouté avec attention Mme Nelly lorsqu'elle avait prononcé le nom de la jeune femme. Les deux femmes avaient l'air de bien s'entendre, presque comme mère et fille. Il jeta un regard expert aux alentours et s'adressa à sa cliente :
- Vous avez une jolie maison Mme Nelly.

A la réponse du jeune homme, Mme Nelly n'attendit pas la réaction d'Elynn avait de lui imposer« Oui elle va prendre du café ! Elle adore ça, c'est une européenne tu sais ! Ils aiment tous ça là-bas, de l'autre côté de l'Atlantique... » Elynn sourit, en repensant à la Norvège. Son pays lui manquait, ses parents lui manquaient. Elle ne les avait pas encore revu depuis son départ, et même avant, lorsqu'elle était à Londres, elle avait du les voir seulement une fois par an.. Elle secoua la tête en préparant le café comme pour chasser ses pensées nostalgiques, afin de profiter de ce moment de partage agréable. Le jeune homme, dont le prénom était encore inconnu à la norvégienne, fit une remarque à Mme Nelly, qui la toucha malgré son fort caractère apparent. « Merci bien, j'y suis très attachée.. Mais je ne vais pas commencer à parler de vieilleries ! Toi ! Parles-nous de toi un petit peu mon chou ! » La vieille femme fit un clin d'oeil à Elynn, comme si la question qu'elle venait de poser était pour elle.. Et cette dernière s'assit en face du jeune homme, une tasse entre ses deux mains après avoir tendu celle de l'invité. « Excellente idée ! Qui êtes-vous monsieur le mécano ? » Elle sourit en repensant au cliché qui s'était déroulé dans sa tête un peu plus tôt.