I'm not okay but I pretend I am ( PHOENIX)

La soirée improvisée chez moi s'était bien déroulée, jusqu'à ce que Phoenix décide de menacer Henri, un gars avec qui le courant était plutôt bien passé. Il avait été odieux, mauvais, mais en même temps c'est Phoenix et c'était tout à fait son genre. Du coup la soirée avait pris fin plus tôt que ce que je voulais... Depuis ce jour-là je n'avais pas compris pourquoi il avait été aussi odieux, et j'avais laissé passer... Puis les jours étaient passés, je n'avais plus eu de nouvelles d'Owen, jusqu'à ce que je reçoive sa lettre m'expliquant pourquoi il avait disparu du jour au lendemain sans donner de nouvelles... J'me sentais pas bien et j'avais besoin d'une épaule pour me réconforter, donc sans vraiment savoir pourquoi j'avais demandé à Phoenix de passer à l'appart...C'était un peu tendu entre nous depuis la soirée Halloween...

Assis devant ma télévision devant les informations, verre de whisky à la main je me repose. Dure journée aujourd'hui, j'ai dû tuer un tireur d'élite et j'avoue que ça n'a pas été facile, à tel point qu'une balle m'a frôlée et que j'ai été contrait d'appeler un ami médecin pour qu'il me recouse. C'est ça être mafieux, nous avons pleins de cicatrices, parfois elles se voient d'autres fois non. La douleur est toujours présente mais je suis loin d'être le genre de personne à me plaindre. Alors que je pensais ne pas être dérangé je reçois un message May, me demandant de venir la rejoindre. D'un trait je termine mon verre, enfile un T-Shirt propre qui traine dans le panier à linges, enfile une veste, mets mes chaussures et me voilà parti après avoir prévenu mes femmes de ménage. Je ne me suis pas dépêché mais je n'ai pas pris mon temps non plus. Rapidement j'arrive à Imman Square et tout aussi rapidement je rentre dans l'immeuble de May alors qu'un jeune homme sort, me tenant donc la porte. Je monte à l'étage de May et sonne à sa porte. « Tu as demandé à me voir ? » dis-je une fois face à la jolie brune, qui visiblement est mal en point.

Je ne pensais pas qu'il accepterait de venir, je ne pensais pas puisqu'il n'avait pas répondu à mon sms. Alors quand il sonna à la porte et que j'ouvrais cette dernière pour tomber nez à nez avec lui, je sentais encore que j'allais pleurer, surtout avec tout ce qu'il m'arrivait en ce moment. Je passais ma main rapidement sur mes yeux, tentant de garder la face en face de lui, et lui laissais la place pour entrer dans mon appartement. " Voui..." fis-je d'une voix toute timide, me sentant complètement faible lorsque j'étais en sa présence. Je savais qu'il ne me ferait pas de mal, mais bon, il était intimidant, c'était mon point de vue.

"Entre, je t'en prie, fais comme chez toi. Je suis désolée de te faire venir à cette heure-ci, mais j'avais besoin de parler à quelqu'un. Tu ne m'en veux pas trop ?"

May me laisse entrer alors et je vois sur son visage que je la perturbe. A quel sujet au juste ? Pour mes remarques à sa soirée improvisée ? Clairement je n'aimais pas son nouveau copain j'ai simplement voulu lui faire comprendre après si madame est trop susceptible ce n'est pas mon problème ! Sa phrase me laisse perplexe, déjà je me demande pourquoi elle veut me parler à moi, et surtout de quoi elle veut me parler. Si c'est de ce crétin d'Henri autant que je prenne me clics et mes claques et que je me tire. J'entre alors dans son appartement, ôte ma veste la pose sur le canapé et m'assois sur ce dernier. « J'ai pas à t'en vouloir, je faisais rien de particulier. Par contre si j'étais en plein meurtre je serais venu te tuer aussi. » Je lui fais un petit sourire pour lui signaler que je plaisante et reprends « Bon dis moi, pourquoi tu m'as fait venir ? » Autant qu'elle me dise tout de suite, même si j'avoue qu'un verre ne serait pas de refus..

Je ne savais pas pourquoi j'avais pensé à lui, pourquoi est ce que je n'avais pas demandé plutôt à Priape de venir ? J'en savais rien, peut-être parce que depuis quelques temps Phoenix m'intriguait ? Je le laissais s'installer, je ne voulais pas lui parler de la soirée qu'il y avait eu lieu chez moi dernièrement, j'avais juste besoin d'une présence ce soir chez moi, parce que si je passais encore une nuit toute seule, je ne savais pas de quoi je serais capable.
Sa phrase me glaçait le sang, mais je ne répliquais pas, parce que son sourire me troublais, c'était pas cool ça d'ailleurs.

"Tu veux peut-être quelque chose à boire ? J'ai du whisky de bonne marque si jamais tu le souhaites ? "

Non je ne changeais pas de sujet, je cherchais juste les mots que j'allais lui sortir... Finalement je revenais vers lui avec deux verres, une bouteille de whisky neuve et m'installais à côté de lui.

"J'ai pas trop le moral en ce moment, et j'avais besoin de quelqu'un avec qui parler, je suis désolée c'est tombé sur toi. Je ne sais pas si tu te souviens d'Owen, mon fiancé ? Eh bien...il a plus ou moins rompu, un mois avant notre mariage..." Ma gorge se serrait au même moment, et finalement de nouvelles larmes coulèrent sur mes joues...

Parfois les gens ont tendance à oublier que je suis le mal incarné, que l'idée d'aider les autres ne me vient même pas à l'esprit. Je ne m'aide même pas moi, alors pourquoi j'aiderais quelqu'un, qui plus est une fille ? Je suis quand même entré dans son appartement, et elle esquive ma remarque désinvolte ce qui me fait rire je l'avoue. Elle me propose de boire quelque chose du whisky, et heureusement que ce n'est pas du bourbon car il a un goût infecte. Elle arrive avec deux verres, et un sourire se dessine sur mes lèvres en voyant la marque, elle a du goût la présidente. Alors qu'elle se met à parler gorge serrée, je prends les deux verres, et les rempli de whisky en en donnant un à May. Cette dernière me raconte ce qu'il ne va pas, elle a dû me prendre pour l'Abbé Pierre, mais j'avoue que je suis outré du comportement de ce cher Owen. « Merde.. Oui je me souviens de lui, je l'avais vu au Week-end d'intégration, il avait beau être Eliot il ne m'a pas fait bonne impression. » Rapidement je trinque avec la belle, et bois une gorgée comme pour me faire taire. « Faire ça par lettre.. que c'est lâche mon dieu.. Ce n'est ni digne d'un homme et encore moins d'un Eliot. Surtout avant le mariage..il a juste pas les couilles d'assumer. » Une chose à savoir : je ne pèse jamais mes mots et dis toujours ce que je pense.

Voilà, finalement c'était sorti, j'aurais peut-être dû me taire, surtout après avoir entendu la réponse plus que froide de Phoenix. Il ne savait rien d'Owen, Owen n'était pas ce genre d'homme, il n'avait tout simplement pas eu le choix... Je fixais Phoenix alors qu'il buvait une gorgée de Whisky, je fis de même comme pour tenter d'oublier. J'étais fatiguée, à force de pleurer surtout, puis je reposais mon verre sur ma table basse.

"T'as pas le droit de dire ça de lui, il avait ses raisons et elles sont parfaitement compréhensibles..." que je lui faisais, retenant encore mes pleurs, Phoenix n'avait jamais les bons mots pour réconforter qui que ce soit... si seulement il connaissait ce mot, et ça je n'en étais pas certaine.

Pourquoi c'est moi que l'on appelle quand on va mal ? Sûrement parce que je suis l'un des seuls à ne pas dire ce que les autres aiment entendre mais à dire la vérité peu importe que ça blesse, que ça plaise ou non. « J'ai le droit de dire ce que je veux, je te signale. » lui dis-je d'un ton désinvolte. Je bois une gorgée de whisky et passe ma langue entre mes lèvres pour ne pas laisser les gouttes s'échapper. « Je comprends ta douleur, et toutes les conneries que l'on ressent lors d'une rupture mais je ne comprends pas pourquoi tu t'attaches à lui alors qu'il t'a quitté. » Les filles se créent toujours des problèmes inutiles, et qui les font souffrir plus qu'autre chose. Habituellement je m'en fiche et je les laisse souffrir dans leur coin, j'aurais pu le faire avec May, mais je ne l'ai pas fait, à savoir pourquoi.. « Je ne sais pas quoi te dire, écoute.. Changes toi les idées, trouves toi de nouvelles occupations, sors avec tes amies mais ne reste pas cloitrée chez toi ! » Je ne suis pas très bon pour donner des conseils. Je m'allume une cigarette cherchant autour de moi un cendrier afin d'y mettre mes cendres. « T'as un cendrier ? » demandais-je alors. Je ne veux pas paraitre impoli.

Phoenix avait raison, il était le seul maître de ses paroles, mais ces mots me blessaient plus que ce je pensais. Mais je n'allais pas pleurer devant lui, je n'allais pas lui faire ce plaisir, parce que pour le moment il était juste détestable avec moi. J'avais encore du mal à le comprendre totalement, je ne savais même pas si un jour j'y arriverais, si un jour j'arriverais à lui soutirer des mots gentils et réconfortants. A quoi bon de toute façon ? "C'est vrai, tu as raison, pardon...je ne devrais pas t'embêter avec mes petits problèmes, je ne sais même pas pourquoi je t'ai appelé..."

Parce qu'il m'intriguait, parce que depuis le soir d'Halloween on ne s'était pas reparlés lui et moi, et que j'avais agi comme une adolescente qui découvre qu'elle a un faible pour un garçon mignon.

"Me changer les idées? C'est tellement facile à dire... mais j'y réfléchirais. Oui...oui je dois avoir ça quelque part, bouge pas."

Je me lève, dépitée, et je vais lui chercher un cendrier, sauf qu'en revenant vers lui, je sens que mes jambes vont me lâcher, que même avec toute la volonté du monde, j'allais pleurer. Et je pleurais, je pleurais comme un enfant de cinq ans à qui on avait volontairement cassé son jouet préféré.

Je le sais parfaitement que je suis blessant, mais May pourra dire ce qu'elle veut, si personne ne lui dit la vérité en face elle ne va jamais aller de l'avant. Le fait que l'on s'excuse et que l'on regrette certains actes m'agacent plus qu'autre chose « Mais arrête un peu tes conneries ! » lui dis-je d'un ton assez méchant dans un soupire d'exaspération. Alors que je viens d'allumer ma cigarette et qu'elle est revenue avec un cendrier je me mets à la regarder. Elle est jolie May, avec ces yeux marrons presque noirs en amande, c'est long cheveux bruns, et ces petites joues de poupée. Je fais un sourire et tire une taffe. J'en oublie même ce qu'elle m'a dit avant de partir, de toute manière ça n'a plus d'importance puisqu'elle se met à pleurer. Mais je fais toujours pleurer les filles ce n'est pas possible. « Wow. » C'est réconfortant n'est-ce pas ? J'écrase ma cigarette dans le cendrier bien qu'elle ne soit pas terminée puis m'approche de la présidente de la Eliot House. J'essuie les quelques larmes qui perlent le long de ses joues d'un revers de la main, attrape son menton afin de l'inviter à me regarder. « C'est bien de pleurer tu pisseras moins, mais ça ne changera rien. Ton cher Owen est parti et franchement je ne pense pas qu'il reviendra. » lançais-je d'un ton plus calme et moins désinvolte.