A Glimpse of Hope ► with Talya

Le soleil avait pointé le bout de son nez pour réchauffer un peu l'atmosphère qui était plutôt froide ces deniers temps. Depuis ma balade avec Matthéo je n'avais pas pu aller me promener tranquillement avec Charlie car il faisait trop froid et je n'avais pas envie que la petite prenne froid. Elle prenait déjà un malin plaisir à confondre le jour et la nuit en ce moment ce qui m'empêchait de dormir, alors si en plus elle devait être malade cela n'allait pas le faire. Cependant, l'air étant plus chaud aujourd'hui, j'avais pris la décision de rejoindre le parc. Charlie dans sa poussette bien emmitouflée n'avait pas du tout envie de dormir, elle regardait de partout, l'air émerveillée. Elle était de plus en plus éveillée et c'était un vrai bonheur au quotidien... Lorsqu'elle me laissait dormir. Arrivée au parc je remarquai rapidement un banc vide sur lequel je m'installai, la petite toujours dans sa poussette, tant qu'elle ne disait rien, elle était bien dedans, elle ne devait pas trop s'habituer à tout le temps être dans les bras non plus. Après quelques minutes de silence, le jeune homme qui était venu s'assoir sur le banc d'à côté m'adressa la parole. Même si je fus surprise, il n'avait pas l'air d'un méchant violeur pervers, je lui répondis donc : " Elle s'appelle Charlie, et oui c'est une fille... Pardon mais la question revint souvent lorsque je donne son prénom. " J'avais occulté la première question ne sachant pas trop comment répondre alors que je ne le connaissais pas. J'étais donc plutôt mal à l'aise.

" Voilà c'est ça. " Le prénom que j'avais donné à ma fille lui allait à merveille et je me fichais pas mais de ce que pouvait en penser les autres. Il avait tout ce qu'il y a de plus mignon et doux pour une petite fille blonde aux yeux bleus. Si certains le trouvaient trop masculin, tant pis pour eux. Mais cette problématique du prénom fut bien vite effacée dans mon esprit lorsque j'entendis deux autres prénoms qui m'étaient plus que familier, Antonn, mon frère, Alex soit Alexander, mon défunt mari. Je me tournai vers le jeune homme d'un bon, il les connaissait. Je comprenais mieux pourquoi j'avais l'impression qu'il me suivait depuis plusieurs semaines, ou peut être simplement plusieurs jours, il devait chercher le bon moment pour venir m'en parler, pour oser le faire. " Oh ! Vous les aviez rencontrés comment ? " Les larmes montèrent. J'en avais mare de ressasser cela, de ressasser ma peine mais elle était trop présente pour la mettre de côté pour le moment. " Ils sont décédés cet été au mois de juillet... "

J'écoutais le récit du jeune homme qui me parlait de comment il avait rencontré mon frère et mon mari. Mon coeur se serra lorsqu'il évoqua l'Ukraine, mon pays, ma vie, j'aimais tellement ce pays mais il m'avait aussi tout pris... Je me retrouvais maintenant seule avec ma fille et ma mère, j'avais retrouvé mon père, c'était un bon point mais il ne remplaçait pas mon père, jamais, je donnerais tout retrouver mon frère, même mon père. " C'est gentil d'avoir pensé à moi... " Je ne savais pas réellement quoi lui dire en fait, j'étais gênée, il me connaissait alors que je ne savais pas du tout qui il était. C'était assez bizarre comme situation même si Alexander m'avait évoqué quelques brides de l'histoire il me semble notamment lorsqu'ils l'avaient aidé en se réfugiant dans le bâtiment. " Tu étais en Ukraine pour quoi toi, juste pour militer ?" Mon mari et mon frère n'avaient pas aimé du tout cette période de leur vie alors il n'avait pas pris part aux conflits, jusqu'au drame... J'étais donc aussi surprise qu'ils se lient d'amitié et que mon frère garde contact avec un militant mais cela me faisait plaisir tout de même de parler avec quelqu'un qui les avait connu.

L'injustice...Elle était très présente dans notre monde et pourtant il fallait faire avec, nous ne pouvions pas lutter. Certaines personnes partent trop tôt d'autres pourraient partir avant parce qu'ils le méritent mais tout n'est pas toujours comme on le veut. Quelques larmes montèrent tout de même dans mes yeux mais heureusement Charlie se réveilla et grogna légèrement, je ne pus m'empêcher de la prendre, elle n'allait pas tarder à avoir faim. " Ce n'était qu'une injustice parmi tant d'autres..." Je ne savais pas quoi dire de plus sans fondre en larmes. " Crois moi tu aurais vécu là bas pendant tout le temps tu n'aurais pas aimé cela, c'était horrible... Vivre avec la peur au ventre, à ne pas savoir de quoi sera fait demain, c'est juste horrible, surtout lorsqu'on est enceinte. " Et oui j'avais été enceinte pendant une grande partie des soulèvements j'avais donc eu peur pour moi mais aussi pour mon bébé, mon mari, ma famille quoi, et la vie m'avait donné raison d'avoir peur... " Mon père nous a fait venir ici après la mort de mon frère et de mon mari, j'ai accouché ici, on vit chez lui avec ma mère... C'est plutôt pas mal. J'étudie en médecine, je vis ma vie étudiante, je vis bien,... Et toi qu'est ce que tu fais ici si tu aimes te mêler là où il y a de l'action?"

J’adorais mon pays, l’Ukraine avait été toute ma vie mais ce pays m’avait aussi pris une partie de moi, il avait gâché la vie de ma fille. Je n’étais pas réellement heureuse de l’avoir quitté, car je ne m’étais jamais vu vivre ailleurs auparavant mais tout de même en rejoignant mon père cela avait été un soulagement. Avec lui, ma mère et moi nous serions protégées, il n’y aurait plus à se soucier de dehors et surtout des fins de mois. « Enchantée Nich ! Je vois que tu as bien réussi ici ! J’espère pouvoir recommencer ma vie et la réussir de la même manière que toi ! Même si il va falloir du temps je pense. » Vivre après un drame pareil et avec un bébé à élever dans des conditions qui n’étaient pas souhaitées ce n’était jamais facile, mais comme tout le monde, on se relève on avance et on y arrive. J’étais assez battante pour le faire, mon père me le répétait assez souvent et en me voyant évoluer jour après jour je finissais par me dire que je ne me débrouillais pas si mal que cela après tout. « Mais ne garde pas un mauvais souvenir de l’Ukraine c’est un pays magnifique… Tu devrais y retourner quand le calme se sera vraiment installé… Ce qui est déjà en train de se faire. »