Dixie&Misha - King of the fall

Un peu plus, et c'est une coulée de bave qui me réveillerait. Je dormais paisiblement dans les bras de Morphée ; les nuits étaient rares où je parvenais à trouver un sommeil paisible et réparateur. Il faut croire que la chance se collait de plus en plus à moi, dernièrement, puisque ce n'est jamais tant fatiguée et exténuée que je me réveillais, le lendemain matin. Je n'avais conscience de rien, lorsque je dormais, et bien que dans mes mauvais moments, toujours je faisais des cauchemars ; c'était tout le contraire lorsque j'étais convaincue que tout allait pour le mieux. Rien à redire, ni les rêves, ni les cauchemars ne venaient nuire à ma nuit. Peut-être était-ce ainsi, puisque je n'étais pas le genre de personne à se morfondre et à réfléchir philosophiquement à des questions fondamentales juste avant de me coucher. Ainsi, je n'avais rien sur quoi réfléchir en dormant. Étrangement, depuis mon accident, le seul truc qui m'aidait à dormir, c'était d'avoir une pensée pour mon défunt frère, décédé il y a de cela maintenant huit ans ; huit ans déjà et il me manquait toujours autant. Pourtant, ça m'apaisait, bien plus que ça ne me dérangeait. J'avais appris à vivre avec sa mort, au fil des ans, et à faire mon deuil convenablement, même si chaque jour je regrettais. Ça aurait pu être moi, sur son lit de mort, mais le destin en avait décidé autrement. Après tout, tout le monde avait ses regrets et ses souffrances, j'étais bien loin d'être la première. Enfin, ce n'est pas de la bave qui me tira de mon sommeil, mais bien la sensation d'avoir quelque chose, ou plutôt devrais-je dire quelqu'un, contre moi. J'étirai doucement mon cou afin de découvrir que je me trouvais en position cuillère avec... Misha? Qu'est-ce que j'faisais là, moi? J'étais trop endormie et trop paisible, comme si j'ne m'étais pas encore complètement sortie des bras de Morphée, pour le repousser ou seulement me poser des questions sur ma présence ici. Car ce n'était pas mon lit, ça. Je bougeai doucement pour me positionner un peu plus confortablement, en poussant un bâillement. " Mmh.. bien dormi? ", murmurai-je, incertaine de s'il s'était endormi ou s'il était réveillé. On aurait dit un vieux couple dans la cinquantaine, quoi. Mais c'était loin d'être le cas. Mais après tout, on ne pouvait pas être chiant dans un lit, pas vrai? La journée commençait du bon pied seulement si on l'en décidait ainsi, alors j'allais pas m'faire chier plus qu'il fallait. De toute façon, j'étais pas chez moi, ici.

Vous savez, quand vous venez de vous réveiller, et que la seule envie que vous ressentez, c'est de vous rendormir pour une heure ou deux encore, ou même pour toute la journée, tellement vous êtes bien, au chaud, sous vos couvertures? C'est ainsi que je me sentais, présentement. Si bien au lit, que je n'en serais sortie pour aucune raison, même si ce mec à mes côtés n'était pas, disons-le franchement, le premier avec qui j'aurais souhaité dormir. Je ne me posais aucune question, je somnolais toujours, respirant l'air du matin, comme si la fraîcheur était au rendez-vous ; mélangée à cette odeur masculine qui entourait la chambre. Après tout, c'était la chambre de Misha, non? Quelle autre odeur aurait bien pu en ressortir? "Plutôt bien ouais... Et toi ?" Je maugrée gentiment en poussant un soupir d'extase, car pour être sincère, j'ai véritablement bien dormi, et c'est rare, ça.Très rare, même. De quoi faire un X sur le calendrier lorsque je passe une nuit sans sueurs froides et sans tisane pour me calmer à deux ou trois heure du matin. " Très bien. " Et là, je sens des lèvres se poser sur ma nuque, ce qui t'arrache un frisson. De quoi me rendre toute molle, d'un coup. C'le point faible de bien des filles, ça. Ça m'arrache un soupir, un frisson, un sourire, et encore là, je ne me pose pas de questions sur la raison, ni l'émetteur de ce baiser. Je ferme les yeux un instant, prête à me rendormir, mais non, plus maintenant. D'une voix douce et silencieuse, je demande une nouvelle fois : " Dis, j't'ai pas réveillé, hein? J'ai pas trop bougé? " Je posais la question, un peu inquiète, car tout de même, quand j'étais seule, et que je faisais des cauchemars, ça m'arrivais de me débattre ou de parler seule dans mon sommeil. Mais il ne me semblait pas que c'était le cas, sinon, Misha m'aurait très certainement engueulée, ou sermonnée, pour ensuite me jeter en dehors de son appartement. D'ailleurs, comment j'étais arrivée ici, moi? Comment en étions-nous venu à un accord commun? Une trêve de paix? Nous avions levé le drapeau blanc hier soir, ou...? Je me trémoussais légèrement dans le lit, appréciant cette chaleur corporelle et masculine ; c'est vrai que ça me manquait, ça, et je n'allais pas fuir ce petit moment, même s'il était étrange et très inconscient.

"Non t'inquiète..." Son ton avait l'air perdu, faible, mais je mettais cela sur le compte du sommeil et de la fatigue. Je ne voulais pas l'énerver avec quelque chose dès le réveil, car se prendre la tête au petit matin, c'était pas trop mon truc. Jouer les chiantes, j'aimais mieux pas. Pourtant, il avait bien beau être l'un des mecs les plus énervants que j'connaisse, ça ne m'empêchait pas d'éprouver une touche de sympathie et d'inquiétude à son égard. Bon, ça ne durerait certainement pas longtemps, mais autant en profiter, non? " Et ça va..? ", demandais-je discrètement, de peur de l'importuner, ou de l'énerver, en fait. Bon, au pire des cas, je le remettrais à sa place et  je n'hésiterais certainement pas à le faire, advenant le cas que ce beau moment se transformait en champ de bataille. Je me posais encore plus la question lorsque ses mains glissèrent le long de mes hanches. Oups, que se passait-il? Avait-on bu, hier soir? Était-il encore saoul de la veille? Ou était-ce son état naturel, au petit matin? Intérieurement, tu émis un petit rire, mais j'appréciais tout de même le contact, une sorte de contact qui m'avait tant manqué et que je n'hésiterais pas à chercher, ou bien à en profiter, tout simplement, dès que ça se présentait. Je me retrouvais soudainement face à un Misha quelque peu échevelé, des cernes du réveil sous les yeux, et une regard que tu ne reconnaissais pas. Après tout, nous nous retrouvions souvent à nous engueuler pour X raison, que c'est souvent de l'exaspération que je lisais sur son visage. Il lisait très probablement la même chose sur le mien, mais pas à cette heure. Mon visage était d'un coup enfoui dans son cou, et c'est encore plus vivement que son odeur de mâle m'arriva au nez. Un torse bien dessiné s'trouvait sous mes yeux et je n'y portais attention que lorsque ça m'enchantait. Comme ce matin. " Tu sens bon, Misha. ", dis-tu en émettant un p'tit rire, alors que ta main se glissait sur son torse, comme point de repos. T'avais toujours dormi en soutif et en shorts courtes, de sorte à ce que tu n'aies pas trop chaud, et sa main dans ton dos te réchauffait à la fois de te donner quelques frissons, qu'il devait certainement sentir. Tu ramenais ta jambe à toi, pour être plus confortable, et elle se glissait délicatement contre la sienne. Wah, c'est fou c'que tu pouvais restée à moitié endormie longtemps, peu consciente de c'que tu faisais, n'est-ce pas?

Ça m'arrivait, des fois, où rien n'allait, où tout était déprimant, où j'aurais aimé taper dans quelque chose, sur quelqu'un. En fait, c'était de moins en moins rare. L'envie se faisait toujours un peu plus forte et c'est dans le sport que je me décompressais, que j'faisais sortir mes émotions. Autrefois, c'était en couchant à gauche et à droite. Aujourd'hui, j'étais en manque, carrément, mais ça ne me rendait pourtant pas plus ou moins irritable, puisque j'arrivais à mettre ma colère de côté. La plupart du temps, du moins. Tout pouvait me faire chier, une journée, et l'autre c'était le contraire. Comme là, en fait. Hier, t'aurais pu envoyer bouler Misha au réveil, et pourtant là, j'étais prise d'affection, j'en avais besoin et je voulais en donner. J'étais sur lui, pas à califourchon, mais simplement allongée confortablement et je me serais bien endormie là de nouveau, surtout qu'il venait me caresser le dos du bout de ses doigts, ce qui avait le don de m'apaiser toujours un peu plus, à vrai dire. Sacré Misha. J'le l'détestais, hein! C'était indéniable, puisqu'il se bornait à me détester moi, à cause du fait que ma personne dissimulait une carapace verte du nom de Mather, alors qu'la sienne était bleue. Bleue comme les Eliot, un pur, un vrai qui détestait ma race de gens différents. Et j'le détestais pour autant de haine, alors que j'avais toujours été une bonne fille, un peu énervante sur les bords, avec un caractère de merde quand ça m'enchantait ou dès que quelque chose me faisait chier.. J'étais pas comme les autres, j'étais différente et pourtant, tout le monde était différent. Lui-même était différent, et il n'était pas plus ou moins parfait qu'un autre. Il n'était pas mieux que mes confrères Mathers. Ni pire. En fait, j'le trouvais pire, parce qu'il choisissait d'agir ainsi. C'tait son problème, pas le mien! Mais allez, pas de haine ce matin. Pas comme ça. Pas dans cette position. Dans ce moment agréable. Il v'nait de me complimenter, avec un semblant de sincérité, ce qui m'arracha un sourire sincère. Sacré Misha, comme j'disais... Est-ce que c'était seulement un rêve? Le genre de rêve où on était si bien, et lorsqu'il s'terminait, la réalité nous arrivait en plein visage comme un coup de fouet. J'savais pas quoi dire. J'cherchais pas à l'embêter, même si une petite part au fond de moi voulais l'faire, rien que pour être taquine. " Toi, j'dois dire que t'es un peu échevelé, mais tu restes quand même beau. ", dis-je en venant à mon tour déposer un bref baiser sous la ligne de son menton, fermant les yeux de nouveau. C'vrai qu'il était beau. Même si c'tait un Eliot un peu chiant.

J'savais pas que Misha avait une histoire similaire à la mienne. Lui aussi, il avait perdu son frère dans un accident de la route. Il avait été aussi proche, sinon un peu plus que moi de sa mort, et j'savais même pas cette histoire, alors qu'elle nous était tout de même un peu commune. Ça faisait 8 ans que je vivais avec cette disparition tragique, cette mort horrible qui m'était restée sur la conscience pendant au moins cinq ans, qui m'avait fait couper les ponts avec presque toute ma famille, dont mes parents. J'l'avais vu crever sous mes yeux et je m'étais longtemps sentie responsable. Si j'avais su c'que Misha vivait, j'aurais pu comprendre, relativement, tout ça, mais au lieu de ça, à l'exception du moment présent, on faisait que toujours s'taper dessus et s'engueuler comme des cons, parce qu'on était différents, parce qu'on vivait dans des milieux différents. Comme si un océan nous séparait et que notre monde n'était pas le même de chaque côté, alors que c'était tout faux. Fallait s'ouvrir, parfois, pour laisser évacuer l'méchant, et faire entrer l'bon. J'avais connu ça. J'avais vécu ça. Et je le vivais toujours, mais différemment. On apprenait à vivre, tous les jours et on aurait parfois dit que nos apprentissages s'évaporaient lorsque l'on avait le dos tourné, que toutes nos bonnes actions n'avaient servies à rien et que jamais nous ne verrions le bon côté des choses, que tout serait négatif et qu'il faudrait se foutre un faux sourire sur le visage pour le reste de notre vie. C'était faux, fallait juste pousser plus loin et apprendre. Ma jambe descendait et remontait doucement contre celle du jeune homme, comme pour l'apaiser un peu plus, et le faire sentir bien, peut-être? Parce qu'il avait l'air d'apprécier, en fait. " Tu vas t'rendormir? Ou j'continue? ", demandais-je alors en souriant, alors que l'une de mes mains glissait un peu sous mon corps pour aller se glisser son son torse musclé, remontant, puis recommençant ; j'analysais même pas mes gestes, j'appréciais juste. Jusqu'au moment où ça péterait? Peut-être?

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