What to do when you've lost your keys for dummies feat Addison

Le téléphone de Thomas vibrait pour la énième fois ce soir ; un SMS d'un de ses amis qu'il venait juste de quitter. Il sourit seul dans la nuit, malgré l'heure tardive, il se sentait encore en forme. ça lui faisait un bien fou de profiter de ses soirées comme bon lui semblait, lorsqu'il n'était pas en train de travailler sur la Porsche Targa SC qu'on lui avait laissé pour quelques réparations - elle avait quand même 104 000 kilomètres au compteur - il savait qu'il pouvait compter sur eux pour un moment de détente. Arrivé sur le pas de sa porte, il fouilla dans sa poche droite, à la recherche de ses clés ; mais ses doigts avaient beau chercher dans les moindres recoins, ils se refermèrent bientôt sur du vide. Il soupira et dessina sans le vouloir une traînée de fumée blanche dans l'air. Merde, il n'allait pas se retrouver à la porte de chez lui ! Il fouilla hâtivement dans les autres poches, même celles se trouvant à l'intérieur de son manteau. Rien non plus. Malgré les deux verres qu'il avait consommé ce soir, son sang ne fit qu'un tour. Il se retrouvait bel et bien dehors en plein mois d'octobre.

J'étais sortie un petit moment dans la soirée, j'avais besoin d'évacuer tous les problèmes de ma vie en ce moment. Je ne me remet toujours pas de mon entrevue avec Rhys, et je ne sais pas ce que je dois faire avec Valentin. Je suis littéralement paumée et je déteste être comme ça, moi qui arrive toujours à garder un certain équilibre dans ma vie. Le sentiment amoureux est sans aucun doute le meilleur, mais il nous fait faire n'importe quoi, c'est certain. Mains dans les poches de ma veste, je rêvassais encore, me torturant l'esprit à chaque instant. Les deux trois verres que j'avais bu ne m'ont pas donné l'effet escompté, j'ai juste l'impression que je vais avoir mal au ventre demain. Je ne suis vraiment pas bien ces temps-ci, et il faudrait peut-être que j'en parle à ma soeur.. ou à Alexia. Ou à Vanille. Je ne sais pas qui appeler, car je n'ai envie de me confier à personne en ce moment. Je lève mon regard vers le trottoir et aperçois un jeune homme qui a l'air assez énervé. Au moins on est deux. Je m'avance vers lui, en même temps j'habite juste à côté, et je le reconnais. Il doit être d'Harvard très certainement, voire de la Quincy. « Hey ça va ? » l'interpellais-je d'une petite voix, un petit sourire accroché aux lèvres. Je me dis que c'est peut-être un violeur pervers, mais comme sa tête me revient, je tente le coup.

Son premier réflexe fut de glisser son téléphone portable dans la paume de sa main. Il y avait bien un numéro à composer en cas d'urgence non ? Mais il allait appeler qui à cette heure-ci ? Ses amis étaient certainement sur le trajet du retour, ils n'étaient ni serruriers ni descendants de Mc Gyver et ne pourraient donc certainement pas l'aider dans cette galère. Il pouvait toujours joindre un pote à la Quincy House pour savoir s'il ne pouvait pas dormir là-bas cette nuit, mais vu l'heure avancée, ça risquait de ne pas être possible. Il leva les yeux au ciel, comme s'il attendait une réponse des étoiles avant de râler.
« Hey ça va ? »
Addison se tenait à quelques mètres à peine de l'étudiant. Bon sang, le voilà son signe. Sans vraiment savoir pourquoi, un sourire apparut enfin sur son visage pourtant si grave quelques secondes plus tôt. Il se sentait tellement idiot devant la porte de son propre appartement...
- Salut ! lança t-il, rassuré de croiser un visage familier. Tu ne vas pas me croire si je te dis que j'ai paumé mes clefs ? demanda t-il avec une grimace.

Dans la pénombre, je ne reconnais pas tout de suite la personne à qui je m'adresse. Bien vite, je me rend compte qu'il s'agit de Thomas, mon bizut à la Quincy depuis quelques semaines. J'esquisse donc un grand sourire en le reconnaissant complètement, et bizarrement, ça me rassure de l'avoir croisé. Ça me remonte même un peu le moral, comme quoi il ne m'en faut pas beaucoup, même si je ne suis pas en pleine forme ces temps-ci. Je lâche un petit rire quand il m'avoue avoir perdu ses clés. Le pauvre, il fait un froid de canard en plus, c'est vraiment pas de chance. « Heureusement je suis venue pour te sauver ! » m'exclamais-je en souriant, alors que je commence à trembler de froid. Si je ne l'avais pas croisé, il aurait toujours pu se réfugier à la QH, mais les dortoirs sont fermés alors il se serait contenté de la salle commune. Pas terrible. « Tu veux venir chez moi ? » demandais-je gentiment à Thomas. Même s'il y a ma soeur, sa meilleure amie et son bébé, il y a toujours de la place. L'appartement est bien assez grand.

A quoi s'attendait-il en gardant les yeux rivés sur sa porte d'entrée, elle ne risquait certainement pas de s'ouvrir toute seule. Par réflexe, il fourra ses deux mains vides dans les poches de son manteau ; ça commençait à drôlement se rafraichir et pour le moment, il ne savait toujours pas où il allait passer la nuit. Il entendit Addison se moquer gentiment de lui, il l'avait bien cherché sur ce coup-là. Plus tête en l'air, on ne faisait pas.
- Justement, je t'attendais ! plaisanta l'étudiant. La Quincy tremblait de la tête aux pieds, elle portait un blouson qui paraissait un peu juste pour la saison.
- Je pensais te supplier mais si tu me proposes, je dis oui tout de suite ! répondit-il sans attendre. Il frotta ses mains l'une contre l'autre pour les réchauffer. Merde, quelle idée de se retrouver enfermé dehors aux prémices de l'hiver.
- Je ne voudrais pas m'inviter, tu es sûre que ça ne gêne pas ? Il espérait que sa réponse soit négative, elle était son seul secours. Sans compter qu'il y avait plus désagréable que passer la nuit dans l'appartement d'une Quincy comme Addison.

J'étais contente de pouvoir aider le jeune homme, je n'aurais pas pu me résoudre à le laisser dormir dehors tout de même. J'esquisse un petit sourire quand Thomas me dit qu'effectivement, il m'attendait. Et même si je commence à mourir de froid, nous restons ce qui me semble une éternité sur le pallier de son appartement. « Si j'te propose c'est que ça ne me gêne pas voyons ! » répondis-je en souriant, alors que je commençais déjà à marcher en direction de chez moi. Il fait vraiment un froid de canard, quelle horreur ! « Je te ferai même un café si tu veux ! » dis-je en lui faisant un petit clin d'oeil, l'incitant à marcher en ma compagnie pour ne pas devenir glaçon en quelques minutes. Il n'y a que quelques pas à faire pour arriver chez moi, et en deux minutes, nous sommes arrivées. Je tape le code de l'immeuble et laisse Thomas entrer. C'est tellement luxueux, j'ai du mal à m'y faire des fois. « Je t'en prie. » J'avais aussi beaucoup de mal à me dire que j'étais aussi riche de Candice maintenant, chose que je gardais pour moi tant ça me tracassait. Bref, j'appuie sur le bouton de l'ascenseur en essayant de me réchauffer tant bien que mal.

Il aurait bien pu se faire héberger par un copain ou passer la nuit à l'hôtel, mais le temps de joindre quelqu'un et de s'organiser...il ne serait pas couché avant minuit, dans le meilleur des cas. Thomas avait déjà du mal à ne pas tambouriner sur son réveil lorsqu'il sonnait à 7H30 chaque matin, c'était trop lui demander de raccourcir sa nuit. Addison avait l'air complètement gelée et il accueillit leur départ avec un grand sourire.
- Si tu me proposes, je dis pas non pour un café... Il était déjà tard et la caféine ne risquait pas de l'aider à dormir mais s'imaginer avec un bol de café chaud dans les mains, ça n'avait pas de prix. Le trajet entre l'appartement de Thomas et celui d'Addison fut plus rapide qu'il ne l'avait imaginé, ils habitaient à deux pas l'un de l'autre. L'étudiant resta interdit devant l'immeuble où résidait Addison. Il eut le temps de détailler l'ampleur du bâtiment pendant que l'étudiante tapait le code. C'était un de ces complexes sécurisé qu'il ne pourrait pas s'offrir, même avec son travail de garagiste. Addison pénétra dans la résidence à la suite de Thomas, ils se retrouvèrent rapidement dans un gigantesque ascenseur, barré de multiples boutons sur les cloisons.
- C'est...grand chez toi, dit-il en masquant sa surprise.

En fait, ce n'est peut-être pas vraiment une heure pour boire un café, mais il fait si froid que ça ne peut pas faire de mal. Moi, peu importe l'heure de la journée ou de la nuit, boire un café ne m'empêchera pas de dormir. « Un chocolat chaud sinon. » proposais-je au jeune homme en souriant. Nous arrivons vite devant le bel immeuble dans lequel je vis depuis quelques mois maintenant. Thomas a l'air époustouflé d'un tel luxe devant ses yeux, et d'ailleurs, je suis toujours un peu dans le même état d'esprit que lui même si je vis là depuis un moment maintenant. Me dire que je suis aussi riche que Candice maintenant, je n'en reviens toujours pas.. Je n'ai pas trop envie de l'étaler au grand jour. « Oui ma soeur fait pas les choses à moitié ! Candice Swarovski tu connais ? » Le nom de famille lui dirait forcément quelque chose, c'est évident. Il comprendra pourquoi l'endroit où nous vivons est si luxueux. Après quelques minutes d'ascenseur, nous arrivons au dernier étage et j'introduis la clé dans la serrure avant de laisser passer Thomas devant moi. « Après toi. » dis-je en souriant, refermant la porte derrière nous. J'essaie de ne pas faire de bruit pour réveiller les autres, et indique au jeune homme d'un signe de main de me suivre dans la cuisine.

Il ne put s'empêcher de penser que son père adorerait cet endroit. Son petit business en tant que courtier et tout ce qui respirait le luxe l'intéressait de toute façon. Addison semblait étrangement détachée, comme si elle semblait habituée à évoluer dans ce type d'endroit. Thomas était un chouilla moins à l'aise dans ce rôle, mais l'invitation de la jeune femme lui avait vraiment enlevé une épine du pied, et il ne risquait pas de l’oublier de sitôt.
- Tout ce qui sera chaud ou même bouillant me conviendra, avança l'étudiant avec un sourire.
- Swarovski, comme...? Il avait beau ne pas être au fait des us et coutumes féminins, il lui semblait bien avoir entendu ce nom dans une bijouterie. Impossible, qu'il s'agisse de la famille d'Addison ! Oui, j'ai déjà dû entendre le nom de ta soeur à la fac, répondit-il avec le sourire. L’ascenseur les emmena jusqu'au dernier étage de la résidence ; Thomas fut le premier à mettre un pied dans l'appartement d'Addison.
- Merci, dit-il en franchissant le pas de la porte. L'appartement semblait silencieux ; d'un signe de main, l'étudiante l'invite à le suivre. Addison disparut bientôt au détour du canapé, Thomas la retrouva quelques mètres plus loin dans la cuisine. Il passa une tête dans le salon, par réflexe et se mordit la lèvre en riant :
- Je crois que c'est pas le moment de faire tomber la tasse de café...

« Parfait. » répondis-je au jeune homme en référence à ses paroles précédentes. Il doit y avoir un peu de tout chez moi de toute manière, en passant du thé au café ou même au chocolat. Je pourrais lui proposer tout ce dont il a envie, si c'est pas cool ça. En espérant qu'on ne réveille pas le reste de l'appartement, car je ne vis pas seule évidemment. Jamais je n'aurais pu me payer un tel appart. Du moins, avant, car depuis que Candice m'a légué la moitié de sa fortune je pourrais déménager. Seulement, je n'en ai pas envie, j'aime vivre avec ma soeur. Je n'ai pas eu l'occasion de l'avoir près de moi durant mon enfance, alors j'en profite maintenant. « Oui Swarovski comme les bijoux, bagues tout ça. » acquiesçais en souriant, toujours amusée par la réaction des gens à cette annonce. Il admet avoir déjà entendu ce nom, heureusement quand même. Nous entrons ensuite dans le hall sans faire de bruit et nous nous dirigeons dans la cuisine. Je met la cafetière en route pour moi et me retourne vers Thomas. « Un café ou autre chose ? » demandais-je donc, sortant deux tasses d'un placard mural. Je me joins à son rire en me tournant à nouveau vers lui. « Oui on va essayer d'être discrets. » Même si j'ai un peu bu ce soir, je reste lucide et j'arrive à marcher droit. Je n'aimerais pas réveiller le bébé de Blue, ça serait bête quand même. « Du coup t'as pas une idée d'où t'as perdu tes clés ? »