Qu'est ce qui va nous arriver encore ? (PANKIRA)

Malgré le fait que je lui avais demandé de partir, il restait. Il était têtu, mais il semblait réellement inquiet pour moi. C'était sympa de sa part, mais c'était pas glam pour un réveil qui aurait pu être plus romantique que ça... Je ne vomissais plus mais par contre j'me sentais encore barbouillée, du coup je buvais l'eau que Akira venait d'aller me chercher. Je me relevais faiblement, surtout histoire de me nettoyer la bouche et j'en profitais pour me passer de l'eau sur le visage... Il avait peut-être raison, mais le fait était que j'avais tout de même du retard dans mes règles...

"J'espère aussi, après tout je ne suis pas habituée à ce genre de drogues..." fis-je pour me rassurer aussi, puis j'essayais de lui adresser un sourire. "Je crois que j'ai besoin... d'une douche. Tu viens la prendre en même temps que moi ou tu préfères attendre ?"

Ce devait être ça. Pourvu que ce soit ça. Je me relevai en même temps qu'elle, tirant la chasse pour effacer ce mauvais souvenir de nos mémoires. J'péférais me dire que ça ne venait pas d'arriver. Quand elle me proposa de prendre une douche, je fus un peu surpris, mais eu un mince sourire. Soit elle se remettait vite de ses émotions, soit elle me proposait ça sans aucune arrière pensée. Ce qui eut été assez étonnant... "Je ne peux pas dire non." Faut dire que je sentais le mâle, après la nuit "folle" qu'on avait passé. Et on avait bien besoin de se changer les idées.

Pour lancer le mouvement, et accessoirement pour l'embêter, je passai mes mains dans son dos pour dégrafer son soutien-gorge. Bah, elle l'enlèverait de toutes façons, non ? C'était plus sympa de la déshabiller moi-même. Je le fis doucement glisser par terre, un regard d'un coup bien plus suggestif porté sur elle.

Je ne m'y attendais pas. Je frissonnais lorsqu'il passa derrière moi pour me retirer mon soutien gorge, c'est qu'il avait de l'expérience le bougre. Je me sentais rougir, et encore plus lorsque son regard plus que suggestif se posa sur moi. "Quoi ? " fis-je étrangement intimidée par ce regard, ce n'était pas la première fois qu'il me voyait nue, mais aujourd'hui j'avais l'impression de réellement me rendre compte qu'elle était notre relation... Y'avait de la passion de son côté et du mien il y avait plus que ça... et peu importe les situations dans lesquelles on se retrouvait, on finissait toujours par dépasser le stade de simples baisers... Je retirais ma petite culotte rapidement et la balançait de l'autre côté de la salle de bain pour vite entrer sous la douche... Je le provoquais sans réellement le vouloir, mais après ce qu'il s'était passé, j'me sentais pas d'attaque pour faire quoi que ce soit d'autre...

Quoi quoi ? J'avais le sentiment que quelque chose la dérangeait. Bien sûr, j'avais pas envie de recommencer la même connerie qui nous avait conduit à nous poser des questions ce matin. Si l'on venait à faire quelque chose, ce serait avec une capote, voire deux ou trois pour être sûr. Comme quoi je peux effectivement apprendre de mes erreurs.

Elle se faufila dans la douche après avoir expulsé sa culotte à l'autre bout de la pièce. J'étais un peu mitigé face à ses réactions, mais décidai de me déshabiller à mon tour pour la rejoindre. L'eau chaude claqua finalement sur nos visages, et c'était bien le coup de fouet dont j'avais besoin pour me remettre... Je rouvris les yeux pour poser mon regard sur le sien. Et faisant fi de ses signaux contradictoires, je lui volai un baiser. Du genre pas très sage. Tant pis pour la baffe qui allait sans doute arriver, au moins je serais fixé.

J'me rendais compte qu'avec le retard de mes règles, je pourrais être enceinte de lui... Je ne savais pas ce qui me faisait le plus peur... être enceinte à mon âge, ou bien le voir disparaître de ma vie parce qu'il serait incapable d'assumer ce genre de responsabilités... L'eau chaude qui coulait me faisait du bien, je ne savais pas comment réagir face à Akira, face à tout c'que je pouvais ressentir pour lui... Face à tout ce qu'on avait vécu la veille... J'avais essayé de lui faire croire que j'en avais marre de lui, que j'en avais marre de souffrir et de m'inquiéter pour lui... Mais tout ça c'était faux, j'me connaissais que trop bien, et c'est quand il vint m'embrasser que j'me rendais compte que j'étais prête à crever pour lui... et à tout sacrifier pour lui... Je passais mes mains autour de son cou pour lui rendre ce baiser plus que langoureux et c'est seulement quelques minutes plus tard que je le rompais pour reprendre ma respiration... J'avais cruellement envie de lui, de lui dire ces trois mots que j'avais au bout des lèvres depuis bien trop longtemps... Mais j'voulais pas le faire fuir, alors je me faisais violence pour ne pas céder à cette envie de tout lui dire...

Mon petit coeur blessé s'emballa douloureusement lorsqu'au lieu de me repousser, elle passa ses mains autour de mon cou pour mieux appuyer ce baiser. Dans un certain sens, je me sentais soulagé. Soulagé de ne pas la faire fuir. Je posai mes mains dans le creux de son dos, remontant doucement à sa nuque alors que j'appréciais chaque contact de ses lèvres.

Finalement, elle s'écarta doucement, et je fis de même. En fait, si. Quelque chose clochait. Sauf que ce n'était pas chez elle, mais chez moi. Des émotions jusque là enterrées bien profondément semblaient vouloir refaire surface. Peut-être était-ce juste ma réaction à toutes ces angoisses accumulées depuis 24 heures, mais je me sentais... tendre ? J'avais pas envie de ça. J'avais pas l'intention de me laisser aller au sentimentalisme dégoulinant de miel. Non. Sur la liste des choses à éviter, tomber amoureux était facilement dans le top 3 après "devenir père" en première position.

Mon regard rendu bien trop sérieux -presque froid- par ces pensées se posa sur celui de la jeune femme. Et sans que je ne lui laisse le temps de réfléchir, brusquement, je la plaquai contre l'une des parois de la douche. Du sexe sans sentiments, sans compte à rendre, voilà ce pourquoi j'étais là. Ca ne serait pas plus, jamais. Je scellai un nouveau baiser sur ses lèvres, plantant mes doigts sur ses hanches. Je voulais mettre tout ce que j'avais de douceur de côté, pour me prouver peut-être égoïstement à moi-même que j'en étais encore capable.

Je ne savais pas ce qu'il se passait, pendant quelques secondes seulement j'avais eu l'impression qu'il se montrait plus... tendre ? Puis tout bascula les minutes qui suivaient, de la tendresse, il était revenu à son état normal, son regard était devenu froid... Qu'est ce qui avait bien pu se passer dans sa tête pour que ce regard froid refasse surface en si peu de temps ? Qu'est ce que moi j'avais fait ?
Il fut violent avec moi lorsqu'il me plaqua contre la paroi de la douche, ses doigts plantés sur mes hanches, alors qu'il m'embrassait presque trop violemment... Je paniquais, au point que mon coeur rata un battement... Pourquoi avait-il changé de comportement aussi rapidement ? Alors que moi j'étais sur le point de lui dire ces trois mots qui me brûlaient les lèvres... J'avais été conne, conne de croire qu'il aurait pu se montrer doux avec moi et conne de croire qu'il n'allait rien tenté... Je paniquais, j'avais pas envie de ça, pas après la peur que j'avais eu en vomissant mes tripes quelques minutes plus tôt... J'essayais de me débattre, pour le repousser, mais je sentais toutes mes forces me quitter... "Akira...Arrête, tu me fais mal ! Lâche moi !" J'le repoussais et finalement j'arrivais à lui mettre une belle claque pour le calmer.

" Putain, t'es pas sérieux quand tu fais ça ?! Merde...j'ai été conne de croire que t'allais être doux avec moi ne serait-ce que pour ce matin ! J'suis déçue, j'espère que t'es fier de toi..."

J'quittais la salle de bain, furieuse, ne prenant même pas le temps de me sécher, alors que je récupérais mes sous-vêtements pour aller m'habiller ensuite dans ma chambre. J'étais en colère, contre lui et contre moi-même, comment j'faisais pour être aussi naïve ? Pourquoi est ce que j'étais tombée amoureuse d'un sale con comme lui ? Maintenant ouais j'me rendais compte que tout ce qu'il voulait de moi c'était que du sexe... J'pensais avoir été capable de le rendre un peu plus doux mais non... J'voulais pas... j'voulais pas l'affronter après c'qui s'était passé dans la salle de bain, je ne pouvais pas rester ici... Alors sans attendre je quittais rapidement mon appartement, les yeux embués par mes larmes de colère... Je paniquais, j'arrivais pas à me calmer... et j'arrivais enfin dehors... Sauf que je n'avais pas fait attention à ce qui m'entourait, ni même que j'étais sur la route... Quand une voiture me percuta... Je sombrais...et la dernière personne à laquelle je pensais c'était Akira...

Ce qui devait arriver arriva. Je me pris une baffe magistrale, qui étrangement ne me fit pas réagir. Non, je restais là, à ne rien dire alors qu'elle m'engueulait encore, à juste titre. Perdu dans mes pensées, je détournais le regard. J'savais plus quoi faire, que ce soit avec elle ou avec moi-même. Peut-être était-ce le moment de tout arrêter. Je lui faisais du mal, et tout cela ne menait à rien. J'étais bien mieux seul, loin de tout sentiment.

Je la laissai sortir, et attendis quelques minutes avant de suivre le mouvement. Fallait que je parte d'ici. J'avais provoqué assez de malheurs comme ça. Mais alors que je finis de me rhabiller, j'entendis la porte d'entrée claquer. Elle s'était cassée avant que je ne le fasse. Soit, je fis de même. Tant pis si l'on se croisait dehors, on n'aurait qu'à régler ça une bonne fois pour toute. Je lui dirais que tout cela n'en vaut plus la peine, qu'on ferait mieux de ne plus se voir, que...

Un bruit violent raisonna depuis l'extérieur alors que je descendais les escaliers. Un freinage sec. Des cris. J'espérais me tromper, me faire encore des films... Mon corps pris le dessus sur mon esprit figé par la peur, et je me précipitai dans la rue. Une voiture arrêtée, des gens qui commençaient à s'entasser, plus ou moins apeurés. Je me frayai un passage, et trouvai, désemparé, le corps de mon amie gisant sur le bitume. Non, non, non... Je me laissais tomber à ses côtés, devinant avec effroi ce qu'il venait de se passer. Et mes pensées défilèrent bien plus vite que je ne pouvais les gérer. Ne pas la déplacer. Lui parler. Elle ne répondait pas. Je posai deux doigts sur son cou, et sentais son pouls faiblir. Déjà, j'entendais une ambulance approcher. Putain, ne me lâche pas... Ne me lâche pas.