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Son sac de sport commençait vraiment à m'intriguer. Je tirais nerveusement une latte de la cigarette que j'avais entre les lèvres, sans le quitter des yeux. Il n'allait pas me sortir un flingue, quand même : toute faon, il aurait trop peur que je le dénonce. Mais je voyais vraiment pas. C'était trop petit pour être une trottinette, trop gros pour être juste des clés ou je sais pas trop quoi. J'étais tentée de m'accroupir près de lui pour voir le sac de plus près, mais en jupe, c'était pas le bon plan, alors je me contentais d'attendre, et je fronçais les sourcils en le voyant sortir un vieux chiffon, avec des formes cylindriques à l'intérieur. Il l'ouvrit sur le sol, avant de se redresser à ma hauteur, un sourire aux lèvres. Il était tout fier de me sortir qu'il allait faire sortir la mather enfouie en moi, et moi je n'arrivais juste pas à détacher mon regard des bombes de peinture. Il voulait que je.. fasse des tags? Des dessins? Que je vienne refaire la déco de sa chambre? Je savais même pas dessiner une voiture correctement, avec des crayons de couleurs, alors des choses sur des murs avec une bombe.. Ce mec est complètement taré. Puis à tout les coups c'est pas légal ça en plus. Je ne savais pas du tout quoi répondre, et je me contentais de le fixer longuement. Je savais qu'il attendait ma réaction. Et je savais que si je lui sortais que moi, je faisais pas ce genre de truc, il allait être déçu. Sûrement pas déçu de pas passer la soirée avec moi, mais déçu de s'être trompé en pensant que j'en étais capable. J'étais partagée entre ma bonne conscience et mon envie de me lâcher, de déconner, de.. lâcher prise, comme sur la plage au Spring Break. De me laisser aller, de marcher sur un fil tendu sans autre filet de sécurité que lui. Laissant mon regard dévier des bombes à sa tête, sa dernière phrase eu raison de toute la bonne conscience qui avait put y avoir dans mon esprit à un moment dans ma vie, et j'haussais les épaules, avec un sourire amusé aux lèvres. Toute façon, il fait noir, personne ne nous verra. " J'suis pas mather, tu te trompes, je suis une Cabot qui sait s'amuser, et je vais te le prouver. " Frappant dans mes mains, balançant au passage ma cigarette sur le sol, l'écrasant de la pointe de ma sandale, je lui offris un grand sourire. " J'suis partante mais j'vais avoir besoin d'un petit peu d'aide, par contre. J'suis légèrement novice en délinquance. " Pire que légèrement novice, à part oser ne pas jeter les emballages plastiques dans la poubelle jaune, j'avais rien fait d'illégal, à ma connaissance. Du moins pas sobre. Et malgré moi, j'avais juste.. envie de commencer. Envie de m'amuser, envie de voir un peu sa vision du monde, envie de me lâcher.
J'étais emplie de la même sensation de braver les interdit que quand, petite, je piquais des sucrerie dans le pot de la cuisine. Et putain, j'avais hâte, en fait, j'avais carrément hâte de m'amuser, de m'exprimer.. certes, j'aurais plus songé à un restaurant pour une soirée, mais finalement, le mather avait eu une bonne idée. J'étais en train d'apprécier l'idée de délinquance d'un mather, qui s'était foutu de ma gueule et m'avait forcé à avouer que j'avais trompé mon ancien fiancé, et je ne trouvais pas de symptômes signifiant que j'étais devenue folle. Puis bon, je suis toujours Olympe, il n'y a rien que je ne puisse faire si c'est pour ne pas perdre la face, face à quelqu'un. Tu n'en étais pas sûr sinon tu n'aurais pas essayer de me convaincre, m'amusais-je en le regardant ébouriffer ses cheveux. Et à vrai dire, je n'en étais pas sûre non plus, et je me sentais gauche, face à ces bombes de couleur. Si il voulait que j’abime un mur, ou l'embellisse, selon le point de vue, il allait devoir m'en dire un peu plus. Sinon, j'allais dessiner des paquerêttes, là, je savais faire. Lorsqu'il ajouta que la délinquance était son domaine, je levais les yeux, en soupirant volontairement d'un air exaspéré, mais toujours avec un sourire aux lèvres. Oui, tout Harvard le sait déjà ajoutais-je avant de lui lancer un regard moqueur. Tout comme tout le monde pensait que j'étais une pimbêche prétentieuse blindée de fric. Bon, c'était pas totalement faux, mais j'étais plus que ça, au fond, beaucoup plus. Je pris ensuite la bombe qu'il me tendait, l'observant dans ma main comme si c'était.. comme si c'était une chose totalement inconnue. Je suivais Jeno du regard tandis qu'il se plantait face au mur, m'expliquant comment me transformer en pure délinquante. Finalement, ça avait pas l'air compliqué, comme truc. Pas compliqué du tout, il commençait juste après m'avoir expliqué, et j'étais curieuse de savoir ce qu'il allait faire. J'avais l'intention de le regarder sans me lancer, repoussant ce moment, mais il se tourna vers moi en m'incitant à venir à mon tour. J'arrive, lançais-je avant de secouer ma bombe à mon tour, prête à me déboiter l'épaule si il le fallait, avant de venir à quelques mètres de lui, face au mur. Je ne voulais pas me tromper, je voulais une phrase belle, une phrase qui me parlait. Puis, avec un grand sourire, je commençais en m'appliquant, loupant clairement ma première lettre, tenant ma bombe trop près, m'améliorant déjà à la deuxième. C'était pas sorcier. Et c'était amusant, j'étais ravie de pouvoir laisser ma trace, de faire un truc sortant de l'ordinaire. Me reculant légèrement, j'admirais mon premier mot. " Il". Hé, c'est pas dur en fait ! m'étonnais-je à haute voix avant de continuer.
Certaines personnes ont un don, pour dessiner, et je pensais que c'était réservé à ce type de gens, le dessin sur les murs. Mais visiblement même une personne ne connaissant pas son cercle chromatique pouvait s'y essayer. J'étais tellement concentrée sur mes deux premières lettres que je ne m'étais pas rendue compte que j'avais parlé un peu trop fort en laissant exprimer ma joie, et je rougis légèrement en l'entendant parler d'une grave à vue. C'était tout bête, mais je préférais éviter ce genre de petit soucis, cette nuit. Je n'avais pas besoin de la police en plus dans ma vie, clairement. Oups, gloussais-je en imaginant quand même la tête de César si je lui demandais de venir me chercher. Il me tuerait, clairement. Si je n'étais pas morte avant, si j'étais forcée de rester avec des motards dans ma cellule, ce qui n'était pas vraiment mon fort. Me concentrant sur mon dessin de nouveau, je sentais Jeno se glisser derrière moi, d'abord à quelques dizaines de centimètres, puis .. plus proche. Me figeant un instant, je me demandais ce qu'il faisait, lorsque je sentis sa main sur la mienne, pour me montrer avec une douceur surprenante le bon geste. Le souffle coupé, je le laissais faire, essayant de bien retenir le mouvement, pour pouvoir le refaire juste après. En effet, son trait était plus droit et plus net que le miens, mais j'avais eu du mal à me concentrer dessus correctement. Il l'avait quasiment fait tout seul, ma main se laissant totalement guider. Ravie du résultat malgré tout, je tournais la tête vers lui, en même temps que je le remerciais : Oui, merci. Passant une main nerveuse dans mes cheveux, je me concentrais pour bien refaire ce qu'il avait fait, les sourcils légèrement froncés, oubliant même sa présence tellement j'étais captivé pour tracer un joli T, puis toutes les lettres, une à une, avec une application caractéristique de mon esprit perfectionniste et têtu. Puis, je soufflais doucement en voyant le résultat. Pas mal non..? commentais-je en observant ma phrase : " Il y a toujours une idée dans chaque détail". Ouais, j'étais plutôt fière de moi, en fait.
J'étais en pleine contemplation devant mon œuvre d'art, plutôt fière de moi. C'était kiffant comme truc, en fait. La feuille de Jeno était carrément belle aussi, bien plus jolie que ma phrase, mais j'étais quand même fière, chacun ses possibilités. J'vais finir artiste de rue moi, attention ! lançais-je en rigolant, réfléchissant déjà à ce que je pourrais faire ensuite. J'aurais kiffé faire un kangourou, pour l'australie ou au moins un koala, ou un truc du genre, mais j'étais nulle en dessin, et ça ferait tâche. J'étais en plein dilemme intérieur quand je sentis Jeno paniquer après avoir lâché un juron. Il prit son sac rapidement, avant de prendre ma main et de se mettre à courir. Mais putain t'es dingue ou quoi? lançais-je, manquant de m'écrouler par terre, lâchant la bombe que je tenais au sol, m'éraflant tous les orteils sur le goudron su sol, grimaçant, cherchant à le faire se stopper avant que je ne m'écroule. Je tournais la tête une seconde pour voir pourquoi il avait pété son câble, et je vis deux lumières bleues. Serrant cette fois sa main à mon tour, comme pour le supplier de ne surtout pas me lâcher maintenant, je le suivis contre une grille, me jetant au sol à sa suite, le coeur battant à la folie, les mains tremblantes. Les yeux écarquillés, je tremblais comme une feuille, cherchant à littéralement me fondre dans cette grille, derrière cet arbre, pour éviter de me faire choper en train de dégrader un mur public. tournant la tête vers le mather, qui riait en me demandant ce que ça faisait d'être une délinquante, je secouais la tête, avalant ma salive, cherchant à reprendre mon souffle. Merde, j'avais failli me faire arrêter par la police. J'en revenais pas. Arrêter par les flics. Je levais les yeux de nouveau vers Jeno, avant d'exploser d'un rire nerveux, cherchant à me cacher derrière mes genoux et mes mains. Putain t'es MALADE. J'en reviens pas, les flics ! Me mordant la lèvre, je secouais la tête. C'est pas pour moi ça, mon coeur va lâcher.
Je me sentais bien. Je me sentais bien, alors que j'avais couru pour échapper à des policiers qui auraient put nous faire payer un amende, ou pire, nous embarquer, mais tout ce que je trouvais à faire, c'était rire, parce que c'était tout simplement drôle, tout simplement putain d'une situation amusante. " Notre créativité, ouais, c'est ça, nous sommes créatifs, c'est bien connus ! " Je riais sans pouvoir m'arrêter, posant mes coudes sur mes genoux, et mon visage dans mes mains. Ouah, il m'avait promit un truc original, et ça l'était, finalement, ça valait le coup de pas m'endormir et d'attendre.. Baissant les yeux sur ce qu'il était en train de faire, je réalisais en le voyant sortir la bombe de son sac que la mienne était sûrement un cadavre dans la rue à l'heure actuelle, abandonnée. " Merde, Jeno, j'ai laissé tomber la mienne, en courant.. " Je tendais un peu le cou pour voir si je pouvais l’apercevoir, mais il faisait noir, et les lampadaires n'éclairaient pas grand chose. Et je n'avais pas envie de me lever toute seule pour y retourner, du coup je ne bougeais pas, observant ce que faisait Jeno. Ne bronchant pas lorsqu'il me prit mon poignet, je suivit du regard son doigt tracer un M sur mon poignet. En vert. Okay, ça faisait pas de doute sur sa signification.. J'avais cessé de rire, il lorsqu'il me dit en levant les yeux vers moi qu'il me nommait Mather d'une nuit, je fronçait les sourcils. Okay, je m'amusais, mais Mather.. y'avait trop de chose avec la signification de cette maison. Mais je ne pouvais me résoudre à déclarer que non, et à effacer la lettre à mon poignet, du coup je soufflais : " Je suis pas si petite que ça, le délinquant. " Je ris légèrement, toujours en l'observant, puisque lui me fixait. Puis mon rire se transforma en grand sourire. Hum.. ce compliment me touchait. Franchement, plus que je ne le pensais : parce que moi aussi je passais un bon moment, ce soir. " Merci beaucoup, et tu sais moi aussi.. " Puis je repris, en me penchant vers sa main. " Mais moi je n'ai pas encore eu l'honneur de te taguer, c'est pas normal. " Tout en disant cela, je trempais mon doigt dans le reste de la couleur verte au creux de sa main, avant de me concentrer pour tracer un trait sur sa pommette droite. Me reculant légèrement, satisfaite du résultat, je répétais l'opération pour tracer un trait symétrique sur sa joue gauche.