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Plus motivée que jamais pour reprendre mes cours, j'étais ravie de venir de nouveau sur le campus, pour retrouver ma chambre à la Cabot House après un été de travail, et une cure thermale en Islande, et pour retrouver mon frère. J'avais été le chercher à l'aéroport, et j'étais ravie de le voir, même si il avait laissé Leah, sa fille, en Australie. C'était le petit bonheur de l'été, j'avais une nièce maintenant, et j'avais décidé d'aller acheter des affaires pour les envoyer par la poste à sa mère, pour son premier mois. J'étais complètement gâteau d'elle déjà, même si elle avait plus de voix qu'un chanteur d'opéra et qu'elle pleurait environ.. 23 heures par jour. Du coup j'avais gardé quelques cernes de mon séjour pour la voir, mais j'étais pleine d'énergie pour reprendre l'année scolaire. Marchant tranquillement dans le campus, pour aller lui acheter des petits chaussons et des petites robes, je vis une silhouette familière, allongée sur l'herbe. Ralentissant un instant, j'hésitais à continuer et à tracer sans m'adresser à Jeno, mais j'étais déjà trop près de lui pour qu'il ne m'ait pas vue, et je n'avais aucune envie qu'il ne m'interpelle devant tout le monde, pour s'amuser. Je n'avais pas envie de me faire remarquer en sa compagnie, il n'était pas adoré du Doyen, et se mettre le Doyen à dos, c'est pas idéal pour les études à Harvard. Du coup je me penchais vers lui, m'accroupissant à ses côtés, ôtant mes lunettes de soleil pour les mettre sur mon front. " Hey..? " Je n'étais pas certaine du comportement à adopter avec lui. M'en voulait-il pour sur la plage? Je n'étais plus moi-même, et je ne me souvenais pas de grand chose, mais mes souvenirs étaient déjà assez honteux.
Il y a certaines personnes à qui on ne peut dire non. J'avais un petit peu l'impression que c'est ce qui venait de se passer : il avait suffit d'un regard de Jeno pour que je vienne le voir, parce que je n'étais jamais certaine de ce qui lui passait par la tête, et je ne voulais pas qu'il me fasse remarquer devant tout les passants que je l'avais ignoré. Alors je m'étais dirigée vers lui pour m'accroupir à ses côtés - non sans avoir senti son regard glisser un instant sur mes jambes, tous les mêmes ! - avec un petit sourire gêné et incertain sur les lèvres. Parce que soit il pouvait être sympathique et accueillant, être amusant et même être légèrement moqueur, soit la moquerie allait prendre le dessus, et ses remarques sur mon comportement allaient être amères. Il était aussi défoncé, mais clairement moins que moi la dernière qu'on s'est retrouvé tout les deux allongés quelques part, sur cette plage où j'ai franchit un cap que je ne franchirais plus jamais : les joints, très peu pour moi. Il répondit à mon salut sans me quitter des yeux, me mettant légèrement mal à l'aise : du coup je baissais les yeux sur sa cigarette, et sur sa bouche. C'était une habitude pour lui, de se bousiller la santé? Finalement, il tourna la tête pour expirer la fumée ailleurs que sur moi, et l'attention me fit légèrement sourire. Okay, peut-être ne m'en voulait-il pas tant que ça. M'asseyant à ses côtés pendant qu'il semblait songer, comme moi, au spring break, je ris à mon tour en l'entendant m'annoncer que son Summer Camp avait été moins drôle sans moi. " Comment ça, tu n'as pas trouvé de Cabot échouée sur la plage, qui voulait te piquer ton joint, alors qu'elle n'a pas un organisme capable de résister même à deux bières? Tu dois être très déçu. " Au moins très déçu, si ce n'est carrément triste. Cela dit, je lui avait payé le resto la dernière fois, se faire inviter gratis avait dut lui manquer.
Il y a un an, si on m'avait dit que je finirais assise dans l'herbe -adieu mon short en jean bleu clair, il allait être bon pour la poubelle - avec un dealer, j'aurais rit au nez de tout ceux le disant. Et que, pire encore, j'avais explosée et complètement défoncée aux pieds de ce dealer, et que j'avais failli me jeter dans la mer, et que j'avais été dans un restaurant avec des fringues trempées, j'aurais cette fois appelé l'hôpital psychiatrique. Mais visiblement le départ d'Esteban m'avait bien remuée, et j'avais eu besoin d'évacuer la douleur. Chacun son truc, y'en a qui font du dessin, moi je viens faire chier Jeno, après tout, nous sommes libres de nos choix. J'étais d'ailleurs soulagée qu'il ne l'ai pas mal prit, et qu'il n'ait pas l'air de vouloir enfoncer le clou en m'humiliant. Alors que je le pensais plus à adopter ce genre de comportement là, pas à s'asseoir à mes côtés et à rire avec moi. Secrètement ravie qu'il n'ait pas trouvé d'autre Cabots à rendre malade avec un joint - autant parce que je me sentais une seconde exclusive que ça voulait dire que mes acolytes roses allaient bien.. - je secouais la tête. " Je t'avoue que je préfèrerais avoir des performances ailleurs qu'en.. qu'en Cabot perdue. Et au passage, je ne suis pas petite, fait attention sinon je reviens avec des talons plus haut. " Je levais le majeur, comme si je lui faisais la leçon, essayant de me retenir de sourire. Ouais, j'étais en sandales mais je pouvais maitriser les 15 centimètres de talons. Ensuite, forcément, collant à l'image de profiteur des mathers, monsieur prit le loisir de me demander quand j'allais l'inviter encore au restaurant. Me mordillant la lèvre, je secouais la tête : franchement, me faire un compliment pour toucher à mon argent.. Tout seul, le compliment disant qu'il me trouvait sublime - ou du moins que je l'étais- m'aurais fait plaisir, mais là.. Même si il rigolait peut-être, j'étais blessée. Et du coup, j'eus du mal à sourire, en l'entendant dire que je lui devais encore une soirée. C'est vrai qu'il n'avait jamais vraiment savouré son lot, gagné à la vente aux enchères de la Cabot House. " Exactement, mais tu n'es jamais venu réclamer ton lot. " Glissant mes doigts dans l'herbe douce, j'enchainais : " Mais je ne paierais rien, je suis censée être une charmante jeune femme, qui accorde une soirée au gagnant de la vente.. " Si il veut du fric, il n'a qu'à aller vendre sa merde. Si il voulait passer du temps avec moi, il n'avait qu'à accepter, je ne pourrais toute façon pas refuser, je lui devais ça, et j'étais trop honnête pour refuser sa soirée.
Surprise de l'entendre prononcer une phrase sans rigoler, ou sans se moquer -même gentiment de moi-, je l'écoutais avec considération. Oui, j'étais capable d'écouter les conseils venant d'un mather, tout arrive.. même si j'avais du mal à vouloir écouter son conseil. Je suis née pour faire genre, je suis née pour être une image et une icône, pour être la fille de mon père. J'ai sorti un bras du moule, et j'ai perdu l'amour que me portait mon père, alors recommencer à sortir du moule, si ça veut dire encore perdre toute ma famille.. non merci. Je serais les dents sans répondre, pas prête à lui déballer ma vie, avant de me sentir rougir en l'entendant. Soit j'avais l'esprit mal placé, soit.. soit il se foutait de moi en faisant des sous-entendus. Carrément surprise, je le fixais deux secondes, bouche bée, avant d'éclater de rire, comme chaque fois que j'étais nerveuse et gênée face à une situation : " On peut dire ça. Mais ce sont des performances secrètes, que peu de monde connaissent... " Ou pas. Beaucoup trop de monde à mon gout, mais j'allais pas me mettre à parler de ma vie sexuelle avec Jeno, parce que ce mec avait le don de me faire me sentir nue déjà juste en me regardant, comme si il avait pas peur de moi, à mon plus grand malheur, et comme si l'air fort et dominant que je me donnais ne l'atteignais même pas. La conversation dévia ensuite sur la soirée que je lui devais, et qu'il avait payé au prix fort, lors de la vente aux enchère Cabot. Et visiblement, il était toujours intéressé par ce lot, puisqu'il le réclamait tout de suite. Je n'étais pas du tout contre l'idée qu'il puisse encore l'utiliser maintenant : il n'y avait pas de date de péremption, et j'étais encore potable, même plusieurs mois après ! Je ris, avant de préciser tout de suite que je ne débourserait pas un sous : j'étais gagnée, certes, mais c'était le droit de m'inviter qui avait été acheté. Faisant mine de réfléchir, je fis une tête très sérieuse. " Eh bien, il faudrait que je consulte mon agenda.. " Puis je continuais, en souriant cette fois sans essayer de le cacher, regardant droit devant moi. " Mais il semble que tu sois le seul Mather assez dingue pour m'inviter ce soir. Alors oui, la charmante demoiselle est dispo, et elle est d'accord pour t'accorder sa soirée ! Déviant de nouveau mon regard vers lui, je cherchais dans ses yeux un indice : histoire de savoir à quoi m'attendre, du coup. Soirée Mather? Soirée boite? Soirée resto? Lui accorder ma soirée, c'est assez vague..
Lorsque Jeno m'avait "achetée" à la soirée de charité de la Cabot House, je ne pensais que l'on pourrait en parler comme ça, et rire à deux. C'était un homme plein de surprises, finalement. Peut-être même un homme intéressant, pas juste drogué, quand il n'avait pas joint dans la bouche. Moquer malgré tout, il commença à rire en me demandant si j'avais réellement un agenda pour toute l'année : je baisais les yeux sur mes pieds, en répondant, juste avant d'éclater de rire avec lui, pas parce que c'était drôle, mais juste parce que j'avais envie de rire, là, tout de suite : Alors je ne te dis rien, c'est promis.. Profitant des quelques secondes de silence, en l'observant dans les yeux, je fini par détourner les yeux.. c'était pas respectueux de fixer comme ça quelqu'un, et même si ça n'avait pas l'air de le déranger plus que ça, puisqu'il m'observait aussi, je m'en voulu un petit peu. J'aurais put le mettre mal à l'aise, même si actuellement c'est moi qui devais me sentir le plus gênée. Le suivait des yeux pendant qu'il se redressait, je me mordillais la lèvre avant de sourire en entendant le mot surprise. J'adorais ça, mais j'étais un peu anxieuse, de ne rien avoir comme indications.. C'est d'accord pour soir, et fais moi donc la surprise, si je ne risque pas de perdre une jambe, lançais-je alors qu'il me tendait la main pour m'aider à me relever. Je la pris dans la mienne, me relevant tout en répondant à sa remarque sur la tenue. Je comprenais son inquiétude, entre mon titre de plus coquette au bal, mon milieu social et ma confrérie, il pensait sûrement que je portais ça tout les jours, mais ce n'était pas le cas. Pas de robe chanel, c'est noté. Donc une jupe et un T-shirt? Ou un jean? Dis moi ce qui sera le plus approprié, comme j'ignore où on va. Il avait piqué ma curiosité, à faire des cachoteries autour de cette soirée du coup, et j'avais déjà hâte d'être ce soir, comme une vraie gamine, excitée à l'idée d'avoir un cadeau. Eh bien non, même si j'aurais adoré vois-tu. Et je suis certaine que tous les mathers auraient adorer me voir débarquer aussi ! Mais je vais juste chercher un cadeau pour ma nièce, César a eu une fille, il y a deux semaines. J'aimerais être une tatie généreuse, tu vois? Niveau famille, c'était mal barré, alors je devais lui apporter encore plus d'amour, comme mes parents n'étaient pas au courant. J'avais été la voir, mais je voulais faire plus pour elle..