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Je rentrai à Cambridge la peur au ventre. Andrew s’était fait tiré dessus et Dante venait de subir un accident qui l’avait visiblement rendu amnésique. J’avais pris le premier avion pour l’école, et j’avais été accueillie par Prudence. Elle m’avait redonnée ma fille et j’étais allée immédiatement à l’hôpital. Le plus important, c’était voir s’ils allaient bien. J’étais allé voir Andrew en premier, j’y avais passé quelques longues minutes, et je m’étais rendue dans la chambre de Dante. Je toquai à la porte tout doucement et entrai. Il dormait sur son matelas blanc. Mon dieu… Que s’était-il passé ? Je n’osais pas m’approcher. Et s’il ne se rappelait plus de moi ? Mais qu’est-ce que j’étais stupide… Bien sûr qu’il ne se souviendrait plus de moi, il avait perdu la mémoire… Mais j’étais quand même curieuse. Je fis quelques pas dans sa direction. Ses yeux étaient clos. Je l’avais rarement vu si tranquille.
Sa main était posée à plat sur les draps. Je m’effondrai dans un siège et la caressai tout doucement, du bout des doigts. Je n’étais pas là… Il avait eu un accident et je n’avais même pas été là… Je m’en voulais. Assaillie pas le remords et le chagrin, je sentis un torrent de larmes couler de mes yeux. Je pris sa main dans la mienne et me penchai en avant. Mon front entra en contact avec ses doigts froids.
-Je suis tellement désolée Dante… J’aurais dû être là, t’aider, te protéger…
Je relevai la tête. Il dormait encore. Je voulais l’embrasser pour la dernière fois avant longtemps. Avant qu’il ne puisse se rappeler de moi. Je me penchai au-dessus de son visage après avoir essuyé mes larmes, mais je restai bloquée, comme paralysée, à quelques centimètres de ses lèvres. S’il ne m’aimait plus, ce baiser ne signifierait rien pour lui… Je battis en retraite. Je le lâchai, reposant délicatement sa main comme si elle était de porcelaine. J’enlevai mes talons, m’assis au fond du siège et remontai les genoux sous le menton, ceignant mes tibia avec mes bras. Je me balançai légèrement d’avant en arrière, nerveusement. Je murmurais pour moi-même « Faites qu’il se réveille, faites qu’il se réveille… ». Je ne voulais pas perdre l’une des seules personnes en qui j’avais confiance. L’une des trop rares personnes à m’aimer de surcroit.
-Je suis désolée Dante… Je suis tellement désolée…
De nouveau, les larmes coulaient le long de mes joues. J’éprouvai de la difficulté à respirer, c’était comme si un poids énorme pesait sur ma cage thoracique, l’empêchant de se soulever normalement. Je tremblai de peur, mais aussi de découragement, de tension dans tout mon corps. Je posai le front sur mes genoux et me laissai allée à pleurer ; cependant j’étouffais chaque sanglot qui voulait sortir de ma gorge, je ne voulais pas réveiller l’ange qui dormait.
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