Pourquoi voulait-elle qu'il mente ? D'accord il l'avait repoussé, d'accord ce n'était pas la meilleure façon d'exprimer à une fille qu'on aurait éventuellement pu l'embrasser dans d'autres circonstances, à un autre moment. Mais bon sang ! Elle pouvait quand même accepter le fait qu'elle était désirable. Peut-être – même sûrement – si elle n'avait jamais essayé de l'embrasser, Leo aurait continué à la voir comme un pote avec des boobs, une espèce de petite sœur de substitution. C'était ça qui était dérangeant dans cette affaire, il ne voyait plus que la fille canon, la fille qu'il serait déjà en train de draguer lourdement, si ça n'avait pas été Violet. Elle pouvait pas redevenir un être asexué ? Non voilà, maintenant c'était une fille avec un corps qui avait l'air tout doux à caresser, des lèvres embrassables, tout ce genre de choses, et ça, ça troublait Halberstam à un niveau relativement élevé. « Je mens pas. » Il mentais jamais, il ne se forçait pas à dire des choses qu'il ne voulait pas dire, voilà, il l'avait dit, il aurait peut-être fini par se rendre compte que Violet était une fille avant qu'elle ne se rende compte qu'il était un garçon. C'était comme les gamins ça, ils jouent ensemble, ils s'en foutent qu'ils soient fille ou garçon, le mec est content du moment où la fille accepte de jouer au foot avec lui et dans la boîte de Playmobil princesse il y a toujours un prince. Et puis après au collège, on se rend brusquement compte que c'est plus aussi facile. Les filles commencent à trouver trouver les garçons plus que mignons, les garçons commencent à vouloir jouer aux plus forts et aux plus grands, et finalement peu d'amitié fille-garçon résistent au temps. Voilà, Leo venait de rentrer au collège. Génial, vraiment. Il se sentait observé, il profitait des instants où Violet avait les yeux baissés pour l'observer à son tour. Je crois que je m'en veux pas de t'avoir embrassé. Il sourit franchement cette fois-ci, pas parce qu'elle lui avait demandé, pas sous le coup de la nervosité, non il souriant, parce que c'était quand même agréable à entendre. Si elle avait dit quelque chose du genre 'en fait je me suis trompée de personne', merci la frustration. Il écouta ce que la jeune femme avait à dire d'une oreille attentive, très attentive. Il avait l'impression qu'on avait remplacé sa Vio par une pile électrique, elle arrêtait pas de tourner, de bouger sous ses yeux, de se faire remarquer. Mince alors ! Lui il avait les mêmes réflexes qu'un chat, quand il voyait quelque chose bouger, il regardait ce que c'était. Alors il regardait Violet. Génial, pas du tout gênant. Elle parlait, elle parlait, elle se stoppait pour rajouter des choses sans aucun sens. Il finit par la couper pour lui demander simplement. « Je te plais ? » Puis il se reprit, c'était bizarre de demander ça, pourquoi il demandait ça lui, il pouvait pas juste fermer sa bouche ? « Justement j'embrasse des filles, n'importe qui n'importe quand, je voulais pas que … je voulais pas que tu sois une fille parmi les autres. Tu mérites mieux que de figurer dans la liste des filles que Leo Halberstam a embrassé pour s'amuser. » S'il était du genre à rougir, c'est à ce moment-là qu'il aurait rougi, dans ses oreilles ça sonnait presque déclaration, heureusement il n'avait pas les mêmes oreilles que Violet avec un peu de chance elle l’interpréterait pas comme ça. Elle expliquait ses techniques de torture, presque il aurait voulu lui dire que ça serait un honneur d'être torturé par elle, mais ce qu'elle lui demanda après le laissa bouche bée. Prit d'un poussée suicidaire, il pivote légèrement, se pencha au-dessus d'elle, glissa une main contre la joue de la jeune femme, fixa ses prunelles claires avant de plaquer ses lèvres contre celles de Violet. Ce n'était rien que des lèvres qui se touchaient un peu trop, mais il en eut l'estomac retourné. Il fit le schéma en sens inverse pour reprendre sa place initiale, cependant toujours tourné vers elle, il guettait sa réaction. « Ça donne à peu près ça. » Là il venait de faire une connerie, c'était pas bien, pas avec leur volonté de rendre tout ça moins bizarre. Mais finalement, il se demandait s'il voulait que ça redevienne comme avant. Parce qu'aucun baiser aussi simple que ça ne lui avait fait cet effet. Jamais. Il voulait que ça sonne très technique ce baiser, comme si Violet lui avait demandé comment ça marchait et qu'il avait juste voulu prendre un exemple concret, que la blonde était là, alors voilà. Mais ce n'était pas vrai. Il louchait littéralement sur ses lèvres, mais il se retenait, c'était un appel du diable.