we say that we are brother and sister x despe

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Un large sourire étira passagèrement les lèvres d'un Archibald déjà de meilleure humeur. Rien de mieux qu'un peu de compagnie agréable et appréciée pour éviter de se remettre à enfiler les gorgées de rhum en observant la mer. Il savait pertinemment que ce n'était qu'éphémère, que bientôt les effets de l'alcool se dissiperait et que même la plus amusante plaisanterie que lui ferait Despe ne lui remonterait pas plus que cela le moral. Ils s’avancèrent silencieusement vers le petit restaurant, un silence qui ne dérangeait ni l'un ni l'autre. Certaines personnes avaient un certain mal à voir des blancs se former dans la conversation, ce n'était pas le cas du jeune homme, qui préférait de toutes manières écouter que parler. Avant, il aimait s'écouter parler, mais c'était de l’histoire ancienne et tout ce qui se rapportait à cette époque navrante lui donnait très envie d'une nouvelle bouteille d'eau-de-vie. Appréhendant le moment où il devrait parler, Archie ressentait de moins en moins la faim mais il craignait de paraître suspect si d'un seul coup il décidait de ne pas manger. Alors il commanda le café dont il rêvait pour se remettre un peu les idées en place et continua à consulter le menu comme si de rien était, réfléchissant à comment il exprimerait ses problèmes tout en balayant les quelques pages du regard. « Je vais prendre... du crabe. Et toi ? » Il n'aimait presque aucun poisson et encore moins les crustacés, mais adorait le crabe. C'était un peu le seul produit marin qui lui plaise et il n’allait pas s'en priver. La serveuse revint à cet instant et il la remercia pour le café, qu'il commença à boire doucement en attendant que Despe fasse son choix de plat...

© toxic heart.

Je ne m'étais jamais réellement rendue compte, mais il y a bien des gens que je connaissais sans les connaître. Bien que je sois proche d'Archibald, je ne connaissais pas tout ce qui le concernait non plus, et il est vrai qu'avec certaines personnes, pourrait-on dire que c'est pour le mieux. Cela dit, j'avais besoin de savoir, parce que j'avais envie d'aider. Et assise à la terrasse d'une espèce de petit restaurant, j'étais désormais bientôt prête à savoir ce qui taraudait l'esprit de l'une des personnes les plus proches de moi. Tandis que mes yeux se balançaient d'un bout à l'autre des pages, je cherchais absolument quelque chose à avaler. Je ne suis pas difficile en gastronomie, mais je n'ai pas envie de manger trop. Ou trop peu. Alors lorsqu'Archibald énonça ce qu'il comptait commander, je répliquai peu après. « Je vais essayer le crabe aussi, tiens. » En fait, j'en avais déjà mangé, mais comme j'étais sans réelle conviction lorsqu'il s'agissait de manger, je n'avais pas envie de prendre plus de temps à lire des pages qui de toutes manières, répétaient sûrement la même chose que tout les restaurants du genre. La serveuse repartit alors, tandis que je plongeai mon regard dans celui d'Archibald qui était face à moi. Lui n'avait pas l'air impatient de reprendre la parole, et moi, j'attendrais simplement le moment qu'il faut. Il était hors de question que je ne force quiconque à parler, après tout. Et de toute manière, quoi qu'il ne doive m'annoncer, je ne risquais pas de m'enfuir, parce que je n'étais pas comme ça. Je regardais alors la serveuse s'activer à côté de nous, à prendre la commande d'autres clients, tandis qu'Archibald buvait son café. Je sirotais de temps à autre ma boisson, me remémorant quelques souvenirs du lycée où je n'avais encore jamais touché à l'alcool. L'innocence, voilà ce qu'il manquait aux gens, une fois qu'ils ont passés la vingtaine. Et bien sûr, cela me concerne aussi.

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Buvant son café sans dire mot, observant un peu la jeune femme par dessus le bord de sa tasse, il eut bientôt terminé sa boisson. Voilà, il allait parler... S'expliquer, peut-être se faire conseiller. Archie observait le fond de sa tasse comme si, soudainement, une tasse vide avait un quelconque intérêt. « Bon, je vais me mettre à table maintenant que j'ai eu mon café... » Il ne paraissait pas vraiment ravi de le faire mais, au fond, il avait besoin d'en parler à quelqu'un, et Despe semblait être la personne idéale. « C'est un peu un mélange de choses compliquées donc va falloir que tu t'accroches... », prévint-il avec un léger sourire avant de relever les yeux du fond de sa tasse pour planter son regard clair dans celui de la jeune femme. Par où pouvait-il bien commencer ? Au fond, peu importait, il passerait par tout. Il préféra cependant évoquer Isaline en dernier lieu, c'est ce qui le torturait le plus et il préférait en parler lorsque le reste serait passé et qu'il serait certain de pouvoir continuer... « Je dois avouer que j'ai un peu le mal du pays, mais j'ai toujours eu ça quand je partais plus d'une semaine et ça devrait passer d'ici quelques jours. C'est pas tellement ça qui m'ennuie. Quand on était aux Bahamas j'ai recroisé un ex. Deux ex, en fait. Nos discussions m'empêchent carrément de dormir la nuit. Après avoir parlé avec Orlane, j'étais vraiment pas très bien, tu sais ça remonte à quand j'avais moins de seize ans et à l'époque j'étais loin d'être ce que je suis aujourd'hui, mais elle m'a quand même brisé le cœur. C’est la première fois que je me suis rendu compte que j'en avais un, je sais pas si tu vois ce que je veux dire... Enfin, non, tu ne vois pas, t'es un petit ange ma Daisy ! Ce que je veux dire c'est que c'est bizarre de la savoir ici, et c'est douloureux d'être proche d'elle aujourd'hui. » Ce n'est pourtant pas ce qui le torturait tant. C'était une partie certaine des faits et cela participait pas mal, mais le plus gros restait à venir. Il se tut lorsque la serveuse revint avec leurs deux plats de crabe et, il faut l'avouer, il était un peu soulagé de faire une pause dans son histoire. « Bon appétit ! » C'était lancé moins joyeusement qu'il ne l'avait voulu, mais l'intention était là. Il se saisit de ses couverts et commença à manger. Et comme l'appétit vient -ou revient, dans son cas- en mangeant, il était bien content d'avoir commandé.

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Le silence disparut lorsqu'Archibald prit la parole. « C'est un peu un mélange de choses compliquées donc va falloir que tu t'accroches... » Dans un sens, je m'en doutais, mais je ne savais pas réellement à quoi m'attendre. « T'inquiètes pas, j'enregistre très vite. Et puis.. tu peux tout me dire, à moi. » le rassurai-je. Tandis que ses yeux trouvaient les miens, je commençais alors à écouter plus sérieusement. Il me parla alors des exs qu'il avait recroisées aux Bahamas et de leurs conversations qu'il n'oubliait plus. D'Orlane, de ce qu'il s'était passé avec elle lorsqu'ils étaient encore jeunes. « Enfin, non, tu ne vois pas, t'es un petit ange ma Daisy ! » J'avais compris ce qu'il voulait dire, cela va au fait que tu penses que rien, jamais rien ne pourra te faire mal, et un jour te rends compte que tu es humain, et qu'un humain, ça se blesse. Et je comprenais un peu ce qu'il ressentait vis-à-vis d'Orlane, par rapport à ce qu'ils avaient été et ce qu'ils sont aujourd'hui. Après tout, c'est compréhensible. « Tu ne savais pas.. qu'elles étaient à Harvard? » Il y a très peu de chances qu'il ne les aient recroisées par pure coincidence parce qu'elle prenait des vacances ici. Elles étaient sûrement étudiantes et donc, au summer camp. « Et.. Si c'est douloureux, alors pourquoi t'es-tu rapproché d'elle? Ca ne fait.. que te faire souffrir davantage. » Bien entendu, il y avait sûrement des raisons à ça. Aussi, j'avais assez peur de faire une gaffe, moi aussi, car bien que je n'écoute sérieusement, je peux ne pas tout assimiler correctement. L'erreur est humaine. Lorsque la serveuse revint, je regardais quelques temps le plat, le temps qu'elle ne parte, avant de me saisir des couverts. « Bon appétit. » répondis-je avec un sourire. En tout cas, je ne pourrai jamais rien dire de mal sur la cuisine d'ici, c'est un délice.

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Souriant à Despe, le jeune duc britannique était déjà un peu plus en condition de s'expliquer. Il se forçait un peu, aussi, mais c'était pour la bonne cause. Il avait besoin d'en parler, de mettre des mots sur ces choses qui le torturaient. De plus, ça rassurerait la jeune femme qu'il se soit confié. En bref, cela ne pouvait avoir que des avantages. La question le fit grimacer, en fait si. En ce qui concernait Orlane, non, il n'était pas au courant qu'il la recroiserait à Harvard, il n'en avait pas la moindre idée. Mais Isaline, c'était une histoire bien différente. Il avait toujours su où elle était, et il s'y serait précipité plus tôt s'il n'avait pas tout d'abord dû faire des efforts sur lui-même. « Si. Enfin, Orlane j'étais pas au courant avant d'entrer à Harvard, mais Isaline je suis venu pour la revoir... » C'était un tout autre sujet, il y viendrait plus tard. Haussant les épaules à la suite, il prit conscience qu'elle avait parfaitement raison. « J'en sais rien. C'est venu comme ça. La première fois qu'on s'est croisés, on s'est montré plutôt durs l'un envers l'autre, on s'est lancé des piques plutôt que de régler nos différents simplement, sans doute parce qu'il y a encore quelque chose entre nous et qu'on essaye de le cacher. Mais l'autre jour on a reparlé de notre relation très simplement et je dois avouer qu'on avait l'air de deux vieux nostalgiques... » C'était débile. En tous cas, Archibald trouvait ça débile. Surtout qu'il n'était pas censé aimer Orlane, il aimait Isaline. Il aimait Isaline comme un dingue, il avait quitté l'Angleterre pour elle, il était venu au Summer Camp parce qu'elle y allait, bref il était fou d'elle et ça le rendait vraiment fou. De ce fait, ses sentiments pour Orlane étaient plus déplacés encore. Leurs commandes arrivèrent, il en profita pour faire une pause. « Alors, ce plat ? » Il retardait un peu l'échéance, c'est vrai.

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Curieuse, j'avais comme à mon habitude posé des questions afin de mieux me repérer. Il est vrai que je devrais parfois éviter de trop m'investir dans ce genre de situations, mais.. dans un sens, je me disais que c'était aussi le mieux à faire. Clarifier les choses, réellement, pas seulement à moitié. « Si. Enfin, Orlane j'étais pas au courant avant d'entrer à Harvard, mais Isaline je suis venu pour la revoir... » Si je ne connaissais aucune des demoiselles, même pas de nom, je savais désormais qu'elles étaient dans la même université que nous. S'il ne m'avait pas encore parlé de la seconde demoiselle, de ce que j'avais entendu de la première, lui n'allait jamais cessé d'être "hanté" par elle, surtout s'il avait le risque de la croiser chaque jour. « C'est normal, enfin.. d'un côté, tu lui en veut pour le mal qu'elle t'as fait, mais de l'autre, tu te souviens des bons moments que tu as passé avec elle, alors.. Mais.. si ça te fait mal de ressasser des vieux souvenirs,.. alors ne le fais pas. » A dire, c'était simple, mais forcément qu'à faire, beaucoup moins. Mais en même temps, c'était aussi la seule solution. Si on ne veut pas avoir mal à cause de quelque chose, alors il faut forcément l'éviter. Au final, c'était une longue suite logique dans laquelle chaque élément s'emboitait, restait à savoir si l'on était capable de faire d'emboiter le prochain morceau. Si on me demandait du jour au lendemain de pardonner à ma famille, par exemple, je ne le ferais pas. Même si je sais que c'est le seul moyen pour retrouver une vie de famille normale. Chaque situation se plie à des exigences particulières, comme oublier une personne, cesser tout contact avec quelque chose, et bien d'autre. Et pourtant, se soumettre à ces exigences, c'était parfois perdu d'avance. « Alors, ce plat ? » Réfléchissant tout en mangeant, je ne faisais pas très attention aux saveurs qui se dégageaient dudit plat, cela dit, il devait être très bon pour que je ne continue d'en manger, comme je ne me force jamais à rien. « C'est.. super bon, tu ne trouves pas? » J'avais l'air d'une gamine à dire cela ainsi, cela dit, tant pis. En fait, j'étais tellement concentrée sur ce qu'il disait et les réflexions que je me faisais à moi-même que dans un sens, j'étais incapable d'être trop sérieuse de l'autre côté. Et ce n'était plus seulement de la curiosité, c'était aussi du à l'inquiétude que j'avais pour lui. Quand quelqu'un proche de vous vous dit qu'il va mal, il est dur de ne pas vouloir s'impliquer dans tout, et dans mon cas, c'était exactement ça. J'avais envie d'aider.

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La réponse de Despe tira un sourire à Archibald, son conseil était un peu évident, et surtout plus facile à donner qu'à mettre en place, mais c'est l'intention qui nostalgie liée au fait qu'ils ressentaient encore un attirance certaine l'un envers l'autre. Ils compte et elle n'avait pas tort. Lorsqu'ils s'étaient mis à ressasser le passé, ils avaient déjà quelques verres en trop dans le nez, ils s'étaient tout remémoré avec une certaine avaient beau la réprimer, la cacher, la masquer, ça crevait malheureusement les yeux. La prochaine fois, si prochaine fois il y avait, il boirait déjà beaucoup moins. Voire pas du tout, cette soirée lui avait appris, une fois de plus, que la sobriété était sa meilleure amie. Ensuite, il éviterait fortement le sujet de leur relation passée. C'était plutôt évident, mais se l'entendre dire pouvait toujours aider, surtout dans l'état dans lequel il se trouvait présentement. Il savait qu'il ne pourrait jamais éviter totalement Orlane, après tout ils allaient étudier dans la même université encore quelques années et, il faut le dire, le monde est petit. Il avait recroisé tellement de gens en arrivant à Harvard... Enfin, là n'était pas la question, le fait était simple: il n'échapperait pas à quelques confrontations avec la jolie brésilienne, il devrait simplement se contenter de leur manie de se lancer des piques. Alors qu'il changeait un peu de sujet de conversation, s'attardant sur le plat qu'il dégustait avec plaisir, un nouveau sourire étira les lèvres d'Archie. « Tu sais, le pire de l’histoire est à venir, déguste ton plat avant que je ne te plombe ta journée ! » Au moins, il continuait à plaisanter ! Il avait passé plusieurs années à se torturer avec ça, alors oui, il y avait des jours comme celui-ci où il n'avait envie de rien d'autre qu'une bouteille et de la solitude, mais il continuait à vivre parfaitement normalement, d'un autre côté. Sa vie n'était pas gâchée, sa journée bien mais ce n'était pas un drame. Et puis non, elle n'était pas si gâchée que cela, il avait un délicieux plat devant lui, il était à Cuba, embarqué dans une joli aventure et, le plus important, il était avec une personne qu'il aimait énormément.

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On m'avait affublé d'une réputation de personne à l'écoute de tout le monde lorsque j'avais commencé à aider une personne lors de ma première année. Depuis, j'avais intégré les quincys, et il est vrai que je mettais souvent tout en oeuvre pour aider les autres. Mais en réalité, je n'aidais vraiment que les personnes proches de moi. Chercher à les comprendre, les aider, les soutenir, être là pour eux quand il faut. Ce n'était plus juste un passe-temps de psychologue, c'était simplement de l'amitié. Une amitié qui me poussait à agir, à aider, à faire quelque chose. « Tu sais, le pire de l’histoire est à venir, déguste ton plat avant que je ne te plombe ta journée ! » Tandis que je sirotais mon soda, me laissant déguster mon plat lentement, je détournais les yeux à sa remarque. « C'est moi qui suis en train de plomber ta journée, à t'obliger à parler de tout ça. » C'était vrai que je n'étais pas réellement la plus gentille de toute, à l'obliger à parler de chose que je venais de lui dire moi-même d'oublier. Paie ta logique. Et pourtant, je restais curieuse, de connaître la suite, de savoir ce qu'il s'était passé, surtout que sa remarque, bien qu'elle ne puisse m'effrayer légèrement, me donnait envie de savoir. Je voulais le connaître. Mieux, du moins. Pour qu'il puisse se reposer sur moi lorsqu'il a un problème, sans avoir besoin de m'énumérer les faits. Je voulais pouvoir le comprendre. De toute manière, il me l'aurait dit d'une manière ou d'une autre un jour, alors autant le faire devant un bon repas sous le ciel d'une belle ville. Et de toute manière, si quelque chose allait mal.. je resterai, je serai là. Hors de question de laisser tomber quelqu'un. Ma fourchette dans la main droite, je laissais glisser le métal contre le verre de l'assiette, avant d'y piquer à manger. Je n'avais toujours pas retrouvé l'appétit, cela dit, le plat était délicieux alors je n'allais pas m'en priver.

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Un sourire étira les lèvres du jeune homme, qui haussa les épaules. « Tu ne me forces à rien Daisy, tu m'aides. Et je t'en remercie. » Véridique, elle l'aidait, il est vrai qu’elle l'avait un peu forcé au début mais désormais il avait presque envie de tout lui dire. Enfin, tout, relativement parlant... Il ne comptait pas s'attarder sur les détails, sanglants, douloureux, monstrueux. Il n'avait pas la moindre envie d'évoquer en détail ce qu'il avait pu faire à celle qu'il aimait pourtant tellement. Il l'avait trompée, frappée, violentée, et il avait tué leur bébé. Tout cela, il ne le dirait pas. Pas encore... Il commença à triturer la fin de son repas avec sa fourchette. « Je pense que je t'ai déjà un peu parlé d'Isaline, sans évoquer son nom. C'est la personne la plus merveilleuse que j'ai jamais rencontrée et... je l'aime. C’est une certitude, et c'est d'ailleurs la seule réelle certitude que j'ai à son sujet. Le fait est que j'ai été le pire des connards avec elle. C'était y'a deux ans, en Angleterre, j'étais... quelqu'un d'autre. Je lui ai fait du mal et elle a fini par partir, en m'envoyant un injonction d'éloignement. J'ai pété un plomb, j'ai voulu la suivre quand même. Et j'ai compris. » Il fit une pause, un peu perturbé par sa propre histoire, et par les nombreux souvenirs qui affluaient soudainement avec une violence inouïe. « J'ai compris que j'étais allé beaucoup trop loin. Que je l'aimais trop, à m'en rendre malade, à la rendre malade. J'ai décidé de changer, je suis allé voir un psy et j'ai changé. Je suis devenu le Archie que tu as en face de toi. Mais j'ai été tellement con... » Ça, il ne l'avait jamais dit à personne, pas même à Isaline. Seule Leevy était au courant pour la psychologue, et ce uniquement car ils s'étaient rencontrés dans la salle d'attente. « Je lui ai parlé, le jour de notre arrivée aux Bahamas. Elle est montée sur mon bateau sans même se douter que j'avais quitté l'Angleterre et que je m'étais entraîné dans ce summer camp. Quand elle m'a vu, j'ai lu cette crainte et cette douleur dans ses yeux... On a parlé, enfin si ont peut appeler ça parler, tout ce que je voulais c'était m'excuser et ça a été un fiasco. Même si j'ai l'impression qu'elle commence à croire que j'ai vraiment changé. » Il continua de jouer avec les restes de crabe qui parsemaient son assiette du bout de sa fourchette, il n'avait plus du tout faim, son récit lui avait définitivement coupé l'appétit.

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Son histoire s'enchaina alors sur ce qui concernait la dénommée Isaline, fille avec qui il était donc sorti. Du ton de sa voix jusqu'à ce que je pouvais lire dans son regard, je pouvais certifier qu'il était sincère avec lui-même par rapport aux sentiments qu'il éprouvait pour la jeune fille. J'avais ma fourchette en main, mais j'étais tellement concentrée que je ne faisais même plus attention à mon assiette. Lui aussi, il écoutait ses propres paroles, il se rappelait de tout ça, il le revivait dans sa tête. Je n'avais jamais entendu parler de tout ça, du fait qu'il ait vu un psychologue, "à cause d'elle", pour elle, parce que elle. Je ne connaissais certes pas Isaline, mais il était évident qu'elle occupait une place importante, non, elle était omniprésente dans sa vie. Mes yeux posés sur mon assiette, j'écoutais tout en regardant le bout de ma fourchette. En fait, il était vrai que cela m'étonnait, car je ne savais pas comment il avait pu être avant, mais aujourd'hui, il ne me donne pas l'image du "pire des connards" comme lui même l'a dit. Sans l'interrompre, j'ai continué d'écouter. Lorsqu'il en vint à évoquer leur rencontre aux Bahamas, je pouvais sentir dans sa voix.. que cela l'avait tout de même affecté. Que même la lueur d'espoir qu'il évoquait à la fin, n'était peut-être pas suffisante. Sur ces mots, il se tût, tandis que je réfléchissais. Il était vrai.. que ses propos m'avaient un peu surprise, mais en même temps,.. Je ne sais pas comment il était par le passé, je le connais aujourd'hui, après tout. Savoir qu'il a été le pire des connards auparavant, ça ne change rien à l'image que j'ai de lui aujourd'hui. Déjà à la base, ce ne sont pas réellement mes affaires, la façon dont il se comporte avec les autres, tout ce que je peux faire moi, c'est l'empêcher de faire des conneries qui pourraient le faire souffrir ou lui faire du mal, dans n'importe quel sens du terme. Il a voulu changé, là était l'essentiel. Il a réalisé. N'était-ce pas le point le plus important de tous? Je me rendis compte que le silence durait depuis un petit moment déjà, temps pendant lequel j'avais gardé les yeux fixés sur une assiette. Je relevais les yeux vers lui, qui semblait coupé de tout appétit. « Je.. veux juste préciser un point important au cas où tu te ferais la moindre idée, mais.. tu sais, que tu me racontes les points les plus sombres de ton histoire, que tu me dises que tu as été un connard auparavant.. ne crois pas, ne crois jamais, que ça altèrera de quelque façon que ce soit notre amitié ou ce que je pense de toi. » dis-je d'abord, mon regard plongé dans le sien. J'avais voulu préciser cela car je n'aurai jamais voulu qu'il pense que d'un coup, je me serai mise en tête qu'il était infréquentable et que j'aurai fui. « Et pour Isaline.. bien sûr, je ne peux pas dire quoi que ce soit d'un point de vue personnel, mais.. tu as essayé de changer, n'est ce pas? Et parce que tu l'aimes. Alors.. même si votre relation a connu des noirceurs, tu lui dévoues quand même un amour particulier. Bien sûr, je ne vais pas dire que je tolère en lui-même le fait que tu lui aies fait du mal.. Mais.. Faire des efforts pour changer, pour une personne, parce qu'une personne, c'est énorme. Et la personne que tu es aujourd'hui, elle peut reconquérir un coeur. Bien sûr qu'on ne peut pas passer par dessus les erreurs passées ou les oublier, mais.. avec du temps, on peut créer un nouvel avenir, et tu peux lui redonner envie d'avoir confiance en toi. Ce n'est pas parce que je suis une grande rêveuse que je te dis ça, c'est réellement en tant qu'amie, même en temps qu'étudiante en psychologie, je pense que tu n'es pas une mauvaise personne et que.. elle finira par s'en rendre compte. » finis-je doucement, avant de lui adresser un petit sourire. Tout ce que je pouvais lui souhaiter, moi, c'était d'être heureux.