"Je vais prendre vingt-trois ans dans un peu plus d’un mois. Je devais avoir un an quand tu es née, ça explique pourquoi je n’ai aucun souvenir de cet « épisode »" je comprenais mieux. On avait vraiment peu d'écart. Je regardais toujours l'océan, ne comprenant pas réellement ce qui nous arrivait. Puis tu me dis d'un ton sincère "Je suis désolé qu’ils t’aient abandonné… et que tu apprennes tout ça maintenant…" c'était délicat à en parler, mais j'avais reçu tout l'amour possible par ma famille adoptive, et ça restait mes parents pour moi. Je posais mon regard noisette sur ta personne "C'est moi qui suis désolé.. J'ai la moitié de ton héritage, puis tu te retrouves avec une soeur qui tombe du ciel.. Et puis, tu dois être malheureux maintenant.." ouais, j'étais pas un cadeau quand on voyait les choses comme telles.
J’espérais de tout cœur que même si Maëlys avait été adoptée, qu’elle était tombée sur une bonne famille, aimante et présente pour chaque moment important de sa vie. J’imaginais sans trop de difficulté que l’idée d’être adoptée et de ne pas savoir d’où on vient doit être frustrante. En revanche, être accueilli par des parents aimant devait palier en partie à tout ce flou.
- Je me moque de cette moitié d’héritage. Je n’aurais pu rien avoir, c’est bien le cadet de mes soucis, crois-moi.
J’aurais donné toute ma fortune jusqu’au dernier centime pour récupérer ce que j’avais pu perdre avec le décès de mes parents. Ainsi, apprendre que la moitié de cet héritage allait tout droit sur le compte d’une fille cachée ne me posait pas de problème. Je n’en voudrais jamais à Maëlys pour cela. Ca ne changeait rien au fait que je sois malheureux, comme elle le disait.
- Quand on m’a appris ton existence, j’ai réfléchi longuement quant à savoir ce que je désirais vraiment. Et j’ai fini par comprendre que nous n’étions plus que deux dans toute cette histoire. C’est pourquoi j’ai voulu te rencontrer. Je ne compte pas débarquer dans ta vie et espérer que nous deviendrons une famille. J’ai seulement ressenti le besoin d’essayer.
Je me levais de ce banc, pour faire quelques pas, et revenir vers toi, t'écoutant "Je me moque de cette moitié d’héritage. Je n’aurais pu rien avoir, c’est bien le cadet de mes soucis, crois-moi." à cet instant, je comprenais que tes parents, enfin les miens aussi, biologiques, te manquaient. Que tu avais été heureux. Et ça, c'était le principal mais ta peine était si forte, je le ressentais dans ton regard. "Quand on m’a appris ton existence, j’ai réfléchi longuement quant à savoir ce que je désirais vraiment. Et j’ai fini par comprendre que nous n’étions plus que deux dans toute cette histoire. C’est pourquoi j’ai voulu te rencontrer. Je ne compte pas débarquer dans ta vie et espérer que nous deviendrons une famille. J’ai seulement ressenti le besoin d’essayer." ça n'allait pas se faire du jour au lendemain, c'est certain. Mais c'était un lien fort qui nous unissait maintenant. Je te regardais dans les yeux, te répondant sincèrement "Je suis touchée que tu ai voulu me connaître.. Tu es venu en Amérique simplement dans ce but là?"
Oui ma douleur était grande, comme celle d’un jeune homme de vingt-deux ans qui n’a plus de parents, et qui a perdu récemment sa mère. Déjà, je m’étais renfermé sur moi-même au décès de mon père. Autant dire que ce dernier évènement ne m’avait pas aidé, bien au contraire, sans parler de ces longues années où j’ai dû faire face à la maladie de la matriarche Salvadore. Rien de très heureux, en soit. Je gardais mon attention sur Maëlys qui s’était levée afin de faire quelques pas, avant de revenir vers moi. Mon regard croisa le sien lorsqu’elle me demanda si j’étais venu aux Etats-Unis uniquement dans le but de la rencontrer. Oui, c’était le cas. Seulement, je restais particulièrement pudique et c’est une des raisons pour lesquels seuls mes yeux trahissaient une tristesse évidente, car dans mon attitude, rien ne semblait m’atteindre.
- Disons que rien de me rattache à l’Italie, désormais. Et puis, tu as le droit d’être au courant de tout, car cette histoire te concerne autant que moi.
Je n'avais pas envie de m'imposer d'un seul coup, mais j'avais tellement de choses à savoir sur toi, sur nos parents, la vie que tu vivais. Puis l'Italie aussi.. Je t'avais demandé si tu étais venu en Amérique pour moi "Disons que rien de me rattache à l’Italie, désormais. Et puis, tu as le droit d’être au courant de tout, car cette histoire te concerne autant que moi." en quelques sortes, ça voulait dire oui. Et je te regardais dans les yeux, à présent, je t'accordais un très fin sourire "Tu ne regrettera pas d'être venu ici.. J'vais tout faire pour te faire découvrir les environs.. Bon là, on est.." je regardais l'océan "un peu paumé" il fallait bien que je te fasse sourire "Mais promis, on passera des moments ensemble. Si tu veux biensûr.." au fond, j'étais contente d'avoir un lien de sang, quelqu'un qui me rattachait à mes origines.
Elle avait comprit le sens indirect de ma parole et m’adressa de ce fait un fin sourire. Je ne pus m’empêcher de faire de même, aussi discret que le sien, mais creusant une fossette sur ma joue droite. Elle m’avoua également qu’elle ferait son possible pour que je me sente bien aux Etats-Unis, et qu’elle me fera découvrir ce que je ne connais pas. Seulement, à cet instant précis, nous nous retrouvions en plein milieu de la mer, sans aucune terre à l’horizon. Où nous trouvions nous exactement ? C’était une très bonne question. Amusé, je me mordillais la lèvre inférieure, en tentant de chercher une caractéristique particulière qui nous indiquerait l’emplacement du bateau, mais rien, tout se ressemblait.
- En mer, nous dirons cela.
Je venais de terminer sa phrase avec un ton on ne peut plus amusé. Mais oui, nous passerons des moments ensemble si elle-même le désirait de son côté. Qui sait, peut-être qu’une belle relation fraternelle verrait le jour dans quelques temps ? Je me relevais puis me penchais en posant mes bras sur la rambarde de sécurité du bateau, regardant à l’horizon.
- Alors, parle-moi de toi. Tu as grandi où ? T’as d’autres frères et sœurs dans ta famille adoptive ? Et tu étudies quoi à Harvard ?
J’avais beaucoup de questions. Des questions qui résumeraient les vingt-et-un ans de sa vie.
"En mer, nous dirons cela." oui, on étais pas à Cambridge, ça c'était sûr. Je souriais en te regardant te lever, j'étais légèrement plus à l'aise, au fond, fallait se faire à cette idée d'avoir un frère, et je trouvais ça cool. "Alors, parle-moi de toi. Tu as grandi où ? T’as d’autres frères et sœurs dans ta famille adoptive ? Et tu étudies quoi à Harvard ?" je me mis à ricaner face à toutes tes questions, venant à tes côtés, regarder l'horizon. "J'ai grandi à Londres, dans une petite maison, typiquement anglaise, mes parents sont vétérinaires donc j'ai voulu m'orienter moi-même dans la médecine.. Et ils étaient stériles, donc pas de frères ni de soeurs.." j'haussais les épaules, je te regardais ensuite. Affichant un très fin sourire.
Le plus difficile était passé. Et c’était bien le premier pas qui l’avait été, tout comme engager la conversation, trouver les mots justes pour expliquer toute cette histoire. Heureusement, Maëlys était en partie au courant de son adoption. Chose qui aurait été très compliqué si elle n’avait jamais été au courant que ses parents n’étaient qu’adoptifs, qu’elle venait d’une famille italienne. A présent, nous n’avions plus qu’à faire connaissance, et à voir comment allait évoluer notre relation.
- Ah d’accord. Et tu étais heureuse ?
Je ne sais pas pourquoi ça me paraissait si important de savoir si Maëlys avait gagné en s’étant faite adoptée ? J’avais également besoin de réconfort, de savoir que mes parents n’avaient pas fait une grosse erreur en l’abandonnant. J’espérais, donc, qu’elle avait été bien plus heureuse que je ne l’avais été moi-même. Car même si j’avais reçu tout l’amour dont avait besoin un enfant, je ne caractériserais pas cette période de ma vie comme ayant été rose en tout point.
Je t'avais donc raconté un peu où je vivais, et pourquoi mes parents n'avaient pas eu d'autres enfants.."Ah d’accord. Et tu étais heureuse ?" oh oui je l'avais été, ils n'étaient pas riches, mais j'avais eu tellement d'amours, et je ne manquais de rien. Je te regardais dans les yeux en acquiesçant "Oui, très.. Et toi alors, parles-moi de ce que vous faisiez ensemble.." je ne sais pas, des rituels, sorties. J'avais envie d'en savoir un peu plus. De profiter de pouvoir parler avec toi, même si cette conversation allait devoir bientôt se terminer, j'allais rejoindre l'équipe un peu après.
De ce que nous faisions ensemble ? Je n’avais pas réellement de souvenirs dans la mesure où leurs métiers leur avaient toujours pris beaucoup de temps. Ainsi les moments passés tous les trois avaient été rares. Cela ne signifiait pas pour autant que je n’avais pas reçu l’amour dont a besoin un enfant. J’en avais eu, certainement plus que bien d’autres. Seulement, je regrettais cette présence, le fait d’être tous réunis autour d’une table pour le dîner, chaque soir. Mais avec le temps, je m’y étais fait.
- Disons qu’ils n’étaient pas souvent là. J’aurais dû mal à te donner des souvenirs de ce que nous faisions ensemble.
C’est certainement ça, le plus triste. Je fronçais les sourcils un instant, avant de tourner la tête vers elle et d’esquisser un léger sourire. Je ne voulais pas qu’elles les voient comme des parents non aimants alors que ça n’avait pas été le cas.
- Quand on arrivait à se réunir tous les trois, on faisait des sorties, comme de l’accrobranche par exemple. Avec mon père, on aimait du football ou bien du basketball ensemble. On était très proches, lui et moi.
Accueil
"Je vais prendre vingt-trois ans dans un peu plus d’un mois. Je devais avoir un an quand tu es née, ça explique pourquoi je n’ai aucun souvenir de cet « épisode »" je comprenais mieux. On avait vraiment peu d'écart. Je regardais toujours l'océan, ne comprenant pas réellement ce qui nous arrivait. Puis tu me dis d'un ton sincère "Je suis désolé qu’ils t’aient abandonné… et que tu apprennes tout ça maintenant…" c'était délicat à en parler, mais j'avais reçu tout l'amour possible par ma famille adoptive, et ça restait mes parents pour moi. Je posais mon regard noisette sur ta personne "C'est moi qui suis désolé.. J'ai la moitié de ton héritage, puis tu te retrouves avec une soeur qui tombe du ciel.. Et puis, tu dois être malheureux maintenant.." ouais, j'étais pas un cadeau quand on voyait les choses comme telles.
