J'avais reçu une lettre hier, et je l'avais ouverte avec Holly, ma meilleure amie. Cette lettre m'avait informé d'un héritage, d'une famille sous X, ma famille biologique. Ils étaient donc.. décédés. J'étais déçue, triste, et je me sentais complètement perdue. Cet argent m'arrivait tout droit tombé du ciel. 140 000 dollars, ce n'était pas rien. Puis aujourd'hui, nous embarquions tous, donc tous les bateaux, pour rejoindre Cuba. J'avais décidé de me mettre à l'écart, sur le pont, comme dans le Titanic. Les yeux rivés sur l'horizon. Mon équipe était occupée, des petits groupes se créer déjà, et je connaissais la plupart des prénoms. La mer était calme, tout comme moi. Malgré toutes ces nouvelles..
Lundi 7 juillet, dans l’après midi. Je me retrouvais sur un bateau en direction de Cuba. Je n’ai pas le mal de mer, mais je ne suis que très peu rassuré en ne voyant aucun signe de terre ferme à l’horizon. De l’eau, et ce, à perte de vue. Ca me stresse et mon cœur loupe systématiquement un battement lorsque le navire rencontre une vague plus puissante que les autres. Du calme, Ezio, c’est sécurisé. Pourquoi ne pas avoir tout simplement pris l’avion ? Non, il fallait qu’Harvard mette à disposition plusieurs bateaux pour chaque équipe du Summer Camp. God, ils en ont de l’argent à dépenser.
J’ai appris que cette petite sœur, que je recherche, n’est autre que la capitaine de mon équipe. Comme le destin fait bien les choses. Si j’avais quelques doutes sur son existence, croyant davantage au hasard, désormais, je croyais dur comme faire au fait que notre route est déjà tracée. Finalement, j’ai demandé à cette fille, dont le prénom m’échappe encore, si elle connaissait Maëlys. Un instant, j’ai cru que mon accent prononcé avait été un obstacle à sa compréhension, mais finalement, elle m’avait montré une personne sur le pont, seule à regarder l’horizon. Je ne la voyais que de dos et déjà, mon cœur loupait de nouveau un battement. C’est elle ? Je m’avance fébrilement mais seule mon assurance trompe l’œil ainsi que ma démarche d’ours mal léché. J’arrive à son niveau au moment où je pense que mes jambes vont me laisser tomber.
- Tu cherches les dauphins ?
Question conne mais dans ce genre de situation, n’importe quoi semble bon pour engager la conversation. Et puis, tout à l’heure, on pouvait en voir à l’horizon. Sans aucun doute devaient-ils suivre les bateaux. Enfin, je prenais mon courage à deux mains puis tournais la tête vers elle pour la dévisager. Putain, c’est le portrait craché de ma mère.
Dans cette lettre il était stipulé que mon frère biologique s'appelait Ezio Salvadore. J'avais reconnu ce prénom, j'étais persuadé que ce garçon était dans mon équipe au Summercamp. D'ailleurs, tu te pointais à mes côtés, pendant que j'étais seule, mais je voulais être sûre que je ne rêvais pas, en savoir plus, mais indirectement. Tu m'adressa donc la parole "Tu cherches les dauphins ?" je me mis à rire légèrement "J'en ai vu tout à l'heure et c'est vraiment beau.." bon, maintenant, il fallait que je sache. Discrètement, je te regardais du coin de l'oeil, en te questionnant "Tu viens d'où?" les étudiants et participants ne venait pas tous d'Harvard.
Je n’avais aucune idée de ce que pouvais savoir Maëlys ou non sur sa famille biologique. J’étais conscient qu’elle avait reçu une lettre ainsi qu’un héritage. Est-ce que ces annotations mentionnaient mon nom ? Je restais dans le flou. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’avais besoin d’éclaircir le plus rapidement possible cette situation car mentalement, c’est très épuisant. Je me perdis d’ailleurs à détailler son visage. J’y retrouvais les traits de ma propre mère et c’en était frustrant. Si cela pouvait me rassurer en partie de voir qu’une personne pouvait me la rappeler physiquement, c’était bien plus douloureux que je ne l’aurais imaginé. Pour ma part, je ressemblais davantage à mon père. A notre père. Et pourtant, nous avions nous même des traits identiques.
- Je pense qu’ils ne doivent pas être loin. Ils adorent suivre les bateaux.
Je tournais la tête vers l’horizon quelques instants, avant de reporter mon attention sur Maëlys. Mon cœur battait la chamade lorsqu’elle me demanda d’où je venais. Et comme je ne souhaitais pas tourner autour du pot plus longtemps, je prenais mon courage à deux mains afin de lui répondre.
- De Venise. J’ai quelque chose pour toi.
Je lui tendais alors une photo pliée en deux que j’avais retrouvé en faisant les cartons de mes parents. Une photo de mes parents avec Maëlys, à sa naissance, à la maternité. Comme quoi, ils ne l’ont jamais oublié. Mais pour ma part, je l'avais toujours ignoré.
J'avais mes avants bras contre les rembardes, tellement proches de cet océan infini. Tu venais me parler, et j'avais quelques doutes, peut-être que c'était vraiment toi mon frère biologique, même si c'était étrange de dire ça.. Tu me parlais des dauphins "Je pense qu’ils ne doivent pas être loin. Ils adorent suivre les bateaux." et je me mis à sourire grandement. Tu étais gentil, et ton regard me rassurait, sans comprendre pourquoi. Je t'avais questionné sur d'où tu venais "De Venise. J’ai quelque chose pour toi." tu me tendais une photo pliée en deux, elle n'était pas récente, ça se voyait. Mais avant de l'ouvrir, je voulais m'asseoir, et c'est sur un banc que je posa mes fesses. Ouvrant cette photo pour discerner un couple, jeune, et un bébé. Je ne voulais pas le croire. Je fronçais les sourcils en sentant les larmes montées. "C'est qui ce bébé..? Ce sont tes parents?" voir la capitaine de son équipe pleurer, c'était pas cool...
Je savais que la nouvelle serait soudaine. Seulement, je n’ai jamais été doué pour faire durer le suspens, encore moins lorsque moi-même, j’en pâtis. Aujourd’hui, je n’avais plus personne. Plus de famille. J’aurais très bien pu disparaître de la surface de la Terre que seuls des amis auraient pu se demander où je me trouvais. Mais c’est tout. Puis dans ce malheur, j’avais appris que je possédais une petite sœur. Ca me paru fou, illogique, impossible car je m’en serais obligatoirement souvent. Pourtant, j’étais encore si petit à l’époque que jamais je n’aurais pu avoir le moindre souvenir de ma mère enceinte. J’étais tombé des nues et après de longs jours d’intenses réflexions, j’avais décidé de faire le chemin jusqu’à ce dernier membre de ma famille que je ne connaissais pas.
- Oui, mes parents. Ils étaient d’ailleurs aussi les tiens…
Le simple fait de voir la photo lui avait fait comprendre la situation. Elle était donc plus au courant que je ne l’imaginais. Je me mordillais la lèvre inférieure, gêné par la situation et par l’émotion que je tâchais de cacher avec force.
Regardant cette photo, je remarquais le temps de ma mère, et son sourire, j'avais le même.. C'était fou. Pourtant, je ne l'avais jamais vu en réalité. Et c'était trop tard maintenant.. Je demandais qui était le bébé mais apparemment, c'était moi, la date de ma naissance était inscrire dessus. "Oui, mes parents. Ils étaient d’ailleurs aussi les tiens…" je n'osais pas te regarder, de peur de fondre en larmes certainement. J'avais pas les bonnes questions, ni les bons mots, je ne savais pas comment réagir, c'était trop d'un coup, beaucoup trop.. "Comment s'appelaient-ils..?" puis soudainement, je te fixais, les yeux plein d'eau. "Pourquoi ils m'ont fait adopter..?" si c'était des problèmes d'argent, je comprenais. Le reste, non..
J’imaginais que c’était un choc pour Maëlys, au moins autant que pour moi. Finalement, je venais m’asseoir à ses côtés. Les mains jointes et les bras posés sur mes genoux, j’observais un point fixe en face de moi, comme si ce dernier avait subitement pris un grand intérêt. Je n’étais pas sûr d’avoir les réponses à ses questions. Du moins, à sa dernière question. C’était délicat. Pourquoi elle et pas moi ? Je continuais de chercher dans les affaires de mes parents, en espérant trouver de véritables réponses, et pas seulement ce que je pensais être la vérité.
- Laura et César Salvadore.
Je passais une main dans mes cheveux puis sur mon visage, comme si je cherchais un peu plus de contenance. Finalement je tournais la tête vers Maëlys afin de l’observer.
- Je n’en sais trop rien. Mon père, enfin… notre père était colonel dans l’armée de terre italienne. Il n’était que rarement présent. Et notre mère, elle, était malade. Un cancer incurable qu’ils ont diagnostiqué au moment de ma naissance. J’imagine qu’ils ont voulu t’épargner tout ça.
Au fond de moi, je savais qui tu étais, depuis hier, depuis que j'avais ouvert la lettre du notaire et du détective. Ton nom m'avait fait tilt et je ne m'étais pas trompée, tu étais bien mon frère biologique, le fils de ceux qui m'avait donné la vie mais que je n'avais jamais connu. "Laura et César Salvadore." c'était beaux. Des prénoms français même, enfin bon, c'était Européen. J'avais tellement de questions à te poser mais pour le moment, il fallait que je digère tout ça, que j’essaie de comprendre, me calmer. "Je n’en sais trop rien. Mon père, enfin… notre père était colonel dans l’armée de terre italienne. Il n’était que rarement présent. Et notre mère, elle, était malade. Un cancer incurable qu’ils ont diagnostiqué au moment de ma naissance. J’imagine qu’ils ont voulu t’épargner tout ça." Tu étais pensif, assis non loin de moi. Tu devais rien comprendre toi non plus.. Je tombais du ciel. Je comprenais beaucoup mieux, je ne savais pas quel âge tu avais.. Donc quel âge tu devais avoir quand elle me portait dans son ventre "Tu as quel âge..?"
Il était difficile pour moi de parler de ma mère au passé, car cela restait récent. Pour mon père, je m’étais fait à l’idée puisqu’il était décédé lorsque j’étais adolescent, bien qu’aujourd’hui encore, son absence me ronge de l’intérieur. Aujourd’hui, je devais me mettre dans la tête une bonne fois pour toute que je n’avais plus personne, à part cette petite sœur que je rencontrais aujourd’hui. Oui, j’imaginais que c’était aussi difficile pour elle que pour moi. Et si je ne pouvais pas lui donner avec certitude une réponse quant à savoir pourquoi nos parents l’ont abandonné elle et pas moi, je pouvais au moins leur parler d’eux afin qu’elle s’en fasse une image. Mais pour ma part, qu’est-ce que cela m’apportait ? Malheureusement pas grand-chose, à part ressasser une partie passée qui me faisait souffrir. J’aurais donné n’importe quoi pour devenir amnésique.
- Je vais prendre vingt-trois ans dans un peu plus d’un mois. Je devais avoir un an quand tu es née, ça explique pourquoi je n’ai aucun souvenir de cet « épisode ».
Je reposais mon regard sur le point fixe devant moi sur lequel je m’étais raccroché quelques minutes plus tôt.
- Je suis désolé qu’ils t’aient abandonné… et que tu apprennes tout ça maintenant…