(+ Hyppo) Kill Bill... le retour

« J’en ai marre de me laisser du temps » avoua-t-elle d’un ton désespéré, car il ne semblait pas avoir conscience de tout ce par quoi elle était justement passée avant de pouvoir être debout face à lui. Elisandra en avait bavé à plus d’un titre. « De toute façon elle peut toujours essayer de m’attaquer, je sais me défendre… » En revanche, elle s’écarta de quelques millimètres histoire de pouvoir saisir son regard et ne plus le lâcher. « Je sais pas, on peut pas dire que tu m’aies accueillie à bras ouverts mais plutôt façon « je suis un iceberg mais je me soigne pas » alors… je t’en veux pas de pas m’avoir attendue, j’suis pas en droit de le faire mais pour le reste ouais c’est un peu dur à croire. Après tout j’ai été absente quatre ans et des brouettes. »

« Il faudra pourtant que tu continues encore un peu. Ton corps doit se réhabituer à bouger, cela ne se fera pas en un claquement de doigts » répondis-je en glissant une main caressante le long de sa joue. « Elle ne t’attaquera pas. Je ne le permettrais jamais… Elle devra se contenter de sa place d’assistante, elle ne m’est guère plus utile dans ce rôle mais cela sera toujours ça » soupirais-je avant de plonger mon regard dans le sien. « Le cœur d’un homme peut se faner en quatre ans s’il n’est pas nourrit d’amour mais cela ne signifie pas qu’il a oublié d’aimer. Je ne t’ai jamais remplacé durant toutes ces années mais je suis différent de l’homme que tu as connu. Les années m’ont changé » lui dis-je d’un ton grave.

« La patience c’est pas vraiment ma tasse de thé » reprit-elle en ne le quittant pourtant guère du regard. Elisandra était diablement surprise qu’il lui caresse la joue, ce qui la poussa d’ailleurs à poser sa propre main sur celle d’Hyppolite, les yeux encore brillants de larmes. « Dès qu’on est plus utiles on dégage c’est ça le principe ? » plaisanta-t-elle non sans ponctuer ses paroles d’un sourire afin d’en atténuer le feu. « Le plus atroce dans l’histoire c’est que moi j’ai pas changé d’un pouce. J’ai l’impression que mon agression a eu lieu hier, que ce salopard peut encore m’attaquer et que je suis toujours enceinte d’Archie. Beau bordel hein ? » Peut-être valait-il mieux user d’ironie, surtout que Mona venait d’ouvrir la porte pour voir comment elle se portait.

« Cela n’a jamais été ta tasse de thé »me surpris-je à plaisanter avant de détourner le regard, comme touché par ses paroles. « N’est-ce pas le propre de l’homme ? Se débarrasser des choses ou des personnes inutiles ? Tout le monde est intéressé par quelque chose » murmurais-je sur un ton lointain comme si j’étais replongé dans mon passé le plus sinistre. « Cela ne doit pas être évident… Ton agresseur a été tué le jour même de ton agression et la police n’a jamais réussi à remonter vers ton ange gardien… Archie a eu quatre ans il y a trois jours..Il y a des photos dans mon smartphone, tu n’as qu’à les regarder. Je règle deux trois détails et je t’accompagne à l’appartement » marmonnais-je en lui tendant mon téléphone contenant quatre ans de la vie de notre fils. Je la laissais seule avec Mona qui me regarda totalement surprise. « Eh bien, je sais pas qui t’es mon enfant mais il était tout retourné mon petit chou à la crème ! » pouffa-t-elle.

« Ca veut dire que j’ai loupé ses quatre anniversaires » baissa-t-elle la tête avec culpabilité, non sans le laisser s’éloigner pour mieux accueillir Mona d’un sourire. « Je suis Elisandra. C’était moi, la nénette dans le coma mais je pense pas qu’il soit retourné à cause de moi. » En tout cas, elle coupa court à la discussion histoire de signer son contrat et se planqua dans un endroit éloigné pour contempler les photos de son fils, recroquevillée sur elle-même. « Bordel il est magnifique » murmura-t-elle entre deux sanglots. C’était trop dur d’imaginer qu’elle avait loupé tout ça et qu’en prime, elle ne pourrait jamais le vivre. A croire que la vie ait décidé d’être cruelle avec elle jusqu’au bout.

Je m'étais une nouvelle fois échappé pour ne pas ressentir toute cette chaleur qu’elle dégageait. Je n’étais plus le même homme. L’Hippolyte qu’elle avait connu n’existait pas, je n’étais plus capable d’aimer, de prendre soin d’une femme… Elisandra méritait mieux mais je savais par avance que mon égoïsme me pousserait à la séduire à nouveau pour l’obtenir. Vingt minutes plus tard, je la retrouvais recroquevillée dans un coin. « Viens… Il est temps que tu découvres ton appartement » lui dis-je en lui tendant la main pour qu’elle se relève. « Puis-je récupérer mon cellulaire ? » lui demandais-je avec politesse.

Elisandra sursauta à nouveau en entendant la voix d’Hyppolite s’élever une nouvelle fois dans l’atmosphère mais ne lui prit la main que quelques secondes à peine en vue de se relever, essuyant ses joues la minute qui suivit. « Je te suis » articula-t-elle avec difficulté, peinant à reprendre le contrôle d’elle-même. « Heu oui bien sûr… j’ai galéré à m’en servir d’ailleurs, c’est susceptible ces petites bêtes n’empêche ! »

« Tu n’as pas encore l’habitude et puis, j’ai le souvenir que tu n’étais pas très douée avec la technologie »la taquinais-je pour lui faire oublier ses soucis, la conduisant vers ma Porsche. Il ne nous fallut guère plus de dix minutes pour arriver à son appartement dont je lui fis faire sommairement la visite. « SI tu as besoin d’une avance sur salaire pour te meubler, tu n’auras qu’à demander à Mona. C’est elle qui gère ce genre de choses. Est-ce qu’il te plait ? » lui demandais-je avant de m’excuser pour passer la porte juste en face et revenir avec une boîte remplie de dvd. « Oui j’habite juste en face, cet immeuble m’appartient mais ce n’est pas le plus important. Voici les quatre années de la vie de notre fils. J’ai pris l’habitude de tout filmer au cas où tu te réveillerais. J’ai bien conscience que cela ne remplacera jamais les souvenirs mais tu pourras assister au moins à sa petite enfance »

« C’est du Chinois pour moi tu veux dire ! » s’exclama-t-elle en soupirant, consciente d’être bien plus habile avec un crayon qu’avec un smartphone entre les mains. Elisandra redevint cependant diablement silencieuse, se concentrant sur les battements de son cœur pour mieux se retrouver avec un appartement… vide. « C’est drôle, j’adore cet endroit parce que ça représente un peu ma vie. T’en fais pas, je vais me débrouiller » avoua-t-elle pour mieux écarquiller les yeux. « T’habites en face ?? » Oh bordel. Voilà qui risquait d’être simple dans le genre… mais elle en oublia rapidement les détails une fois en possession du fameux DVD, chose qui la poussa à lui faire un bisou sur la joue particulièrement émue. « Merci… ça représente énormément pour moi. Tu dois avoir des tonnes de choses à faire, t'inquiètes pas pour moi. »