(+ Hyppo) Kill Bill... le retour

Quatre ans de coma. Elisandra peinait encore à y croire et pourtant, des semaines de rééducation ayant suivi son réveil, elle se trouvait à attendre le patron d’une agence d’escort girl très en vogue en ville. Il lui fallait de l’argent pour se refaire et prétendre à une réinscription à Harvard… mais son cœur s’arrêta quelques secondes en voyant Hyppolite embrasser son ancienne meilleure amie dans le cou. Ni une ni deux, la demoiselle se rua à l’extérieur du bureau pour mieux couper la réaction de la demoiselle. « Toi la ferme, je veux même pas entendre ta voix de sale traître. Je veux juste savoir où est mon fils. »

Quatre longues années de solitude. Je n’avais jamais retrouvé l’amour ni même le désir pour une femme. Oh bien sûr, j’avais connu des corps féminins mais c’était pour assouvir un besoin physiologique rien de sentimental. On pouvait largement me qualifier d’handicapé des sentiments mais je m’en cognais tout autant que de ma première chaussette. Seul assurer l’avenir de mon fils m’importait et si cela devait passer par se forcer de vivre auprès d’une femme qui ne me laissait guère plus sensible qu’un moustique écrasé sur le pare-brise de ma Porsche. D’ailleurs, rien ne me touchait plus depuis quatre ans à part la détresse d’un fils dont j’étais incapable de toucher de peur de le faire souffrir comme mon père m’avait fait souffrir. On m’avait enlevé ma lueur d’humanité. Une lueur qui fit son grand retour de but en blanc dans les locaux de mon agence d’Escort. « Elisandra ?! »dis-je totalement choqué –une grande première pour moi ; l’homme qui montrait autant ses sentiments qu’un mort vivant. « Je… Depuis combien de temps ?! » demandais-je essayant vainement de retrouver une contenance.

Bon, d’accord, dans le genre entrée en matière délicate Elisandra se posait là. Mais cela ne devrait dépayser personne, elle était déjà impulsive et imprévisible quatre ans plus tôt ! « Tu veux dire avant la rééducation semblable à une torture ou après ? Si c’est avant, un mois, si c’est après, disons que je viens juste de sortir contre avis médical. J’ai répondu à ta question, je peux savoir où est mon fils maintenant où l’autre greluche va encore me maintenir le poignet pour être sûre que je ne la baffe pas ? »

« Serena…Lâche là »ordonnais-je d’une voix froide à mon assistante et actuelle petite-amie avant de prendre la main d’Elisandra dans la mienne pour la conduire à mon bureau, claquant la porte au nez de la jolie blonde pour être certain d’avoir la paix. « Pourquoi ta sœur ne m’as pas averti ?! J’étais en droit de savoir que tu étais réveillée »lui demandais-je avec une certaine colère dans la tonalité de ma voix. Ce n’était pas après elle que je n’en avais mais bel et bien après sa sœur ainée. « Notre fils se trouve à l’école à cette heure-ci. Il va bien, j’ai veillé à ce qu’il reçoive une bonne éducation et qu’il ne manque d’aucun jouet et autres accessoires »lui dis-je tandis que je ne pouvais m’empêcher de l’observer sous toutes les coutures.

« Waw tu claques carrément la porte à ta blonde ? Rude ! » fit-elle remarquer avec un brin d’amusement pour éviter de hurler. Oui, Elisandra avait mal de l’observer avec une autre femme mais elle partait battue d’avance : elle gardait quatre ans de retard quoi qu’il en soit. « Ma sœur a dû se rendre en Norvège pour une urgence, sa fille cadette a dû être conduite à l’hôpital, j’ai fais ma rééduc’ toute seule comme une grande et je ne savais pas où te joindre » répondit-elle de façon aussi sérieuse que lui. « Pourquoi tu me regardes comme ça, j’ai l’impression d’avoir un truc pas net sur le nez ! Puis en plus c’est le patron que je suis venue voir, je voulais que tu m’embauches. Puisque je ne peux pas voir Archie tout de suite… »

« Serena n’est pas… C’est compliqué mais elle n’a pas à s’occuper de ma vie privée point finale »lâchais-je en haussant les épaules démontrant bien par-là que je n’avais que faire de mon assistante. Elle n’avait été qu’une piètre tentative pour donner un semblant d’amour maternel à Archibald. La donne avait changé au moment même où mes yeux s’étaient posés sur l’unique amour de ma vie. « Elle avait mes coordonnées. Je te prie de croire qu’elle va entendre parler du pays » grommelais-je avant de me laisser aller à une inspection dans les règles de l’Art. « Cela faisait des années que je ne t’avais pas vu aussi vivante…C’est tout »bottais-je en touche alors que mon cœur poussiéreux n’avait de cesse de fêter sa venue. Tout était différent à présent. « Pardon ?! Hors de question ! Et je n’ai jamais dit que tu ne pourrais pas voir ton fils. Je dois simplement m’assurer qu’il soit suffisamment prêt… A son âge, il a besoin d’être ménagé.»

« Ce sont pas vraiment mes oignons » botta-t-elle en touche à son tour avant de se racler la gorge. « Ouais ça fait quatre ans que je n’avais pas été vivante, je sais, à l’hosto s’ils ne me l’ont pas dit quinze mille fois ils ne me l’ont pas dit du tout » soupira-t-elle, fatiguée d’être limite considérée comme un zombie. « Ménagé ? Merde Hippolyte je n’ai jamais vu mon fils tu ne peux pas m’en empêcher ! Tu ne te rends pas compte de ce que tu me demandes, attendre c’est… même pas la peine que je te demande de comprendre en fait, bref. J’ai besoin de bosser. Tu peux m’offrir une place, c’est tout ce que je veux. »

« Et tu veux faire quoi ? Débarquer du jour au lendemain dans sa vie et dire : Tiens c’est moi ta mère mais non pleure pas, je vais t’amener au parc et on mangera une glace ? Que tu veuilles le voir c’est naturel et tu le verras. Je te demande de me laisser le temps de le ménager, de le prévenir au moins et non que tu débarques dans sa vie pour foutre en l’air son fragile équilibre »déclarais-je sur un ton on ne peut plus autoritaire. Je ne l’empêcherai jamais de voir notre fils mais hors de question qu’elle agisse en parfaite égoïste. La santé mentale et physique de notre fils a toujours été une priorité pour moi et si elle désirait m’affronter sur ce terrain-là, elle serait perdante par avance. « Je t’ai dit hors de question. Ta famille est la plus riche de Norvège, puis-je savoir pourquoi tu désires te vendre aux plus offrants ?! »

Elisandra s’écarta de quelques pas pour mieux se diriger vers la fenêtre et ainsi dissimuler habilement son tremblement aux mains. Il revenait toujours en cas de stress et là, en l’occurrence, elle se trouvait impuissante. « Très bien » lâcha-t-elle froidement, se rendant compte au passage qu’elle n’avait pas fait que perdre quatre ans de sa vie, hélas… « C’est compliqué. Les mettre au parfum signifiera forcément retourner en Norvège et ça va, j’ai perdu assez de choses comme ça dans l’histoire alors je vais me débrouiller toute seule comme une grande fille » reprit-elle avant de prendre une grande inspiration et de se tourner vers lui, se rapprochant d’un air très sérieux. « Je vais devenir escort avec ou sans ton aide mais dans le premier cas je vendrai juste ma compagnie et dans le second ça pourrait aussi impliquer mon corps. Quoi qu’il en soit j’ai besoin d’argent et même si ça m’emmerde de le dire, je ne peux pas faire grand-chose pour l’instant alors que je tiens à peine debout. »

« Tu sais que le chantage n’a jamais été une option à prendre avec moi ? » lui dis-je en la regardant droit dans les yeux avant de lui faire signe de s’asseoir. Elle ne me laissait guère d’option et je la détestais pour cela. Pourquoi ne pas tout simplement se tourner vers moi et me demander de la dépanner financièrement au lieu de m’imposer de la glisser dans d’autres bras ?! Quatre ans s’étaient peut-être écoulés mais mon amour pour elle était toujours aussi dévastateur. « Soit. Tu es engagée mais il y a des règles : aucune fraternisation de quelque nature est autorisée avec le client. Mon entreprise est légale et sérieuse, je ne fais pas dans le proxénétisme. Tu couches avec le client, tu seras non seulement virée mais je t’attaquerai en justice pour avoir mis en danger l’image de marque de mon entreprise. Deuxième règle : je choisirai tes clients que cela te plaise ou non. Troisième règle : En aucun cas Archie ou son entourage proche ne doit connaitre ton activité » lui dis-je sans la quitter du regard. « Acceptes-tu les termes du contrat ? »