Rencontre tardive (Diego)

"Faudrait que t'essaie, il paraît que ça rend plus performant et endurant.." Je ricanais en levant les yeux au ciel. Par la suite, je lui avais doucement caressé la cheville sans aucune arrière-pensée. Du moins en apparence. Je n’étais pas contre un rapprochement, mais ce que j’attendais le plus, c’est de la voir me refouler. J’adorais jouer avec elle. C’était un jeu malsain que j’aimais alimenter avec les jeunes femmes. "J'ai pas inviter ta main à me toucher, enlève ça.. Et j'ai besoin d'un mec pour m'sentir bien tu penses? J'ai invité Holly une amie.." Madame se la jouait féministe. Tiens donc ! Elle me criait dessus, mais elle ne faisait rien pour m’en empêcher. Me rapprochant d’elle, je remontais un peu plus ma main le long de sa jambe. « Si tu ne m’as pas invité, qu’est-ce que t’attends pour me dégager ? »

J’étais à quelques centimètres d’elle, attendant sa réaction avec un certain amusement. Finalement, elle repoussait ma main, avant de se lever. C’était exactement ce qu’il me fallait. Ce n’était pas un non catégorique. Non, elle ne faisait que me fuir. "Tu es à Harvard depuis longtemps? Enfin, tu sors d'où?" Maëlys revenait vers moi. En me posant cette question, elle montrait clairement sa curiosité à mon propos. « Depuis le début du semestre. J’étais à Princeton avant » Je n’avais pas envie de parler de ma vie en Espagne. De toute façon, je n’y étais pas obligé, cela faisait neuf ans que je n’y étais pas retourné pour éviter ma cousine Cordélia. Me relevant, je lui faisais face. « Et toi ? » Autant faire semblant de m’y intéresser, même si j’avais une autre idée en tête.

"Pourtant, c'est bien les Etats-Unis, mais j'aurais parié que tu venais de pays plus.. latinos!" On peut dire que cela ne lui avait pas échappé. « J’en déduis que tu m’as bien regardé » disais-je avec un sourire narquois. « Espagne…Je viens d’Espagne » Je détestais parler de mon pays natal et de ma vie là-bas. Depuis mes retrouvailles avec ma cousine, j’avais tendance à en parler plus librement comme si je me guérissais d’une ancienne culpabilité. "J'suis à Harvard depuis deux ans. Et je vivais à Londres avant.." C’était donc une petite anglaise. Intéressant. « Pourquoi t’es venue ici ? Epargne moi le ‘’Harvard est la meilleure université au monde’’ » Je continuais de la regarder avec intensité. A présent, je m’étais complètement tourné vers elle, m’appuyant sur la rambarde de la terrasse.   

"Pour la peine, tu me fera à manger typiquement de chez toi.. T'as bien failli me tuer en moto!" Les femmes toujours en train de profiter en se faisant passer pour des victimes ! Je lâchais un léger rire, avant de lui répondre. « Je verrais si tu le mérite, mais tu pourras toujours passer chez moi » Profiteur, moi ? Je ne faisais que retourner la situation à mon avantage. Pour en savoir un peu plus pour elle, je lui demandais pourquoi est-ce qu’elle était venue à Harvard. "J'avais besoin de changer d'air.. Puis ici, on rencontre pleins de gens.. de toutes les nationalités et tout.. L'Amérique quoi." L’American way of lie, ni plus ni moins ! « Changer d’air. T’étouffais chez toi » Bon ok, je me moquais un peu d’elle. Maëlys restait assez vague comme si elle cachait quelque chose. « Tu es mystérieuse Maëlys…jolie Maëlys » disais-je en appuyant sur la fin de son prénom, un sourire narquois aux lèvres.  

"Je le mérite je t'assure. Tu vis à Cambridge?" Après la chambre étudiante, j’avais accepté de prendre un appartement en colocation avec deux autres personnes. « Ouais, à Imman Square » Le quartier était pas mal. Il y avait toujours de l’activité et il n’était pas très loin du campus. "J'avais besoin d'me retrouver seule en Amérique oui. On y découvre beaucoup de choses.. enfin, quand on se détache de sa famille." Je ne sais pas comment cela fonctionnait chez eux, mais en Espagne ont était plutôt du genre à être proche. Sauf moi. J’étais surpris qu’elle réponde à mes questions sans détourner le sujet. « Quoi, tes vieux t’empêchaient de sortir ? » disais-je avec ironie. "C'est pas drôle si j'te dis tout sur moi Diego. Tu vas aller au SummerCamp?" D’accord, j’avais tendance à prendre tout à la légère comme si je me foutais de tout, mais, c’est juste que je n’avais pas l’habitude de parler comme ça avec elle. « D’accord. Je suis sérieux » Je me redressais et prenais une expression plus attentive. « Pourquoi t’aimerais que j’y sois ? … Mais oui, j’y vais et toi ? »