(+ Zipp) confidence pour confidence

La soirée avait battu son plein. Quitte à faire honneur à la Mather House, autant y aller franco… mais Bambi n’était pas fatiguée pour trois ronds de serviette et autant dire qu’elle n’hésita pas une seconde à envoyer un petit texto à Zippora une fois de retour à l’hôtel. Tu dors ma biche ? lui avait-t-elle demandé et ce n’est qu’après obtention d’une réponse que la blondinette s’était pointée en fanfare, deux bouteilles de bière en main, à la porte de la chambre de sa confidente et amie. « Hey tu gères à pas dormir parce que je n’avais pas du touuuut sommeil puis merde, ça fait une paye qu’on ne s’est pas vues alors j’ai plein de scoops pour toi ! » lança-t-elle à la cantonade après lui avoir offert les deux bises de coutume et l’avait serrée brièvement dans ses bras. « Ca va, tu t’éclates à la Nouvelle Orléans de ton côté ? » lui demanda-t-elle tout de même, histoire de voir si elle ne l’avait pas dérangée au milieu de quelque chose parce qu’après tout… on ne sait jamais !

La nouvelle Orléans c'était chouette. Et puis quelque part, ça te permettait de t'éloigner un peu de Micah et de votre relation quasi destructrice. Au moins, ici, tu pouvais penser à autre chose. Décompresser un peu. Te changer les idées quoi. Et franchement, c'était pas de refus. T'avais l'impression d'avoir vécut un calvaire ses derniers temps et t'étais juste à bout. Autant dire que ce petit voyage en compagnie des Mathers ne pouvait que te faire du bien. Pourtant, t'étais rentrée plutôt tôt sans trop savoir pourquoi et résultat, tu tournais en rond dans ta chambre sans trop savoir quoi faire jusqu'à ce que ton portable le sauveur vienne te tirer de ton ennui. Bambi. Tu lui répondais rapidement que tu ne dormais pas encore et genre même pas cinq minute après, elle était devant ta porte, bière à la main. Cette fille, c'était la perfection. « Vas y balance les scoops, tu sais que j'adore ça. » Et sans t'faire prier, tu sautais sur le lit attendant sagement qu'elle te raconte en long, en large et en travers tout ce qu'il y avait de nouveau dans sa vie. « Bah on va dire que j'en avais bien besoin en fait. J'pense que je vais rester ici et tout recommencer à zéro tiens. C'pourrait être chouette. » Ouais c'était beau de rêver.

« Tout recommencer à zéro ? » s’étonna Bambi car pour le coup, elle ne s’était pas attendue à pareille réponse de la part de Zippora. Cela méritait éclaircissement et quelque chose lui disait qu’elle ne serait certes pas la seule à passer par la case confidence… « Alors accroche-toi bien à ton string parce que figure-toi que j’ai demandé en mariage ma moitié ! » Il s’agissait d’un exploit lorsque l’on connaissait le manque de confiance qu’avait la jolie Mather en quelqu’un qui ne lui était pas proche depuis des lustres et combien elle mettait de temps à devenir réellement sentimentale en couple. Comme elle avait viré sa cutie entre temps, en prime, l’effort n’en n’était que plus colossal et à noter une double croix rouge vif. « Mais je crois que toi aussi tu as plein de trucs à me dire et on va trinquer à tout ça parce qu’il ne faut pas déconner ma bichette, alors à ta santé nom d’un chien ! » s’exclama-t-elle, refusant de se laisser gagner par la tristesse, et bien décidée à amener du peps à sa confidence et amie semblant en avoir bien besoin.

Mais très franchement, qui n'avait jamais rêvée de pouvoir tout reprendre à zéro ? De partir loin et de tout refaire ? Parce que fallait avouer que c'était plutôt tentant comme solution. Aller dans un endroit ou nous étions inconnu de tous et se créer une nouvelle identité. Parfois, t'aurais vraiment eu envie de faire ça. Ne pas te poser de question et tout reprendre. Sauf que tu pouvais pas. Ou.. En fait, t'étais peut être juste trop lâche pour oser vraiment le tenter. « Ouais, recommencer quoi. » Bambi avait l'air sérieusement surprise par tes paroles. Pourtant, c'était quelque chose dont t'avais rêvée bien plus d'une fois. « QUOI ? Sérieusement ? Quand ? Pourquoi ? Ou ? Comment ? J'peux être demoiselle d'honneur ? Oh putaaaaaain. » Le mariage, tout ça, c'était vraiment pas ton truc. D'ailleurs, t'avais vachement de mal à croire en l'amour et tout le reste mais tu était honnêtement très heureuse pour ton amie. Parce qu'elle le méritait vraiment et que si elle avait osée sautée ce pas c'est qu'elle était convaincue que ça pouvait marcher. C'était pas le moment de lui sortir tout un baratin comme quoi l'amour faisait mal ect.. « A la tienne de santé ouais. » Tu tapais ta bouteille dans la sienne avant de boire une gorgée. Bon, c'était le moment de parler. T'étais pas très à l'aise mais tu savais que tu pouvais lui faire confiance. « Tu vois y a ce garçon.. Micah. Ben, j'crois que je l'aime bien. Non. En fait, je l'aime vraiment mais.. J'ai la trouille. » Putain, t'avais toujours tout fait pour pas tomber amoureuse. Pourquoi ça te tombait dessus maintenant ?

Bambi laissa échapper un petit rire amusé face au flot de questions que lui offrait Zippora et qui la flattait. « Avec plaisir pour être ma demoiselle d’horreur déjà ! » répliqua-t-elle en haussant un petit sourcil satisfait et, tandis qu’elle trinquait avec sa bière pour mieux en boire une bonne lampée, reprit imperturbablement la parole : « je lui ai demandé sa main le jour de son anniversaire, le vingt avril dernier donc tu vois, c’est tout récent. J’avais privatisé le magasin Nicolas que tient un de mes potes à Cambridge, et fait étiqueter mille bouteilles avec « Wilhelmina veux-tu m’épouser ? » inscrit dessus. Quand elle a vu l’inscription, il y a eut un duo de violoniste et j’ai plus eu qu’à dire la fameuse question avec l’écrin de la bague en main » lui raconta-t-elle en détails, pas peu fière de l’imagination dont elle avait fait preuve pour sa demande. C’est que Bambi s’était creusé la nénette ! « Et pourquoi tu as autant la trouille en fait ? » demanda aussitôt la blondinette, redevenue sérieux entretemps. Cette fois-ci, le projecteur était pointé sur Zippora, certes, mais elle pouvait être assurée que la demoiselle en face ne se moquerait jamais.

Bambi trouvait plutôt impressionnante la façon qu’avait Zippora de se déprécier l’air de rien. Dommage, car non seulement la Mather était jolie comme tout, mais en plus elle était adorable. Elle méritait donc ce fameux bonheur dont elle semblait vouloir tant se priver, pour une raison échappant encore à la monténégrine. « Tache ? Pourquoi tache ! Tu ne ferais pas tache du tout puis tu sais, je t’avoue que c’est pas évident pour moi de faire avec le regard des autres. je m’en prends des vertes et des pas mûres dans la tronche parce que je veux épouser une femme. D’un côté je m’en tamponne et de l’autre ça m’atteint quand même » avoua-t-elle subitement en haussant les épaules. Il ne fallait guère oublier que Bambi n’était âgée que de vingt-deux ans malgré sa grande maturité et qu’elle finissait par être fatiguée de la connerie humaine. « Tu sais que t’es ma garce toute choupinoute ? Moi m’en fous que t’en sois une, tu le vaux bien ma biche ! Et contrairement à ce que tu crois, tu mérites d’être heureuse, même si tu as l’air de te l’interdire… et tant pis si je sonne ourson en guimauve hein ! Tu veux qu’on trinque avec quelque chose de plus fort pour se remettre ?? »

Bambi esquissa un petit sourire gêné face aux propos de Zippora, qui la touchèrent bien évidemment tout en la mettant légèrement mal à l’aise. Il faut dire que la jolie Mather n’était guère habituée aux compliments dans le genre. « Tu sais au départ je n’avais aucun courage et je fuyais le regard des autres. Ce n’est que par la force des choses que ça m’est venu et je suis sûre que ce sera pareil pour toi » l’encouragea-t-elle aussitôt, se descendant légèrement de son piédestal pour montrer à sa comparse verte qu’il n’y avait aucune raison que le bonheur ne finisse pas par l’atteindre elle aussi. « Ça ne m’empêche pas d’être garce et dure je te rassure ! » ricana Bambi avant de laisser Zipp chercher dans le mini bar de quoi trinquer et à la vodka, quoi de plus naturel ! « Et toi à ton bonheur qui va sûrement finir par frapper à ta porte, sinon je lui refais le portrait façon Picasso période déstructurée ! Santé mais pas des pieeeds !! »