I'm not a hero but i'm gonna save you Հ POPPY

Paris, la ville des lumières, la ville romantique, la ville qui fait envie, qui donne des idées. Pour moi, Paris n’était pas une destination agréable. Depuis l’appel que j’avais reçu de Poppy, mon cerveau m’amusait à me torturer en me rappelant chaque mot qu’elle avait pu prononcer de sa voix tremblante. J’avais pris l’avion aussitôt, sois dit en passant, je m’étais ruiné pour acheter le billet, et j’avais pris le vol direction Paris afin de tout mettre en œuvre pour la retrouver. Sauf qu’à Paris, j’étais un vulgaire touriste, un mec qui n’avait rien pour la retrouver. Durant le vol, j’avais cherché comment la retrouver, et je ne voyais aucun moyen, ma venue même dans cette ville était complètement insensée, pourtant, je l’avais fait, une fois de plus, sans réfléchir. Une fois sur le sol français, je me baladais dans les quartiers les plus peuplés pour montrer la photo de Poppy à d’éventuels témoins, et durant une journée entière, je restais bredouille. À quoi bon, j’étais bien innocent de demander dans une ville, qui aurait pu voir une petite américaine se faire enlever. Qu’est-ce que je foutais ici, j’étais vraiment débile, c’était peine perdue…

Il fallait croire que toutes les emmerdes du monde ne tombait que sur Poppy. Elle avait vécu tellement de choses depuis qu'elle était à Cambridge qu'elle était aujourd'hui incapable de dire ce qui était bien et ce qui ne l'était pas. Elle se retrouvait aujourd'hui à Paris, dans une cave miteuse avec un air lourd et humide qui faisait probablement plus de mal à ses poumons que de bien. Et le pire dans cette situation c'est que la jeune Cabot ignorait totalement pourquoi elle se trouvait ici. Qu'avait-elle fait de mal pour qu'elle se retrouve dans une merde pareille ? Aussi alors qu'elle avait réussi à joindre Haytam, elle ne put lui parler que brièvement avant de tomber sur ses ravisseurs. Ravisseurs qui se firent un plaisir de la frapper à même le visage pour finalement la transporter dans une pièce différente et bien plus effrayante. Alors qu'elle n'imaginait même pas tout les supplices qu'elle allait subir, un de ses ravisseurs décida de sortir au grand air pour acheter des bières pour la soirée. Aussi alors qu'il se promenait bien gentiment dans les ruelles de la capitale de France, il tomba sur un garçon qui semblait désespérer de chercher une fille. S'avançant alors vers lui, il ajouta d'une voix presque menaçante avec son accent russe « Je l'ai vu votre fille moi. Elle est partie la-bas. » Pointant une ruelle du doigt, il sourit largement, dévoilant une dentition douteuse qui ne portait pas à être aimé.

Paris, c’était le seul indice que j’avais, c’était le seul moyen de retrouver Poppy qui s’était foutu dans une étrange galère. J’avais beau réfléchir, je n’arrivais pas à comprendre comment elle avait pu se retrouver dans une situation pareille, se faire menacer par des gros bras, se faire assommer, se retrouver à… Paris ? Mon cerveau pourtant intelligent n’arrivait pas à faire un quelconque rapprochement, le seul moyen était donc d’aller directement sur le terrain afin de récolter de maigres indices. Je cherchais alors Poppy dans les grandes rues de Paris avant de finir par les quartiers plus mal famés, j’ignorais pourquoi, et à vrai dire je n’avais pas envie d’y croire, mais je savais que je me rapprochais un peu plus du but à chaque fois que je m’introduisais dans ces ruelles sombres dont la population ne faisait que baisser la tête en marchant à pas rapide dès que vous vous approchiez d’eux. Désespéré, j’étais presque prêt à arrêter, pourtant, ce n’était pas mon genre de baisser les bras. L’affiche dans les mains, je posais mon regard sur la photo de Poppy, souriante, il faut dire que je n’avais pas l’occasion de voir son sourire depuis la fête des Mathers. Un mec m’interpella alors, un accent russe, quelle coïncidence. Vu sa tête, il ne pouvait être que dans le coup, je détestais juger au physique mais il y avait des limites. Avalant ma salive avec difficulté, je regardais dans la direction montrée, je n’avais pas le choix, je devais y aller, pourtant je savais que c’était un piège car il était loin d’être parfait, mais après tout, c'était le seul moyen de retrouver mon amie. Alors, sans dire un mot, je m’enfonçais dans la rue qu’il m’avait indiquée.

Alors que la jeune Silver sortait peu à peu des vapes, elle ressentit une douleur sur sa joue, l'endroit où elle avait été frappé plus tôt, qui lui arracha une grimace. Elle commençait à ouvrir les yeux et il lui fallut un temps d'adaptation afin de se remettre les idées en place sur l'endroit où elle pouvait bien se trouver. Déglutissant et ouvrant au plus grand ses yeux noisettes, elle laissa son regard parcourir la salle. Cette dernière ne lui disait rien de bon et en réalité, cette pièce ressemblait bien plus à un bloc opératoire qu'à un salon de thé. Elle était seule dans la salle et elle était allongé sur une table de ferraille où ses poignets étaient ligotés avec de larges sangles. Alors qu'elle ne s'imaginait même pas que quelqu'un puisse la sortir de ce merdier, l'homme qui était parti acheter des bières quelques minutes plus tôt fut ravi de voir qu'Haytam avait suivi ses instructions. Le suivant alors de près, il se faufila à son tour dans la ruelle qui était en réalité un cul de sac. « Alors comme-ça vous êtes à la recherche de la fille ? Qui vous envoie ? » L'homme qui était plutôt baraque se rapprochait d'Haytam menaçant, le coinçant presque contre le mur de l'impasse. Il baissa ses yeux gris acier sur le Dunster, une grimace répugnante au visage.

Je ne savais pas où je m’engageais, et surtout comment toute cette histoire allait finir. J’aurais été frileux, l’ancien Haytam, le mec qui ne se préoccupait que de lui-même, je n’aurais même pas prêté ne serait-ce qu’une minute d’attention à l’appel de Poppy, mais je n’étais plus ce mec-là, ce crevard, non j’étais le mec qui se préoccupait de la vie de son amie, bien plus que la sienne. A vrai dire, je n’avais rien à perdre, voilà certainement pourquoi je m’étais engagé dans cette ruelle tout en sachant que c’était un piège, je le sentais venir de tellement loin. Remettant mon sac lourd sur mes épaules histoire d’avancer plus vite, je le laissais ensuite tomber dans la rue en me retournant vers mon futur agresseur tout en soufflant, c’était un cul-de-sac. Je chuchotais alors « Tellement prévisible. » Puis je le laissais approcher et m’interroger. Je fronçais alors mon nez et essayais de dégager mon visage. « Mec, achète sérieusement des pastilles à la menthe. » D’où venait cette subite assurance ? Même moi je l’ignorais. Mon corps frêle me permettait alors de me faufiler derrière lui afin de quitter le mur car je savais d’office que si je restais devant, j’étais coincé. « Je la cherche et uniquement moi, c’est un problème ? »

Alors que la jeune Silver tentait de se détacher de ses liens en tirant et en se taillant la peau des poignets avec hargne, elle comprit assez tôt que c'était peine perdue. Elle se faisait plus de mal qu'autre chose et les liens en cuir qui lui plaqué les poignets sur la table ne s'était pas desserré d'un pouce. Inspirant profondément, Poppy commençait à paniquer. Elle ne savait pas où elle était, l'ambiance était sombre, elle était attaché dans une pièce qui s'apparenté à un bloc opératoire. Elle savait qu'elle avait des ennuis et même si elle voulait rester forte, elle ne pouvait pas s'y résoudre. Psychologiquement elle commençait doucement à sombrer et il ne lui fallut que très peu de temps pour essayer de se dégager en se débattant de toutes ses forces, des larmes perlant au coin de ses yeux, elle lâcha un juron « Aller ! » Mais il n'y avait rien à faire, c'était cause perdue. L'homme quant à lui, observait Haytam d'un oeil mauvais et ce dernier n'avait pas mis longtemps avant de le provoquer. Rageux il se tourna alors vers le Dunster en lui donnant un coup de poing dans le nez sans même répondre à sa question. Un coup d'une telle ampleur pouvait facilement vous faire tomber dans les vapes.

J’étais coincé, je le savais, et pourtant je savais également que c’était le seul moyen pour retrouver Poppy. Alors je cherchais au plus profond de moi une certaine hargne, j’avais envie de lui foutre mon poing en pleine gueule, je m’étais entraîné des heures durant pour être plus fort, mais je savais que vu son gabarit, même si j’arrivais à le maîtriser en usant de la ruse, j’allais tout de même perdre, après tout il était le seul mec pouvant me conduire à mon amie. Je sortais alors le jeu de l’assurance, de l’arrogance, le provoquer, c’est tout ce qu’il lui fallait pour ne pas vouloir me tuer tout de suite, ce genre de mec aimait torturer, ça se voyait rien qu’à sa tête. Je serrais alors les poings et prenais plusieurs longues respirations, je me concentrais à recevoir le coup qu’il allait m’asséner, ça devait se passer comme ça, il n’y avait pas d’autres moyens. J’étais comme un gosse, prêt à recevoir une fessée en se disant qu’il allait hurler de douleur. Je recevais alors le coup sur le nez et trébuchais pour finir par tomber en arrière. Je m’égratignais la main à vouloir me rattraper pendant que mes nez saignait à grosse goutte. Je me relevais alors, chancelant, me mettant stupidement à sourire. « C’est tout ce que t'as dans le ventre ? » Ouais j'avais toujours rêvé de dire ça, alors pourquoi ne pas en profiter. Je le voyais alors arriver vers moi et j’esquivais son autre coup, par-dessus ça je lui assénais un coup de poing en plein entre l’œil droit et le nez, puis je me faisais à nouveau frapper au visage, tombant dans les pommes, m’étalant contre le sol dur et froid de la rue.

Alors que Poppy était déterminée à vouloir s'échapper, elle entendit des voix et des bruits de pas qui se rapprochèrent un peu plus d'elle. Aussi, alors qu'elle vit la poignée de la porte s'abaisser, elle arrêta instantanément de se débattre et ferma les yeux pour faire comme-ci elle était toujours dans les vapes. Peut-être entendrait-elle des bribes de conversations qui pourrait lui servir ? Alors qu'un médecin, ou un homme qui était habillé comme un médecin s'approcha de la jeune Cabot, il mit en marche une machine qui fit d'abord un bruit ignoble. Ca ressemblait à des milliers de coup de ferraille sur un mur de béton. Aussitôt la Silver se demanda se que c'était et voulant jeter un oeil à la machine en question, le médecin qui se trouva à côté d'elle sourit d'un air méchant en s'apercevant que la rose n'était plus dans un état second. « On est réveillée à ce que je vois. Tant mieux, ça sera plus drôle de le faire. » Alors que la Silver s'apprêta à répondre, le médecin lui mit un casque sur la tête puis tournant le bouton de la machine infernale, il fut ravi de voir que sa machine fonctionnait correctement. Poppy se mit alors à hurler à plein poumons. Accrochant la table sur laquelle elle était à s'en faire saigner les doigts. Elle avait plusieurs soubresauts puis lorsque l'homme éteignit sa machine il demanda à Poppy de s'endormir. Observant le médecin d'un oeil quasi fermé, Poppy laissa sa tête rouler sur le côté avant de fermer les yeux. Pendant ce temps, l'homme qui avait attaqué Haytam dans la rue, avait réussi à le mettre K.O. et presque aussitôt il l'amena à son repère, l'amenant dans la même salle ou se trouvait Poppy, il entreprit de l'attacher comme la jeune femme afin qu'il ne puisse s'en aller.

J’ignorais dans quelle galère je me lançais, mais à vrai dire je m’en foutais. Mon seul but était de sauver Poppy, quitte à en perdre la mienne, après tout elle ne valait pas grand-chose. Recevant un coup qui me propulsait contre le sol froid et dur, mes yeux se mettaient alors à papillonner, j’avais soudainement l’impression de manquer d’oxygène. Je ne luttais pas, je savais que c’était le seul moyen d’aller jusqu’à la rose, je devais juste me laisser faire… J’ouvrais les yeux quelques longues minutes plus tard, du moins c’est ce que je supposais car j’ignorais combien de temps il s’était écoulé. Je me sentais soudainement bouger, je relevais alors légèrement la tête pour apercevoir à travers la fenêtre de la voiture tous les détails possibles, des bâtiments, des panneaux, tout ce qui pourrait m’aider plus tard, si je devais m’en sortir. La voiture s’arrêta soudain et le mec à l’avant ouvra sa portière puis la mienne, voyant que j’étais réveillé, il m’assena un autre coup, ma perte était courue d’avance. J’étais loin d’imaginer qu’il m’avait transporté dans une salle sombre et vulgairement attaché à des tuyaux, faisant saigner mes poignets.

► Happy + i'm not a hero but i'm gonna save you.

Poppy sentait qu'elle était entrain de se vider de toute son énergie, qu'elle commençait à perdre pieds à une vitesse fulgurante. Et honnêtement elle ne savait pas si elle allait sortir d'ici vivante ou découpé en morceaux. Aussi après avoir subit les foudres de la machine infernale, la jeune Cabot avait re-sombré dans un léger coma qui ne l'empêchait pas d'entendre les bruits alentours. Aussi alors qu'elle souhaitait vraiment ouvrir les yeux, elle entendit un homme qui posait quelqu'un sur une table avoisinante à la jeune femme en déclarant que c'était un petit con qui venait pour la Cabot. Elle aurait volontiers froncer les sourcils mais son corps ne lui permettait pas autant de liberté. Aussi lorsque tout les ravisseurs partirent de la pièce et laissèrent Haytam et Poppy seul, la jeune Silver lutta une nouvelle fois pour ouvrir les yeux puis lorsqu'elle arriva à son objectif, elle posa son regard noisette sur le Dunster. Une larme perlant au coin de son oeil. Il était venu, il était venu pour elle, sachant qu'il n'avait probablement aucune chance de survivre. La jeune Cabot ressentit une douce douleur dans son estomac, puis elle déglutit difficilement. Elle chuchota alors d'une voix faible. « Haytam... Haytam réveille toi... » Elle ne le quittait pas des yeux et attendait qu'il immerge de son coma. Il y avait du sang sur son visage et le fait de le voir dans cet état fit comprendre à Poppy qu'elle ne voulait pas le voir souffrir à cause d'elle, une fois de plus.