(+ Mina) Carnage ! ~ Flashforward

« T’inquiètes, ce sera notre petit secret » avoua Thaïs avant de plaquer son doigt contre ses lèvres pour mieux éclater de rire la seconde qui suivit. Inutile de dédramatiser, n’est-ce pas ? La situation avait bien besoin de cette dimension comique… « Une autre sorte de relation… ouais mais Bambi et Leevy ne font pas connerie sur connerie ni même ne s’adonnent à un striptease en public ! Là, on dirait qu’ils font tout pour nous faire bouillir de rage, Ali et moi. C’est insupportable à la longue et je ne sais pas quoi faire. J’ai préparé un sac pour qu’il aille ailleurs quelques jours » fit-elle en lui tendant la fameuse bouteille demandée.

« Je savais que je pouvais compter sur ta discrétion » pouffais-je de rire avant que la conversation ne prenne une tournure bien plus personnelle, bien plus sérieuse. « Oui, c’est sûr. En même temps, Bambi sait très bien qu’elle vire… Je ne passe pas mon temps à lutter contre mes pulsions pour lui rester fidèle pour qu’elle aille agiter son fessier craquant sous le nez des autres » lâchais-je même si cela me brisait de le cœur de voir ce couple se déchirer. « Peut-être que c’est elle qui a une mauvaise influence sur lui…non ? » l’interrogeais-je avant de me pencher vers elle pour lui faire un petit câlin.   « Tu fais bien, tu dois penser à toi et peut-être que cela le fera réagir ! Cela me fait mal de te voir si malheureuse ma chérie… vous êtes si craquants tous les deux… tu ne vas pas divorcer hein ?! Tu veux que j’aille lui parler ?! »

Thaïs esquissa bien évidemment un petit sourire amusé avant de hocher vivement la tête en soupirant. Pour sûr, Mina ne faisait pas tant d’efforts pour que sa moitié aille la cocufier toutes les deux secondes… l’irlandaise rêverait de pouvoir dire la même chose au sujet des conneries de Caleb mais hélas, les arguments lui manquaient. « Je ne sais pas pour être honnête je ne la connais pas du tout mais je ne sais pas ce qu’il cherche à se prouver. Merde, est parents, et il ne se rend même pas compte qu’il file un mauvais coton ! C’est limite s’il ne me fait pas culpabiliser de lui faire la réflexion, tu te rends compte ?! C’est comme si on ne regardait plus dans la même direction et ça me déglingue. Je ne suis pas sûre que ça serve à grand-chose que tu ailles lui parler, je pense pas qu’il écoutera quelqu’un d’autre que son horrible jumelle… mais merci de ta proposition ma bichette. »

Je me sentais impuissante à l’aider ni même à trouver une solution. « Je ne sais pas quoi te dire ma chérie. J’aimerai vraiment que tout s’arrange pour vous deux. Cela ne peut pas se terminer comme ça, il va finir par réagir et arrêter de faire de la merde… Vous avez passé tellement d’épreuves, ça ne peut pas se terminer comme ça »la suppliais-je presque car Calis était un peu un couple référence, un espoir dans les ténèbres. Ils ne pouvaient pas se laisser détruire aussi facilement. « On va déjà récupérer tes cheveux et si tu veux après, je te ferais couler un bon bain pendant que je te démêlerai tout ça ok ? » lui proposais-je avant de lui confier ce que je cachais depuis quelques temps. « J’ai commencé à retrouver la mémoire Titi »

« Bah écoute je l’espère parce que pour être tout à fait honnête, je commence un peu à désespérer là-dessus et ça me tue… » souffla-t-elle, les yeux déjà humides d’émotion car sans Caleb, Thaïs n’était plus rien. Certes, il y avait les jumeaux et dieu sait combien la jolie blonde les aimait de tout son cœur de maman, mais Caleb… ils avaient vécu tellement de choses, leur histoire était presque légendaire aux yeux de l’irlandaise. Et pourtant… tout tombait par terre désormais. « Je ne dis pas non pour le bain, ça me fera peut-être oublier que je suis en train de le perdre… comment ça t’as commencé à retrouver la mémoire ? Mais c’est fantastique !! Raconte ! »

« Tu n’es pas en train de le perdre tu m’entends ?! Caleb est toujours aussi amoureux de toi. Ok, il a un pète au cerveau mais cela va lui passer. Rappelle-toi, même l’amnésie n’a pas eu raison de votre couple alors ce n’est pas sa jumelle qui y arrivera » lui assurais-je d’une voix douce tandis que je rinçais à nouveau ses cheveux. « Pour le moment, ce ne sont que des souvenirs de mon passé, mon arrivée aux Etats-Unis, mes victoires en natation et quelques déboires dont je ne suis pas fière. Je sais que mon cerveau me livre les souvenirs au compte-goutte à croire que j’ai une sécurité dans la tête » plaisantais-je avant de faire couler un bon bain moussant à ma meilleure amie. « Une fois dans le bain, je continuerai à traiter tes cheveux avec des produits qui ne seront pas nocifs à ta peau ma jolie »

« Oui mais là c’est différent ! Caleb est en pleine possession de ses moyens, il a conscience d’être marié, père de famille et tutti quanti ! » répliqua-t-elle sans violence, plutôt avec une large lassitude dans le fond de sa voix. Thaïs était paumée, voilà la vérité, et ça ne risquait pas de s’arranger. « Tu sais, c’est un bon début ! Ça prouve que ton cerveau est prêt à faire ce pas en avant et c’est une merveilleuse nouvelle ! Tu partages tout ça avec Bambi j’espère ? Vous êtes tellement mignonnes toutes les deux… » avoua-t-elle non sans serrer doucement le poignet de Mina à l’aide de sa main, sans la perturber dans son ouvrage. « Tu es définitivement ma sauveuse Mimi ! »

« Oui c’est sûr mais justement, je suis certaine que si tu le menaces en le foutant dehors quelques jours, cela le fera réfléchir… Caleb t’aime comme un dingue ma chérie, j’ai jamais vu un couple aussi soudé que vous deux. Ce n’est qu’une nouvelle épreuve qu’il vous faut traverser » essayais-je de lui remonter le moral du mieux que je pouvais tant cela me faisait mal au cœur de la voir ainsi perdue. « Je… J’essaie mais il y a de souvenirs dont je ne suis vraiment pas fière et j’ai peur qu’elle se détourne de moi à force. Tu sais, ce n’était pas l’amour fou entre nous avant mon amnésie et je commence à comprendre pourquoi je la rejetais à ce point » murmurais-je préoccupée avant de secouer la tête en fermant l’eau. « T’es mon amie ma chérie, c’est normal… Allez, file dans ton bain, promis, je regarde pas »rigolais-je en lui tournant le dos pour préparer ma solution miracle pour ses beaux cheveux.

« Mais peut-être que j’en ai marre de traverser des épreuves ! Tu te rends compte de tout ce qui nous est tombé sur le coin du nez depuis que je le connais ? Je suis fatiguée de n’avoir toujours que des cacatouilles à gérer, je voudrais juste pouvoir être en paix quelques jours d’à filée sans devoir regarder par-dessus mon épaule constamment… » soupira-t-elle, manifestement lassée. « Et pourquoi tu la rejetais à ce point ? » demanda Thaïs, curieuse mais surtout désireuse que Mina se confie sans crainte. Leur amitié ne datait pas d’hier et était trop soudée pour qu’elle ressente la moindre crainte vis-à-vis d’une confidence. « Voilà chef, je suis dans mon bain, moi pas bouger ! »

« Vous n’avez pas eu que des épreuves Thais… Vous avez connu le bonheur avec un grand B et peut-être est-ce tout simplement le prix à payer pour être heureux. Je sais que tu es fatiguée de tout ça, que tu aimeras vivre normalement mais dans le fond, je crois que l’amour le plus beau est celui qui surmonte toutes ces épreuves, qui malgré la fatigue continue de briller… Vous vous aimez depuis des années, penses-tu que ce soit vain de continuer d’espérer alors que la vie vous a toujours réunis ? Je dois t’avouer que je prends votre couple comme modèle et j’espère connaitre le même bonheur auprès de Bambi » lui dis-je d’une voix extrêmement douce et tendre avant de me mordiller la lèvre à sa question avant de me retourner et de reprendre mes soins sur ses cheveux, lui massant le cuir chevelu pour la détendre au préalable. « L’amour. J’étais complétement amoureuse d’elle déjà avant mon amnésie mais je ne voulais pas en entendre parler car je me sentais sale et je lui en voulais de me faire ressentir ce sentiment alors j’ai essayé de détruire toutes mes chances car je préférais me morfondre dans ma douleur » haussais-je les épaules sans comprendre encore cette douleur… sûrement ne la comprendrais-je jamais et peut-être n’était-ce pas si mal dans le fond.