(+ Jackie) Une corvée... Vraiment?

Je m’étais fait avoir. J’en étais certain, je m’étais fait avoir par Aidan pour cette histoire de courses. Je détestais faire les courses. Préparer le repas, faire un brin de ménage, là, je voulais bien mais faire les courses, c’était comme le repassage, je détestais ça. Bon, maintenant que j’y étais, je n’allais pas faire demi-tour et rentrer bredouille mais quand même ! « Vise la liste qu’il m’a collé en prime le sadique »marmonnais-je tout en fusillant ce bout de papier des yeux comme s’il allait se mettre à cramer de peur. Malheureusement pour moi, il restait toujours intact entre mes doigts. Oui, j’allais devoir faire ces maudites courses. Une tête brune me passa sous le nez à ce moment-là. Une brunette que je connaissais bien pour deux raisons : elle était une Lowell et en prime, mon amie. « Jackie ! » l’interpellais-je de ma voix forte faisant se retourner pas mal de regards vers nous. Ouais bon, ils avaient jamais entendu un homme interpeller une femme dans un magasin ? Bon ok, mon ton était bougon mais quand même. « Hum. Ça va ? » marmonnais-je après avoir poussé le caddie vers elle, une tête de caliméro prêt à lui demander son aide salutaire.

Ce jour là, sous la douche, Jackie se mit à réfléchir. Ne vous y trompez pas, ça lui arrivait souvent, plus souvent qu’on ne pouvait le penser. Elle se dit qu’elle aimerait bien préparer une tarte à la myrtille en rentrant du travail ce soir pour Lou-Ane et elle.  Lou-Ane c’était sa coloc’ de chambre et Jackie adorait préparer des gâteaux pour regarder les films le soir, plutôt que de manger un énorme saladier de pop corn. Puis cuisiner, ça détendait et la plus part du temps, après le travail de Jackie au bowling il n’y avait plus grand monde dans la cuisine de la LH, tout le monde dormait ou trainait dans la grande salle commune (comme dans HP, ouais !). Elle avait fait une petite liste d’ingrédients à donner à Aidan pour les courses de la semaine, mais celui-ci lui avoua que Caleb était déjà parti faire le plein. Tant pis, elle irait chercher ses myrtilles elle-même. La Lowell grimpa dans sa jolie voiture et roula en direction du Farmers Market. Trèèèès lentement puisqu’elle ne savait toujours pas comment passer les vitesses, il était vraiment temps que Cody lui apprenne quelques petites choses, elle perdait plus son temps qu’autre chose avec sa voiture. Après s’être garée plus que mal sur le parking, elle attrapa un panier à l’entrée du magasin et arpenta les allées à la recherche de jolies myrtilles. Alors qu’elle regardait avec envie une barquette de fraises, une voix l’interpella. C’était Caleb, qui se dirigeait vers elle avec son chariot et son air pas très content de faire les courses. Oh Caleb ! Ca va et toi ? Elle jeta un rapide coup d’œil au contenu du chariot, vide, et à la liste à rallonge qu’il tenait entre ses doigts. Visiblement c’est sur toi que c’est tombé cette semaine. dit-elle d’un petit air moqueur.  

Pourquoi n’avais-je pas enlevé mon nom de la tombola des corvées ?! Bonne question. Peut-être qu’une partie de moi espérait encore que les choses ne changeraient jamais, que mon mariage et mon départ de la Lowell House ne rendrait pas la chose moins distante. J’étais un Lowell depuis des années, j’avais cette confrérie dans le sang. Il s’agissait de ma famille alors, inconsciemment, je ne m’étais pas enlevé car cela aurait signifié que je ne faisais plus vraiment partie des murs. Or, je continuais à passer presque tous les jours pour voir les amis, pour faire un petit bœuf avec certains musiciens. Bref, participer à la vie de tous les jours malgré mon côté loup solitaire. J’étais certes marié, bientôt père de jumeaux mais rien ne changeait. Absolument rien. Bon, cela me faisait un peu chier –et c’était un euphémisme ; de faire ces courses mais tant pis. Il fallait souffrir pour être un violet. Heureusement, je terminais par tomber sur une petite Lowell, ma petite chouchoute même si je ne lui montrais pas très souvent. « Ava. » grognais-je comme à chaque fois que je parlais ou que j’étais contrarié. Je suivais son regard, détournant rapidement le miens. Ouais, je n’avais encore rien acheté pour la simple et unique raison que je ne savais pas quoi prendre : quelle marque, bio ou pas, etc. En somme, je me prenais correctement la tête. « Ouais, manque de bol ! Qu’est-ce que tu fais ici ? Y a un truc que tu voulais qu’on prenne sur les courses de la semaine ? »lui demandais-je avant de me racler la gorge. « Y a une fille qui a demandé des tampons… euh je dois prendre quoi ?! »

Caleb avait quitté la LH pour aller vivre avec sa précieuse épouse, future mère de ses jumeaux, et pourtant il était là, la liste de courses de la maison des violets et son chariot désespérément vide devant lui. Après un court échanges de banalités, le sujet de conversation dévia sur la présence de la Lowell ici. Ouais. dit-elle en montrant la petite liste qu’elle avant dans ses mains. J’ai besoin de myrtille et d’une pâte pour faire une tarte… à la myrtille ! Mais Aidan m’a dit que tu étais déjà parti, du coup j’suis venue. Un petit sourire en coin, Jackie haussa les épaules. Ce ne la dérangeait pas plus que ça d’être là, elle aimait sentir l’odeur des fruits et des légumes, elle adorait avoir un frisson chaque fois qu’elle passait dans les rayons frais, et ce qu’elle préférait plus que tout, c’était s’amuser à faire la caissière au niveau des caisses rapides. Oui, Jackie était une grande enfant dans l’âme, ne l’oublions pas. Thaïs ne t’as jamais demandé de lui en acheter ? dit-elle dans un éclat de rire devant la tête interrogative de son ami. J’te dirais quoi prendre si tu m’aides à chercher les myrtilles. Elle glissa dans son panier la barquette de fraise sur laquelle elle s’était arrêtée avant que Caleb ne l’interpelle.

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Une tarte à la myrtille ? Cela devait être bon. En même temps, vu que j’étais un estomac sur patte donc il était normal que j’en salive presque mais je savais me tenir tout de même. « Ouais, je n’avais pas envie de traîner pour faire ces courses, ce n’est pas trop la corvée qui m’éclate le plus » lui répondis-je. C’était tout de même étonnant, j’adorais faire la cuisine ou même jardiner mais les courses…c’était ZE corvée du siècle avec le repassage. Après tout, quand je voyais certains éléments de la liste, je me sentais pour le moins con et paumé. Des tampons, franchement ! « Non, en générale, elle fait ce genre de courses avec une amie à elle et puis, comme elle est enceinte, ça fait belle lurette qu’elle n’a plus ses règles »haussais-je les épaules. Nous avions tout fait rapidement : la mise en couple, nos fiançailles express, notre mariage puis les bébés. Sur le papier, oui c’était rapide mais quand on savait que nous nous étions rencontrés une première fois à 13/14 ans puis que nous étions sortis ensemble quelques mois, il y a sept ans… C’était limite une évidence. « Va pour ce deal Jackie tu me sauves la vie ! Si tu veux mettre tes achats dans le charriot tu peux hein, ça te fera moins lourd à porter… Bon, tes myrtilles, je crois que c’est là-bas, au fond… Dis, tu me laisseras une petite part de ta tarte hein ? » lui demandais-je avec une petite moue adorable pour la faire craquer.

C’est vrai que c’est plutôt les courses pour Thaïs et toi que tu devrais être entrain de faire, pas les nôtres. dit-elle dans un haussement d’épaules. C’était certainement une façon pour Caleb de montrer son éternelle appartenance à la maison des violets. Il y avait pourtant bien d’autres façons de le montrer sans faire cette fâcheuse corvée des courses, surtout qu’il allait bientôt être papa ; il n’aurait plus le temps pour tout ça. Ah d’accord. C’est pout bientôt d’ailleurs non ? questionna-t-elle, toute curieuse. Elle adorait les enfants et l’idée que son ami devienne papa deux fois pour le prix d’une la remplissait de bonheur. Jackie marcha en direction de l’endroit indiqué par Caleb où elle devait trouver ses petites boules bleues. Au moins ça tient. dit-elle, un petit sourire en coin sur les lèvres. Ca va, merci. Je pense que quelques fruits et une pâte sablée ne devraient pas trop m’encombrer. En ce qui concerne la tarte, j’avais prévu de tout manger avec Lou-Ane. Mais ça roule, t’auras ta part. Elle avait hâte de cuisiner cette délicieuse tarte et d’embaumer la Lowell House d’une délicieuse odeur. Elle attrapa un petit sac en plastique et y mis quelques poignées de myrtilles à l’intérieur, ça devrait suffire.  

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« Je suis toujours un Lowell, ce n’est pas parce que je ne vis plus à la maison que je dois plus faire mes corvées comme tout le monde »haussais-je les épaules. Ok, je n’aimais pas faire ce genre de connerie que ce soit pour un régiment ou seulement pour mon couple mais ce n’était pas une raison. Chacun était mis à la même enseigne. « Pourquoi, tu veux que je quitte la confrérie ? » fronçais-je le sourcils en la regardant, curieusement. Un mélange de réprobation, d’appréhension et de froideur. Je crois que cette histoire me monter au cerveau et que j’agissais comme une bête traquée au rayon des fruits et légumes. « Normalement pour début août comme ce sont des jumeaux, ils vont naitre avant terme »lui appris-je tout en marchant à ses côtés, lui proposant de mettre ses achats dans mon caddie, chose qu’elle déclina. « C’est gentil… ça fait longtemps que je n’ai pas fait de tarte. Je vais peut-être en faire une au fraise tiens » décidais-je la plantant brusquement avec le charriot en plein milieu du rayon pour revenir sur mes pas et prendre deux barquettes de fraises et de la chantilly. « Je vais éviter de te dire pourquoi je prends de la chantilly »affichais-je un sourire taquin et relativement pervers. Les envies de compagnon de femmes enceintes sont souvent mal représentées dans le monde ! « Cela se passe bien à la Lowell pour toi au fait ? »

Si tu quittes la confrérie, je perdrais pieds. Déjà que j’peux plus t’embêter la matin au p’tit déjeuner.. dit-elle en riant doucement. Caleb était celui qui l’avait guidé au sein de la Lowell House, il l’avais prise sous son aile, lui avait fait rencontrer de nouvelles personnes, l’avait bizuté soit dit en passant. Enfin bref, il était son mentor quoi. Elle ne voyait pas la LH sans lui. C’que je voulais dire c’est que je comprends pas pourquoi ceux qui ne vivent plus à la maison continuent ce genre de tâches.. ça fait double travail. Les réunions, oui ; les votes pour les présidents et tout autre décisions, oui ; mais le ménage et les courses, ce n’était surement pas à lui de le faire. Il faudrait en parler à Aidan, ça n’allait pas ça. Tu stress pas trop à l’idée de devenir doublement papa, ça va ? Ils marchèrent tout deux dans le rayon. Caleb fit marche arrière, prenant lui aussi quelques barquettes de fraises et une bombe de chantilly qu’il mit dans le chariot. Je croyais que c’était les futures mamans qui avaient de folles envie de fraises, pas les futurs papas. A moins que.. ah, l’expression sur le visage de Caleb en disait long et elle ne souhaitait pas plus de détails. Ils faisaient ce qu’ils voulaient les tourtereaux, après tout ça ne la regardait pas. Elle afficha un sourire amusé. Impeccable. J’passe plus de temps enfermée dans ma chambre à travailler qu’avec les autres, mais ça va. Elle roula des yeux. Jackie avait hâte que l’année se termine pour laisser derrière elle toutes ces choses qu’étaient les études.

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« Cela te manque hein ?! » la taquinais-je de bon cœur. En tout cas cela me manquait de ne plus grogner dès le petit déjeuner mais en même temps, plein de choses me manquaient. Affreusement même. « Tout simplement parce que c’est une façon comme une autre de rester à la maison. Et puis, cela me donne toujours une bonne excuse d’emmerder Aidan en lui achetant des Kinder Surprise » lui souriais-je en faisant une tête à connerie des plus réussies. « A chaque fois, je les lui offre devant tout le monde pour qu’il se tape la honte. C’est une petite blague entre nous. Par contre, s’il y a un truc d’Hello Kitty, j’ai ordre de lui piquer la surprise pour la donner à ma meilleure amie » ajoutais-je. Toute ma vie résumée en un kinder surprise. En parlant de surprise, ma femme m’en avait offert une bonne en passant d’un à deux bébés. « Oh si mais j’essaie de faire avec. J’ai commencé à m’organiser un peu en quittant le Glee Club. Je ne peux pas gérer mes études et deux clubs » répondis-je avant d’aller chercher des fraises et de la chantilly. « Tu ne sors pas beaucoup ? Faut profiter de ta jeunesse ma belle… Tiens, après les courses, si tu veux on peut sortir tous les deux. Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? »

Carrément que ça me manque. J’ai même pensé à venir prendre mes p’tits dej’ chez toi, juste pour t’embêter ! Mais elle n’avait pas été certaine que l’idée plaise à sa femme. La Lowell haussa les épaules à l’explication du pourquoi du comment Caleb était là à faire les courses pour la maison, ne se contenant pas de pouffer de rire à l’histoire des kinder surprises. Jackie adorait ça. Elle se régalait avec le chocolat et s’amusait cinq minutes avec le jouet avant de le lancer à Miko la plus part du temps. T’as bien fait. Jackie ne se serait pas vu devenir maman pendant ses études, c’était beaucoup trop contraignant surtout qu’elle s’était donné à 300% ces trois dernières années pour s’assurer l’avenir qu’elle avait toujours rêvé. Et puis de toute façon elle n’avait pas trouvé la papa, alors la question ne se posait même pas. Et pourtant, si elle savait que quelques jours plus tard elle apprendrait qu’elle était enceinte… J’ai pas l’temps d’sortir, les profs nous assassinent de DM et de DST. Elle réfléchit cependant un instant à la proposition de Caleb. Si elle ne sortait pas maintenant, quand allait-elle sortir lorsqu’elle serait loin de ses amis avec un CDI 35H en poche, en faisant plus de 40 au final ? Oh tu sais quoi, ouais j’veux sortir. C’que tu veux, j’ai b’soin de changer d’air. dit-elle en attrapant deux boîtes de myrtilles dans le rayon et de les déposer dans son panier.

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