(billander) 'tow' I need you more than ever

Aller mal, c'était épuisant. Mais aller mal, faisait qu'on ne dormait pas assez comparé à ce qu'on devrait. Du coup, Billie comme moi étions tous les deux épuisés, malgré le temps que j'ai passé dans un lit à déprimer comme un chien. Cependant, une pilule magique nous aidera surement à trouver sommeil, en plus d'être l'un en la compagnie de l'autre. J'étais donc retourné à l'armoire pour récupérer ce qu'il fallait, puis de l'eau que je versais dans deux verres et je me réinstallais sur le lit. Assis, je lui tendais ses cachets - deux semblaient être la bonne dose dans son cas - et le verre d'eau. Je la regardais d'un oeil faire pendant que je prenais moi-même la même chose. "Merci .." Reposant le verre en même temps qu'elle sur la table de nuit, je préférais retirer ma veste maintenant et mon jean que je foutais au sol sans en avoir rien à faire. Je me glissais contre ma petite amie, mon torse contre son dos et mon bras la recouvrant. J'avais ce besoin inexplicable de vouloir la protéger envers et contre tous. "J'suis là, ok..? Je suis là, je bougerai pas." Je chuchotais dans son oreille, mon nez enfoui dans sa nuque. Je la tenais contre moi, de peur qu'elle m'échappe d'une quelconque façon que ce soit. Non, je ne la laisserai pas s'en aller. Je ne l'acceptais pas et je ne le validais pas. On doit se serrer les coudes et c'est ce qu'on fera, un point c'est tout.

J'étais pas une grande fan des somnifères, c'était d'ailleurs pour ça qu'ils étaient rangés au fin fond d'un placard plutôt que sur mon étagère dans la salle de bain. J'avais dû en prendre durant des mois à New York pour espérer trouver un minimum le sommeil. Quand j'avais commencé à faire des crises de nerfs incessantes parce que je ne fermais pas l’œil de la nuit, j'avais été obligée d'y avoir recours et aujourd'hui en prendre, ça me faisait me rendre compte que je plongeais aussi rapidement vers le mal être qu'à cette époque là. Mais j'avais besoin d'un bouton off et ils allaient exécuter cette fonction plus rapidement que n'importe quelle autre méthode. Tout ce dont j'avais besoin désormais, était des bras de mon petit ami, me serrant le plus fort possible. Il allait mal, plus que mal et je ne savais pas comment le réconforter à part en m'allongeant à ses côtés. « J'suis là, ok..? Je suis là, je bougerai pas. » Déjà, je me sentais groggy et sentais cette colère s'estomper avec mes forces et god, ça faisait du bien de savoir que je n'allais plus rien sentir. « J'suis désolée que ça t'arrive .. » chuchotai-je en resserrant mes bras sur les siens. Même si ça ne lui apportait rien, c'était sincère et c'était tout ce dont j'étais capable.

Somnifères pris, on était tous les deux à présent allongés dans son lit, collés l'un à l'autre. J'avais enlevé mes vêtements, restant juste en t-shirt et en boxer et je m'étais mis à la recouvrir de mon bras, épousant ses formes avec mon torse. J'avais glissé mon visage dans son cou, pouvant sentir son odeur durant toute la nuit, cette odeur qui avait le don de m'apaiser malgré tout ce qui se passait dans ma vie actuellement. Ses cachets étaient quand même assez puissants puisque je me sentais déjà assez groggy alors que je les ai pris récemment. Je me doutais donc que ça devait être pareil pour elle donc je n'allais pas tarder à la voir sombrer avant de sombrer aussi. "J'suis désolée que ça t'arrive .." Ses bras venaient resserrer les miens autour d'elle et je fermais les yeux, sentant les larmes arriver. J'inspirais, j'expirais.. Puis je prenais le temps de lui répondre calmement. "J'suis désolé que ça t'arrive aussi.." confiais-je doucement. Après tout, elle avait tout fait pour ne pas s'attacher à la petite bouille blonde qu'était Robyn et pourtant... elle était visiblement attachée à elle vu comment elle était bouleversée par la situation actuelle.

Ouais .. j'étais désolée que ça lui arrive. Parce que c'était une chose horrible qui venait d'arriver et ça devait facilement être dans le top trois des pires cauchemars d'un père. Je voyais déjà comment je me sentais et imaginais que pour lui, la douleur devait être décuplée parce que c'était un bout de lui. « J'suis désolé que ça t'arrive aussi.. » J'avais même pas envie d'y penser. Je m'étais attachée et le destin m'avait prise pour une conne, c'était tout ce qu'il y avait à en dire. Déglutissant difficilement, je fermai les yeux et me laissai enfin emporter par cette espèce de drogue bienfaitrice. Et quand je me réveillai, le bonheur était de nouveau présent dans ma chambre. Le soleil matinal tapait sur ma fenêtre, je voyais les arbres qui commençaient à fleurir dehors. J'entendis un rire dans mon dos, alors je clignai plusieurs fois des yeux et fis demi-tour dans le lit. Alex était accroupi et tendait ses bras en avant, riant aux éclats. M'étirant longuement, je décidai de m'extirper du lit et vins m'agenouiller près de lui, repérant enfin ce qui le faisait rire. Robyn était debout, tanguant comme un bateau en pleine mer. Simon me renifla l'oreille sans prévenir et j'attrapai sa tête pour embrasser son museau, le gardant près de moi pour observer le spectacle. La blondinette avançait finalement un pied sous les encouragements de son père et je me mis à taper des mains pour y mettre du mien aussi. Elle avança le second pied mais tomba aussitôt sur les fesses, sauf que déterminée, elle se remit aussitôt sur ses gambettes et recommença l'exercice. Ça faisait un bien fou de sourire. Elle était enfin là, c'était terminé. Ça n'avait sûrement été qu'un mauvais rêve. Elle avançait avec de plus en plus d'assurance, tendant ses bras en avant et se mettant même à trottiner. Ce qui était bizarre, c'était que plus elle avançait, plus elle semblait loin. Au moment où je remarquai ce détail, une silhouette se dessina derrière elle, se baissa pour la prendre dans ses bras et commença à reculer. Robyn criait dans ses bras, se débattait et putain, pourquoi est-ce que j'étais incapable de bouger ? Alex hurlait à côté de moi et je me demandais pourquoi il n'agissait pas, est-ce qu'il avait cette sensation étrange d'être repoussé en arrière chaque fois qu'il essayait d'avancer, lui aussi ? Incapable de faire quoi que ce soit, je me recroquevillai sur le sol, sentant une douleur dans l'intégralité de mon corps. Je posai mes mains sur mes oreilles et tentai de respirer mais j'en étais incapable. Soudain j'ouvris les yeux et je repris contact avec la réalité de façon brutale. J'étais sur le sol, le corps recouvert de sueur, la respiration courte et des larmes ruisselant sur mon visage. Pourquoi on ne m'avait pas laissée continuer ce rêve en paix ? Pourquoi avait-il fallu que je retombe dans la réalité, au moment où j'étais tombée de mon lit ? J'avais aucune idée si Alex était réveillé ou pas, je me levai en quatrième vitesse et courus jusqu'à la salle de bain, me mettant à chercher frénétiquement dans mon armoire à pharmacie, là où je camouflais ma drogue au milieu d'autres trucs. Où est-ce que j'avais foutu ce satané flacon ? J'avais besoin d'une putain de grosse dose là, j'allais devenir folle sinon. Foutu cauchemar, foutue vie.

J'avais réussi à m'endormir sans grande difficulté, puisque j'avais pris quelque chose pour, en plus de me trouver en compagnie de la femme que j'aimais. J'vous jure, ça aide énormément. On avait pris l'habitude de dormir ensemble et c'était rare qu'on ne soit pas dans le même lit le soir. Mais du coup, ouais, on était ensemble et on dormait ensemble. Au bout d'un moment, je me retrouvais installé sur un banc, ma copine à côté de moi et une poussette sur ma gauche. J'embrassais Billie amoureusement, heureux. Je vérifiais que Robyn était toujours là et c'était le cas. Donc je reportais mon attention sur ma petite amie, le sourire sur les lèvres. Elle m'avait dit je t'aime, je lui avais dit je t'aime et tout allait bien. Un coup d'oeil sur Robyn une nouvelle fois et ce coup-ci, au lieu de trouver mon bébé, j'y trouvais un poupon. Whaaaaaat. Je regardais en dessous, pris de panique pour trouver ma petite fille mais rien y faire. Levant le regard autour de nous, elle était introuvable, ne sachant pas encore marcher. Je me mis alors à crier son prénom et au loin, je voyais une femme se mettre à courir avec un bébé dans les mains. Sauf que chose étrange, c'était que plus je me rapprochais, plus elle s'éloignait. Effet d'optique ? Je n'en avais aucune idée. Effet de rêve ? Je pense fortement ouais. Sauf que je n'arrive pas à me réveiller et à reprendre de l'air, non. J'étais bloqué à courir vers quelque chose qui s'éloignait et... Je prenais une grande respiration en ouvrant les yeux en grand et en me soulevant afin d'être assis dans le lit. Reprenant un rythme cardiaque plus ou moins normal, je me mis à tâtonner à l'aveugle le lit dans lequel j'étais et je me rendais compte que j'étais seul. "Billie ?" La panique s'empara une nouvelle fois de moi - en réalité cette fois-ci - et je n'arrêtais pas de tâtonner le matelas, là où elle était supposée être. "BILLIE ?" me mis-je à crier sans avoir conscience de l'heure qu'il était. Je voulais juste retrouver ma petite amie qui était disparue, comme ma petite fille.

Faire des rêves de ce genre était encore plus douloureux que de faire de véritables cauchemars du début à la fin ; ça me faisait tellement mal d'avoir entrevu le temps d'un rêve à quel point on aurait pu continuer à être heureux si rien de tout ça n'était arrivé. Ce passage de notre futur que mon inconscient avait totalement imaginé restait gravé derrière mes paupières, dès que je clignais des yeux, j'y avais désormais droit. Autant me planter directement un pieu dans le cœur, plutôt que de mourir à petit feu à cause de mon imagination. En tombant de mon lit, je m'étais retrouvée confrontée à la réalité sans pouvoir encaisser le fait que tout ça n'ait été que mensonges et fruit de la naïveté de mes méninges endormies. Ma chute représentait bien le mur invisible que je m'étais pris en ouvrant les yeux, cette barrière qui se dressait entre nous et la poursuite du bonheur. Mais je m'étais fait avoir une fois et ça ne recommencerait pas, c'était une certitude. Ça m'avait trop assommée, j'étais à présent dans un sale état et je cherchais mon flacon d'héro avec des gestes précipités, renversant plusieurs bouteilles de cachets au passage, renversant tout dans l'évier. J'étais prise de bouffées de chaleur, de sueurs froides et j'avais du mal à respirer. Je savais que c'était une nouvelle crise de panique et il me fallait cette putain de dose, MAINTENANT. « Billie ? » J'avais la sensation d'être en train d'étouffer quand je mis enfin la main sur ce dont j'avais besoin. Fébrile et toujours autant dans la précipitation, je préparai tout en en faisant tomber la moitié au sol. Et quand je fus enfin prête à sniffer, je me jetai pratiquement dessus. « BILLIE ? » Je me redressai en inspirant longuement et m'essuyai le visage avant de me regarder dans le miroir. Je fus obligée de détourner les yeux aussitôt, prise de haine à mon égard. Dans la pièce d'à côté, j'entendais mon petit ami s'agiter alors j'accourus dans la chambre et montai sur le lit dans son dos, lui attrapant les épaules pour qu'il cesse de s'affoler. « J'suis là Alex, j'suis là ! » criai-je pour couvrir le bruit qu'il faisait, afin qu'il puisse m'entendre. Il était dans le même état que moi et je ne savais franchement pas comment on allait faire pour se calmer l'un l'autre si nous agissions constamment de la même façon.

C'était en sursaut que je m'étais réveillé suite à ce cauchemar. Putain, ça ne m'avait pas fait ça la veille et c'était juste horrible de se sentir si proche et pourtant si loin de sa fille. Elle me manquait bordel. J'avais déjà passé deux semaines - parfaites - loin d'elle et maintenant, on me l'enlevait pour augmenter encore une fois la durée de séparation. Combien de temps ? J'en avais aucune idée. Disons seulement que là, je n'étais plus sous l'emprise de drogue - le somnifère avait sûrement du cesser de fonctionner sur mon organisme - et mon subconscient venait me faire une piqure bien douloureuse de rappel. Assis dans le lit, je cherchais ma petite amie du regard et très vite, je voyais qu'elle n'était plus là. What ? Je tâtonnais le matelas en demandant après elle calmement dans un premier temps, puis la panique s'empara de moi. Et là, c'était des cris qui sortaient de ma gorge. Des cris qui ne voulaient qu'une chose : ramener Billie à mes côtés. Et ce fut rapidement chose faite puisqu'elle arrivait en courant, montant sur le lit pour se placer derrière moi. "J'suis là Alex, j'suis là !" Je me calmais en la sentant à mes côtés, me laissant tomber contre elle, les nerfs lâchant. Je déglutissais en cherchant à trouver une solution pour ne plus voir cette scène déroutante quand je fermerai les yeux. "J'ai... j'ai eu peur. Désolé." Je me détachais de son emprise, m'allongeant et l'invitant à venir à mes côtés, ou sur moi si elle préférait.

Paralysée par la douleur, le chagrin, je me posais une question : est-ce qu’un jour, ce mal s’estomperait ? Je ne m’attendais pas à ce qu’il s’efface, loin de là, mais est-ce que j’allais avoir la possibilité de voir mon petit ami dans un meilleur état que celui dans lequel il était pour l’instant ? Est-ce que j’allais être à nouveau capable de respirer sans avoir mal ? Parce qu’honnêtement, face à mon miroir, le visage sali de poudre blanche et des larmes dégoulinant le long de mes joues, ça me paraissait difficile de croire à une amélioration. Ça ne faisait que deux jours que j’étais au courant, mais j’avais l’impression d’être dans le mal depuis un siècle. Et tandis que j’accourais près d’Alex sur mon lit, tentant aussi bien que mal de le calmer, je me dis que non. Non, ça ne serait pas possible. Tant qu’elle ne serait pas là avec nous, notre état ne s’améliorerait pas. Il se calma un peu à mon contact, se laissant aller contre moi, la respiration toujours difficile. Je le serrai entre mes  bras en passant ma main dans ses cheveux, posant ma joue contre son crâne, attendant simplement qu’il redescende. « J'ai... j'ai eu peur. Désolé. » Il s’allongea, me faisant signe de le rejoindre et comme hier soir, je vins m’étendre par-dessus son corps. C’était la seule façon pour moi de me sentir en sécurité, sentir chaque parcelle du côté face de mon corps au contact du sien. « T’en fais pas .. je comprends .. » soufflai-je en revivant le moment où je m’étais retrouvée étalée contre le sol, en pleurs et couverte de sueur. « J’suis désolée d’être partie comme ça .. » Même si j’en avais ressenti un besoin vital. Je commençais à sentir les effets de la drogue dans l’intégralité de mon corps ; mes muscles se détendaient et moi avec, je divaguais un peu et c’était sincèrement tout ce que je demandais. Être dans le flou.

Y'a rien de pire que de rêver et d'être rattrapé par la réalité. Et là, ça faisait putain de mal. Tout ce que je veux, c'est retrouver ma fille, par tous les moyens. Et je me sens tellement inutile à ne rien faire.. sauf que je ne peux littéralement rien faire. C'est pas comme si je pouvais sentir l'odeur de c'te folle pour la traquer jusqu'où elle est allée. Non, j'avais pas ce pouvoir et ça me tuait de l'intérieur. Une fois dans les bras de ma petite amie, je retrouvais un peu plus mon calme que j'avais perdu en ne la trouvant pas dans mon lit. Je m'excusais alors de mon comportement qui avait été un peu excessif, bien qu'à peine réveillé, je ne pouvais tomber que dans la panique en retrouvant le lit vide. Je m'étais par la suite allongé pour qu'elle puisse se mettre contre ou sur moi, comme tout à l'heure. J'avais besoin de sentir son contact sur ma peau mine de rien, c'était que comme ça que je me sentais ne serait-ce qu'un peu mieux. Elle décida donc de faire la couverture et de me recouvrir de tout son corps. "T’en fais pas .. je comprends .." J'enroulais alors mes bras autour d'elle pour la garder contre moi, comme je le souhaitais. "J’suis désolée d’être partie comme ça .." Je venais apporter une main vers son visage pour remettre une mèche derrière son oreille avant de caresser sa joue. Je ne répondais rien, je me contentais de la regarder, sentant mon rythme cardiaque se réduire considérablement. "Comment on va faire..? Pour s'en sortir.. Comment.. si on la retrouve pas..?" Je sentais les larmes remonter à la surface, ne voulant qu'une chose : couler le long de mes joues. Je tentais cependant de ne pas me laisser submerger.

J'étais partie de la pièce comme une sauvage, ne regardant même pas derrière moi histoire de voir si mon petit ami était réveillé ou non. Je n'avais pas vérifié s'il allait bien, ou même s'il était toujours là, god j'étais vraiment quelqu'un de terrible quand je faisais une crise de manque. J'avais filé dans la salle de bain pour prendre une dose en vitesse, histoire de calmer mes mains tremblantes et le rythme erratique de mon cœur. Mais une fois soulagée, j'avais entendu son cri et j'étais revenue aussi rapidement dans la pièce, le découvrant affolé et fouillant les draps. Alors j'avais voulu le calmer, le prendre dans mes bras pour le rassurer, mais comment pouvais-je faire ça alors que j'étais dans un état similaire ? Il finit par se rallonger et dépitée, je recouvrai son corps du mien, ses bras ne tardant pas à venir enserrer mon buste. Il caressait ma joue lentement et je fermai les yeux en me cramponnant à lui. « Comment on va faire..? Pour s'en sortir.. Comment.. si on la retrouve pas..? » Je n'avais plus la force de faire de beaux discours, plus la force de lui dire qu'on allait forcément la retrouver, qu'il ne pouvait pas en être autrement. Fatiguée de tout et de me voiler la face, je me mis à parler à voix basse. « Je sais pas Alex .. j'en sais rien du tout .. » Pour le moment on était en chute libre, fonçant droit sur le sol et n'ayant rien à quoi nous raccrocher, ni parachute pour adoucir notre descente.